La priorité de l'actio sur le Verbum est essentielle. Dieu a agi avant que l'homme le cherche...
"La résurrection d'entre les morts était attendue par Israël comme la conclusion de l'histoire, donc, au sens le plus littéral du mot comme eschaton, comme l'ultime action de Dieu" (1) Mais, j'ajouterais, elle n'a été que partielle, pour nous laisser le temps de goûter/désirer à sa présence.
Dans cette résurrection, "le cadre de l'histoire est dépassé, au dessus de l'histoire et ancré sur elle". (2) La résurrection est introduite dans l'histoire et nous sommes invités en quelque sorte à croire à l'eschaton au sein de l'histoire, à l'historicité de l'oeuvre eschatologique de Dieu. "La mort du Christ, la mort de Dieu provoquée par l'homme met en lumière avec l'effrayant effet d'un éclair l'épouvantable puissance de destruction de la méchanceté humaine, de la subversion des valeurs humaines comme la justice ou la piété au nom duquel Jésus a été condamné à mort. Mais cela signifie que Dieu maîtrise le passé de l'homme - le péché - en invitant à regarder vers l'avenir - vers le Christ (...) eschaton de l'histoire". (3)
De cette analyse surgit "une ligne de l'histoire du salut qui se prolonge encore et se situe à présent entre les deux signes du "déjà" et du "pas encore".
Je rejoins ce qui m'avais frappé également dans la thèse de R. Girard (cf. "Des choses cachées depuis la fondation du monde"). Ce que l'incarnation démontre ce n'est pas un Dieu qui assoiffe son désir de justice, mais bien au contraire, la mise au pilori du tout-amour.
Et c'est en cela qu'un renversement de l'histoire est rendu possible.
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 207
(2) ibid p. 208
(3) p. 209
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