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13 avril 2016

La dimension sacramentelle - La joie de l'amour 7

Le sacrement de mariage, "signe sacramentel" (AL 71) est aussi un "don pour la sanctification et le salut des époux, (...) rappel permanent de ce qui est arrivé sur la croix (...) vocation (...) réponse à l'appel spécifique à vivre l'amour conjugal comme signe imparfait de l'amour entre le Christ et l'Église" (AL 72).

On note là chez notre pape un léger glissement entre la vision idéaliste de ses prédécesseurs et le réalisme pastoral de François. En liant la vocation sponsale à la Croix, il ne dénature pas le sens commun du sacrement, mais insiste sur la difficulté qui‎ en découle. Comme je l'ai souvent écrit, le mariage est "impossible à l'homme et possible avec Dieu". C'est probablement ce que l'imparfait du n. 71 veut signifier. Dans Aimer pour la vie, j'insiste à la suite d'Augustin et de Bonaventure sur la différence entre l'image et la ressemblance, soulignant que seul le Christ est ressemblance parfaite. 
François nous donne une leçon d'humilité. Nous ne serons jamais à la ressemblance de l'amour trinitaire. Mais c'est à quoi nous sommes appelés.

27 février 2015

Mortelle inquiétude pour l'homme - suite

Aimer pour la vie : Extrait n°2

"Le Christ nous montre le chemin de cette toute-faiblesse. C'est en cela qu'il apparaît comme le point culminant de l'Alliance de Dieu et de son peuple. Il n'est pas un Dieu qui se révèle dans la force et la puissance mais au contraire dans sa capacité à se donner, à se faire serviteur. Déjà, dans le texte du lavement des pieds, il montre un chemin nouveau. Lui le maître, le fils de Dieu, prend un linge et se fait esclave. Quel sens donner à ce geste, si ce n'est que dans cette descente de tour, Dieu nous invite à un amour plus grand ? L'humanité est appelée à suivre ce chemin. Par la transfiguration de ce désir, avec la grâce de l'Esprit Saint, cette volonté réciproque de recevoir l'autre tel qu'il est : avec ses  pieds couverts de poussière et lui donner de son temps et de son énergie, pour lui signifier son amour peut devenir Sacrement. N'est-ce pas là en effet ce qu'exprime la parole échangée lors de l'échange de consentement des époux. "Je te reçois et je me donne à toi".

Suivre la vision chrétienne du mariage, c'est suivre le Christ jusque dans cet agenouillement devant l'autre. C'est s'exposer à descendre de sa toute puissance pour se faire tout amour, toute faiblesse et atteindre cette passivité active de l'amant qui ne cherche plus son intérêt. Non pas une résignation devant l'amour, une passivité qui laisse mourir ce qui n'est plus porté par le désir, un feu que l'on n'entretient pas, mais plutôt une "passivité active", un abandon qui reste dynamique, dans la mesure où l'on se fait don.Alors l'hymne de Paul aux Corinthiens peut résonner dans toute sa splendeur. "L'amour prend patience... Il ne cherche pas son intérêt." (1 Cor 13). Ce que Paul décrit là, n'est autre que cet amour du Christ, qui le soir de la Cène s'est fait serviteur. Le couple est appelé dans cette voie. " Les hommes, aimez votre femme à l'exemple du Christ : il a aimé l'Église, il s'est livré pour elle... " (Ephésiens 5). Tel est le chemin de l'alliance tracé par Dieu.

La succession des textes de l'Evangile est d'ailleurs interpellante en soi. On peut ainsi citer l'abaissement du Christ lors de son baptême (Jean 1) où il se range parmi les pécheurs. Puis vient ce "J'ai soif" (Jean 4), prononcé à cette Samaritaine, pourtant elle-même pécheresse. Dans l'épisode de la femme adultère (Jean 8), le Christ n'émet pas de jugement mais interpelle : "Que celui d'entre vous qui n'a pas péché lui jette la première pierre" (Jean 8,7). Il ne manifeste pas alors sa supériorité mais sa compassion : "Moi non plus je ne te condamne pas, Va et désormais ne pèche plus" (Jean 8,11). Ces multiples signes d'humanité et de miséricorde sont ponctués par les marques de reconnaissance des hommes, comme celui de l'aveugle né (Jean 9,38) qui précède le lavement de ses pieds par Marie de Béthanie (Jean 12,3).Ces marques d'affection sont déjà chemin dans la compréhension d'une réciprocité entre un Christ qui aime l'Eglise et une l'Eglise qui aime son Seigneur. Parce que le Christ s'est rendu proche et miséricordieux, Marie se met à ses genoux. A ce geste d'abaissement répond celui de Jésus dans le lavement des pieds des disciples. Il symbolise alors son amour pour l'Eglise tout entière. Un symbole qui précède le don total du corps sur la Croix. Ces allers retours renforcent l'accent mis dans tout l’Évangile sur ces descentes successives, ces abaissements réciproques. Cette succession donne sens au "Comme le Christ a aimé son Eglise" qui est souligné par Paul à propos de l'amour conjugal. Elle donne aussi une signification particulière au "je te reçois et je me donne à toi" qui caractérise l'échange des consentements dans la liturgie du mariage.Le mariage s'inscrit donc dans toute la dynamique de l'alliance entre Dieu et son peuple, le Christ et son Eglise.L'alliance que nous portons au doigt se fait, à sa manière, signe de cette alliance. L'alliance est un bijou.
Un bien précieux qui a de la valeur, il est personnel ; c'est le premier que l'on supprime quand il n'y a plus d'amour. C'est un bien commun parce que rien n'est plus ressemblant à une alliance qu'une autre alliance si ce n'est la signification de l'engagement "Tu es mon épouse, je serai ton mari". "Tu es mon peuple, je serai Ton Dieu". C'est un signe d'amour. Souvent la date du mariage est gravée dedans comme signe indélébile et après la mort de l'être aimé, le survivant continue de porter l'alliance de celui qui est parti : L'alliance est un cercle :Qui signifie le "pour toujours : On n'y repère ni début ni fin Il nous rappelle la liberté : Il épouse la forme du doigt sans l'emprisonner Il nous dit la fécondité : l'alliance se transmet de génération en génération Il nous parle de la fidélité : il est rond comme quelque chose qui roule, qui fonctionne bien L'alliance est scellée entre deux êtres qui mettent en commun leurs atouts pour être plus forts ensemble. L'alliance est le contrat mais aussi l'histoire d'une relation d'amour entre deux partenaires : Dieu et son Peuple. Dans l'histoire du Peuple de Dieu, le don de Dieu apporte à l'homme plus que des biens. Il lui fait prendre conscience de sa dépendance, de son insuffisance, mais en même temps lui promet de combler cette insuffisance par son accompagnement sur le chemin du bonheur. Il lui assure aide et protection, comme l'affirme le psaume 23 : "il me fait reposer sur de verts pâturages et me dirige vers des eaux paisibles".Dans l'alliance humaine entre un homme et une femme, l'alliance peut ainsi être à la fois le signe d'un manque, d'une blessure que la toute-puissance humaine ne peut combler et la confiance dans une aide réciproque. Dans l'alliance du couple, l'un comme l'autre ne sont pas tout-puissants et l'alliance est invitation à une relation, à une complémentarité qui ne s'éteint pas dans la fusion. C'est surtout un appel à autre chose, à la présence du Tiers, qui donne sens, habite l'engagement de l'homme et de la femme, par l'Esprit-Saint et vient soutenir ce que l'homme ne peut atteindre par ses propres forces.

Source : Aimer pour la vie, Essai de spiritualité conjugale, Bonheur dans le couple, tome 2