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14 août 2021

Amour, danse et génération - 11

Il y a aujourd’hui ce que l’on appelle des « clins Dieu » 😉.

Je baptise encore deux enfants demain, au cœur même de la fête de l’assomption, avec un texte choisi par les parents dans ce qui est l’évangile d’aujourd’hui (Mat 19, 13-15) et n’avait pas réalisé que ce texte suit de près cette citation particulière de Mathieu 19, 5 (texte d’hier). « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. » 

Cela n’est pas anodin dans une pastorale qui relie mariage et baptême, où le « une seule chair » au sens hébreu est bien large. Je le traduis souvent par symphonie, car l’amour d’un homme et d’une femme est plus qu’un rapport fusionnel, il est vis à vis(1), échange, danse, création, fragilité et exposition, nudité et don, jusqu’à donner naissance à une chair nouvelle,  et en cela participation à la danse divine, qui donne et s’efface dans le don…


Pourquoi j’ose parler de danse ? 


Il y a dans le concept même de chair, au sens hébreu de basar une dimension de relation au sens trinitaire dans le sens où l'unité visée est proche de cette danse particulière des Personnes divines, telle que la décrit Jean dans son prologue (2) : chacune toute tournée vers l'autre. En effet, il ne s'agit plus alors du seul désir humain mais d'une véritable conjugaison des corps et des cœurs au service d'un amour qui les dépasse. Une Personne entre en relation avec une Personne prise dans sa totalité.

« Le langage des corps devient la langue de la liturgie » (...) [et élève le langage du corps] aux dimensions du mystère » (3) disait Jean Paul Il.


Le mot liturgie évoque une célébration qui dépasse le seul amour humain. La danse des corps et des cœurs peut devenir ainsi célébration de l'amour reçu, une manière de rendre grâce aux dons reçus du créateur mais aussi manière d’être signe de cet amour.


Dynamique sacramentelle (4) de large portée. 

Dynamique liée à une fécondité particulière jaillissante de ce don qui ne cherche plus son intérêt (5). 

Danse qui nous fait rejoindre le Corps des donateurs à l’image du grand Donateur, dans sa triple dimension et dans sa propre valse trinitaire et kénotique (ce que les Pères appellent la circumincession)…


On retrouve cette même idée de liturgie évoquée par X. Lacroix (6) lorsqu'il souligne lui aussi le sens multiple, la polysémie du mot chair, qui porte un sens corporel et spirituel. Dans une vision personnaliste qui considère que l'homme est une Personne, cette multiplicité du sens appelle en fait ce qu'il qualifie de "totalité unifiée". Qu’est ce à dire ?


Unifier le cœur, le corps et l'esprit, c'est justement entrer dans cette symphonie où mon corps et ton corps sont les humbles instruments d'un dialogue qui fait intervenir tous les langages, celui du visage(7), de la tendresse, et surtout cette harmonie du cœur qui dépasse la fusion rêvée pour être source. Source de vie…


Idéal du conjugal ? Probablement, mais là est bien le chemin..


Il y a dans la naissance le même dévoilement que celui de la rencontre. "Voici la chair de (notre) chair", le fruit merveilleux de notre amour et plus encore, un être, un potentiel autonome qui nous dépasse.


L'enfant n'est pas la chose de l'un et de l'autre, il est graine et cette graine sera à arroser, faire grandir, rendre autonome et laisser partir... Pour qu'à son tour il sème d'autres graines d'amour...


Cette séparation sera déchirement mais n’est-ce pas l’enjeu de la nouvelle naissance au sens de Jean 3 ?


Je n’ai évoqué pour l’instant que le contexte.

Venons-en au texte lui-même. 


Pourquoi Jésus met l'enfant au centre dans cet Évangile (8) ?


Je vous propose une réponse, fragile.

Ce que Jésus contemple chez l’enfant est triple : La Foi, l'Espérance et la Charité.


Les deux enfants que je baptise demain ont confiance en leur maman, et même foi dans leur maman. Quand ils la regardent, ils savent qu'elle les comblera. Enfants, ils n'en doutent pas encore. 

Et nous, doutons-nous de Dieu ? 

Redevenons comme un enfant nous dit Jésus.


Les deux enfants vivent dans l'espérance. Il savent que même si leur maman s'est absentée, elle reviendra. 

Nous avons plus de mal à espérer… 

Surtout quand la souffrance nous tombe dessus. Notre vie entière, même embourbée dans le marécage de nos addictions, devrait être, pourtant, comme eux, dans l'attente de cette branche d'olivier rapportée par la colombe le jour du déluge (Gn 7). Un jour il reviendra. « Il est ressuscité » nous disent les 4 Évangiles.


Ces deux enfants ont, en eux, une réelle capacité d’Amour et de Charité. Ils l’ont reçu de Dieu à travers leurs parents, Elle dort en eux et ne demande qu'à “servir”. 

Ils vont y travailler ! Ils vont recevoir, comme nous, l’Esprit de charité dans le silence de leurs baptêmes. Nous aussi, nous pouvons, comme eux, en faire usage. 


C’est cette sortie des eaux de la mort que le baptême exprime. 


Parents, parrains et marraines, devrons faire découvrir chez ces enfants, que seul l'amour véritable vaut la peine d'être vécu. 


Ils auront pour modèle cette danse conjugale qu’évoque le début de Mat 19…

Une seule chair…


Si nous n'avons pas la charité, ces deux enfants ne l'auront pas. Si elle n'est chez nous « qu'une cymbale qui sonne creux »(1 Co 13), ils devront la trouver tous seuls, et traverser le désert bien démuni.


Ils auront soif (Jn 4, Jn 19) et c'est à nous de leur apporter l'eau. Cette eau vive (Jn 4) qui guérit et vivifie.


Si vous ne savons plus où se trouve cette source, penchons nous à nouveau vers la Croix. C'est de la Croix qu'elle jaillit. C'est le signe unique du don de Dieu. Le seul, l'unique : la charité vient de Lui, elle se ressource en Lui, elle se contemple dans la Croix. 


A chaque eucharistie, nous devrions contempler la Croix. (...) le pain offert et consacré n'est rien, s'il n'est compris comme le don total, immense, d'un amour qui se donne et s'efface.


Le seul amour est celui qui se donne et s’efface ensuite.

C’est celui, je l’espère, de cette maman et de ce papa qui nous apportent ces deux enfants demain.

C’est celui auquel nous sommes appelés, chacun à notre manière.

C’est celui de ce Christ, que nous recevons chaque dimanche dans notre coeur.


Il nous faut prendre le temps de nous disposer à l'accueillir. Lui laisser une place. Car faire une seule chair c’est entrer dans la danse du don, dans cette dynamique même de la foi, l’espérance et la charité reçu de nos parents et rendues fécondes par la dynamique baptismale. 


Que conclure ?

Si Jésus met en avant l’enfant, c’est que nos théories, nos théologies et nos calculs trop humains doivent laisser place à ce qui vient d’Ailleurs, à l’insaisissable équilibre ou l’équilibre de l’insaisissable qu’illustre une des dernières photos de François Cassingena-Trévedy.


(1) cf. le beau développement qu’en fait Sylvaine Landrivon, in La femme remodelée. 

(2) cf. « La danse trinitaire » in « À genoux devant l’homme » et mes développements dans « Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugal »

(3) Jean Paul 2, “L'Amour Humain dans le plan divin, Cerf, p. 30

(4) cf. mon livre éponyme 

(5) cf. 1 Co 13

(6) X. Lacroix, Le corps de chair, p. 103sq

(7) cf. Lévinas…

(8) Texte de référence - Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 19, 13-15)

En ce temps-là,

    on présenta des enfants à Jésus

pour qu’il leur impose les mains en priant.

Mais les disciples les écartèrent vivement.

    Jésus leur dit :

« Laissez les enfants,

ne les empêchez pas de venir à moi,

car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. »

    Il leur imposa les mains,

puis il partit de là.

03 juillet 2020

Homélie de Baptême du 4/7/20 - Projet



Projet d'Homélie - est-ce que je vais trop loin ? Avis bienvenus

Qu,êtes-vous venus chercher aujourd'hui pour Maēl ?
Une armure, un airbag, un contrat d'assistance comme celui offert par Darty ?

L'église ne procure rien de tout cela. Et le fait que vous portiez un masque aujourd'hui montre que la protection de Dieu est bien fragile.

Tournez vous un instant vers la Croix. Est-ce que Jésus avait l'air protégé par son père ? Non...

Le baptême est autre chose. C'est une invitation à suivre ce même Christ, fragile, transpercé, défiguré qui nous conduit à l'essentiel.

Les textes que vous avez choisi le disent à leur manière. L'important n'est pas la santé, le confort, la richesse. Dieu ne fournit rien de tout cela. L.important c'est l'amour...

«Je verserai sur vous l'eau pure qui vous purifiera; oui, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toute votre idolâtrie. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre cœur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un cœur réceptif. Je mettrai en vous mon Esprit, je vous rendrai ainsi capables d'obéir à mes lois, d'observer et de pratiquer les règles que je vous ai prescrites. Alors vous pourrez habiter dans le pays que j'ai donné à vos ancêtres; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu
‭‭Ézékiel‬ ‭36:25-28‬ ‭BFC‬‬

Cette prophétie d'Ezechiel est au cœur du mouvement qui est en jeu dans le baptême. Changer son cœur, aimer, comme le Christ, aimer jusqu'au bout...

Certes, le « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien. Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche, il me conduit au calme près de l'eau. Il ranime mes forces, il me guide sur la bonne voie, parce qu'il est le berger d'Israël. Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes. Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure. Face à ceux qui me veulent du mal, tu prépares un banquet pour moi. Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée. Tu remplis ma coupe jusqu'au bord. Oui, tous les jours de ma vie, ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas. Seigneur, je reviendrai dans ta maison aussi longtemps que je vivrai
‭‭Psaumes‬ ‭(22):1-6‬ ‭BFC‬‬

Mais ce chemin n'est pas un chemin sans ombre...

«personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.» Nicodème lui demanda: «Comment un homme déjà âgé peut-il naître de nouveau? Il ne peut pourtant pas retourner dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois?» Jésus répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit. Ce qui naît de parents humains est humain; ce qui naît de l'Esprit de Dieu est esprit.»
‭‭Jean‬ ‭3:5-6‬ ‭BFC‬‬
L'enjeu pour Mael est de trouver l'amour. Si Dieu l'accueille aujourd'hui dans sa maison c'est parce que vous désirez cela. Qu'il meure à ce qui n'est pas l'amour et qu'il se mette en chemin...

Ce chemin il ne peut le faire sans vous, parrain, marraine, parents et vous tous ici rassemblés. Son baptême n'aura de sens que si vous participez tous à ce chemin qui fera de Maēl un prophète de l'amour de Dieu pour l'homme, d'un amour sans limite...

Ce que nous allons vivre aujourd'hui s'inscrit dans cette dynamique...

Ez 36 24-28
Ps 22
Jn 3, 1-6

27 février 2020

Homélie de baptême - 27 - à partir d’Ezechiel 47


Qui suis-je devant l'amour d'un homme et d'une femme qui viennent présenter à Dieu le fruit de leur amour ?

Les textes d'aujourd'hui et tout particulièrement la première lecture nous invitent à leur manière à contempler cela.
L'amour qui vous a réuni C et L est grand. Il vous dépasse.

Il est comme ce fleuve qui jaillit du Temple de Dieu dont nous parle la première lecture que vous avez choisie (Ez 47). Pour l'instant il semble fragile, comme cet enfant que vous présentez à Dieu.

Et pourtant vous pressentez que cette petite Alice peut vous surprendre, par ses sourires d'abord, sa tendresse, et plus tard par sa capacité à aimer.

Il vous reste à soigner cette croissance, la conduire, la rendre à son tour amour.

Le baptême s'inscrit dans cette dynamique. Ce n'est pas un simple passage, c'est un engagement de tout faire de votre côté pour que ce potentiel d'amour qui repose en elle échappe à toutes les tentations, à toutes les adhérences et toutes les addictions.

Alice va devoir choisir entre la vie pour aimer et la mort qui résulte d'un enfermement sur soi. Choisir la vie et non la mort auquel nous conduit toute forme de servitude. 

Alice est don de Dieu. N'oubliez pas cela. Prenez le temps, à votre manière, de l'introduire à cette contemplation de ce qu'est l'amour, du pourquoi de l'amour...

Alice va aujourd'hui être baptisée selon cette dynamique particulière du Christ. En la plongeant dans l'eau, elle va symboliquement mourir à ce qui l'empêche d'aimer pour vivre dans l'amour. Et vous parents, parrain et marraine en renonçant de même au mal, tout à l'heure vous allez signifier que pour elle vous choisissez l'amour plus que ce qui vous empêche d'aimer. Ce choix est un début, le début d'une conversion intérieure. Vous allez être les pierres vivantes de cette transformation d'Alice en fleuve d'amour. Vous allez être porteur de cette flamme qui va faire d'elle un feu de joie pour le monde...

Bien sûr ce chemin n'est pas simple. Le chemin du Christ l'a conduit à la croix. C'est pourquoi elle aura besoin de vous tous ici rassemblés, et notamment de vous parents parrain et marraine pour avancer. Nous allons exprimer cela, dans le rite qui va suivre...

11 novembre 2019

Justice, amour, miséricorde et salut - Hans Urs von Balthasar

L'expression Sèdèq que nous traduisons par justice "n'est pas seulement insuffisante, mais souvent trompeuse comme traduction. (...)
Le Dieu de l'Alliance est le gardien du droit des pauvres, des opprimés, de faible, des le début et encore davantage dans le Deutéronome (1).
On rejoint le concept de miséricorde cité plus haut (p. 142).
"Dieu lui-même dit qu'il ressent cette miséricorde compatissante à l'égard de Jérusalem (cf. Za 1, 16) (...) le mot justice est énoncé de Dieu comme celui qui a pitié d'Israël et surtout des pauvres, des veuves et des orphelins".
De fait Hans Urs von Balthasar note une forte intrication entre hèsèd, sèdèq et ramamim (amour, justice et miséricorde) soulignant que "La justice de Dieu est toujours salvifique" (2).

Articuler justice et salut est essentiel.



Cette précision est intéressante à l'aune des avancées récentes sur la miséricorde (3). Elle permet de mieux articuler les deux et de sortir d'une logique purement moralisatrice ou étriquée pour entrer dans une dynamique plus apostolique et salvatrice.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p. 143
(2) ibid. p. 146
(3) cf. notamment les travaux de Kasper et mes trois tomes : Humilité et miséricorde.

31 août 2019

Mariage et création - 4 - Acceuil d'un mariage


Texte d'accueil pour un mariage - Projet

Bonjour,
Nous sommes ici réunis dans un écrin particulier, cette belle église de XXX, que je découvre avec beaucoup d'entre vous.
Nous sommes venus pour contempler un mystère, qui éclaire le monde depuis qu'il est notre monde.
Nous sommes venus pour célébrer le monde dans ce qu'il a de plus iconique, l'amour d'un homme et d'une femme, prêt à s'unir pour l'éternité... Il y a d'autres amours, d'autres façon d'aimer, à commencer par l'amour d'une mère pour son enfant... Mais aujourd'hui, c'est de mariage que nous allons parler. Et ce mariage a quelque chose à dire sur l'amour en général.
Par vos textes choisis aujourd'hui, X et Y vous allez nous transporter plus de 2500 ans en arrière, dans ce qu'on appelle les textes « sapientaux » (les textes de sagesse) où le peuple hébreu, à son retour d'exil, nous donne une lecture non pas historique de la création et du monde, mais une lecture spirituelle, c'est-à-dire une forme de mythe idéal. Un mythe ?
Plus qu'un mythe... Une direction... Une prophétie disait Irénée, un Père de l’Église au 2ème siècle. Les deux lectures (le cantique des cantiques et le deuxième chapitre de la Genèse évoqués dans l'évangile sont écrits environ 500 ans avant JC. Ils nous conduisent à méditer ce que nous cherchons tous...
Aimer... Aimer jusqu'au bout... Aimer plus que tout...
Alors entrons dans cette célébration dans le silence.
Au début du chapitre 2 de la Gn, évoqué dans l'évangile l'homme découvre la femme et pousse un cri. En Hébreu, le mot est waouh..
X, aujourd'hui, X, tu es en droit de dire Whaoouu... Et moi, jeune diacre, marié depuis 33 ans bientôt, je m'agenouille devant ton cri intérieur, comme beaucoup d'entre nous, parce que ce cri du cœur est une interpellation à aimer jusqu'au bout. C'est aussi une invitation à louer Celui qui est à l'origine de tout cela... Celui qui ne  figure  pasdans votre liste d'invités, mais qui est là à vos côtés. Entrons dans le silence...

30 mai 2019

Homélie de mariage 2 et 3 - 1 Corinthiens 13 et Matthieu 5

Ci-joint un extrait de l'ébauche de ma troisième homélie de mariage qui reprend en partie la fin de ma deuxième homélie de mariage. Commentaires bienvenus...
——-
Vous êtes des sages.... il transparaît en vous une sagesse. (...) On sent chez vous une recherche profonde, qu'on lit à livre ouvert dans cette première lecture que vous avez choisi : s'il me manque l'amour, je ne suis rien...
L'amour est là. On le sent tout particulièrement chez vous au point que j'ai envie de m'agenouiller. En effet qui suis-je pour juger ce qui vibre en vous, vous a fait dépasser les préjugés, les histoires, le passé pour espérer l'un dans l'autre, mettre votre confiance l'un dans l'autre, avancer ? 
Je vais vous confier un secret, si j'ai envie de m'agenouiller devant vous, c'est bien parce que je reconnais entre vous une tendresse très particulière, qui vous embrase et vous dépasse. Votre amour est né en vous mais il vient d'ailleurs, il vient de Dieu. Ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est vous mêmes dans cette belle première lecture que vous avez choisi. 
Rappelez-vous : 
« S'il me manque l'amour, je ne suis rien »
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.
L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien d'inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais. (1 Cor 13)
Cet amour, vous l'avez reconnu en vous et pourtant il parle de Dieu, il parle de son Fils, mort sur la Croix. Un amour qui « espère tout, qui endure tout. Un amour qui « ne passera jamais »
Quand je me suis marié, moi aussi, j'ai été porté par un beau texte que j'avais choisi le jour de mon mariage et qui disait à peu près ça : « oubliant le chemin parcouru je me laisse saisir par l'amour ». je vous souhaite de vous laisser saisir par ces textes que vous avez choisi, car c'est un chemin, une course infinie.
Quel est l'enjeu ?
Devenir « le sel de la terre. (...)  la lumière du monde. (...) Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5)
Je reprends cet Evangile que vous avez vous-même sélectionné.
Le sel de la terre.
Qu'est-ce que le sel...? 
Une saveur, un amplificateur de goût, un réveil des sens ? 
Ce n'est pas rien d'être le sel de la terre. Cela implique, pour Jésus, de réveiller l'amour là où il a perdu son goût, d'aller jusqu'au bout de l'amour. Lui a été jusqu'à La Croix. Et vous, jusqu'où irez-vous ?
Tout à l'heure vous allez vous engager l'un vers l'autre pour la vie, pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur vous n'aurez pas forcément besoin de Dieu. Peut-être pourrez-vous lui dire un petit merci....
Pour le pire, vous vous demanderez où Il est passé ? Et vous serrerez les dents, comme vous avez su le faire dans le passé. Et bien, même si vous ne sentez pas sa Présence je vous assure qu'il sera là. Parce qu'il est Amour. Parce qu'il vous aime. Parce qu'il vous a choisi l'un comme l'autre. Parce qu'il vous a conduit l'un à l'autre.
Par votre façon de vivre, par votre ouverture aux autres, vous êtes déjà sur cette voie. Que dire ? 
L'Amour est plus fort que la mort, les souffrances, les obstacles, les chaos de la vie.
Aimer pour la vie c'est entrer dans l'Espérance de la résurrection 
Ce qui compte c'est cette symphonie, cette maison vivante que vous constituez et que vous n'allez pas cesser de construire.
L'amour qui coule déjà en vous est un Fleuve immense, une source de lumière pour les autres 
Un Amour qui ne cesse de jaillir...
Je vous souhaite de continuer à vivre ce chemin sans faillir. Votre amour est signe. Qu'il le devienne pour tous ceux qui vous entourent. C'est dans l'amour donné, partagé, débordant que Dieu se manifeste, qu'il agit, et qu'il vous soutient...

01 mars 2019

L’amour est don 2 - Saint Grégoire d’Agrigente

Même l'amour, même la haine, l'homme ne les comprend pas : pourtant tout est devant lui. (Qohelet 9, 1)

Nous voyons l'amour et nous passons notre chemin.
Notre cœur est dur à croire.
Écoutons Saint Grégoire d'Agrigente  : « Va, mange ton pain dans la joie et bois de bon cœur ton vin, car déjà Dieu a agréé ta conduite. Que tes vêtements soient blancs, et que l'huile ne manque pas sur ta tête » Si nous vivons avec droiture, si nous sommes attachés à la doctrine d'une foi pure envers Dieu, nous mangerons notre pain dans la joie et nous boirons notre vin de bon cœur. Alors nous ne tomberons pas dans des doctrines mauvaises ni dans une conduite perverse. Au contraire, nous aurons toujours des pensées droites et, de tout notre pouvoir, nous accorderons notre miséricorde et nos bienfaits aux malheureux et aux pauvres. Car, évidemment, Dieu se complaît en ceux qui ont de tels soucis et qui agissent de la sorte. (...) Mais l'interprétation spirituelle nous élève à des réflexions plus hautes. Elle nous fait penser au pain céleste et sacramentel qui descend du ciel et qui donne la vie au monde ; de même, elle nous invite à boire de bon cœur le vin spirituel, c'est-à-dire celui qui a jailli du côté de la vraie vigne, lors de la Passion qui nous sauve. C'est à ce sujet que l'Évangile du salut nous dit : Jésus, ayant pris le pain, le bénit et dit à ses saints disciples et Apôtres : Prenez, mangez : ceci est mon corps, qui est rompu pour vous en vue du pardon des péchés. De même pour la coupe, il a dit : Buvez-en tous : ceci est mon sang, celui de la nouvelle Alliance, qui est répandu pour vous et pour la multitude en vue du pardon des péchés. En effet, ceux qui mangent ce pain et boivent ce vin sacramentel se réjouissent vraiment et pourraient s'écrier : Tu as mis la joie dans notre cœur !

En outre, à mon avis, c'est encore ce pain et ce vin que désignait, dans le livre des Proverbes, la Sagesse divine en personne, le Christ notre Sauveur, lorsqu'elle dit : Venez, mangez mon pain et buvez le vin que j'ai préparé pour vous, ce qui suggère notre participation sacramentelle au Verbe.

Ceux qui ont accès à cette participation doivent en être dignes : en tout temps, ils doivent porter des vêtements blancs, c'est-à-dire des œuvres de lumière, ainsi que le Seigneur dit dans l'Évangile : Que votre lumière brille devant les hommes ; alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. Quant à l'huile que l'on verra sans cesse baigner leur tête, c'est l'Esprit de vérité qui les protège et leur épargne toute atteinte du péché ».(1)

(1) Saint Grégoire d'Agrigente, Commentaire sur l'Ecclésiaste, source bréviaire, office des lecteurs du 1/3/19 AELF 

01 octobre 2018

Ma vocation c’est l’amour - sainte Thérèse de Lisieux

« Considérant le corps mystique de l'Église, je ne m'étais reconnue dans aucun des membres décrits par S. Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous... La charité me donna la clé de ma vocation. Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas ; je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l'amour renfermait toutes les vocations, que l'amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux... ; en un mot, qu'il est éternel !...
Alors, dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'amour !...
Oui, j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c'est vous qui me l'avez donnée... dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi, je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... » (1)
(1) Sainte Thérèse de l'enfant Jésus et de la Sainte Face, lettre à sœur Marie du Sacré Cœur, 22/9/1896

08 juin 2018

L’amour est en toi - 7 - Saint Jean de la Croix

« Cuán manso y amoroso
Recuerdas en mi seno ! »(1)
« Avec quelle douceur et quel amour
Vous vous réveillez dans mon sein »

« Le monde s'élève dans l'âme en même temps que Dieu ! » ajoute Hans Urs von Balthasar sur cette citation de Vive Flamme. On est au cœur de l'inhabitation de Dieu en l'homme et probablement du travail de la grâce...

En cette fête du Sacré Cœur, et la lecture de Jn 19, cette méditation nous conduit encore plus loin. Car notre cœur ne peut être indifférent au coeur transpercé du Christ.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Styles 2, De Jean de la Croix à Péguy, Paris, Aubier, 1972 p. 48

31 mai 2018

L'amour est en Toi - 2

"L’âme glorifie le Seigneur quand elle consacre toutes ses puissances intérieures à louer et à servir Dieu ; quand, (...) elle ne perd jamais de vue sa puissance et sa majesté.L’esprit exulte en Dieu son Sauveur, quand il met toute sa joie à se souvenir de son Créateur dont il espère le salut éternel.
Ces mots, [conviennent] tout spécialement [à la] bienheureuse Mère de Dieu qui, comblée d’un privilège unique, brûlait d’un amour tout spirituel pour celui qu’elle avait eu la joie de concevoir en sa chair. Elle avait bien sujet, et plus que tous les saints, d’exulter de joie en Jésus – c’est-à-dire en son Sauveur – car celui qu’elle reconnaissait pour l’auteur éternel de notre salut, elle savait qu’il allait, dans le temps, prendre naissance de sa propre chair, et si véritablement qu’en une seule et même personne serait réellement présent son fils et son Dieu.
Car le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom  ! Pas une allusion à ses mérites à elle. Toute sa grandeur, elle la rapporte au don de Dieu qui, subsistant par essence dans toute sa puissance et sa grandeur, ne manque pas de communiquer grandeur et courage à ses fidèles, si faibles et petits qu’ils soient en eux-mêmes.Et c’est bien à propos qu’elle ajoute : Saint est son nom, pour exhorter ses auditeurs et tous ceux auxquels parviendraient ses paroles, pour les presser de recourir à l’invocation confiante de son nom. Car c’est de cette manière qu’ils peuvent avoir part à l’éternelle sainteté et au salut véritable, selon le texte prophétique : Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. C’est le nom dont elle vient de dire : Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur.
(...) On peut en attendre que les âmes des fidèles, en faisant si souvent mémoire de l’incarnation du Seigneur, s’enflamment d’une plus vive ferveur, et que le rappel si fréquent des exemples de sa sainte Mère les affermisse dans la vertu. Et c’est bien le moment, à vêpres, de revenir à ce chant, car notre âme, fatiguée de la journée et sollicitée en sens divers par les pensées du jour, a besoin, quand approche l’heure du repos, de se rassembler pour retrouver l’unité de son attention.(1)
C'est en contemplation de celle qui a porté l'amour que l'on peut murmurer : "Bienheureuse es-tu, Marie,d'avoir été pauvre devant Dieu ;l’amour s’est emparé de toi et tu as chanté :Mon âme exalte le Seigneur." (2)

(1) Saint Bède le Vénérable,  Homélie sur le Magnificat
(2) Oraison de l'office des lectures du 31 mai.

06 août 2016

Ode à l'agir pour l'amour

La tentation serait de se contenter de reposer en Dieu de se remettre à son agir seul. Notre agir ne doit pas pour autant viser une utilité première, mais plutôt l'amour. Notre agir doit viser la véritable gratuité : celle qui perçoit que nous ne sommes que les "mains de Dieu".
"Le Christ a vécu sa vie non en vue d'une récompense, mais par amour" (1)

(1) Anonyme de Francfort, cité par Hans Urs von Balthasar GC7 p. 134

30 juillet 2016

Un amour qui élargit


Comme le souligne bien Ronald D.  Whitherup (1),  l'appel de Paul à l'imiter peut paraître surprenant voir orgueilleux si ce dernier n'était ampli d'humilité et si surtout sa vie visait l'imitation du Christ (cf. notamment Ph. 3). Et en même temps, la contemplation de ses lettres poussent à entrer dans un amour plus large.

Saint Jean Chrysostome nous le fait remarquer avec justesse dans son commentaire de 2 Corinthiens : "Notre cœur s'est dilaté.De même que la chaleur produit un épanouissement, la charité a pour effet de dilater, car c'est une vertu chaude et ardente. C'est elle qui ouvrait la bouche de Paul et dilatait son cœur. « Je ne vous aime pas seulement en paroles », veut-il dire. « Mon cœur s'accorde avec ma bouche : je m'exprime donc en pleine liberté (...) » Il n'y avait rien de plus largement ouvert que le cœur de Paul. Il aimait ardemment tous les fidèles, comme si chacun était son préféré, sans laisser son affection se diviser ou s'affaiblir, mais en la faisant reposer tout entière sur chacun. Et qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'il ait eu un tel amour pour tous les fidèles, lui dont le cœur embrassait jusqu'aux infidèles de la terre entière ? C'est pourquoi il ne dit pas : « Je vous aime », mais ce qui est beaucoup plus éloquent: Notre bouche s'est ouverte, notre cœur s'est dilaté ; nous vous tenons tous au-dedans de nous, non pas d'une façon quelconque, mais de la façon la plus généreuse. Car celui qui est aimé se trouve parfaitement à l'aise dans le cœur de celui qui l'aime. C'est pourquoi saint Paul ajoute : Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, c'est dans vos cœurs que vous êtes à l'étroit. Vous voyez que son reproche est plein de délicatesse, comme il convient à ceux qui aiment vivement. Il ne dit pas : « Vous ne nous aimez pas », mais « Vous ne nous aimez pas dans la même mesure. » Car il ne veut pas les reprendre trop fortement. (...) On peut parfaitement voir combien son amour pour les fidèles est ardent, si l'on recueille ses propos dans chacune de ses lettres. Il dit aux Romains : J'ai un très vif désir de vous voir; j'ai souvent projeté de me rendre chez vous; il demande continuellement d'avoir enfin l'occasion de se rendre chez vous. Il dit aux Galates : Mes petits enfants que, dans les douleurs, j'enfante à nouveau. Aux Éphésiens : Je tombe à genoux en priant pour vous. Aux Philippiens : Quelle est notre espérance, notre joie, notre orgueil, sinon vous ? Et il disait que, dans sa captivité, il les portait dans son cœur. Aux Colossiens : Je veux que vous sachiez quel rude combat je mène pour vous et pour tant d'autres qui ne m'ont jamais vu personnellement, afin que vos cœurs soient encouragés. Aux Thessaloniciens :Comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons, ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l'Évangile, mais tout ce que nous sommes. (...)
Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, dit-il ici aux Corinthiens. Il ne dit pas seulement qu'il les aime, mais aussi qu'il est aimé d'eux, afin de les attirer davantage. Et il l'atteste lorsqu'il dit : Tite est venu nous faire part de votre vif désir, de vos larmes, de votre zèle." (2)

(1) cf. 101 questions,  op Cit.
(2) Saint Jean Chrysostome,  Homélie sur la deuxième lettre aux Corinthiens, source AELF



07 juillet 2016

Face à la barbarie - Saint Jean-Paul Il

En ces périodes de trouble, j'apprécie tout particulièrement ce texte que nous rappelle l'AELF dans sa méditation du jour, Jean Paul II y évoque les événements du 11 septembre et conclut :"quel est le chemin qui conduit au plein rétablissement de l'ordre moral et social qui est violé de manière aussi barbare ? La conviction à laquelle je suis parvenu en réfléchissant et en me référant à la révélation biblique est qu'on ne rétablit pleinement l'ordre brisé qu'en harmonisant entre eux la justice et le pardon. Les piliers de la véritable paix sont la justice et cette forme particulière de l'amour qu'est le pardon." (1)

A méditer à la lumière de la Croix et de cette phrase issue du Cantique des Cantiques : "Fort comme la mort est l'amour" que nous aimons transformer en cette année de la miséricorde en disant, à la suite de nos pères "L'amour est plus fort que la mort"

(1) Saint Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002, §1-2 (trad. © Libreria Editrice Vaticana)

22 juin 2016

Une dernière valse...

Une dernière valse est une petite nouvelle qui présente, sous une forme poétique, l'amour fou d'une femme pour son mari. Une manière d'aborder de manière imagée le coeur à coeur d'un homme et d'une femme qui traverse une vie de joie et de souffrance et continue à s'aimer jusqu'au bout.

Extrait : "Son cœur battait encore des joies du passé. Sa vie était toujours emportée dans la danse. Elle virevoltait encore comme au premier jour, dans une valse qui n'avait cessé de l'emporter plus loin, dans un pas de deux qui ne s'arrêterait jamais. Elle aurait aimé que le chauffeur s'arrête, une dernière fois en vue du moulin, pour contempler le jet sonore et puissant de la rivière. L'Avre préparait déjà ses crues d'hiver, montait doucement le long des berges, inondait déjà le champ où paissaient les moutons, l'été. Elle traçait déjà dans la plaine les premiers ruisseaux qui s'étendraient, par endroits, dans la vallée en des petits lacs argentés, quand l'hiver atteindrait son apogée.
Encore deux ou trois semaines, au plus, avait dit le médecin en signant son hospitalisation ! Qu'est-ce que quelques jours au crépuscule d'une vie qui comptait plus de quatre-vingt-dix années ? Une poussière sur l'océan de sable, un dernier chapelet de fleurs sauvages quand le temps ne compte plus, quand les souvenirs vous habitent et vous enchantent... Son cœur vibrait encore de la première danse. Elle voulait se laisser bercer par les vagues encore joyeuses de sa mémoire, avant de goûter aux noces éternelles qui l'attendaient là-haut."
Nouvelle qui s'insère et constitue la deuxième partie de l'édition 2016 du roman "au cœur de la vallée", "Une dernière danse" est le dernier voyage de Sophie : un retour sur le passé et une vie amoureuse.
Téléchargeable gratuitement au format epub sous ce lien, en vous souhaitant un bon été...
Mes romans sont présentés sur www.avre-passion.fr


11 avril 2016

Amoris laetitia - Pape François, La joie de l'amour

La joie de l'amour, du pape François  tout un programme à consommer sans modération.  On sent un texte emplit de sens pastoral.  Affaire à suivre donc... cf. lien sur le site du Vatican.
Petit extrait: "Le couple (...) est la vraie ‘‘sculpture’’ vivante (...) capable de manifester le Dieu créateur et sauveur. C’est pourquoi, l’amour fécond (...) la relation féconde du couple devient une image pour découvrir et décrire le mystère de Dieu, fondamental dans la vision chrétienne de la Trinité qui, en Dieu, contemple le Père, le Fils et l’Esprit d’amour. Le Dieu Trinité est communion d’amour, et la famille est son reflet vivant" AL,11
On retrouve des accents proches des catéchèses de Jean Paul II,  qu'il cite d'ailleurs juste après.
Cela résonne avec ce que j'ai écrit dans "Aimer pour la vie" et "Dynamique sacramentelle". Notons qu'il utilise le mot syntonie en 13 là ou je préfère symphonie. Cela doit être mon côté poète... :)

11 janvier 2016

La démesure de Dieu

Intéressante discussion mercredi sur les Psaumes vengeurs et l'idée du châtiment. Plus je médite sur le thème de la miséricorde, plus il me semble que l'amour de Dieu étant par essence débordant, il ne peut qu'être lié à cette démesure dont parle Adrienne : "l'homme trouvera infiniment plus qu'il ne pourrait jamais atteindre, parce que l'accomplissement du ciel comparé au monde est encore bien plus exaltant que ne l'est la nouvelle alliance comparée à l'ancienne. La démesure de ‎Dieu est elle-même la réalisation qui ne peut cesser de combler en toute réalité" (1)

(1) Adrienne von Speyr,  Le mystère de la mort, op. Cit p. 92

15 décembre 2015

Tendresse et miséricorde - Rahamin et hesed

Revenir à l'hébreu pour en saisir le sens. Hesed exprime l'amour et la miséricorde, la fidélité et la bienveillance. "Qu'elle est précieuse ta hesed, Seigneur, les fils de l'homme se réfugient à l'ombre de tes ailes" Ps 36, 8
Dieu comme refuge dans la souffrance Dieu de tendresse...
On en arrive à Rahamin que l'ont traduit par entrailles ou par sein. "J'ai été tissé dans le ventre [rehem]de ma mère" Ps 139, 13
"Rahamin est la tendresse de la femme pour le fruit que neuf mois elle a mûri"...(1)
J'ai déjà souvent évoqué les splanchna de Dieu qui ne sont autres que le mot grec qui lui correspond. En cette année de la miséricorde, contemplons le sens profond de cet amour ‎maternel de Dieu qui nous conduit aux verts pâturages du royaume. Laissons toucher par cette image de Rembrand sur le fils prodigue, à ces deux mains paternelles et maternelles de Dieu.

(1) Jacques Loew, ce Dieu dont je suis sûr, op Cit p. 129-131
Voir aussi mon "chemin de la miséricorde"...


11 août 2015

L'amour d'aimer - Saint Bernard

Je découvre et vous laisse contempler ce sermon de Saint Bernard :
" L'amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, il est à lui-même sa récompense. L'amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d'être ni son fruit : son fruit, c'est l'amour même. J'aime parce que j'aime. J'aime pour aimer. Quelle grande chose que l'amour, si du moins il remonte à son principe, s'il retourne à son origine, s'il reflue vers sa source pour y puiser un continuel jaillissement ! De tous les mouvements de l'âme, de ses sentiments et de ses affections, l'amour est le seul qui permette à la créature de répondre à son Créateur, sinon d'égal à égal, du moins dans une réciprocité de ressemblance. Car, lorsque Dieu aime, il ne veut rien d'autre que d'être aimé. Il n'aime que pour qu'on l'aime, sachant que ceux qui l'aimeront trouveront dans cet amour même la plénitude de la joie. L'amour de l'Époux, ou plutôt l'amour qu'est l'Époux, n'attend qu'un amour réciproque et la fidélité. Qu'il soit donc permis à celle qu'il chérit de l'aimer en retour. Comment l'épouse pourrait-elle ne pas aimer, elle qui est l'épouse de l'Amour ? Comment l'Amour ne serait-il pas aimé ?"(1)
On le verrait bien aussi en commentaire de 1 Cor 13 ou d'Éphésiens 5.

( 1) Sermon de saint Bernard sur le cantique des Cantiques,  source Bréviaire,  AELF

29 juillet 2015

Donner sans mesure

Combien de fois agissons nous par calculs? Nos actes sont conduits par les bénéfices que nous attendons. Saint Augustin a raison de distinguer 3 strates d'amour :

  • l'aimer être aimé qui nous pousse à acheter l'amour d'autrui par nos dons, 
  • l'aimer aimer où nous prenons plaisir à donner en ce que cela nous valorise, satisfait notre ego (1) 
  • et l' amour véritable qui consiste à aimer "sans intérêt" (1 Cor 13). 
L'amour de Dieu est d'un autre ordre :
 "Avec largesse, il a donné aux pauvres; sa justice subsiste à jamais. " Celui qui fournit la semence au semeur et du pain pour sa nourriture, vous fournira la semence à vous aussi, et la multipliera, et il fera croître les fruits de votre justice." (2)
Entrer dans le don de Dieu,  c'est aller au delà. 

(1) cf. notre analyse de Mat 4, in Le chemin du désert.
(2) 2 Corinthiens 9:9-10 

21 mai 2015

Du désert à l'agir

‎Je l'esquissais déjà plus haut, la fuite au désert, ne peut être une fuite de nos responsabilités. Élie comme Jonas l'on appris à leur dépens. Le chemin du désert abouti à une impasse s'il passe à côté de l'essence même du christianisme, de cette miséricorde active qui n'est autre que l'imitation de notre Seigneur. En cristallisent notre analyse des tentations au désert chez Mat 4 sur l'avoir, le valoir et le pouvoir, on peut passer à côté de l'appel à aimer, de tout son corps, de toute son âme jusqu'à cet apparemment impossible "amour de l'ennemi". En récitant machinalement le notre père, s'arrête-ton assez sur le "comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé. Impossible demande, disait les Pères de l'église qui préférait introduire une gradation dans le pardon plûtot que d'exiger ce qui relève pour eux de la perfection de l'amour(1). Et pourtant le chemin qui nous conduit à imiter le Christ (2)  ne peut passer à côté de son 77 x 7 fois (Mat 18, 21) qui culmine jusqu'au "père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23, 38). 


(1) Kasper, La miséricorde, op. Cit. p. 140‎, qui cite notamment  Tertullien, de la patience, 6 ; Chrysostome, commentaire de Matthieu, Homélie 18, n.3 ; et Thomas d'Aquin, S. Th. II/II. Q. 25 a. 8...
(2) cf. Kasper ibid. p. 133