27 février 2019

Nuit obscure - 2 - François Marxer

Nouvelle méditation à la suite de l'excellent ouvrage de François Marxer, Au péril de la Nuit.

L'auteur nous conduit à une traversée profonde de nos nuits spirituelles à la suite des grandes mystiques du XXeme siècle à commencer par la petite Thérèse qui veut rejoindre le Christ dans sa joie simple et se trouve plongée dans les profondeurs de l'obscurité. Un chemin intérieur qui traverse l'orant au delà des réflexions et des sagesses du monde jusque dans la kénose du Fils.

"L'effacement de Jésus complete sa propre image : il se fait, devant les tout-petits, plus infime, s'il est possible, qu'eux tous, en disparaissant dans la louange dont ils sont le contenu. Il occupe ainsi sa véritable place. Cette extase est complète à la croix(1)"

L'humilité n'est pas dans la négation de soi même ou une fausse modestie, mais dans l'agenouillement devant celui qui s'est anéanti pour nous redonner vie.

«Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.»
‭(Jean‬ ‭12:24‬ ‭NBS‬‬)

Il nous faut "naître à nouveau" (cf. Jean 3).

Notre agenouillement devant Dieu nous porte, à sa suite, "à genoux devant l'homme" (2) pour voir en lui la trace de ce que Dieu a semé de bon et de grand.
L’effacement (..) ce n’est pas ambitionner la nudité de l’être (...) mais aimer à perte de vue” (3)
Je suis parti pour évangéliser la périphérie et c'est la périphérie qui me convertit, comme ce jeune pompier volontaire, rencontré samedi qui me donne une leçon de dévouement et d'abnégation. Même s'il ne confesse pas le Christ il est semence du Verbe.

Quel est l’enjeu du voyage ? Peut-être cette “vertu d’humilité (...) qui creuse en elle la profondeur de Dieu fait homme” qui cache l’éclat de sa divinité - ténèbre - dans cette pauvreté de l’humain que par amour il aura voulu devenir: laquelle profondeur est si grande que (...) la raison defaille, obscurité. (4)

(1) Paul Beauchamp, Le récit, La lettre et le Corps, Essais bibliques, Paris, Cerf, 1982, p. 99, cité par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017
(2) cf. mon livre éponyme.
(3) F. Marxer, ibid. p. 68.
(4) p. 69

26 février 2019

Au fil de Marc 9,30-37. - Serviteur de tous - Grégoire de Naziance


« Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous »

Commentaire de saint Gregoire de Naziance
« Réponds à ceux que les stigmates de la Passion dans le corps du Christ plongent dans l'incertitude et qui posent la question : « Qui est ce roi de gloire ? » (Ps 23,8), réponds-leur que c'est le Christ « fort et puissant » (ibid.) en tout ce qu'il a fait et continue de faire…
Est-il petit du fait qu'il s'est fait humble à cause de toi ? Est-il méprisable du fait que, Bon Berger offrant sa vie pour son troupeau, il est venu chercher la brebis égarée, et l'ayant trouvée, la ramène sur ses épaules qui ont porté pour elle la croix, et l'ayant ramenée à la vie d'en haut, l'a mise parmi les brebis fidèles qui sont restées au bercail ? (Jn 10,11; Lc 15,4) Le méprises-tu du fait qu'il a allumé une lampe, sa propre chair, et qu'il a balayé sa maison, purifiant le monde du péché, pour chercher la pièce d'argent perdue, en perdant la beauté de son effigie royale par sa Passion ? (Lc 15,8s; Mc 12,16)…
Est-ce que tu l'estimes moins grand parce qu'il se ceint d'un linge pour laver les pieds de ses disciples, leur montrant que le moyen le plus sûr de s'élever, c'est de s'abaisser ? (Jn 13,4s) Est-ce un grief que tu fais à Dieu parce que le Christ s'abaisse, inclinant son âme vers la terre, afin de relever avec lui ceux qui plient sous le poids du péché ? (Mt 11,28) Lui reproches-tu d'avoir mangé avec les publicains et les pécheurs…pour leur salut ? (Mt 9,10) Comment mettre en cause un médecin qui se penche sur les souffrances et les plaies des malades pour leur apporter la guérison ? » (1)

«Ayez entre vous les dispositions qui sont en Jésus-Christ: lui qui était vraiment divin, il ne s'est pas prévalu d'un rang d'égalité avec Dieu, mais il s'est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains; reconnu à son aspect comme humain, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la croix. C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu, le Père.» (2) 


(1) Saint Grégoire de Nazianze, Homélie pour la fête de Pâque ; PG 36, 624 (trad. Homéliaire patristique, Cerf 1949, p. 223s rev.), source  : l'Évangile au Quotidien 
(2) Philippiens 2:5-11 traduction NBS

25 février 2019

Homélie du 22 et 23 février - 7eme dimanche ordinaire - 1 S 26 et Luc 6 - aimer ses ennemis


Projet d'homélie

1. introduction 2. quel plan ?
Aimer ses ennemis jusqu’où ?
Comment supportez la voisine qui fait du bruit, le voisin qui gare sa voiture devant notre portail....?
Sommes-nous prêts à aimer comme le Christ ? 
A) Introduction de saint Paul 
B) contemplation de l’histoire de David
C) contemplation de l’évangile
D) méditation

1. Contemplation 

- Paul nous interpelle. entre Adam et Jésus, quel type d’hommes sommes nous? Sommes nous des hommes fragiles ou des enfants de Dieu. Sommes nous en Christ, habités par sa miséricorde ?
- 1ere lecture L'histoire n’est pas complète. On voit à la fin du texte lu que David appelle le roi il montre la lance et la gourde et il lui explique qu’il n’a pas porté la main sur lui et cela transforme le cœur de son ennemi ! Mais il reste plein de rebondissement à cette histoire...
Parce que l’homme reste fragile et que comme les fils d’Adam, la violence nous habite.Pourtant, la contemplation de la première lecture nous fait réaliser, dans la personne de David, cette bonté fondamentale qui rend possible l’arrêt de toute violence. Ce n’est pas loin de ce que nous dit à sa manière Jésus dans son Évangile. Aimer ses ennemis.. Aimer sans mesure ou avec une mesure débordante.
 L’allusion à la lance et la gourde n’est pas sans rebondissements pour nous. Il y a en effet dans un texte plus connu dans les derniers chapitres de Jean, aussi une lance et une allusion à la soif. C’est la lance qui symbolise la violence des hommes et qui transperce le cœur de Jésus, assoiffé de notre amour, un cœur miséricordieux qui va jusqu’à s’agenouiller devant Judas pour lui laver les pieds, ou dire, malgré cette violence, « Père pardonne leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Quel est l'enjeu ? Aimer ne consiste pas seulement à aimer ses proches, mais bien à aller bien au delà, jusqu’à l’amour de ses ennemis.


2. Méditation
Un exemple assez exceptionnel nous est donné par l’histoire de cette femme en Amérique du sud, maltraitée par un tortionnaire pour des raisons politiques. Malgré sa souffrance, elle arrive à le retourner. Comment cela s’est-il passé ? Un jour elle a entendu qu’il s’inquiétait de la santé de son fils, alors qu’il la martyrisait. Le lendemain, alors qu’il recommençait, elle lui a demandé de ses nouvelles. Et c’est là probablement qu’il a réalisé que cette femme n’était pas un objet, mais une personne, une mère. C’est peut-être ce que Jésus nous dit en nous demandant de tendre l’autre joue. Entre la joue droite et la joue gauche, il y a le regard que l’on porte à la personne, ce regard qui implore, qui considère, qui prend en compte la souffrance de l’autre, qui fait qu’il n’est plus ennemi mais aussi personne.

Le chemin d’amour que le Christ trace pour nous n’est pas un chemin facile. Entre la lance et la gourde que ramasse David, et le glaive qui transpercera le coeur du Christ assoiffé, il y a plus de mille ans de révélation. Mais c’est peut-être cela qui est le plus essentiel. C’est le chemin d’un Dieu qui se fait le plus bas pour nous aimer et nous aider à aimer à sa manière.
La croix est le point culminant d’un Dieu qui refuse de condamner son ennemi mais qui, au contraire, va jusqu’à la mort pour lui montrer le chemin de la miséricorde.
Père, pardonne leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’il font.
Bien sûr, ce chemin est difficile pour nous.
Notre générosité ne sera pas probablement dès le début une mesure pleine et débordante. Mais il nous faut, pas à pas, entamer ce chemin.

Peut-être cette semaine pouvons-nous commencer par prier pour nos ennemis ? C’est la première marche à monter vers le pardon et la miséricorde à laquelle Dieu veut nous appeler.

Sodoma - Fréderic Martel

Je viens d'entendre l'auteur de ce livre sur Rnd. Sans avoir lu ce livre et sans connaître l'ampleur des sujets qu'il soulève et au-delà du polémique probablement fondée sur le biais apporté par sa lecture engagée,  je suis sensible à certains des arguments de l'auteur.
Sur ce sujet complexe de l’homosexualité, déjà traité en partie dans mon livre "le désir brisé", je considère qu'à la lumière des progrès de la psychologie et des travaux de X. Thévenot sur ce sujet, il serait temps de distinguer la personne et les actes et au sein des actes ceux qui conduisent à l'avilissement de la personne surtout non consentante de l'expression respectueuse et partagée qui n'est pas, contrairement à ce que l'on a dit, contre nature, mais d'une autre nature que l'union hétérosexuelle.
Peut-on en effet dire que la nature est détournée quand cela concerne autant de personnes (plus de 5% d’une population) ?
Cette distinction permettrait d'avancer dans l’ecoute et l’accompagnement des personnes, au lieu de se crisper sur un littéralisme peu constructif des textes pauliniens qui, derrière la condamnation des actes, refuse toute prise en compte des souffrances.


À discuter....

(1) Le désir brisé, Amazon 2011, https://www.amazon.fr/désir-brisé-Claude-Hériard/dp/1491064331

23 février 2019

Au fil de Marc 9,2-13 - Transfiguration

« En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s'entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » Marc 9, 2-7, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF

Commentaire 1 :
Contemplons ce Christ qui se révèle dans sa pureté, lumière de nos vies. N'est-ce pas celui que nous vénérons dans l'Eucharistie ? C'est peut-être ce qui nous est donné le plus beau à voir mais aussi à recevoir. La tentation est de le garder pour nous, de planter notre tente à ses côtés.... Ce n'est pas notre chemin. Notre chemin est d'être porte-Christ.


Commentaire de saint Ambroise :
« Dans l'Évangile aussi, c'est à Pierre, Jacques et Jean, seuls de tous les disciples, qu'il a révélé la gloire de sa résurrection. Ainsi voulait-il que son mystère demeure caché, et il les avertissait fréquemment de ne pas annoncer facilement ce qu'ils avaient vu à n'importe qui, pour qu'un auditeur trop faible ne trouve là un obstacle qui empêcherait son esprit inconstant de recevoir ces mystères dans toute leur force. Car Pierre lui-même « ne savait pas ce qu'il disait », puisqu'il croyait qu'il fallait dresser trois tentes pour le Seigneur et ses compagnons. Ensuite, il n'a pas pu supporter l'éclat de gloire du Seigneur qui se transfigurait, mais il est tombé sur le sol (Mt 17,6), comme sont tombés aussi « les fils du tonnerre » (Mc 3,17), Jacques et Jean, quand la nuée les a recouverts...
Ils sont entrés donc dans la nuée pour connaître ce qui est secret et caché, et c'est là qu'ils ont entendu la voix de Dieu disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour : écoutez-le ». Que signifie : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » ? Cela veut dire — Simon Pierre, ne t'y trompe pas ! — que tu ne dois pas placer le Fils de Dieu sur le même rang que les serviteurs. « Celui-ci est mon Fils : Moïse n'est pas mon Fils, Élie n'est pas mon Fils, bien que l'un ait ouvert le ciel, et que l'autre ait fermé le ciel ». En effet, l'un et l'autre, à la parole du Seigneur, ont vaincu un élément de la nature (Ex 14 ;1R 17,1), mais ils n'ont fait que prêter leur ministère à celui qui a affermi les eaux et fermé par la sécheresse le ciel, qu'il a fait fondre en pluie dès qu'il l'a voulu.
Là où il s'agit d'une simple annonce de la résurrection, on fait appel au ministère des serviteurs, mais là où se montre la gloire du Seigneur qui ressuscite, la gloire des serviteurs tombe dans l'obscurité. Car, en se levant, le soleil obscurcit les étoiles, et toutes leurs lumières disparaissent devant l'éclat de l'éternel Soleil de justice (Ml 3,20). » (1)

(1) Saint Ambroise, Sur le psaume 45, 2; CSEL 64, 6, 330-331 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 186 rev.), source Évangile au quotidien.

22 février 2019

Au fil de Marc 8 et Matthieu 16 - La chaire de Pierre

« Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-19)

Il n'est pas anodin que le récit de Césarée (Marc 8), entendu hier, précède dans la liturgie celui où Jésus donne à Pierre la primauté.

La figure de Pierre est entière, impulsive, toute donnée au Christ et pourtant fragile.
Pierre est à la fois le premier à déclarer le Messie et à rejeter La Croix, le premier à le renier et le premier pardonné (cf. Jn 21)

Ceux qui critiquent l'Église n'ont pas perçu entièrement la force de ce paradoxe qui traduit pourtant toute la miséricorde divine : l'Église ne sera jamais à la hauteur et pourtant habitée par l'Esprit et portée par lui.

Pourtant ne percevons pas en nous ce paradoxe. Pécheurs, nous le resterons, et néanmoins ce qui est « impossible à l'homme devient possible en Dieu » (cf. Mat 19)

A toute tentation cléricale se dresse le réalisme de notre fragilité. Nous portons un trésor dans un vase bien fragile.

21 février 2019

Sagesse 3 - Procope de Gaza


« La Sagesse a bâti sa maison. La puissance de Dieu le Père, qui subsiste par elle-même, a construit pour sa demeure le monde entier où elle habite par son activité ; et elle a construit l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, et dont la nature est à la fois visible et invisible.

Elle a sculpté sept colonnes. À l'homme qui, après la création, a été formé selon le Christ, elle a donné les sept dons du Saint-Esprit, afin qu'il croie au Christ et observe ses commandements. Grâce à ces dons, la vertu est animée par la connaissance et, réciproquement, la connaissance s'incarne dans la vertu. C'est ainsi que l'homme spirituel devient parfait, s'accomplît dans l'accomplissement de la foi, en participant aux biens qui dépassent la nature.

Ces dons rectifient la lumière naturelle de l'esprit. La force prépare à rechercher et à désirer avec ardeur les vraies raisons des choses, c'est-à-dire : la volonté divine par laquelle tout a été fait. Le conseil discerne ces vouloirs de Dieu parfaitement saints, incréés et immortels, et il enseigne à les mettre dans la pensée, la parole et l'action. L'intelligence y fait acquiescer et consentir en refusant ce que s'y oppose. ~

Elle a mélangé son vin dans la coupe et a dressé sa table. De même qu'on fait un mélange dans une coupe, la Sagesse a mêlé dans l'homme la nature intellectuelle et la nature sensible ; c'est-à-dire qu'elle a uni à la connaissance des choses créées la connaissance d'elle-même comme cause de toutes choses. Et cette connaissance de tout ce qui concerne Dieu, comparable à du vin, enivre l'esprit. C'est ainsi que par elle-même, qui est le pain du ciel, elle nourrit les âmes par la vertu ; elle les abreuve et les réjouit par la doctrine. Elle a donc apprêté tout cela comme une table magnifiquement servie pour le banquet spirituel de ceux qui désirent y participer.

Elle a envoyé ses esclaves inviter à sa coupe, en proclamant à haute voix. ~ Elle a envoyé les Apôtres, ces servants de sa divine volonté, pour qu'ils proclament la bonne nouvelle de l'Évangile. Celui-ci est au-dessus de la loi écrite et de la loi naturelle, parce qu'il est la loi de l'Esprit qui invite à le rejoindre lui-même. En lui comme dans une coupe, selon le mystère de l'économie rédemptrice, s'est réalisée l'union étonnante de la nature divine et de la nature humaine, sans confusion, en une seule personne. Et c'est par la bouche de ces serviteurs que la Sagesse proclame : Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! Celui qui manque de sagesse est celui qui pense dans son cœur que Dieu n'existe pas. Qu'il rejette son athéisme, qu'il me rejoigne par la foi, qu'il sache que je suis le Créateur et le Seigneur de l'univers. 

À l'homme sans intelligence, elle dit : Venez manger mon pain et boire le vin que j'ai mélangé pour vous ! Et à ceux qui n'accomplissent pas les œuvres de la foi, afin qu'ils accèdent à une connaissance plus parfaite, elle dit : Venez manger mon corps qui, comme du pain, vous nourrit pour la pratique de la vertu ; buvez mon sang qui, par la connaissance, vous réjouira comme du vin et vous enivrera pour vous diviniser. Car ce sang, d'une façon étonnante, je l'ai mélangé à la divinité, pour votre salut » (1)
A méditer 

(1) Procope de Gaza, commentaire sur les Proverbes, source AELF, offices des lectures de la 6eme semaine du temps ordinaire 





19 février 2019

Sagesse 2

Comme il y a une progression dans la révélation, il y a une évolution dans la compréhension de la Sagesse divine.

Il faut toujours se méfier de nos interprétations et de nos anthropocentrismes.

Écoutons sur ce thème saint Athanase :
«  La Sagesse personnelle de Dieu, son Fils unique, est créatrice et réalisatrice de toutes choses. En effet, dit le Psaume : Tu as tout fait avec sagesse, la terre est pleine de tes créatures. Afin que les créatures non seulement existent, mais existent bien, Dieu a décidé que sa propre Sagesse descendrait vers les créatures afin d'imprimer en toutes et en chacune une certaine empreinte et représentation de son image ; ainsi serait-il évident qu'elles ont été créées avec sagesse et qu'elles sont des œuvres dignes de Dieu.
De même, que notre verbe humain est l'image de ce Verbe qui est le Fils de Dieu, ainsi notre sagesse est, elle aussi, l'image de ce Verbe qui est la Sagesse en personne. Parce que nous possédons en elle la capacité de connaître et de penser, nous devenons capables d'accueillir la Sagesse créatrice, et par elle nous pouvons connaître son Père. Car celui qui a le Fils a aussi le Père, et encore : Celui qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé. Parce que l'empreinte de cette Sagesse existe en nous et en toutes ses œuvres, il est tout à fait juste que la Sagesse véritable et créatrice, appliquant à elle-même ce qui concerne son empreinte, dise : Le Seigneur m'a créée comme une de ses œuvres. »

Plus loin, il insiste et c’est là ce que nous pouvons peut-être méditer : « Puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la Sagesse de Dieu, c'est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Désormais Dieu ne veut plus, comme dans les temps primitifs, être connu par l'image et l'ombre de la Sagesse : il a voulu que la véritable Sagesse en personne prenne chair, devienne homme, subisse la mort de la croix, afin qu'à l'avenir tous les croyants puissent être sauvés par la foi en cette Sagesse incarnée.
C'est donc elle qui est la Sagesse de Dieu. C'est elle qui, auparavant, par son image introduite dans les choses créées (et c'est en ce sens qu'on la disait créée), se faisait connaître et, par elle, faisait connaître le Père. Par la suite, elle-même, qui est le Verbe, est devenue chair, comme dit saint Jean ; après avoir détruit la mortet sauvé notre race, elle s'est manifestée plus clairement elle-même et, par elle-même, elle a manifesté son Père. Ce qui lui a fait dire : Donne-leur de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
Toute la terre a donc été remplie de sa connaissance. Car il y a une seule connaissance : du Père par le Fils, et du Fils à partir du Père. Le Père met sa joie en lui, et le Fils se réjouit de la même joie dans le Père, ainsi qu'il le dit : J'y trouvais ma joie, je me réjouissais jour après jour en sa présence. »

Saint Athanase d'Alexandrie, discours contre les Ariens, source AELF

Les portes du ciel - Christophe Gripon

Un bel essai qui nous ouvre à la contemplation de Dieu dans les multiples facettes de sa révélation. L’approche originale de Christophe Gripon nous fait découvrir comment Dieu se révèle à l’homme au sein même de son désir très humain pour le conduire plus haut, vers l’inaccessible.
A partir des textes sur la Sagesse dans l’Ancien Testament et rejoignant l’approche de Benoît XVI in Caritas in Veritate, mais également de quelques mysthiques, les Portes du ciel (1) constituent un véritable chemin spirituel. Mérite un détour....!




(1) Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018

Écouter l’homme dans le silence - 7


C'est au cœur d’un véritable silence,
que l'on peut entendre le cri de l'homme souffrant, 
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de Dieu souffrant.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que l'on peut entendre le cri de notre conscience,
loin du bruit du monde.

C'est au cœur d’un véritable silence 
que Dieu appelle l'homme, dans le jardin du monde.

« Où es-tu ? » cf. Gn 3

———-

Pour toi le silence est louange, ô Dieu, dans Sion;
on  des vœux qu'on t'a fait.»
‭‭Psaumes‬ ‭65:2‬ ‭

«Iles, faites silence pour m'écouter! Que les peuples renouvellent leur force, qu'ils s'avancent et qu'ils parlent!.»
‭‭Isaïe‬ ‭41:1‬ ‭

«Moïse et les prêtres-lévites dirent à tout Israël: Israël, fais silence et écoute! Aujourd'hui, tu es devenu le peuple du SEIGNEUR, ton Dieu.»
‭‭Deutéronome‬ ‭27:9‬

«Garde le silence devant le S EIGNEUR, et attends-le; ne te fâche pas contre celui qui réussit dans ses voies, contre l'homme qui mène à bien ses intrigues.»
‭‭Psaumes‬ ‭37:7‬ ‭

«Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit: Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si c'est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu.»

‭‭Matthieu‬ ‭26:63‬ ‭

Voir aussi sur ce thème :

17 février 2019

Au fil de Luc 6,17.20-26 - Béatitudes - Une joie profonde - Paul VI - Larmes du Père 7

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes. 
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)

Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19)  transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »

A méditer...

(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt 
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)

16 février 2019

Au fil de Marc 8,1-10. - Multiplication des pains - Les portes Christ

« En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n'avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit :
« J'ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n'ont rien à manger.
Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d'entre eux sont venus de loin. »
Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? »
Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. »
Alors il ordonna à la foule de s'asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule.
Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer.
Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles.
Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya.
Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha. » Marc 8,  Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

« Notre berger se donne lui-même en nourriture
« Qui dira les prouesses du Seigneur ? Qui fera retentir toute sa louange ? » (Ps 106,2) Quel berger a jamais nourri ses brebis de son propre corps ? Mais que dis-je, un berger ? Souvent des mères confient leurs enfants à des nourrices dès la naissance. Mais Jésus Christ ne peut pas accepter cela pour ses brebis ; il nous nourrit lui-même de son propre sang, et ainsi nous fait devenir un seul corps avec lui.  (...). S'il s'est fait homme, s'il est venu prendre notre nature humaine, cela concerne le salut de tous les hommes. Et s'il est venu pour tous, il est aussi venu pour chacun en particulier. Dans l'eucharistie Jésus Christ s'unit à chacun de ses fidèles ; il les fait renaître, les nourrit de lui-même, ne les abandonne pas à autrui et ainsi il les convainc une fois de plus qu'il a vraiment pris notre chair. » (1)

Ce corps brisé et répandu nous en sommes les porteurs. 

Écoutons saint Paul : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » (1 Co 6,15) Lorsqu'il dit : « Vos corps sont les membres du Christ », qu'est-ce à dire, sinon que nos corps, joints à notre tête qui est le Christ (Col 1,18), font ensemble un temple unique, le temple de Dieu ? Avec le corps du Christ, nos corps sont ce temple… Laissez-vous construire dans l'unité, pour ne pas tomber en ruine en restant séparés ». (2)

Quel est l'enjeu sinon de devenir ce que nous recevons. « Ce n'est pas moi, mais le Christ qui vit en moi » dit Paul. 
"Car, sous la figure du pain, c'est le corps qui t'est donné ; sous la figure du vin, c'est le sang qui t'est donné, afin que tu deviennes, en participant au corps et au sang du Christ, un seul corps et un seul sang avec le Christ. C'est ainsi que nous devenons des « porte-Christ », son corps et son sang s'étant répandus dans nos membres. De cette façon, selon saint Pierre, nous devenons participants de la nature divine."(3)

Nous devons d'abord être,  comme le dit ce texte des porte-Christ et que pour ce faire,  conscients  d'être temple du Christ nous devons nous nourrir de la contemplation de ce que nous portons, pour ne pas diluer dans le monde la force de ce que  nous révèle la prière silencieuse. 

Mais la contemplation ne peut être valable que si elle nous transforme utilement en "porte-Christ" et Dieu nous attends dans l'agir.

Cette expression des premiers siècles nous conduit à le laisser agir le Christ en nous. L'Eucharistie n'est donc pas un moment de la vie mais un tout : "Dieu nous a donné son fils pour habiter en nous, non seulement dans le temps où nous communion à son corps et à son sang, mais encore dans tous les moments de la vie" (4)
Dieu habite en nous par la foi, disait Paul en Eph 3, 17.

Immense responsabilité que nous avons à contempler et vivre que cette inhabitation de Dieu en nous. Elle doit nous faire autre, engendrer en nous une metanoia, une conversion telle que Benoît XVI la décrivait : une fission nucléaire du coeur (5) pour effacer ce qui en nous n'est pas temple du Christ.

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Petit rituel pour ceux qui portent le Christ au malade

Le porte-Christ est lui-même en paix avec le Seigneur, par une confession régulière, revigoré par une attention particulière pendant la messe au « je confesse à Dieu », tourné vers la Croix, Il n'attend pas longtemps si possible entre la messe et la communion du malade, en portant la custode sur son cœur.
Après une brève salutation où l'on s'interroge sur sa santé, on prépare le lieu en disposant la custode idéalement sur un linge blanc, avec une bougie et des fleurs au besoin. Puis l'on prie.

Introduction 

Si le ministre n'est pas prêtre ou diacre, il salue les assistant en disant par exemple: Mes frères, bénissez le Seigneur qui dans sa bonté nous (ou vous) invite à la table du Corps du Christ.

Tous répondent:
Béni soit Dieu, maintenant et toujours!

Le ministre invite à la pénitence ceux qui vont communier, en disant par exemple:
Préparons-nous à la célébration d'aujourd'hui en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

On fait une brève pause en silence.
Vient ensuite la confession qui peut se faire selon l'une ou l'autre des formules suivantes:

1. INVOCATION AU CHRIST

Le ministre, ou un participant, dit les invocations suivantes ou d'autres:
Seigneur Jésus, par ton mystère pascal tu nous as acquis le salut, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

O Christ, tu ne cesses de renouveler au milieu de nous les merveilles de ta Passion, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

Seigneur Jésus, par la communion à ton Corps tu nous fais participer au sacrifice pascal, prends pitié de nous.
R. Prends pitié de nous.

2. SUPPLICATION

Seigneur accorde-nous ton pardon.
R. Nous avons péché contre toi.

Montre-nous ta miséricorde,
R. Et nous serons sauvés.

3. ACTE DE CONTRITION
Tous font ensemble la confession:
Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission; oui, j'ai vraiment péché. (On se frappe la poitrine.) C'est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mes frères, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

Puis le ministre dit la prière pour le pardon:
Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde; qu'il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle.

Tous répondent: Amen.

  1. LECTURE DE LA PAROLE

On relit idéalement l'Évangile du jour, puis on partage ce que l'on a reçu de l'homélie
A défaut' si le malade n'est pas en état on peut se contenter d'un texte suivant.

1. Jésus nous dit: «Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel: si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement.» (Jn 6,51)


  1. NOTRE PÈRE
Le ministre prend alors la custode contenant le Corps du Seigneur, le dépose sur le lieu préparé à l'occasion et fait la génuflexion. Ensuite, il introduit le Notre Père en disant par exemple:

Comme nous l'avons appris du Sauveur, et selon son commandement, nous osons dire:

Et tous ensemble poursuivent:
Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal. Car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.

  1. COMMUNION

Cela fait, le ministre fait la génuflexion, prend le pain consacré et, le tenant un peu élevé au-dessus de la custode, dit, tourné vers les communiants:
Heureux les invités au repas du Seigneur! Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

Et les communiants ajoutent:
Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir; mais dis seulement une parole et je serai guéri.

Si le ministre communie lui-même, il dit à voix basse: Que le corps du Christ me garde pour la vie éternelle.

Et il mange avec respect le corps du Christ.
Ensuite, il prend la custode, s'approche des communiants; il montre à chacun d'eux le pain consacré en l'élevant légèrement et dit: Le corps du Christ.

Le communiant répond: Amen. Et il communie.
La distribution de la communion achevée, le ministre, s'il reste des fragments les consomme lui-même avec dignité.
On peut alors prier un moment en silence. On peut aussi chanter un psaume ou un cantique de louange.


Ensuite le ministre conclut en disant par exemple  :
Seigneur Jésus Christ, dans cet admirable sacrement, tu nous as laissé le mémorial de ta passion; Donne-nous de vénérer d'un si grand amour le mystère de ton corps et de ton sang, que nous puissions recueillir sans cesse le fruit de ta rédemption. Toi qui règnes pour les siècles des siècles.


Amen.

Si le ministre n'est pas prêtre ou diacre, il dit en demandant la bénédiction de Dieu et en se signant:

Que le Seigneur nous bénisse, + qu'il nous garde de tout mal, et nous conduise à la vie éternelle.

Tous: Amen.(6)



(1) Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°82 ; PG 87, 737, source Évangile au quotidien. 
(2) Saint Augustin, Sermon Morin n°3, 4 ; PLS 2, 664 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 3, p. 916 rev.)
(3) Catéchèse de  Jérusalem aux nouveaux baptisés
(4) Gilles Chaillot ibid p. 16
(5) JMJ de Cologne
(6) source : extrait du  livre des bénédictions, AELF

15 février 2019

Au fil de saint Marc 7,31-37.- ouvre toi - Saint Claude La Colombière

« il soupira et lui dit : « Effata ! », c'est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
Ses oreilles s'ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement » (Marc 7)

Double ouverture, celle du cœur et celle qui délie nos langues pour proclamer les louanges du Seigneur 

« Le Seigneur m'a rempli de paroles de vérité
pour que je puisse l'exprimer.
Comme un cours d'eau,
la vérité coule de ma bouche,
mes lèvres montrent ses fruits.(1) 

(1) Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)
N°12, source Ėvangile au quotidien 

14 février 2019

Les larmes du Père - 6 - Emmanuel Durand

Après ses travaux déjà commentés ici sur la circumincession, saluons la publication d'Emmanuel Durand sur les Émotions de Dieu.

"Dieu peut-il éprouver des émotions ? C'est à cette question que cherche à répondre Emmanuel Durand.
Par son sujet principal : « Dieu éprouve-t-il une passion d'amour ? » et à partir du Livre d'Osée, le théologien constate "la persévérance de l'élection, les bienfaits de la création, l'envoi du Fils, la passion du Christ, l'effusion de l'Esprit qui sous-tend le témoignage de la communauté chrétienne." (...)  « La pure tristesse de Dieu se fait humaine lorsque le Fils de Dieu pleure dans sa chair. Dieu est inaltérable en lui-même, tant le Père que le Fils ou l'Esprit. Mais il est une modalité sous laquelle la tristesse créée est réellement la tristesse de Dieu. Elle est toutefois propre au Fils venu dans notre chair. (…) La non-défiguration de Dieu dans sa tristesse a pour expression la défiguration de son propre Fils dans la chair. (…) Le visage altéré de Jésus révèle en termes créés l'affection très réelle de Dieu inaltérable, face au mal et au péché du monde. » (1) Il y a ici une façon originale d'explorer les relations entre le Père et le Fils au sein du mystère de la Trinité" nous dit   
David Roure dans son article paru dans la Croix d'aujourd'hui.

Comme l'indique le numéro de mon post, ce sujet le travaille depuis des années. Personnellement, j'ai du mal avec la notion d'un Dieu inaltérable, qui ne rime pas avec amour.

A suivre.
y
(1) Extraits cités par D. Roure, in la Croix du 14/2/19 : Emmanuel DurandLes Émotions de Dieu. Indices d'engagement, Cerf, 2018.




Au fil de Luc 10,1-9 - ni sac ni sandales - Fête de Cyrille

« En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : 'Paix à cette maison.'
S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous »

Que dire en cette fête de saint Cyrille ?
Il y a peu d'ouvriers pour la moisson et ces derniers n'ont ni sac ni sandales...Qu'est-ce à dire si ce n'est que le travail n'est pas fait par eux, mais par l'Esprit « qui plane sur les eaux » (cf. Gn 1), c'est à dire qui devance l'homme et agit au fond des cœurs ?

Envoie ton Esprit Seigneur, qu'il renouvelle la face de la terre.

Nous sommes appelés à être des agneaux parmi les loups... Notre message n'est pas agressif mais faible, aimant et miséricordieux. C'est l'amour qui transpire de nos actes, de nos pensées et nos paroles qui est lieu de conversion et d'annonce. La bonne nouvelle c'est que Dieu s'est fait homme, serviteur, dépouillé de tout et que ce Dieu agenouillé est signe efficace qui convertit et sauve. (Cf. Phil 2).

Église de toujours, 
Aux écoutes du monde,
Entends-tu bouillonner 
Les forces de l'histoire ?
La terre est travaillée 
D'une sourde violence,
Affamée d'unité, 
En mal de délivrance.

Église de toujours, 
Au service du monde,
Enracine la foi 
Au creux de nos détresses.
Dégage de ses liens 
Cet espoir qui tressaille,
Engagé sur la voie 
D'angoisse et de promesse. 

Église de toujours, 
Évangile du monde,
Affranchis de la peur 
La terre qui enfante.
Baptise dans l'Esprit 
L'éclosion de son germe,
Coule en fleuve de paix, 

Emporte notre histoire (1)

(1) Hymne de l’office des lectures, source AELF