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12 février 2020

De l'esclavage à la liberté - Pédagogie divine - 8


Trêsor de cette office des lectures d'aujourd'hui qu,il faut déguster lentement à commencer par cet extrait de la lettre aux Galates qui complète bien l'état de mes travaux actuels de recherche sur la pédagogie divine (1) ; « 3.15 Frères, j'emploie ici un langage humain. Quand un homme a fait un testament en bonne et due forme, personne ne peut l'annuler ou lui ajouter des clauses.
3.16 Or, les promesses ont été faites à Abraham ainsi qu'à sa descendance ; l'Écriture ne dit pas « et à tes descendants », comme si c'était pour plusieurs, mais et à ta descendance, comme pour un seul, qui est le Christ.
3.17 Alors je dis ceci : le testament fait par Dieu en bonne et due forme n'est pas révoqué par la Loi intervenue quatre cent trente ans après, ce qui abolirait la promesse.
3.18 Car si l'héritage s'obtient par la Loi, ce n'est plus par une promesse. Or c'est par une promesse que Dieu accorda sa faveur à Abraham.
3.19 Alors pourquoi la Loi ? Elle a été ajoutée, pour que les transgressions soient rendues manifestes, jusqu'à la venue de la descendance à qui ont été faites les promesses, et elle a été établie par des anges par l'entremise d'un médiateur.
3.20 Ce médiateur en représente plus d'un, mais Dieu, lui, est un.
3.21 La Loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Absolument pas. S'il nous avait été donné une loi capable de nous faire vivre, alors vraiment la Loi rendrait juste.
3.22 Mais l'Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus Christ que la promesse s'accomplisse pour les croyants.
3.23 Avant que vienne la foi en Jésus Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu'au temps où cette foi devait être révélée.
3.24 Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu'au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification.
3.25 Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide.
3.26 Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi.
3.27 En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
3.28 il n'y a plus ni juif ni grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus.
3.29 Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d'Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.
4.01 Je m'explique. Tant que l'héritier est un petit enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, alors qu'il est le maître de toute la maison ;
4.02 mais il est soumis aux gérants et aux intendants jusqu'à la date fixée par le père.
4.03 De même nous aussi, quand nous étions des petits enfants, nous étions en situation d'esclaves, soumis aux forces qui régissent le monde.
4.04 Mais lorsqu'est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et soumis à la loi de Moïse,
4.05 afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils.
4.06 Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c'est-à-dire : Père !
4.07 Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c'est l'œuvre de Dieu. » (Ga 3, 15-29; 4, 1-7)

Ressuscités avec le Christ, cherchons les choses d'en haut. Vous qui êtes baptisés dans le Christ,
vous avez revêtu le Christ. Revêtez l'homme nouveau, créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité.
  
Ambroise, dans sa réponse aux questions que pose à Orontien sur le chapitre 8 de la lettre aux Romains, complète bien cette épitre : « D'après saint Paul, celui qui, par l'Esprit, fait mourir le comportement charnel, celui-là vivra. Ce n'est pas étonnant qu'il vive, puisqu'il devient fils de Dieu, ayant l'Esprit de Dieu. Il est fils de Dieu à tel point qu'il ne reçoit pas un esprit d'esclavage mais l'esprit des enfants d'adoption ; et à tel point que le Saint-Esprit de Dieu rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Ce témoignage est bien celui de l'Esprit Saint puisque c'est lui qui crie dans nos cœurs : Abba, Père, comme c'est écrit dans la lettre aux Galates. Mais ce qui témoigne hautement que nous sommes fils de Dieu, c'est que nous sommes héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ. Est héritier avec lui celui qui est glorifié avec lui ; et il est glorifié avec lui, celui qui, en souffrant pour lui, souffre avec lui.

Pour nous encourager à souffrir, saint Paul ajoute que tout ce que nous souffrons est peu de choses, sans proportion avec les biens à venir de cette grande récompense qui rétribuera nos labeurs : récompense qui se révélera en nous lorsque nous serons recréés à l'image de Dieu et que nous pourrons regarder sa gloire en face.

Pour mettre en valeur la grandeur de cette révélation à venir, l'Apôtre ajoute que la création elle-même attend cette révélation des fils de Dieu. Cette création est maintenant livrée malgré elle au pouvoir du néant ; mais elle est dans l'espérance. Car elle espère que le Christ l'aidera par sa grâce à se libérer de l'esclavage de la dégradation inévitable, et à recevoir la liberté glorieuse des fils de Dieu. Ainsi y aura-t-il une seule liberté, pour la création et pour les fils de Dieu, lorsque la gloire de ceux-ci se révélera. Mais maintenant, tant que cette révélation se fait désirer, toute la création gémit en attendant de partager la gloire de notre adoption et de notre rédemption. Elle enfante déjà cet esprit qui la sauve, et elle veut être délivrée de l'esclavage du néant. ~

Il est clair que les créatures qui gémissent en attendant l'adoption des fils ont en elles les premiers dons de l'Esprit. Cette adoption des fils, c'est la rédemption du corps tout entier, lorsque celui-ci, en qualité de fils adoptif de Dieu, verra en face ce bien éternel et divin. Il y a déjà adoption filiale dans l'Église du Seigneur lorsque l'Esprit s'écrie : Abba, Père, selon la lettre aux Galates. Mais cette adoption sera parfaite lorsque ceux qui seront admis à voir la face de Dieu ressusciteront tous dans l'immortalité, l'honneur et la gloire. Alors la condition humaine s'estimera vraiment rachetée. C'est pourquoi l'Apôtre ose dire : Nous avons été sauvés en espérance. L'espérance sauve en effet, comme la foi, dont il est dit : Ta foi t'a sauvé. » (2)

L'Esprit du Seigneur est liberté, parce que Christ nous a libérés pour crier Abba ! Père !
 
Dans ton amour inépuisable, Dieu éternel et tout-puissant, tu combles ceux qui t'implorent, bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta mésiricorde en délivrant notre conscience de ce qui l'inquiète et en donnant plus que nous n'osons demander.(3)

(1) livre à paraître
(2) Ambroise de Milan, Lettre à Orontien
(3) source : Office des lectures, mercredi de la 5eme semaine ordinaire, AELF

28 mai 2018

La loi et la vie - Saint Clément d’Alexandrie

" Si la Loi de Moïse pouvait nous donner la vie éternelle, pourquoi notre Sauveur serait-il venu au monde et aurait-il souffert pour nous depuis sa naissance jusqu'à la mort, parcourant toute une vie humaine ? Pourquoi le jeune homme qui accomplissait si fidèlement depuis sa jeunesse les commandements de la Loi, se serait-il jeté aux pieds d'un autre pour demander l'immortalité ? 
Ce jeune homme observait toute la Loi, et s'y était attaché dès sa jeunesse... Mais il sent bien que s'il ne manque rien à sa vertu, la vie lui fait encore bien défaut. C'est pourquoi il vient la demander à celui qui seul peut l'accorder ; il est sûr d'être en règle avec la Loi, cependant il implore le Fils de Dieu... Les amarres de la Loi le défendaient mal du roulis ; inquiet, il quitte ce mouillage dangereux et vient jeter l'ancre au port du Sauveur.

Jésus ne lui reproche pas d'avoir manqué à la Loi, mais il se met à l'aimer, ému par cette application de bon élève. Toutefois il le déclare encore imparfait... : il est bon ouvrier de la Loi, mais paresseux pour la vie éternelle. La sainte Loi est comme un pédagogue qui achemine vers les commandements parfaits de Jésus (Ga 3,24) et vers sa grâce. Jésus est « l'aboutissement de la Loi pour que soit donné la justice à tous ceux qui croient en lui » (Rm 10,4)" (1)
Nous le voyons bien. Nos vies trouvent sens dans une morale personnelle, dans un vivre ensemble. Mais cela ne suffit pas. La vie, celle dont parle Clément, celle évoquée par Jésus à Nicodeme est ailleurs. Elle est "en Christo", habitée, transformée par le don véritable, celui qui nous décentre et n'appelle aucun retour. Celui d'une mère pour son enfant, d'un Père à l'amour infini qui cours à la rencontre du Fils prodigue. La vie en Dieu est plus que toute morale. Elle vient de Dieu et reviens à Dieu.
(1) Saint Clément d'Alexandrie, Homélie, quel riche peut être sauvé? Trad. Ichtus, t. 6 p. 28 rev. Source: Évangile au quotidien 

16 novembre 2017

Diversité polyédrique et ouverture

Voir les paroles de Jésus non comme des lois mais comme des évangiles (bonne nouvelle) nous rend sensible à la nécessaire pastoralité de notre ouverture au monde.

Ne pas voir la une loi mais une bonne nouvelle, c'est  reconnaître l'importance « d'un discernement spirituel qu'exige cette diversité polyédrique de situations culturelles et personnelles marquées par de très grandes fragilités ».

C'est un élargissement du regard.

A la différence de la loi, l'évangile ouvre un chemin inexploré : celui de l'âme humaine.

La notion de polyèdre et de gradualité conjuguée par notre pape introduit pour moi la nécessité d'une morale « vectorielle », c'est à dire d'un chemin qui devient polyédrique par essence.

A chacun ce vecteur qui le pousse plus loin.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 221

14 novembre 2017

Loi, gradualité, pastorale et Évangile

Nous arrivons au coeur de la tension soulevée par le pape François entre morale et pastorale. Christoph Théobald l'introduit à la lumière de sa lecture de Vatican II et de ce qui a suivi. Les questions posées par le Concile sur la pastorale était-elle en rupture ou en continuité avec la tradition ? Christoph Théobald note un glissement entre ce qui était considéré comme une « herméneutique de continuité » et « l'herméneutique de réforme » et en vient au sujet qui fâche. L'indissolubilité du mariage est-elle une loi ? Son approche est particulièrement intéressante. S'appuyant sur l'approche paulinienne, Christoph Théobald préfère dire que l'indissolubilité est aux yeux du Christ un « évangile », c'est à dire une bonne nouvelle. Car, note-t-il la réalité pastorale reste que l'homme est faillible, ce qui implique cette gradualité encore soulignée par le pape François (1)

(1) j'invite le lecteur à relire lentement les propos de Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 215 à 219

14 juillet 2016

La caresse et la loi - Pape François

Une question demeure dans un monde qui semble indifférent aux normes éthiques de base. Faut-il insister sur la loi, les règles la morale, alors que le monde rejette ces excès de moralisme (à l'exception d'un reste qui se réfugie au contraire dans ces protections factices) ? La réponse du pape est cohérente avec son idée d'hôpital de campagne : "Dieu ne nous sauve pas seulement par un décret, par une loi, il nous sauve par la tendresse, les caresses, il nous sauve par sa vie pour nous" (1)

Le pape ne met pas pourtant en arrière plan les préceptes moraux, précise Spadaro, il "invite à placer la doctrine morale de l'Église dans le contexte qui lui donne sa signification"(2).

"Nous ne pouvons guérir un malade si nous ne partons pas de ce qu'il y a de sain en lui (3)", il faut donc partir de ce qui est positif, des ressources dont le malade dispose encore, d'une disponibilité à la grâce qui n'a pas été entamée (4), précise Spadaro.

L'enjeu, et je le rejoins là tout particulièrement est dans la qualité de la relation : "plus qu'insister sur une norme objective indiscutable à laquelle chaque chrétien doit se conformer, le pape préfère demeurer ouvert à l'Esprit qui parle au croyant à travers sa vie, dans l'originalité des situations, dans le vif d'un moment historique donné, et dans la communauté des croyants qu'est l'Eglise"(5).


(1) Homélie du 22/10/13 à Sainte Marthe, citée par Spadaro, op. Cit p. 86.
(2) Spadaro, Cette Eglise que j'espère, p. 87
(3) Jorge Mario Bergoglio, Nel cuire dell'uomo. Utopia e impregno, Milan, Bompiani, 2013, p. 54, cité par Spadaro, Ibid.
(4) Spadaro, ibid.
(5) ibid. p. 90.