31 décembre 2005

Le luxe de la division des chrétiens...

Athénagoras : "l'homme moderne et le monde ne peuvent plus s'offrir le luxe de la division chrétienne, des raisonnements et des réserves qui ne sont plus inspirées par l'évangile, des discussions académiques confortables et sans fin". Déclaration du patriarche à l'occasion du premier anniversaire de la levée de l'anathème. (1)

Je pense que nous devons tout faire pour mettre en place cette unité, à commencer par la conversion de notre regard sur les autres et au delà de ce qui est le fondement de notre foi...

(1) cité par Joseph Ratzinger, ibid p. 242

30 décembre 2005

Vers les orthodoxes...

Paul VI le 20 septembre 1963 écrivant au patriarche Athénagoras citait Philipiens 3, une parole que le patriarche reprendra dans un texte décisif à Noël 1965 (2 Co 5,18) : "ce qui était vieilli a disparu, voici que du neuf à ressurgi" (1)
Je crois que dans cette intuition doit reposer nos efforts. Certes cela reste périlleux, car nous sommes dépendants de nos évolutions respectives, de la construction de nos traditions qui constituent notre propre unité, et en même temps, il subsiste au delà, une unité plus grande, que nous partagions au temps des Pères de l'Eglise et avec laquelle nous devons faire du neuf. Cela passe bien sûr par une purification de notre mémoire et un pardon véritable et partagé. Comme un vieux couple qui partage la même origine de désir, mais qui doit secouer tout ce qui masque leur élan initial.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 229 à 232

A méditer...

29 décembre 2005

Unité ?

En complément du billet précédent, un peu pessimiste, je tiens ici à souligner la volonté clairement afficher d'avancer dans ce difficile chemin de l'unité :
On peut "se demander avec encore plus d'insistance si la permanence de la division est justifiable, car ce n'est l'unité qui a besoin d'être justifiée mais la division." (1).
Il semble plus important en effet d'entrer à mon avis dans une orientation de pensée et d'action qui respecte l'attitude oecuménique : l'autre dans sa recherche de ce qui est l'essentiel du christianisme ; attitude pour laquelle "l'unité est un bien prioritaire qui exige des sacrifices, tandis que la séparation a besoin d'être justifiée en chaque cas". (2)
Joseph Ratzinger va plus loin en opposant "Au chauvinisme ou confessionnalisme de la division" (...) "une herméneutique de l'union qui fait une lecture de la confession en s'orientant dans le sens de l'union." Pour lui deux attitudes s'opposent :
a) "un chauvinisme confessionnel qui s'oriente, en définitive, non d'après la Vérité mais d'après l'habitude et qui fixé dans ce qu'il a de propre, s'attache avant tout précisément à ce qui est orienté contre les autres
b) de l'autre côté, on a un une indifférence de la foi qui voit des obstacles dans la question de la vérité, (...) en fait une alliance de surface (...) porteuse de nouvelles divisions
.
La solution serait pour lui dans "une foi en recherche de l'unité" qui se laisse purifier et approfondir en vue de l'atteindre. Cette foi "exige de haut dépassement et impose le plus extrême dépouillement, réclamant de lui une patience inépuisable et la disponibilité pour une purification et un approfondissement toujours nouveaux". "Le christianisme repose sur la victoire de l'invraisemblable : "sur l'aventure de l'Esprit Saint qui conduit l'homme au dessus de lui et qui précisément par là le ramène à lui-même. (3)
(1) - (2) - (3) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 223- 226-227

28 décembre 2005

Les limites d'un oecuménisme hâtif...

Pour J. Ratzinger, un concile véritablement oecuménique pourrait bien fédérer un pluralisme et le conduire à l'universalité des chrétiens mais il n'y aurait pas là une véritable union et l'unique dogme commun serait celui de son impossibilité. On n'arriverait pas à l'union de l'Eglise mais à la renonciation définitive de l'unité... (1).
Je dois dire qu'au delà de cet extrait un peu court, la lecture de ses pages sur l'histoire des essais de rapprochement au cours des 50 dernières années est saisissante et instructive... Le chemin est long et escarpé au delà de la bonne volonté des uns et des autres, il y a effectivement quand on y réfléchit des enjeux pas simples, en particulier face à la disparité du protestantisme...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 220

27 décembre 2005

Noël vers Pâque, aboutissement

Depuis ce petit enfant livré jusqu'à Pâque, on progresse dans la révélation jusqu'à assister à l'aboutissement d'une Pâque définitive qui révèle le sens de l'histoire. C'est l'histoire d'un exode. Elle commence avec Abraham par l'invitation à sortir et cela reste continuellement son mouvement propre qui atteint à sa véritable profondeur dans la Pâque de Jésus-Christ : dans l'agape eis télos, dans l'amour radical qui va jusqu'à l'exode total hors de soi-même, à la sortie de soi pour aller aux autres jusqu'au don radical dans la mort. "Je m'en vais et je viens vers vous" (Jn 14, 28) (1) Notre vie n'a de sens que dans ce décentrement, ce quitte ton pays pour te trouver toi-même, mais ailleurs, en Christ, dans l'amour total qui n'est pas en toi... C'est peut-être ce que Hb 10,20 décrit comme le "passage au travers du voile de la chair". Est-ce pour autant une désincarnation ? Non, c'est en un sens une transfiguration qui nous serait demandée. Purification pour devenir être de lumière ? Décentrement pour une liberté nouvelle, au delà de ce qui nous retient hors de l'amour véritable. On voit dans ces balbutiements la difficulté même d'expression, la fragilité d'un excès de spirituel et l'importance, en même temps de cette ek-stase... "hors de soi pour se trouver soi-même" (2).
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 210
(2) cf. J. Moltmann Theologie der Hoffnung, München, 1966 (5ème édition).

23 décembre 2005

Tout a changé

C'est à la fois une aporie chrétienne et une réponse chrétienne : rien n'a changé pour le monde et pourtant tout a changé. Il y a transformation du concept du Salut impliquée dans la diastase de point central et de fin, du télos et du péras comme l'exprime le cardinal Daniélou.
Et c'est peut-être en cela que Noël est plus qu'un conte merveilleux. Il est la manifestation première de la kénose d'un Dieu qui se fait petit enfant, être de chair fragile et pourtant rupture dans la chaîne implacable de la violence et de la mort. Le bruit d'un fin silence dans la violence d'un monde qui se déchaîne... et dont le massacre des saints innocents sera le premier signe.

22 décembre 2005

L'agir d'abord

La priorité de l'actio sur le Verbum est essentielle. Dieu a agi avant que l'homme le cherche...
"La résurrection d'entre les morts était attendue par Israël comme la conclusion de l'histoire, donc, au sens le plus littéral du mot comme eschaton, comme l'ultime action de Dieu" (1) Mais, j'ajouterais, elle n'a été que partielle, pour nous laisser le temps de goûter/désirer à sa présence.
Dans cette résurrection, "le cadre de l'histoire est dépassé, au dessus de l'histoire et ancré sur elle". (2) La résurrection est introduite dans l'histoire et nous sommes invités en quelque sorte à croire à l'eschaton au sein de l'histoire, à l'historicité de l'oeuvre eschatologique de Dieu. "La mort du Christ, la mort de Dieu provoquée par l'homme met en lumière avec l'effrayant effet d'un éclair l'épouvantable puissance de destruction de la méchanceté humaine, de la subversion des valeurs humaines comme la justice ou la piété au nom duquel Jésus a été condamné à mort. Mais cela signifie que Dieu maîtrise le passé de l'homme - le péché - en invitant à regarder vers l'avenir - vers le Christ (...) eschaton de l'histoire". (3)
De cette analyse surgit "une ligne de l'histoire du salut qui se prolonge encore et se situe à présent entre les deux signes du "déjà" et du "pas encore".
Je rejoins ce qui m'avais frappé également dans la thèse de R. Girard (cf. "Des choses cachées depuis la fondation du monde"). Ce que l'incarnation démontre ce n'est pas un Dieu qui assoiffe son désir de justice, mais bien au contraire, la mise au pilori du tout-amour.
Et c'est en cela qu'un renversement de l'histoire est rendu possible.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 207
(2) ibid p. 208
(3) p. 209

21 décembre 2005

Dieu Immuable... ? - II

Lorsque J. Ratzinger insiste sur le primat de l'histoire sur la métaphysique, sur toute la théorie de l'essence et de l'être, ce primat est mis en évidence par le fait que "l'image même de Dieu est soustraite à la simple doctrine de l'ousia". Il me semble que c'est ici que se situe la frontière décisive entre le concept du Dieu de la Bible et celui des Pères, ce qui constitue la difficulté constamment soulignée de la fusion patristique des pensées grecques et biblique et met en évidence une tâche dont la théologie chrétienne est loin d'être venue à bout. Pour le concept grec de Dieu l'essentiel est que Dieu est l'être pur immuable et que par conséquent il est agissant en aucune façon; son immutabilité absolue inclut qu'il s'enclose en lui-même, qu'il soit exclusivement tourné vers lui-même sans relation avec l'être mouvant (1). Pour le Dieu biblique, si je le comprends bien, la relation et l'agir sont plus essentiel. En cela création et révélation sont les deux propositions de base à son sujet. On peut ainsi dire que l'être ne "nous est pas accessible autrement que dans son agir." (2)
Cette vision rejoint ce que je cherchais depuis longtemps et qui me restait encore en porte à faux par rapport à ce que j'avais lu chez Thomas d'Aquin. J'y retrouve des éléments appréciés chez Varillon, notamment dans sa vision un peu iconoclaste mais combien éclairante de la souffrance de Dieu

(1) cf. Aristote, Politique 1325b 28 et Métaphysique 1074b, 21-35
(2) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 206

19 décembre 2005

Une brisure...

"La puissance de la mort, qui est la constante caractéristique de l'histoire a été brisée en un certain point par la puissance de Dieu et par là, une espérance toute nouvelle a été infusée dans l'histoire". (1)
C'est le nouvel Adam qui bouleverse notre histoire. Dieu s'est fait chair. Telle est notre foi.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 206

18 décembre 2005

Liberté fragile - II

Pour Joseph Ratzinger, le "concept central d'une philosophie et d'une théologie chrétienne de l'histoire devrait être la liberté, la liberté réelle qui inclut la non déductibilité et exclut par le fait même la cohérence parfaite de tout système de pensée; (...) Jésus-Christ avènement de la nouveauté et de l'imprévisible". (1) Si Dieu pouvait être pensé, déduit, il ne serait plus lui-même un être libre. On retrouve ce qui a déjà été évoqué largement dans ce blogue, à propos des liens entre liberté finie et infinie, à partir notamment des textes d'Urs von Balthasar... "La liberté a alors à faire dans chaque cas avec l'amour et l'amour avec le salut... Cela signifie ensuite que l'homme trouve le salut non pas dans un accès réflexe à lui-même, mais au delà dans la réflexion, dans un arrachement à lui-même, non dans une permanence en lui-même mais dans une sortie de lui-même. Cela signifie qu'en acceptant l'autre, le particulier, ce qui lui semble non nécessaire et libre, l'homme trouve la Totalité et le Vrai". (2)
J'aurais pu écrire ces phrases dans mes billets sur le décentrement... mais je m'incline devant cette ouverture à l'altérité... et je trouve là une consécration à cette recherche difficile sur la raison, l'intelligence de la foi, non comme une seule intelligence mais comme à travers l'acte de recevoir une possibilité d'être éclairé par l'autre.
(1) et (2) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 189

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17 décembre 2005

Liberté fragile

La faiblesse du concept rahnérien serait une conception de la liberté trop axée sur l'auto-réalisation, qui confrontée à la liberté divine conduirait à l'impression que Dieu agit seul. A travers cela on aboutit pour J. Ratzinger à une pré-destination. La Totalité rahnérienne n'est pas pour lui ouverte, à la différence d'une tension spirituelle qui doit être absolument une synthèse ouverte". (1) Mais où se trouve l'ouverture... Dans une fidélité à la Tradition, dans une quête incessante à travers la science théologique, où finalement peut-être dans ce décentrement qui me questionne depuis si longtemps, ce pas en avant dans l'inconnu de Dieu... ?

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 188

Ek-stase... Dépassement

Pour J. Ratzinger, la direction à prendre pour dépasser Rahner serait "une spiritualité de conversion, de l'ek-stase, du dépassement de soi, qui est bien aussi un concept fondamental de Rahner "mais qui perd dans sa synthèse son sens concret.
Rahner a voulu trop. A l'inverse, Hans Urs von Balthasar a défini son programme d'une théologie de l'histoire en lui donnant le titre "le tout par fragments" pour bien souligner dès l'abord qu'il n'est pas donné à l'homme de voir et de lire le tout en lui-même, mais qu'il peut que "le pressentir en fragments dans ce qu'il a de positif et de particulier". (1)
La lecture de ces deux grands théologiens du XXième siècle qui marque ma vie depuis deux ou trois ans et cette écriture s'éclaire petit à petit à travers cette prise de distance par un tiers... Elle interpelle au delà de la lecture d'un mot à mot où l'on reste marqué par un certain mimétisme... Je pense que la vérité se trouve dans cette tension, dans cette recherche hyperbolique entre ce qui est révélé et ce qui peut traverser notre quête de l'intérieur, comme ce dépôt insaisissable d'un souffle fragile...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p.186 et 187

15 décembre 2005

Que tous soient un...

Les crises ne peuvent être dépassées que par la solidarité de tous les chrétiens. C'est justement pour cela que le dialogue oecuméniques est maintenant plus nécessaire qu'autrefois. Nous les chrétiens, ne devons nous pas apprendre de ceux qui sont loins de l'Église que le dialogue est le seul chemin pour résoudre les différends et que c'est seulement ensemble que nous pouvons affronter les grandes tentations qui attaquent les fondements même de la foi ? Personne ne peut s'enfermer dans son autosuffisance. Chaque chrétien, chaque confession, a besoin de tous les autres chrétiens et de tous les hommes, même si dans son Èglise il témoigne de la plénitude de la vérité. Il faut bien avoir conscience que la division des chrétiens est un péché contre l'Esprit Saint et qu'elle est le plus grand obstacle sur le chemin de la conversion du monde au Christ. Le Sauveur a prié pour que tous soient un afin que le monde croie (Jn 17,21).
Métropolite Seraphim, communication à Bucarest en 1998, cité par Magnificat, nº 132, novembre 2003

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14 décembre 2005

Nouveauté...

La phrase de K. Rahner "Celui qui accepte son existence ... celui-là dit oui au Christ (ibid p. 225ss) contredit la nouveauté du christianisme et réduit la libération chrétienne à une libération illusoire. (1)

Il ne s'agirait pas d'accepter sa condition comme un Job moderne, mais d'entrer dans une tension, qui va au-delà...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 185

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13 décembre 2005

Un fil rouge

Il n'y a pas de bon choix, ni de choix facile. Notre vie est toujours plus complexe et fragile dans un monde où les répères sont flous ou multiples. Je pense que seule une prise de distance, un temps de réflexion, un temps d'éclairage et de prière nous permet de trouver ce difficile équilibre.
La lecture d'un tiers aide à ce cheminement même si elle nous dérange dans nos certitudes. C'est ce que j'essaye de vous faire partager depuis près d'un an... J'espère que cela vous est utile... mais le petit nombre de retour m'interpelle. Bonne préparation de cet avénement...

12 décembre 2005

Madeleine Delbrel

"Seigneur, révélez-nous le grand orchestre de vos desseins, où ce que vous permettez jette des notes étranges dans la sévérité de ce que vous voulez. Apprenez nous à revêtir chaque jour notre condition humaine comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous tous ses détails comme d'indispensables bijoux. Faites nous vivre votre vie, non comme un jeu d'échecs où tout est calculé, non comme un match où tout est difficile, non comme un théorème qui nous casse la tête, mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle, comme un bal, comme une danse, entre les bras de votre grâce, dans la musique universelle de l'amour. Seigneur, venez nous inviter..." (1)
Ce texte entre en raisonnance avec tout ce que j'écrivais sur l'harmonie trinitaire, la danse des personnes divines, à laquelle nous sommes conviés, par l'Esprit et en Christ.
Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, p. 91-92, Seuil

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10 décembre 2005

Pères de l'Eglise

"La fréquentation des Pères n'est pas un simple travail de catalogue de musées du passé. Les Pères sont le passé commun de tous les chrétiens et c'est dans la redécouverte de cette communauté que réside l'espérance pour l'avenir de l'Eglise, son devoir - notre vie d'aujourd'hui." (1)
En écoutant une conférence de P. Gourier, le co-fondateur de Talitha Koum, je mesurais la richesse déjà entre-aperçue dans mon analyse de saint Antoine de la richesse de la philocalie. Un nouveau chemin de lecture dont je vous parlerai...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 167

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09 décembre 2005

Intelligence de la foi (suite)

En comprenant la foi comme une philosophie et en acceptant de se placer dans le Credo ut intelligam les Pères ont reconnu la responsabilité rationnelle de la foi (1)
Il me semble qu'il y a là un début de réflexion intéressante sur un sujet que je suis en train de travailler dans l'article théologie de Wikikto, à propos d'un hommage au cardinal Volk fait par J. Ratzinger... et dont je reparlerais... C'est en tout cas dans la ligne de ce que j'ai déjà commencé à traité de nombreuses fois dans ce blog...
cf. notamment ici
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 166

PS : Sympa d'ailleurs l'option de recherche de Blogger... devrais essayer plus souvent...
PS 2 : Renaud m'a traité de serial blogger récemment... Je trouve le mot assez fin... C'est un petit peu ma drogue du matin, quand les neurones sont tous frais...

08 décembre 2005

Séparation

On peut déclarer la guerre à l'archaïsme ou au romantisme dans la liturgie, mais il ne faut pas pour autant "couper les liens avec les formes fondamentales de l'Eglise ancienne et de la prière ecclésiale". (1) Car dans ce cas on construit son Eglise à soi... et l'on reconstruit une babel fragile.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 165

07 décembre 2005

Religiosité, religion...

A un évêque sud-américain, un chrétien qui venait de passer chez les évangéliques aurait dit : "merci pour vos oeuvres, mais nous avons besoin d'une religion. L'homme ne vit pas seulement de pain." L'élément propre et permanent du christianisme nous conduit bien au-delà de ce que nous appelons habituellement réalité, et c'est précisément là dessus que repose sa force salvatrice... (1)
Cette remarque est interpellante, mais qu'est-ce à dire ? Faut-il pour autant sombrer dans l'irrationnel, le sacré pour le sacré. Je pense que l'on sort à peine d'une religion où se mêle superstition et carcan social. Cela n'implique pas qu'il faille tomber dans l'excès de rationalité ou de réalisme, mais que l'équilibre à trouver est peut-être dans un savant dosage entre une foi raisonnée et l'ouverture à un infini qui nous dérange, une Parole qui sépare, interpelle et conduit à un décentrement de nos petites têtes raisonnantes. Entre mystique, irrationnel, superstition, science, croyance et foi véritable, il y a un fil ténu qui se dessine. Nous ne devons pas pour autant rejeter l'inconnu, mais chercher justement à quitter nos certitudes...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 145

06 décembre 2005

Ceci est mon corps...

Ne plus chercher seul et à tâtons la transcendance mais percevoir dans le "Ceci est mon corps" une "anticipation de sa mort et de fait l'acte le plus radical de la condition humaine, tel que seul pouvait l'accomplir celui qui est en même temps le Fils". (1) Je crois que nous ne pouvons mesurer l'ampleur, la hauteur et la profondeur de cette phrase sans l'avoir véritablement offert, ce qui est l'oeuvre d'une vie...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 145

05 décembre 2005

Liturgie

Pour J. Ratzinger, l'Eglise "devient Eglise par la liturgie, par laquelle elle entre dans la prière de Jésus-Christ et se situe ainsi avec lui dans la sphère du Saint Esprit et par là au Père. Elle devient Eglise par l'adoration et l'adoration du point de vue du Christ et trinitaire. Ceci est proprement son nerf vital sans lequel le courant de vie s'arrête en elle. Là se réalise un échange : seule l'association réelle des particuliers à la prière peut donner une âme à la liturgie, au service communautaire de Dieu. Et seul celui-ci, grâce à son efficience propre, peut porter la prière des individus et leur donner force.(1)
Ce texte est à méditer et à reméditer à l'aune des développements déjà donnés dans ce blog notamment "eucharistie morne plaine"... La liturgie est essentielle mais à condition que la communauté lui consacre l'énergie suffisante pour qu'elle ne devienne pas, à force d'automatismes irréfléchis, un lieu de conformité, de panurgisme, d'obéissance social... On est tous coupables, si c'est devenu un état de fait. Et moi le premier... Et c'est pourquoi, je continue à plaider pour une humanisation de nos assemblées, qui ne soit pas lieu de cohabitation pacifique mais de communion vivante et partagée. Le rôle du prêtre y est essentiel, non pas forcément pour présider mais pour vérifier, stimuler, réveiller cette communion, au lieu, comme je le vois parfois, de réciter son rôle... La critique est certes facile. Mais sur ce plan, nous sommes tous co-responsables et si le prêtre est faible, c'est souvent parce que nous fidèles nous sommes incapables d'en faire plus.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 144

04 décembre 2005

Intelligence de la foi

Je ne peux m'empêcher de redonner cette phrase qui me semble essentielle sur le plan pastoral : "Si nous ne pouvons inventer la foi, nous pouvons réfléchir sur elle et même, il faut absolument le faire, car seule peut être transmise la foi que l'on s'est appropriée intérieurement." (1)
J'ai déjà longuement commenté ce que j'appelais l'intelligence de la foi. Si l'on peut arguer que la raison tue le coeur, je pense qu'il serait dangereux de tomber dans la superstition ou le sentimentalisme béat tel qu'on le voir parfois dans certaines communautés. Il y a un équilibre à trouver et la compréhension, la libre adhésion de l'esprit aux mouvements du coeur me semblent essentiels...

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 143

03 décembre 2005

Avenir de l'Eglise

"L'Eglise ne peut être sauvée par des compromis et des adaptations, ni par de simples théories, mais seulement par une prise de conscience d'elle-même et par une profondeur de foi qui ouvre la porte à l'Esprit Saint et à sa puissance d'union (...) l'unité de l'Eglise n'est pas réalisée par des hommes, mais ne peut être opérée que par l'Esprit Saint" (1)
Cela fait raisonner en moi, cette homélie entendue le 17 novembre à St Philippe : La violence ne sauvera pas le monde. Seule la bonté des hommes, éclatante et joyeuse peut transformer le coeur.
On a trop souvent tendance à critiquer l'Eglise de l'intérieur comme de l'extérieur, alors qu'elle n'est image que de ce que nous sommes, individuellement et collectivement.
Seule l'intelligence de nos actes, l'intelligence de la foi et un amour en actes et en vérité nous fera progresser dans ce sens.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 132

02 décembre 2005

Baptême sans la foi

Si j'interprêtre bien ce passage, pour J. Ratzinger, si le baptême est donné sans la foi, le caractère sacramentel est imprimé mais la grâce n'est pas donnée... (1). Cela dérange ma conception de la grâce que je perçoit comme don gratuit et infini de Dieu. J'ose croire qu'il s'agit d'une mauvaise traduction. Pour moi le problème ne se situe pas dans le fait qu'elle soit donnée mais plutôt de la non réception... Le baptême sans la foi, c'est un chemin vers Dieu où l'on passe à côté de l'essentiel. Mais pour moi Dieu est présent. Il suffit de le chercher...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 112

01 décembre 2005

Dieu est

Jésus est radical dans son affirmation que Dieu est et la Résurrection est l'ultime concrétisation de cette phrase (1)
C'est peut-être ce qui nous différentie le plus du Christ. Cette incapacité à dire amen, à croire à cette existence au point de tout abandonner pour le suivre.
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 107