Depuis ce petit enfant livré jusqu'à Pâque, on progresse dans la révélation jusqu'à assister à l'aboutissement d'une Pâque définitive qui révèle le sens de l'histoire. C'est l'histoire d'un exode. Elle commence avec Abraham par l'invitation à sortir et cela reste continuellement son mouvement propre qui atteint à sa véritable profondeur dans la Pâque de Jésus-Christ : dans l'agape eis télos, dans l'amour radical qui va jusqu'à l'exode total hors de soi-même, à la sortie de soi pour aller aux autres jusqu'au don radical dans la mort. "Je m'en vais et je viens vers vous" (Jn 14, 28) (1) Notre vie n'a de sens que dans ce décentrement, ce quitte ton pays pour te trouver toi-même, mais ailleurs, en Christ, dans l'amour total qui n'est pas en toi... C'est peut-être ce que Hb 10,20 décrit comme le "passage au travers du voile de la chair". Est-ce pour autant une désincarnation ? Non, c'est en un sens une transfiguration qui nous serait demandée. Purification pour devenir être de lumière ? Décentrement pour une liberté nouvelle, au delà de ce qui nous retient hors de l'amour véritable. On voit dans ces balbutiements la difficulté même d'expression, la fragilité d'un excès de spirituel et l'importance, en même temps de cette ek-stase... "hors de soi pour se trouver soi-même" (2).
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 210
(2) cf. J. Moltmann Theologie der Hoffnung, München, 1966 (5ème édition).
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