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05 septembre 2022

En route vers la joie ? - 14


Il y a aujourd’hui dans cette fête de la nativité de la Vierge, le prélude fragile d’une incomparable symphonie dont l’aboutissement tragique masque et révèle en même temps l’immensité du don trinitaire. Contempler l’origine, c’est méditer la lente « pédagogie de Dieu » qui d’un être créé, d’un souffle ténu, d’une brise légère, d’un fiat murmuré, prépare le temple de ce fleuve immense qu’évoque Ezechiel. De Bethleem, citée perdue naît l’espérance, nous rappelle la liturgie. C’est là que commence à se déchirer le voile…

Parmi ce mouvement que j’ose définir comme une danse trinitaire (1) où Dieu et l’homme plantent ensemble les germes(2) de l’espérance, on pourra méditer ce sublime extrait de l’homélie de saint André de Crète que nous propose aujourd’hui l’office des lectures :

« Le Christ est l’achèvement de la Loi ; car il nous éloigne de la terre, du fait même qu’il nous élève vers l’Esprit. Cet accomplissement consiste en (...)  en ce qui est léger et libre dans la grâce. (...) 

En effet, c’est en cela que consiste l’essentiel des bienfaits du Christ ; c’est là que le mystère se manifeste, que la nature est renouvelée : Dieu s’est fait homme et l’homme assumé est divinisé. Il a donc fallu que la splendide et très manifeste habitation de Dieu parmi les hommes fût précédée par une introduction à la joie, d’où découlerait pour nous le don magnifique du salut. Tel est l’objet de la fête que nous célébrons : la naissance de la Mère de Dieu inaugure le mystère qui a pour conclusion et pour terme l’union du Verbe avec la chair. ~ C’est maintenant que la Vierge vient de naître, qu’elle est allaitée, qu’elle se forme, qu’elle se prépare à être la mère du Roi universel de tous les siècles. ~

C’est alors que nous recevons du Verbe un double bienfait : il nous conduit à la Vérité, et il nous détache de la vie d’esclavage sous la lettre de la loi. De quelle manière, par quelle voie ? Sans aucun doute, parce que l’ombre s’éloigne à l’avènement de la lumière, parce que la grâce substitue la liberté à la lettre. La fête que nous célébrons se trouve à cette frontière, car elle fait se rejoindre la vérité avec les images qui la préfiguraient, puisqu’elle substitue le nouveau à l’ancien. ~

Que toute la création chante et danse, qu’elle contribue de son mieux à la joie de ce jour. Que le ciel et la terre forment aujourd’hui une seule assemblée. Que tout ce qui est dans le monde et au-dessus du monde s’unisse dans le même concert de fête. Aujourd’hui, en effet, s’élève le sanctuaire créé où résidera le Créateur de l’univers ; et une créature, par cette disposition toute nouvelle, est préparée pour offrir au Créateur une demeure sacrée. »(3)


(1) sur la danse trinitaire voir La dramatique divine chez Hans Urs von Balthasar, les travaux d’Emmanuel Durand sur la Périchorèse et à leur suite mes recherches plus balbutiantes souvent évoquées ici sur ce thème dont mon dernier « En route vers Galilée » https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/en-route-vers-la-galilee en version bêta 

(2) logos spermatikos disait saint Justin 

(3) Homélie de saint André de Crête pour la nativité de la sainte mère de Dieu, source office des lectures d’aujourd’hui

03 décembre 2021

Danse joyeuse

 Projet d’homélie du 2eme dimanche de l’avent

Le Seigneur vient, il approche…

Sommes nous prêts, comme le suggère Baruc et le psaume à qui quitter notre « robe de tristesse » et entrer dans une joie profonde ?

Avons nous creuser dans l’ombre de nos vallées un chemin pour la joie.


Je me rappelle que petit enfant j’avais découvert qu’il pouvait y avoir une différence entre les « petits bonheurs » et la joie. Cette différence n’est pas une question de mots mais de point de vue.


Ce que j’appelle les « petits bonheurs » viennent est comparable à ces bougies fragiles qui s’éteignent au moindre coup de vent. Petits cadeaux, éclats d’un sourire, etc.


La joie est autre chose, plus intérieure, plus profonde, elle prend racine dans la foi, la charité véritable et l’espérance.


Il y’a 3 semaines et la semaine dernière j’évoquais l’espérance qui nous fait sortir du noir. La joie c’est d’apercevoir la lumière, être sur qu’elle est là, tressaillir intérieurement de cette présence comme cet enfant au sein d’Elisabeth, lui faire de la place, l’entretenir.

Jeudi nous avions ce beau texte sur la Maison fondée sur le roc. Laissons la joie mettre en nous des racines profondes car c’est notre façon de partager ce don de Dieu qui habitera notre agir, fera de nous des signes que Dieu est là, qu’il vient…


Sortirons nous de l’Église habités par la joie, sautant de cette joie de porter en nous le Christ sauveur. Est-ce que notre joie est un feu. ?


C’est peut-être ça se préparer à Noël, au Dieu qui viens nous habiter…


Paul ne dit pas autre chose :  à tout moment, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est avec joie que je le fais, à cause de votre communion avec moi (...) J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.


Alors aplanissons ces vallées qui cachent en nous la joie, mettons ensemble nos bougies fragiles pour allumer un grand feu…

02 avril 2021

Homélie du vendredi saint... - La Croix 12.0 - la danse finale (n.45)

Projet 2

Qu’est-ce que nous contemplons ce soir ?

Peut-on épuiser le mystère ? Il y a au moins douze dimensions dans la Croix que notre entrée en semaine sainte nous permet de manduquer lentement :

  1. La dimension verticale et descendante qui est celle de l’abandon trinitaire. Triple kénose où :
    • Le Père renonce à toute puissance pour laisser l’homme Jésus révéler l’amour.
    • Le Fils renonce à toute divinité pour se dépouiller d’abord de son vêtement par le mime kénotique tout symbolique d’un lavement des pieds (Jn 13) puis « forcé » sur la croix pour prendre la condition finale d’un esclave, d’un rejeté...(1)
    • L’Esprit sera déposé au fond de nos cœurs de pierre pour faire danser en nous l’amour(2)
  2. La dimension horizontale où les bras ouverts d’un Dieu transpercé nous invitent à sa danse pour l’humanité toute entière 
  3. La dimension « inversée » où le serpent moqueur qui nous empêche d’aimer et nous pousse à la violence, la jalousie, l’orgueil ou la cupidité est transpercé et dressé (Nb 11) par le feu d’un amour qui se révèle derrière un rideau déchiré (3)
  4. L’appel mystique d’un fin silence qui pèse sur le bruit du monde avant que bruisse le chant des anges à la sortie de nos carêmes...(4). Chant discret qui apparaît au terme de nos chemins de désert (5) et se prépare à l’Alleluia pascal...
  5. Un homme au paroxysme de la souffrance, agneau innocent qui révèle l’amour d’un Dieu avec nous.
  6. La déréliction de celui qui va jusqu’à connaître l’abandon du Père et rejoint ainsi les assoiffés du monde qui crie leurs « où es-tu ? » solitaires et souffrant.(6)
  7. La nudité révélée de l’Epoux déchiré sur le bois et qui n’en a plus honte, nouvel Adam au sens transcendé de Gn 2,25 (7) 
  8. La soif d’un Dieu qui crie pour la énième fois un « où es-tu ? » à l’homme depuis l’appel du premier jardin, le « donne moi à boire » de Jean 4 au « j’ai soif » de toi final d’un Dieu mourant de son désir d’amour (8).
  9. La joie cachée d’un Dieu qui en criant « tout est accompli » révèle qu’au delà de la souffrance et de l’abandon du Père se cache le mystère d’un chemin trinitaire.(3)
  10. L’Alliance ultime de l’homme Dieu qui épouse l’humanité par une danse ultime 
  11. Le don inouï d’un Dieu qui meurt et entre dans le silence du samedi saint dans l’attente fragile que le murmure d’une femme, devenue fidèle par une danse aimante(9), révèle à des hommes incrédules le bruissement du ressuscité qui déjà les précède en Galilée 
  12. La petite espérance où la soif de l’homme-Dieu se change en don et transforme un corps transpercé et « livré pour nous » en source jaillissante d’eau et de sang mêlés(10)


Je suis sûr que j’en oublie. 

Le chiffre 12 est révélateur mais on pourrait parler aussi de  l’Église fondée par un « Mère voici ton Fils » ou d’un « m’aimes tu ? » qui encadre le mystère. Je vous laisse compléter ;-). On n’épuisa jamais la révélation de la Croix. 


Jean nous conduit aussi à une interrogation particulière. Nous l’avons vu, quand Jésus, au jardin, affirme par trois fois Je suis, c’est à la fois une révélation du mystère même de l’homme Dieu et un écho aux trois « je ne suis pas » de Pierre. 

Ego eimi / ouk eimi


Et nous qu’allons nous dire. Je suis ? Je te suis ? Ou je ne suis pas, je ne te suis pas.


Laissons la question résonner dans le silence. Est-ce que Jésus est mort en vain... est-ce que notre marche vers Pâques est stérile ou sommes-nous prêts à avancer, à répondre enfin à l’où es-tu de Dieu, aidé par la contemplation de la croix et sa miséricorde ? 



Pour aller plus loin :

(1) relire Philippiens 2 ou ma « danse trinitaire » et « Serviteur de l’homme » en téléchargement libre sur Kobo

(2) Ezechiel 36, 26 et mon « Dieu dépouillé »

(3) voir Marc 15, 38 ou mon « Rideau déchiré »

(4) 1 Rois 19

(5) cf. mon livre éponyme 

(6) voir Hans Urs von Balthasar - Dramatique divine.  les travaux d’Adrienne von Speyr, Jurgen Moltmann et son Dieu crucifié ou mes deux livres sur ce thème dont « où es-tu ? »

(7) cf. « Le Dieu est nu » d’Arnold longuement commenté dans mes billets précédents...

(8) cf. À genoux devant l’homme 

(9) cf mon billet précédent 

(10) Ezeckiel 47 ou mon  livre « L’amphore et le fleuve »


27 mars 2021

La Croix 12.0 - danse finale ? (Billet n.45)


Peut-on épuiser le mystère ? Il y a au moins douze dimensions dans la Croix que notre entrée en semaine sainte nous permet de manduquer lentement :

 1. La dimension verticale et descendante qui est celle de l’abandon trinitaire. Triple kénose où :

 • Le Père renonce à toute puissance pour laisser l’homme Jésus révéler l’amour.

 • Le Fils renonce à toute divinité pour se dépouiller d’abord de son vêtement par le mime kénotique tout symbolique d’un lavement des pieds (Jn 13) puis « forcé » sur la croix pour prendre la condition finale d’un esclave, d’un rejeté...(1)

 • L’Esprit sera déposé au fond de nos cœurs de pierre pour faire danser en nous l’amour(2)

 2. La dimension horizontale où les bras ouverts d’un Dieu transpercé nous invitent à sa danse pour l’humanité toute entière 

 3. La dimension « inversée » où le serpent moqueur qui nous empêche d’aimer et nous pousse à la violence, la jalousie, l’orgueil ou la cupidité est transpercé et dressé (Nb 11) par le feu d’un amour qui se révèle derrière un rideau déchiré (3)

 4. L’appel mystique d’un fin silence qui pèse sur le bruit du monde avant que bruisse le chant des anges à la sortie de nos carêmes...(4). Chant discret qui apparaît au terme de nos chemins de désert (5) et se prépare à l’Alleluia pascal...

 5. Un homme au paroxysme de la souffrance, agneau innocent qui révèle l’amour d’un Dieu avec nous.

 6. La déréliction de celui qui va jusqu’à connaître l’abandon du Père et rejoint ainsi les assoiffés du monde qui crie leurs « où es-tu ? » solitaires et souffrant.(6)

 7. La nudité révélée de l’Epoux déchiré sur le bois et qui n’en a plus honte, nouvel Adam au sens transcendé de Gn 2,25 (7) 

 8. La soif d’un Dieu qui crie pour la énième fois un « où es-tu ? » à l’homme depuis l’appel du premier jardin, le « donne moi à boire » de Jean 4 au « j’ai soif » de toi final d’un Dieu mourant de son désir d’amour (8).

 9. La joie cachée d’un Dieu qui en criant « tout est accompli » révèle qu’au delà de la souffrance et de l’abandon du Père se cache le mystère d’un chemin trinitaire.(3)

 10. L’Alliance ultime de l’homme Dieu qui épouse l’humanité par une danse ultime 

 11. Le don inouï d’un Dieu qui meurt et entre dans le silence du samedi saint dans l’attente fragile que le murmure d’une femme, devenue fidèle par une danse aimante(9), révèle à des hommes incrédules le bruissement du ressuscité qui déjà les précèdes en Galilée 

 12. La petite espérance où la soif de l’homme-Dieu se change en don et transforme un corps transpercé et « livré pour nous » en source jaillissante d’eau et de sang mêlés(10)


Je suis sûr que j’en oublie. 

Le chiffre 12 est révélateur mais on pourrait parler aussi de  l’Église fondée par un « Mère voici ton Fils » ou d’un « m’aimes tu ? » qui encadre le mystère. Je vous laisse compléter 😉. On n’épuisa jamais la révélation dans un billet sur FB ni d’ailleurs dans les milliers de pages citées ci-dessous.


Pour aller plus loin :

(1) relire Philippiens 2 ou ma « danse trinitaire » et « Serviteur de l’homme » en téléchargement libre sur Kobo

(2) Ezechiel 36, 26 et mon « Dieu dépouillé »

(3) voir Marc 15, 38 ou mon « Rideau déchiré »

(4) 1 Rois 19

(5) cf. mon livre éponyme 

(6) voir Hans Urs von Balthasar - Dramatique divine.  les travaux d’Adrienne von Speyr, Jurgen Moltmann et son Dieu crucifié ou mes deux livres sur ce thème dont « où es-tu ? »

(7) cf. « Le Dieu est nu » d’Arnold longuement commenté dans mes billets précédents...

(8) cf. À genoux devant l’homme 

(9) cf mon billet précédent 

(10) Ezeckiel 47 ou mon  livre « L’amphore et le fleuve »

08 mars 2019

Jeûne 3 - La joie d’être avec l’époux...

« Quand vous jeûnez, ne prenez pas cette mine défaite » (Mat 6).

« Le jeûne qui me plaît, n'est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ?
N'est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement,
ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l'aurore,
et tes forces reviendront vite.
Devant toi marchera ta justice,
et la gloire du Seigneur fermera la marche. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ; si tu cries, il dira : « Me voici. » (Isaïe 58)



Notre joie, c'est de porter en nous le Christ, lumière des nations. Alors oublions ces souffrances passagères et faisons résonner notre joie. Il est venu nous habiter. En lui repose l'espérance et la joie.

17 février 2019

Au fil de Luc 6,17.20-26 - Béatitudes - Une joie profonde - Paul VI - Larmes du Père 7

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes. 
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)

Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19)  transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »

A méditer...

(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt 
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)

05 février 2019

Les larmes du Père - 5 - au pied de la Croix

"Plus grandit le sérieux de la participation à la passion du Seigneur plus grandit aussi la conscience de la différence. Le Seigneur souffre comme un innocent; je souffre, mais comme coupable de souffrance" (1)

La vision de la Croix, comme la contemplation des larmes du père ne doit pas conduire pour autant à une culpabilité malsaine qui nous vient du diviseur. Elle est cette épée tranchante qui nous libère de nos adhérences au mal. Elle nous fait grandir et progresser vers l'espérance de notre salut.

Et dans l'accomplissement final de l'incarnation kénotique du Fils, dans la contemplation de cet aboutissement qui devient révélation de l'amour infini de Dieu, je trouve enfin poindre la joie de croire que Dieu est plus grand que la haine, que l'amour me relève et me rend enfin digne, par sa miséricorde, de m'approcher de lui, même si ma tentation toute pétrinienne est de fuir.

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 273

17 janvier 2017

Joie céleste - Dante

C'est probablement le passage du tome 2 de la Gloire et la Croix qui m'avait le plus marqué il y a douze ans. Il s'agit de cette vibration céleste où "la montagne entre en transe chaque fois qu'une âme se sent purifiée (...) le purgatoire tout entier accompagne d'un Gloria tumultueux qui ébranle ses fondements mêmes, cette irruption dans la liberté éternelle" (1). Elle est pour moi une belle anticipation de la cité de Dieu, non lieu de rédemption individuelle mais collective. L'image se complète par celle des "corps lumineux des bienheureux" (...) "qui tournent sur eux-mêmes, comme des roues de lumière" (2) et me font penser à cette "danse des anges(3)" si bien représenté dans le "jugement dernier" de Fra Angelico que l'on trouve maintenant à Florence.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 384
(2) Dante, Par. 24, 13, cité p. 385
(3) cf. aussi mon livre éponyme.

28 octobre 2016

Une joie pour tous - Joie en Dieu -Toussaint

Une distinction intéressante chez Anselme appelle à la réflexion. Ce n'est pas "la joie de Dieu qui entrera dans le coeur humain, mais les cœurs bienheureux qui entreront dans la joie toujours plus grande de Dieu" (1). Où est la différence ? Elle est probablement de même ordre que toute mystique qui ne constitue pas une inhabitation de Dieu en l'homme mais bien une dynamique qui nous conduit à construire la demeure de Dieu. J'ai déjà souvent commenté cette idée de "custode" chez Theilhard de Chardin, de ce Christ qui vient en nous, dans l'écrin et le temple que nous constituons pour Dieu, mais qui se garde bien d'y rester, s'échappe aussitôt pour nous tirer plus loin, vers la cathédrale des vivants. "Vous aussi, [soyez] les éléments d'une même construction pour devenir [] demeure de Dieu par l'Esprit Saint" (Éph 2, 22). L'enjeu n'est pas d'être demeure de Dieu mais de construire l'Église, et à terme, le royaume. La danse des anges n'est pas individuelle mais communion collective et union avec le cercle trinitaire qu'évoque Francois à la fin de Laudato Si.

En ce jour de la Toussaint où l'Église nous invite à méditer Apocalypse 5 et 7, cette dynamique prend un sens particulier.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 214

Dans un registre proche je n'oublie pas mes deux derniers romans : La caresse de l'ange et La danse des anges.

18 mai 2016

Christ, discours de Dieu

Une belle contemplation qui rejoint la joie intérieure de ceux qui communient au corps et au sang du Christ : "Le Christ est ce discours de Dieu, adressé à nous tous. Ce n'est pas du dehors qu'il nous parle, c'est en nous ; il nous atteint au plus intime de notre nature (...) par l'incarnation, nous sommes transportés dans la sphère du dialogue (...) introduit dans la lumière merveilleuse du Verbe" (1)

"Cette lumière du soleil, vue par les yeux de notre corps, annonçait le soleil spirituel, le Soleil de justice. C'est vraiment le soleil le plus doux qui se soit levé pour ceux qui, en ce temps-là, ont eu le bonheur d'être ses disciples, et de le regarder de leurs yeux pendant qu'il partageait la vie des hommes" ( 2)


(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 404.
(2) Grégoire d'Agrigente, Commentaire de l'Ecclesiaste

11 avril 2016

Amoris laetitia - Pape François, La joie de l'amour

La joie de l'amour, du pape François  tout un programme à consommer sans modération.  On sent un texte emplit de sens pastoral.  Affaire à suivre donc... cf. lien sur le site du Vatican.
Petit extrait: "Le couple (...) est la vraie ‘‘sculpture’’ vivante (...) capable de manifester le Dieu créateur et sauveur. C’est pourquoi, l’amour fécond (...) la relation féconde du couple devient une image pour découvrir et décrire le mystère de Dieu, fondamental dans la vision chrétienne de la Trinité qui, en Dieu, contemple le Père, le Fils et l’Esprit d’amour. Le Dieu Trinité est communion d’amour, et la famille est son reflet vivant" AL,11
On retrouve des accents proches des catéchèses de Jean Paul II,  qu'il cite d'ailleurs juste après.
Cela résonne avec ce que j'ai écrit dans "Aimer pour la vie" et "Dynamique sacramentelle". Notons qu'il utilise le mot syntonie en 13 là ou je préfère symphonie. Cela doit être mon côté poète... :)

05 juin 2015

Kasper - Serviteur de la joie

‎Nous devons être ambassadeur du Christ, nous dit Kasper, reprenant les termes de Paul. A ce sujet il précise que "le service du prêtre doit être marqué dans son ensemble par son origine christologique (...) correspondre au Christ et (...) ne pas exercer leurs charismes de manière orgueilleuse et dominatrice, mais (...) en termes de service pour la construction de la communauté (...) non pas seigneurs de la foi, mais "serviteur de la joie". (2 Cor 1, 24).
Sans surprise, il évoque alors le lavement des pieds...

Je retrouve là des accents de "Cette église que je cherche à aimer" et de "Serviteur de l'homme. Kénose et diaconie", mes deux études sur la place du ministre et des laïcs dans l'Eglise.

(1) Serviteur de la joie, op. Cit p. 67

04 mai 2015

Beauté et sacrifice, Gerhard Nebel

Bal‎thasar nous conduit encore plus loin, au delà de Barth chez Gerhard Nebel sur les pas de ce qu'il qualifie une "esthétique théologique protestante" : "le beau aspire à rencontrer l'homme. L'esthétique devient le beau (...) dans l'acte par lequel le beau s'offre en sacrifice à lui-même et par là à un autre plus haut". (1)
La logique sacrificielle qui peut être conçue comme un retour au moralisme froid et sec de Luther, prend néanmoins chez Nebel une touche esthétique avec l'apport du concept du Beau. Est-ce un idéalisme ? ‎Probablement dans une logique purement humaine. Pas si l'on rejoint là ce que j'ai longuement décrit comme faisant partie de la danse trinitaire, c'est à dire si l'on contemple ce que Emmanuel Durand décrit comme le principe de la circumincession, de ce Fils qui dans l'amour répond au don que le Père a fait de lui-même par le don encore plus étonnant de sa vie même jusqu'au scandale de la croix. La beauté sort alors des canons humains pour approcher le beau véritable, celui du don.
Je pense alors à ce que nous fêtons cette année, ces vies consacrées au Seigneur et surtout à ce récit que je viens de terminer de la vie de Thérèse où cette belle et jolie jeune espagnole découvre que son bien aimé n'est pas le cousin qu'elle chérit mais celui qui a souffert par amour.
Que Nebel et Avila se rejoignent n'est autre que la confirmation que nous nous situons bien au coeur de la Tradition patristique et chrétienne, que les accents d'Augustin sur la beauté cachée ne sont pas étrangers à cette quête de la véritable beauté. 
Il n'y a pas là l'ombre d'un masochisme sacrificiel. Thérèse le combattait assez pour qu'on puisse l'affirmer. Cette beauté du don est celle qui dépasse tout, embrasse l'homme dans une danse où en se perdant il rejoint le chant du monde, le bruit silencieux de Dieu, la danse des anges.
On peut alors comprendre que Thérèse trouve dans son expérience de "participation à la douleur du Christ" un ravissement à la fois douloureux et joyeux" (2), car il ne s'agit plus d'une joie personnelle, mais bien d'une véritable communion au mystère.

En fait, ce que Nebel ouvre dans sa méditation n'est pas la contemplation du beau comme tel, mais bien le paradoxe que nous avons tenté d'approcher dans "Où es-tu ?", celui du "plus que le beau" (3)‎ qu'est le don. Le don dépasse l'esthétisme, sans toutefois le renier et nous conduit ailleurs, dans la contemplation de l'unique Médiateur. Un chemin qui me conduit à une nouvelle contemplation : au désert (4), où il me semble nécessaire de passer pour dépasser les illusions du seul beau.
Un détour, une frustration‎ nécessaire, qui rendra perceptible l'illusion de cette part du beau qui ne vient pas de Dieu.
Qu'est-ce ? ‎Où est la limite ? Le ravissement de la mondanité nous cache l'envers du décor.
Nebel le nomme "daimon du beau" (5), le beau pour soi, celui ‎qui n'est pas tourné vers l'autre mais vers soi, narcissisme stérile qui conduisait le peuple juif a rejeter l'image. Comprendre cela c'est percevoir à la suite de Nebel et Hamann  que le "festival de la beauté ne nous mène qu'au seuil" (6), qu'il doit "s'éteindre pour que l'inouï puisse se produire"(7) : "mourir et ressusciter avec le Christ" (8).
Nebel conclut étonnamment sa contemplation par une phrase qui rejoint ma quête : "celui qui veut glorifier le Crucifié en est réduit [à défaut des styles passés et révolus] à celui du désert. L'art de révélation ne peut pas plus être restauré que l'Empire ou une cathédrale détruite" (9)

(1) Gerhard Nebel, Das Ereignis des Schoenberg, Klein, 1955, p. 19 cité par Hans Urs von Balthasar GC I, op. Cit. p. 49
(2) livre de vie, chap. 20 et 21, op. Cit.
(3) Nebel, ibid. p. 85, GC1, p. 50
(4) Le chemin du désert. A paraître.
(5) ‎Nebel, p. 148
(6) p. 195
(7) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 54
(8) Nebel, ibid.
‎(9) ibid. p. 195-196

  





22 mai 2007

Souffrance et Joie - VI

« Plus l’amour est plus vrai plus il est joyeux dans toutes les souffrances. Tout amour, même l’amour terrestre et corporel peut être une vraie joie s’il ne se referme pas dans l’égoïsme mais s’ouvre à Dieu » (1)

Le danger serait d’interpréter cela comme une incitation à la souffrance. Il me semble au contraire, que cela ne peut être qu’une relecture, à l’image de ce beau poème brésilien. Au cœur des souffrances qui traverseront notre vie, Dieu est là, il nous porte dans ses bras et ce n’est qu’in fine que nous en percevons la grâce…

(1) Adrienne von Speyr, Jean D II, p. 33

21 mai 2007

La souffrance de l’enfantement – Souffrance et Joie - V

Pour Adrienne von Speyr, « La souffrance est le lot de la femme, mais les douleurs de l’enfantement se situent dans l’intervalle creusé d’un côté par l’amour de l’époux et de l’autre par l’amour de l’enfant. » et ajoute-t-elle, « le Seigneur lui aussi inscrit sa souffrance dans l’amour » pour conclure « Ce n’est pas la passivité, mais une remise active, par laquelle il achève sa mission » (1).

Il me semble que l’on pourrait ajouter sans réduire la puissance de cette métaphore, que la souffrance du Christ est comme la femme, situé à l’intermédiaire entre l’amour du Père et l’amour de l’Eglise qu’il enfante par sa mort. On peut alors concevoir, qu’à l’issue de cette souffrance extrême, il puisse de la même manière ressentir une joie extrême, celle qu’il évoque à demi-mot par l’invocation du psaume 27 sur la Croix, sans pour autant prononcer la fin du psaume, qui résume la rencontre finale en Dieu : « tu m’as répondu »…

Est-ce ce que Lévinas voulait évoquer dans ce qu’il appelle une passivité plus que passive… (2)

(1) Adrienne von Speyr, Passion von innen, p. 102s, cité par Hans Urs von Balthasar, p. 231
(2) E. Lévinas, Autrement qu’être et au-delà de l’essence.

20 mai 2007

Souffrance et Joie - IV

Pour Hans Urs von Balthasar, l’épître aux Philippiens, « composée dans la souffrance d’un bout à l’autre est l’expression de la pure joie, et une exhortation à la seule joie ». De même, le commencement de la 2nde lettre aux Corinthiens « développe l’idée de la consolation de Dieu en toute affliction, "même lorsque les souffrances du Christ abondent en nous" » (2 Co, 1, 40). (1)

C’est vrai que Philippiens, dont je n’arrête pas de découvrir la splendeur parle de l’exaltation après l’abaissement, du relèvement après la kénose. Mais nous avons tendance à séparer les deux moments, alors qu’il s’agit d’une continuité. Si le Dieu-Homme a souffert, il n’a pu de fait attendre de connaître la joie de la vision céleste… C’était le prix et c’est notre espérance…

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid, p.230

19 mai 2007

Souffrance et Joie - III

« Les mystères du don de soi jusqu’à l’extrême, jusqu’à la nuit de l’impuissance sur la croix, ne sont pour Dieu qu’une forme de sa vie suprême et la plénitude de la vie d’amour. Dans le monde, la mort est la tombée du rideau ; en Dieu, la mort n’est jamais que l’essor d’une vie nouvelle » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, cela implique un second point plus difficile à saisir. Pour lui, « la souffrance de Jésus jusqu’à son caractère excessif est une conséquence et même tout simplement une expression de sa joie trinitaire éternelle ».

Cette image me semble toucher à l’indicible mais au cœur même du mystère de l’incarnation. Je ne l’avais entendu qu’une fois dans le cadre d’une retraite, il y a bien des années, mais je n’ai jamais pu la relire, n’en connaissant pas la source. Je suis heureux d’en saisir la puissance dans ces pages. Elles ouvrent pour moi le rideau du temple et font apercevoir un coin d’espérance dans nos vies. Je crois d’ailleurs que c’est pour cela que l’on ne peut qu’en esquisser la vision.

(1) Adrienne von Speyr, ibid p. 48 cité p. 229
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid, p.230

Libellés : Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr, Souffrance, Joie

15 mai 2007

Souffrance et Joie - II

Pour Hans Urs von Balthasar, si par la mort on entend le fait de donner sa vie, on saisit alors comment ce don trouve en Dieu son archétype (1) Reprenant les termes d’Adrienne von Speyr, il précise que si « le Père donne sa vie au Fils, le Fils la rend au Père, et l’Esprit est lui-même la vie répandue, c'est à dire donnée » (2)

« Dans la nuite de la croix séparant le Père et le Fils, le Christ et Dieu lui-même ont goutté et éprouvé le don de soi sous la forme de la mort de péché » et par là « ils ont introduit la mort humaine dans la vie éternelle » (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 229
(2) Adrienne von Speyr, Jean V I, 47
(3) Adrienne von Speyr, ibid 47-48, citée par Hans Urs von Balthasar, ibid

14 mai 2007

Souffrance et Joie - I

Pour Hans Urs von Balthasar, la douleur et la peine sont les caractéristiques les plus profondes de l’amour et la vérification authentique en est donnée dans toute l’attitude du Fils. Pour lui, l’obéissance du Fils est l’accomplissement parfait de la volonté du Père Jean 6,38 « Tu ne voulais pas de sacrifice, alors j’ai dit, me voici ».

« Cette mission trinitaire du Fils, acceptée de toute éternité dans l’obéissance et transposée du ciel sur la terre est nous le savons (...) un mission en vue du péché, entrant dans la similitude de la chair du péché, afin de condamner le péché dans cette chair (Rm 8,3). »Mais ajoute-t-il, la « mort n’est pas un mal créé par Dieu, mais au contraire le sceau de la gloire et le terme sans laquelle la vie ne serait pas vie » (1)

A suivre...

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 228

13 janvier 2007

Porter les souffrances...

"Sans cesse nous portons dans notre corps l'agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps" (2 Co 4,10) Balthasar voit en cela le signe simultané de la mort et de la résurrection. "Que le chrétien soit en marche jusqu'à la croix, c'est ce que Jésus prédit à Pierre (Jn 21,18) (...) mais cela n'empêche pas (...) que le chrétien est foncièrement ressuscité, en route vers le ciel (Ep 2,6 Col 31,4)" Pour lui déjà la gloire de la résurrection brille à travers son être et son action (1)
Il met ainsi en opposition la lumière et les ténèbres. Dans son prologue, Jean montre ainsi l'irruption de la lumière dans le dernier recoin de tout se qui se cache. Il nous reste ou bien à nous abandonner à la lumière ou bien à se fermer plus profondément encore.
Et si "les stigmates" que nous portons dans la chair (Ga 6,27 ou Col 1,24) était aussi proximité et distance. Si le coeur ouvert du Christ nous apparaissait comme la source intarissable de l'amour qui se déverse en nous, à côtés de nous, en dépit de nous, et que nous avons à charge de répandre, de porter plus loin que nos Souffrances et nos joies.
N'est-ce pas là la bonne nouvelle de l'Eucharistie, au delà du signe élevé de la croix.

(1) Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, p.358