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07 janvier 2021

Danse avec tout homme - 26

« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » La méditation liturgique de la première lettre de Jean nous ramène à l’essentiel, à ces béatitudes qui contemple en chaque homme, cette capacité théophorique, d’être porteur de Dieu. 


Μακάριοι ο πτωχο τ πνεύματι - bienheureux les pauvres en Esprit. La distinction de Mt 5,3 interpelle.


Ce n’est pas rien de contempler dans la kénose du Fils l’appel continu de Dieu à révéler ce qu’il a mis en nous.

L’agenouillement du Fils qui veut demeurer chez Zachée, crie son « j’ai soif » à la Samaritaine ou se laisse toucher en Marc 7 par cette femme étrangère qui lui réclame des miettes est contemplation, d’une certaine manière de ce Dieu en « manque » de l’homme déjà mentionné par Arnold en « danse n. 9 et n.10 », non qu’il soit dépourvu d’infinité, mais parce que l’amour même est « extase »(Fratelli Tutti, ch. 3), tout tourné vers autrui, vers le « visage » d’autrui au sens Lévinassien.


La contemplation de cet foi des petits enfants, de cette amour sans faille, de cette confiance aveugle est toujours pour l’homme lieu de danse et s’inscrit bien dans la symphonie kénotique de l’homme et de Dieu.


C’est à l’Arche que l’on découvre que la foi des touts petits est lumière qui fait éclater nos incertitudes et nos de-espérance. C’est dans le chant et la prière de mes quatre petits enfants que je vibre le plus avec l’amour reçu et partagé. Dieu donne nous l’amour des « simples », ceux qui ne s’encombrent pas des rites et des dogmes, mais demeurent en toi comme tu demeurent en eux. 





On est bien là au cœur de cet agenouillement qui fait le centre de ma trilogie trop souvent citée.

25 décembre 2020

De la paille à la poutre ? - danse 22


Il est né sur la paille et mort sur une poutre...

Si l’histoire de la crèche est contestée, la puissance de la lecture spirituelle de la naissance, racontée par Luc ne déroge pas avec l’ensemble du message de l’évangéliste.




Premier et ultime clin d’œil d’une vie pour dénoncer l’erreur d’une loi hypocrite ou le jugement hâtif du frère du fils prodigue ? (Luc 15).

Il y a un lien à contempler entre cette paille qui accueille le tout petit et ce bois qui supporte le crucifié. Ce lien c’est la chair nue, exposée de celui qui refuse tout égard, toute première place, pour se dénuder dans le service de ses frères (Jn 13) et le don inouï d’une vie offerte. 

Quel chemin entre le Dieu rêvé des premières théophanies de l’Exode (cf. Ex 19) et celui de la crèche. Alors qu’on y voyait trompettes et métaux précieux et qu’on rêvait d’un Dieu du tonnerre voici un Dieu nu exposé et rejeté... fui et trahi... fragile et crucifié...

Depuis le premier jour jusqu’au dernier...il est un Dieu qui se fait petit... pour dénoncer nos rêves de grandeur.

Tout ça pour quoi ?

Pour nous conduire au delà de la paille du voisin, la poutre de notre oeil ?  Si nous cherchons un Dieu puissant nous faisons fausse route. La puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse... (cf. 2 Co 12).

Quel est le sens de cette nuit ?

Pourquoi pouvons nous danser de joie ? 


La naissance de Dieu homme est nouvelle naissance...

Il vient habiter l’homme et transformer son cœur...

Ne sommes-nous pas parfois l’aubergiste qui rejette la jeune fille enceinte, le pharisien devant la femme adultère (Jn 8.) celui qui cherche la paille et oublie la poutre...(cf. Lc 6, Mt 5), repousse l’étranger ou le lépreux de notre entourage.

A chaque fois que notre cœur se durcit nous oublions que le chemin n’est pas écrit à coup de burin dans le marbre d’une loi immuable, mais avec le cœur et au cœur de l’homme grâce à une paille sur le sable par un Dieu à genoux devant l’homme, qui ne veut que l’amour...

Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre...(Jn 8.) 


C’est ce peut-être ce Dieu là ce que nous contemplons cette nuit. 

Dieu fragile...

La crèche n’est que la clé de sol d’une symphonie trinitaire. 

- Celle d’un Dieu qui renonce à toute manifestation de puissance pour nous dévoiler l’amour...

- Celle d’un Fils qui consent à tout pour tracer un autre chemin que la loi hautaine et méprisante des hypocrites.

- Celle d’un Esprit qui se fait fragile pour tracer en nos cœurs un chemin d’humanité.

Prenons conscience de nos poutres érigées à tort, de nos condamnations trop rapides pour percevoir que l’amour est miséricorde et pardon...

Vous voulez comme David des signes et des rois, des maisons et des institutions ?

Il ne vous sera donné que le signe de Jonas. Un prophète qui se fait petit...

Un petit d’homme couché sur un lit de paille et mort sur une poutre, pour que nos violences soient réduites à néant, nos jugements hâtifs et hypocrites balayés comme les feuilles au vent, nos quêtes de puissance réduites à un chemin d’humilité.

Le Dieu de la crèche et de la Croix est un Dieu à genoux...

Et la danse des trois personnes n’a qu’une direction, celle de nous inviter à la miséricorde et l’humilité...

Il est le chemin, la vérité et la vie...

Le Verbe s’est fait chair fragile parmi nous pour retourner nos cœurs de pierre en coeur de chair.

Le verbe est là - aujourd’hui - présence discrète, démunie, qui invite à l’amour.

Joie des cœurs simples. Danse des anges

Noël

28 octobre 2020

Homélie pour la Toussaint - v4

Homélie pour la Toussaint 


Projet 4

Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d'où viennent-ils ? »


Qui sont les saints d'aujourd'hui ?

L'Évangile répond à sa manière à la question posée dans l'Apocalypse, mais avant de contempler les béatitudes je vous propose de méditer sur la réponse donnée par Jean : 

 Ce sont ceux qui « viennent de la grande épreuve ;

« ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l'Agneau. »

La sainteté la plus visible est celle des souffrants qui résistent au désespoir et ont mis en Christ leur force. Non parce qu'ils sont resté forts - qui peut l'être quand la souffrance nous assaille ? - maïs parce qu'ils sont restés debout, droits, en dépit de ce qui les a terrassé.

Alors me vient à l'esprit de nombreux visages, innombrables de personnes qui autour de moi sont rayonnants en dépit de la souffrance, cette hancippée qui garde en elle la joie de Dieu alors que son corps n'est que douleur, cette mère de famille qui se lève toute les nuits depuis 30 ans pour son enfant malade...


Pourquoi Seigneur ?

La question mérite d'être posée même si elle n'a pour seule réponse que ce signe élevé sur le bois de La Croix...


« L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,

qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,

et de Dieu son Sauveur, la justice.

Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! » nous dit le psaume.


Le pape François les appellent à juste titre les saints de la porte d’à côté. 


« Heureux les pauvres de cœur,

car le royaume des Cieux est à eux.

    Heureux ceux qui pleurent,

car ils seront consolés.

    Heureux les doux,

car ils recevront la terre en héritage. »


Chacune des béatitudes est une réponse et l'on se sent bien petits pour ajouter quoi que ce soit au texte.


Pourquoi cette souffrance ?

Jean ne répond pas...?

Mais il trace un chemin d'espérance « nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n'a pas encore été manifesté.

Nous le savons : quand cela sera manifesté,

nous lui serons semblables

car nous le verrons tel qu'il est. »


Notre chemin et notre espérance n'est pas dans la recherche de la souffrance mais dans cette traversée subie de ce qui viens à nous, sans que nous l'ayons demandé...

Alors nous verrons Dieu comme Moïse au bout de sa longue marche au désert (cf. Ex 34) et notre visage sera illuminé.


Heureux les cœurs purs,

car ils verront Dieu.

    Heureux les artisans de paix,

car ils seront appelés fils de Dieu.

    Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,

car le royaume des Cieux est à eux.


J’aime contempler cette belle peinture de Fra Angelico qui montre les anges en train de danser au Paradis. Illusion ou espérance ? Les béatitudes nous introduisent au renversement de toute tentation de pouvoir, de valoir ou de savoir. Le royaume est pour les petits...


Et notre chemin est d’avancer sur cette route et passer par la porte étroite de ceux qui répondent par leur vie à l’appel discret et insistant de l’où-es-tu ? de Dieu.


La fête de là Toussaint, comme le glisse une amie est notre fête, celles de tous ceux qui désirent marcher à la suite de Celui qui a tracé le Chemin et qui nous conduira vers cette danse des bienheureux qui est notre espérance.




Version pour la messe des jeunes :
Questions à affiner...

Aimez vous vos parents ?
Aimez vous vos frères et sœurs autant que votre maman ?
Aimez vous vos copains de classe de la même manière ?
Même celui qui vous embête ?
La sainteté est la fête de ceux qui ont aimé jusqu’à leurs ennemis 
Voulez vous avancer dans cette direction ?
Qui va vous aider à cela ? 

 

09 juillet 2020

Homélie de mariage - Danse et liturgie - 1 Corinthiens 13 et Matthieu 5

Homélie de mariage - projet 2

Quel chemin...
Quel chemin fragile qu'un mariage.
Dans ce temps nouveau où toutes les certitudes semblent se fissurer, il est presque inouï que vous soyez là tous les deux à croire en l'amour alors que notre monde est ébranlé par une crise dont on ne voit pas la fin...

Sur la petite douzaine de mariage prévu cette année, vous êtes les seuls à avoir résisté sur la date et l'heure et cela déjà est signe, que quelque chose en vous est plus fort. Quelque chose est grand en vous et je ne peux que m'agenouiller devant cela.

L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien d'inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais. (1 Co 13)

Si vous permettez et si je pouvais en faisant cela ne pas endormir l'auditoire, j'aimerais commenter une à une ces phrases de Paul qui constitue probablement les plus belles pages jamais écrites sur l'amour...

Il y a plusieurs lectures possibles de ce texte, de la plus « charnelle » à la plus théologique..

La plus charnelle parce qu'un amour conjugal, un amour intime peut être habité par ces vertus de la patience, de l'attention à l'autre, de la quête, non de son propre intérêt mais de celui de l'autre. En plus de trente trois ans de vie conjugale je vous dirais, sur la pointe des pieds que cela est l'essence même d'une vie à deux.

Il y a là le fondement d'une danse, d'une symphonie des corps toujours à parfaire et purifier....

Vos corps et vos cœurs mêlés sont les lieux les plus intimes et les plus dépouillés de l'existence et patience, respect et souci de l'autre en forme la musique la plus essentielle.

Et en même temps, comme le disait Jean Paul Il cette rencontre la plus intime est appelée à être liturgie...

Que veut dire liturgie...?

Cela touche à la fois au sacré, à la joie, à la liberté et au don...

La liturgie des corps s'inscrit dans les quatre points que nous avons évoqués ensemble lors de notre première rencontre.

Lieu de liberté d'abord... que vos rencontres soient libres, c'est à dire à la fois librement consenties et légères de vos histoires passées
Que vos rencontres soient fécondes, lieu de vie, source de vie...
Que vos rencontres soient fidèles...
Que vos rencontres soient dons, indissolubles et par essence qu'elles ne cherchent plus vos intérêts propres mais ce couple que vous allez construire

Que votre couple enfin s'embrase dans quelque chose de plus immense. Votre amour est grand, il vous dépasse car il rejoint l'amour du créateur et c'est là où vous pouvez comprendre que ce lien indissoluble qui vous réunit est au cœur du projet de Dieu. La dimension liturgique de l'amour, c'est saisir qu'à deux rayonne quelque chose de grand, d'immense le plan de Dieu pour l'homme...

Votre amour deviendra alors « le sel de la terre », c'est à dire que pour vos enfants, vos amis, votre entourage la lumière cachée de votre union la plus intime sera lumière de l'amour reçu et donné, partagé, liturgie d'un Dieu qui donne et s'efface, qui meurt à soi même et se tait, qui prend patience et ne cherche pas son intérêt, qui invite à danser et trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais.

Votre amour sera chrétien s'il rayonne de cela, s'il exprime cela, s'il est habité par cela. Si au cœur de votre vie, l'amour est moteur, Dieu sera là et la joie qui habitera vos rencontres deviendra liturgie et danse avec, en Dieu et peut-être pour Dieu...

Le chemin n'est pas simple. Il est difficile. Vous en avez fait l'expérience. Vous traverserez encore des doutes et des souffrances mais je l'espère, ces textes et surtout le sens profond de ces textes, vous habiterons.

« Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
Matthieu 5, 12

08 juin 2020

Heureux les cœurs purs - dépouillement 10 - Ignace d’Antioche - froment



Alors que nous reprenons la liturgie du temps ordinaire, l'Evangile du jour nous redonne les béatitudes à contempler et l'office des lectures nous propose la lettre aux romains d'Ignace d'Antioche et cette belle image de dépouillement inimitable de cet évêque conduit à la mort et qui voudrait par là devenir le froment de Dieu...

Comme on se sent loin de ce dépouillement ! Quel chemin s'ouvre devant nous !

« je mourrai volontiers pour Dieu, si du moins vous-mêmes ne m'en empêchez pas. Je vous en supplies, n'ayez pas envers moi une bienveillance malencontreuse. Laissez-moi devenir la pâture des bêtes, grâce auxquelles on peut rejoindre Dieu. Je suis le froment de Dieu et je serai moulu par la dent des bêtes pour qu'on reconnaisse en moi le pain très pur du Christ.

Flattez plutôt les bêtes pour qu'elles deviennent mon tombeau, qu'elles ne laissent rien de mon corps et qu'après ma mort je ne sois une charge pour personne. C'est alors que je serai vraiment disciple de Jésus Christ, lorsque le monde ne verra même plus mon corps.

Implorez le Christ pour moi, afin que par l'action des bêtes je sois une victime offerte à Dieu. Je ne vous donne pas des ordres, comme Pierre et Paul. Ils étaient des Apôtres, et je suis un condamné ; ils étaient libres, et je suis un esclave jusqu'à présent. Mais si je souffre, je deviendrai un affranchi de Jésus Christ et je ressusciterai libre en lui. Enchaîné pour le moment, j'apprends à ne rien désirer.

Depuis la Syrie jusqu'à Rome, je combats contre les bêtes, sur terre et sur mer, nuit et jour, enchaîné à dix léopards, c'est-à-dire à un détachement de soldats. Quand on leur fait du bien, ils deviennent pires. Par leurs mauvais traitements je deviens davantage un disciple, mais ce n'est pas pour cela que je suis juste. Je voudrais profiter des bêtes qui sont préparées pour moi et je souhaite qu'elles m'expédient rapidement. Et je les flatterai pour qu'elles me dévorent sans tarder, contrairement à certains qu'elles n'ont pas osé toucher. Et si elles montrent de la mauvaise volonté, moi je les forcerai. Pardonnez-moi : je sais ce qu'il me faut. C'est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, parmi les êtres visibles ou invisibles, ne m'empêche par jalousie de rejoindre le Christ. Supplice du feu, croix, combats de bêtes, lacérations, écartèlement, dislocation des os, mutilation des membres, broiement de tout le corps, que tous les supplices du diable viennent sur moi, pourvu seulement que j'atteigne Jésus Christ. »


« Je rougis d'être compté parmi les évêques, car je n'en suis pas digne, étant le dernier d'entre eux et un avorton. Mais j'ai obtenu par miséricorde d'être quelqu'un, si je rejoins Dieu.« (1)


(1) Ignace d’Antioche, Lettre aux Romains, source office des lectures du 10 eme mardi ordinaire 


08 février 2020

Homélie du 9 février 2020 - 5eme dimanche du temps ordinaire - année A - Lumière et boisseau

Projet 4
Paul évoque  dans la première lecture sa propre faiblesse : « c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2).

Il y a une apparente contradiction entre la faiblesse dont il nous parle et le langage du Christ qui appelle ses apôtres « sel de la terre et lumière du monde »
Cette contradiction est en fait une tension qu’Isaïe permet de résoudre...
 C’est sur ce chemin que le Seigneur vous invite aujourd’hui à marcher.
Quelle est cette lumière qui traverse les textes de ce dimanche ?

Il y a celle du soleil qui nous pousse agir en vérité

Il y a la lumière de la révélation, celle qui parfois dans nos coeurs à jailli un jour et nous aide à tenir dans la nuit.

Il y a aussi souvent une lueur plus fragile sur laquelle je voudrais m'arrêter....

Qu'est ce que cette lueur ? C’est celle qui traverse nos doutes, nos déserts, c'est dune certaine manière cette foi théologale (don de Dieu).. pure et fragile que Dieu révèle à nous dans nos nuits, sans empiéter sur nos libertés, mais en laissant une trace discrète. Cette lumière brûle en nous d’une petite flamme inquiète et que l’on peut ignorer, laisser mourir, lorsqu’il nous arrive de nous laisser attirer par des feux follets.
Cette lueur presqu’indicible d’un Dieu qui semble absent quand nous sommes envahis par la  souffrance et qui pourtant est là, se révèle dans chaque geste de tendresse partagé au delà des apparences.

Qu’est-ce que cette puissance si ce n’est l’amour et l’espérance qui nous vient de Dieu
La lumière jaillit de l’amour.
La lumière vient du Christ...

Relisons Isaïe : «  Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. »

Le « alors » n’est pas anodin. Il établit un lien direct en charité active et lumière intérieure.

Quel est ce lien fait par cet « alors » sinon l'amour en actes dont le Christ se fait la lumière.

En ce dimanche de la santé nous allons prier pour et autour de nos malades. Dans la souffrance se cache cette lumière sombre et douloureuse du Christ crucifié. Il est celui avec qui nous allons communier. Que son amour fragile nous fasse entrer dans le feu lumineux d'un amour qui va jusqu'au bout, au delà de la mort vers cette petite espérance que le Christ nous indique par sa résurrection et sa présence discrète dans le pain de vie....

Alors notre bougie fragile participera au buisson ardent de l’amour partagé.



Alors la lumière sera éclatante et viendra illuminer nos cœurs...

« Que votre lumière intérieure brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.(Mt 5,16) »






18 août 2019

Au fil de Matthieu 5, 13, Le sel de la terre, Saint Jean Chrysostome

Souvent choisi comme évangile pour des mariages, le texte de Matthieu est pour moi un moyen d'exhortation très apostolique. Mais en lisant la version de Saint Jean Chrysostome que nous donne aujourd'hui l'office des lectures, je vois que je suis loin de ce que nous livre celui qu'on appelle saint Jean bouche d'or : « Vous êtes le sel de la terre, dit le Seigneur. ~ Ce n'est pas pour votre propre vie, veut-il dire, mais c'est pour le monde entier que la Parole vous est confiée. Car ce n'est pas à deux villes, à dix, à vingt, ou à un seul peuple que je vous envoie, comme jadis les prophètes, mais à la terre, à la mer, au monde entier, qui est plongé dans le mal. En disant : Vous êtes le sel de la terre, il leur montrait que toute la nature humaine était affadie et corrompue par le péché. C'est pourquoi il exige de ses disciples les vertus qui sont les plus nécessaires et les plus efficaces chez ceux qui ont la charge de la multitude. En effet, celui qui est doux, abordable compatissant et juste ne renferme pas en lui-même ses bonnes actions, mais il cherche à en faire comme des sources qui coulent pour l'utilité d'autrui. De même, celui qui a le cœur pur, qui est un artisan de paix, qui est persécuté pour la vérité, consacre sa vie au bien commun.

Ne croyez pas, leur dit-il, que vous serez appelés à des combats ordinaires et que vous n'aurez à rendre compte que d'affaires sans importance : Vous êtes le sel de la terre. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ont-ils remis en bon état ce qui était pourri ? Pas du tout. Il n'est pas possible d'améliorer ce qui est déjà corrompu, en y mettant du sel. Ils n'ont pas fait cela. Mais on avait préalablement rénové ce qu'on leur avait confié, après l'avoir délivré de son infection. C'est alors que les disciples salaient cette pâte afin de la garder dans la nouveauté donnée par leur Maître. Car délivrer de la pourriture du péché, ce fut l'action bienfaisante du Christ ; mais ne plus y laisser revenir, c'était la tâche à laquelle les disciples devaient donner leurs soins et leurs efforts.

Voyez-vous comment Jésus Christ montre discrètement qu'ils sont supérieurs aux prophètes ? Il ne dit pas qu'ils sont chargés d'instruire la Palestine, mais la terre entière. ~ Ne vous étonnez donc pas, leur dit-il, si, en négligeant les autres, c'est à vous que je m'adresse et si je vous envoie vers de si grands dangers. Considérez en effet à combien de villes, de territoires, de nations je vais vous envoyer pour y présider. Aussi je ne veux pas seulement que vous soyez pleins de sagesse, mais que vous rendiez les autres pareils à vous. Car si vous ne le faites pas, c'est que vous n'avez même pas assez de sagesse pour vous. ~

Si les autres s'affadissent, ils peuvent revenir par votre intermédiaire ; mais si ce malheur vous arrivait, vous entraîneriez les autres à leur perte en même temps que vous. C'est pourquoi, plus importantes sont les affaires qui vous sont confiées, plus vous devez déployer d'ardeur. D'où cette parole : Si le sel n'a plus de saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n'est plus bon à rien : on le jette dehors, et les gens le piétinent. ~

Jésus venait de leur dire : ~ Si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous. Il ne veut pas que ces paroles leur fassent craindre de se montrer, et c'est pourquoi il leur dit : « Si vous n'êtes pas prêts à tout cela, c'est en vain que vous avez été choisis. ~ Si la calomnie est inévitable, elle ne vous fera aucun mal, mais elle témoignera de votre fermeté. Au contraire, si vous avez peur et si vous abandonnez la vigueur qui vous convient, vous tomberez dans des malheurs bien pires : tout le monde dira du mal de vous et vous méprisera. C'est cela, être piétiné par les gens ».

Ensuite, il passe à une autre comparaison, plus noble : Vous êtes la lumière du monde. Il répète : du monde, non pas d'un seul peuple ou de vingt villes, mais de toute la terre. Et il s'agit d'une lumière intelligible, supérieure à celle du soleil, de même qu'il s'agissait tout à l'heure d'un sel spirituel. D'abord le sel, ensuite la lumière, pour t'enseigner quelle est l'importance du gain procuré par une parole pénétrante, l'avantage apporté par une doctrine vraiment sainte : c'est de lier l'auditeur, de ne pas lui permettre le relâchement, de l'amener à considérer la vertu. Une ville située sur la montagne ne peut être cachée. Et l'on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. Par ces paroles encore, il les pousse à une vie rigoureuse, il leur enseigne à être des soldats vigilants parce qu'ils sont exposés à tous les yeux et qu'ils auront à combattre en plein théâtre du monde. »

Écoutons l'hymne qui suit...

Mets ta lampe sur le boisseau,
Et tant mieux qu'elle s'éteigne !
Car tu auras une vraie joie,
Ta prière sera la torche
Que le Seigneur entretiendra.

Tout est une histoire de perspective et notre chemin est une course : « Quant à nous, nous sommes entourés de cette grande foule de témoins. Débarrassons-nous donc de tout ce qui alourdit notre marche, en particulier du péché qui s'accroche si facilement à nous, et courons résolument la course qui nous est proposée. Gardons les yeux fixés sur Jésus, dont notre foi dépend du commencement à la fin. Il a accepté de mourir sur la croix, sans tenir compte de la honte attachée à une telle mort, parce qu'il avait en vue la joie qui lui était réservée; et maintenant il siège à la droite du trône de Dieu. Pensez à lui, à la façon dont il a supporté une telle opposition de la part des pécheurs. Et ainsi, vous ne vous laisserez pas abattre, vous ne vous découragerez pas. Car, dans votre combat contre le péché, vous n'avez pas encore dû lutter jusqu'à la mort. Avez-vous oublié l'exhortation que Dieu vous adresse comme à ses fils? «Mon fils, ne crains pas d'être corrigé par le Seigneur, et ne te décourage pas quand il t'adresse des reproches. Car le Seigneur corrige celui qu'il aime, il frappe celui qu'il reconnaît comme son fils.» Hébreux‬ ‭12:1-6‬ ‭BFC‬‬


30 mai 2019

Homélie de mariage 2 et 3 - 1 Corinthiens 13 et Matthieu 5

Ci-joint un extrait de l'ébauche de ma troisième homélie de mariage qui reprend en partie la fin de ma deuxième homélie de mariage. Commentaires bienvenus...
——-
Vous êtes des sages.... il transparaît en vous une sagesse. (...) On sent chez vous une recherche profonde, qu'on lit à livre ouvert dans cette première lecture que vous avez choisi : s'il me manque l'amour, je ne suis rien...
L'amour est là. On le sent tout particulièrement chez vous au point que j'ai envie de m'agenouiller. En effet qui suis-je pour juger ce qui vibre en vous, vous a fait dépasser les préjugés, les histoires, le passé pour espérer l'un dans l'autre, mettre votre confiance l'un dans l'autre, avancer ? 
Je vais vous confier un secret, si j'ai envie de m'agenouiller devant vous, c'est bien parce que je reconnais entre vous une tendresse très particulière, qui vous embrase et vous dépasse. Votre amour est né en vous mais il vient d'ailleurs, il vient de Dieu. Ce n'est pas moi qui l'affirme, c'est vous mêmes dans cette belle première lecture que vous avez choisi. 
Rappelez-vous : 
« S'il me manque l'amour, je ne suis rien »
J'aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne me sert à rien.
L'amour prend patience ; l'amour rend service ; l'amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d'orgueil ; il ne fait rien d'inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s'emporte pas ; il n'entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L'amour ne passera jamais. (1 Cor 13)
Cet amour, vous l'avez reconnu en vous et pourtant il parle de Dieu, il parle de son Fils, mort sur la Croix. Un amour qui « espère tout, qui endure tout. Un amour qui « ne passera jamais »
Quand je me suis marié, moi aussi, j'ai été porté par un beau texte que j'avais choisi le jour de mon mariage et qui disait à peu près ça : « oubliant le chemin parcouru je me laisse saisir par l'amour ». je vous souhaite de vous laisser saisir par ces textes que vous avez choisi, car c'est un chemin, une course infinie.
Quel est l'enjeu ?
Devenir « le sel de la terre. (...)  la lumière du monde. (...) Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5)
Je reprends cet Evangile que vous avez vous-même sélectionné.
Le sel de la terre.
Qu'est-ce que le sel...? 
Une saveur, un amplificateur de goût, un réveil des sens ? 
Ce n'est pas rien d'être le sel de la terre. Cela implique, pour Jésus, de réveiller l'amour là où il a perdu son goût, d'aller jusqu'au bout de l'amour. Lui a été jusqu'à La Croix. Et vous, jusqu'où irez-vous ?
Tout à l'heure vous allez vous engager l'un vers l'autre pour la vie, pour le meilleur et pour le pire. Pour le meilleur vous n'aurez pas forcément besoin de Dieu. Peut-être pourrez-vous lui dire un petit merci....
Pour le pire, vous vous demanderez où Il est passé ? Et vous serrerez les dents, comme vous avez su le faire dans le passé. Et bien, même si vous ne sentez pas sa Présence je vous assure qu'il sera là. Parce qu'il est Amour. Parce qu'il vous aime. Parce qu'il vous a choisi l'un comme l'autre. Parce qu'il vous a conduit l'un à l'autre.
Par votre façon de vivre, par votre ouverture aux autres, vous êtes déjà sur cette voie. Que dire ? 
L'Amour est plus fort que la mort, les souffrances, les obstacles, les chaos de la vie.
Aimer pour la vie c'est entrer dans l'Espérance de la résurrection 
Ce qui compte c'est cette symphonie, cette maison vivante que vous constituez et que vous n'allez pas cesser de construire.
L'amour qui coule déjà en vous est un Fleuve immense, une source de lumière pour les autres 
Un Amour qui ne cesse de jaillir...
Je vous souhaite de continuer à vivre ce chemin sans faillir. Votre amour est signe. Qu'il le devienne pour tous ceux qui vous entourent. C'est dans l'amour donné, partagé, débordant que Dieu se manifeste, qu'il agit, et qu'il vous soutient...

15 mars 2019

Au fil de Matthieu 5,20-26. - pardon préalable à l’autel

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : 'Tu ne commettras pas de meurtre', et si quelqu'un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu'un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu'un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d'accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou. »

Nous devrions tout contempler à l'aune de la Croix. C'est elle et elle seulement qui donne la mesure de l'amour. Quel est le poids de nos actes en « milligrammes de la Croix ». Nos actes sont fétus de paille et notre miséricorde bien légère sur cette balance. 

Écoutons sur ce point deux pères de l'Église :
« Le Christ a donné sa vie pour toi et tu continues à détester celui qui est un serviteur comme toi ? Comment peux-tu t'avancer vers la table de la paix ? Ton Maître n'a pas hésité à endurer pour toi toutes les souffrances, et tu refuses même de renoncer à ta colère ?... « Un tel m'a gravement offensé, dis-tu, il a été tant de fois injuste envers moi, il m'a même menacé de mort ! » Qu'est-ce que cela ? Il ne t'a pas encore crucifié comme ses ennemis ont crucifié le Seigneur.
Si tu ne pardonnes pas les offenses de ton prochain, ton Père qui est dans les cieux ne te pardonnera pas non plus tes fautes (Mt 6,15). Que dit ta conscience quand tu prononces ces paroles : « Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié » et ce qui suit ? Le Christ n'a pas fait de différence : il l'a versé son sang aussi pour ceux qui ont versé le sien. Pourrais-tu faire quelque chose de semblable ? Lorsque tu refuses de pardonner à ton ennemi, c'est à toi que tu causes du tort, pas à lui... ; ce que tu prépares, c'est un châtiment pour toi-même au jour du jugement...
Écoute ce que dit le Seigneur : « Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande »... Car le Fils de l'homme est venu dans le monde pour réconcilier l'humanité avec son Père. Comme Paul le dit : « Maintenant Dieu a réconcilié avec lui toutes choses » (Col 1,22) ; « par la croix, en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,16) » (1) 



« Rien ne nous encourage tant à l'amour des ennemis, en lequel consiste la perfection de l'amour fraternel, que de considérer avec gratitude l'admirable patience du plus beau des enfants des hommes. Il a tendu son beau visage aux impies pour qu'ils le couvrent de crachats. Il les a laissés mettre un bandeau sur ces yeux qui d'un signe gouvernent l'univers. Il a exposé son dos au fouet. ~ Il a soumis aux pointes des épines sa tête, devant laquelle doivent trembler princes et puissants. Il s'est livré lui-même aux affronts et aux injures. Et enfin il a supporté patiemment la croix, les clous, la lance, le fiel, le vinaigre, demeurant au milieu de tout cela plein de douceur et de sérénité. Il fut mené comme une brebis à l'abattoir, il s'est tu comme un agneau devant celui qui le tondait, et il n'ouvrit pas la bouche. ~ 

En entendant cette admirable parole, pleine de douceur, d'amour et d'imperturbable sérénité : Père pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ?

Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser ; Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience ; c'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s'ils l'avaient su, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils pensent qu'il s'agit d'un transgresseur de la Loi, d'un usurpateur de la divinité, d'un séducteur du peuple. Je leur ai dissimulé mon visage. Ils n'ont pas reconnu ma majesté. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font.

Pour apprendre à aimer, que l'homme ne se laisse donc pas entraîner par les impulsions de la chair. Et afin de n'être pas pris par cette convoitise, qu'il porte toute son affection à la douce patience de la chair du Seigneur. Pour trouver un repos plus parfait et plus heureux dans les délices de la charité fraternelle, qu'il étreigne aussi ses ennemis dans les bras du véritable amour.

Mais afin que ce feu divin ne diminue pas à cause des injures, qu'il fixe toujours les yeux de l'esprit sur la sereine patience de son bien-aimé Seigneur et Sauveur. » (2) 

(1) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la trahison de Judas, 2, 6 ; PG 49, 390 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 95) , source  : l'Évangile au Quotidien 
(2) Aelred de Rievaux, le miroir de la charité, source AELF 


04 mars 2019

Au fil de Marc 10,17-27 - le jeune homme riche - Léon le Grand

« En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » (...)
Jésus posa son regard sur lui, et il l'aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s'en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d'entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »Marc 10,17-27 

Commentaire de Léon le Grand
« Quand Jésus dit : « Heureux les pauvres en esprit » (Mt 5, 3), il nous montre que le Royaume des cieux sera donné plus à l'humilité du cœur qu'à l'absence de richesses. Il n'est cependant pas douteux que les pauvres obtiennent plus facilement ce bien que les riches, car la pauvreté des uns les incline davantage à la bonté, et la richesse des autres les porte plus à l'arrogance. Et pourtant nombre de riches possèdent cet esprit qui met l'abondance au service non pas de leur prestige mais bien des œuvres de bienfaisance. Pour eux, le plus grand gain est ce qu'ils dépensent pour soulager la misère et la peine d'autrui. L'humilité du cœur est donc donnée en partage à des hommes de toute condition. On peut être égaux quant aux dispositions sans l'être quant à la fortune. Quelle que soit l'inégalité de leurs biens terrestres, il n'y a pas de distance entre ceux qui sont égaux au niveau des biens spirituels. Heureuse donc la pauvreté qui ne désire pas augmenter ses richesses d'ici-bas mais aspire à s'enrichir des biens célestes. (1)

Il y a peut-être un vase communiquant entre notre générosité et les biens célestes. On se souvient de l'autre phrase qui parle de nous rendre au centuple (également dans Marc 10) Pourtant la comptabilité de Dieu n'a jamais été celle des hommes et l'important est de percevoir que les richesses nous viennent de Dieu, ne nous appartiennent pas, mais sont destinées à la louange et l'amour. Or souvent nos peurs, nos frustrations nous conduisent malheureusement à nous crisper sur l'avoir. Réaction très humaine. 

« Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu » 

Seul Dieu, nous libère de ces adhérences comme Marc, considéré au bout du chemin comme ce jeune homme qui s'enfuit tout nu du mont des Oliviers. Parvenu grâce à Dieu à la nudité, il est libéré de toutes adhérences au mal. La contemplation du Christ élevé sur le poids de la Croix nous libère de toute servitude.

(1) Léon le Grand, Sermon 95, 2-3 : PL 54, 461-462 (trad. Orval), source  : l'Évangile au Quotidien 

08 septembre 2018

Kénose chez Thérèse de Lisieux- 2

"Abandonner son manteau (Mt 5, 40-42) c'est, il me semble, renoncer à ses derniers droits, c'est se considérer comme la servante, l'esclave des autres. Lorsqu'on a quitté son manteau (1), c'est plus facile de marcher, de courir, aussi Jésus ajoute-t-il : Et qui que ce soit qui vous force de faire mille pas, faites-en deux mille de plus avec lui. (Mt 5, 41) (2)

(1) cf. aussi mon commentaire de Exode 33 in la voix d'un fin sile
(2) Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit C, 16v, ibid p. 256

14 juin 2016

La vigne de Naboth

Une tension apparaît entre le crime d'Acab, qui mérite punition aux yeux de l'auteur de 1 Rois 21 et l'appel du Christ a aimer ses ennemis (Matthieu 5). Comment la résoudre ? Nous sommes, dans le premier cas, face à la théologie de rétribution,  typique de l'Ancien Testament qui punit l'homme de ses fautes et, à l'inverse,  dans l'Evangile, devant l'amour miséricordieux de Dieu.

L'Ancien Testament n'apporte pas toutes les réponses et en prêtant à Dieu l'intention de punir les fils pour la faute des pères,  l'auteur cherche surtout une interprétation à ses propres malheurs.  Est-il lui même en exil,  cherche-t-il à comprendre pourquoi il semble maudit de Dieu ?  Est-ce à cause de la faute de ses pères ?

"Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu'il se convertisse et qu'il vive", trouvera t'on plus loin dans l'AT (Ézékiel 33, 11). C'est la qu'est la clé de notre tension, et le psaume 50, nous indique la voix. Pitié pour nous, car nous sommes pécheurs.

Ne jugeons pas la faute d'autrui,  gardons nous seulement de retomber dans la notre.

L'amour des ennemis est notre chemin, c'est celui du Christ.