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29 octobre 2018

Au fil de Luc 13, 10 - Chemins de liberté

« En ce temps-là, Jésus était en train d'enseigner dans une synagogue, le jour du sabbat. Voici qu'il y avait là une femme, possédée par un esprit qui la rendait infirme depuis dix-huit ans ; elle était toute courbée et absolument incapable de se redresser.
Quand Jésus la vit, il l'interpella et lui dit : « Femme, te voici délivrée de ton infirmité. »
Et il lui imposa les mains. À l'instant même elle redevint droite et rendait gloire à Dieu » (Luc 13, 10-12) TL

Commentaire :
Une lecture spirituelle pourrait voir l'Église pécheresse dans les bras de Dieu et notre méditation devient prière. Seigneur, vois nos addictions et nos adhérences au mal, redresse nous de ce qui nous conduit au mal, aide-nous à nous libérer de ce qui nous éloigne de toi.
« C'est pour la liberté que le Christ nous a libérés » (Ga 5,1). En lui, nous communions à « la vérité qui nous rend libres » (Jn 8,32). L'Esprit Saint nous a été donné et, comme l'enseigne l'apôtre Paul, « là où est l'Esprit, là est la liberté » (2Co 3,17). Dès maintenant, nous nous glorifions de la « liberté des enfants de Dieu » (Rm 8,21).(1)

« L'Église, il faut s'acharner à la rendre aimable. L'Église, il faut s'acharner à la rendre aimante.

L'Église, société de pécheurs, m'entraîne dans le mouvement de sa vie.
Je ne peux dire ni "elle" ni "moi", mais seulement "nous".
Dire ce "nous", c'est dire l'Église.

Parce que nous rêvons d'un Christ-Église triomphant aux yeux des hommes, nous ne savons pas toujours nous souvenir que le mystère du Christ est le mystère de l'Église et que jusqu'à la fin des temps il sera le sauveur humilié, camouflé sous des hommes limités et pécheurs, et que c'est en eux qu'il nous faudra le reconnaître.

Nous avons quelquefois vis-à-vis de l'Église, l'attitude de quelqu'un qui veut un certificat de bonne conduite. L'Église ne conduit pas, elle est et nous sommes en elle. Elle est le Corps du Christ et nous sommes membres de ce Corps.
Notre dépendance, notre dévouement vis-à-vis d'elle, s'ils exigent des actes extérieurs, des signes, sont avant tout une dépendance et un dévouement interne, vital. Notre dépendance, vis-à-vis de ce Corps qu'elle est, est considérable.
Mais notre initiative, notre responsabilité, notre fonction sont, elles aussi, considérables. Nous y sommes providentiellement irremplaçables. Nos soumissions et nos initiatives y sont à égalité : obéissance, comme pour les cellules d'un corps qui seraient à la fois intelligentes et aimantes.
Une seule cellule peut infecter tout l'organisme; une seule cellule peut laisser passer l'aiguille qui le sauve.

J'appartiens à Jésus-Christ dans l'Église catholique.
L'Église, je suis dedans comme un membre dans le corps, comme une cellule dans un organisme vivant. Elle me transmet la vie des enfants de Dieu.

C'est dans l'Église que je suis en Jésus-Christ, que je vis Jésus-Christ; dans l'Église comme un membre dans un corps, comme une cellule dans une matière vivante.
Ma vie personnelle chrétienne est la conséquence de cette vie commune de l'Église. »(2)

«Soyez bons les uns envers les autres, pleins d’une tendre bienveillance; faites-vous grâce, comme Dieu vous a fait grâce dans le Christ.» Ephésiens‬ ‭4:32‬


(1) citations reprises du CAC n.1739-1742, source Evangelizo
(2) Madeleine Delbrêl in "Nous autres, gens des rues", "Indivisible Amour" et "La Joie de croire")

23 août 2018

Au fil de Luc - 6, 20 - Les pauvres

"Heureux vous les pauvres,  le royaume des cieux est à eux" Luc 6, 20

Commentaire :
Il faudrait un livre entier pour traiter du sujet et le hasard me conduit vers "le visage des pauvres" publié en 2016 par l'AES (1).

Dans un premier colloque Emmanuel Aumônier y reprend les propos du cardinal Saliège en 1938 sur les "installés".  Une tentation qui nous guette,  à nous qui avons tout.  La porte est étroite (Mat, 19, 24) pour ceux qui amassent et jouissent de richesse sans entendre le cri du pauvre. Il ne suffit pas d'évoquer Lévinas ou Madeleine Delbrel.  Le visage du souffrant doit rester cette épine dans la chair de tout homme. La réponse au cri n'est pas écrite. Elle est aussi infinie que le cri.

(1) François Xavier de Guilbert, Le visage des pauvres, annales de l'AES, 2016

30 janvier 2018

Madeleine Delbrêl - En chemin vers la sainteté

L'actualité rejoint nos chemins de lecture. Pour ceux qui cherchent à découvrir cette petite porte vers le ciel, je vous invite à explorer la cinquantaine de « tags » sur madeleine Delbrêl dans ce blog.

28 août 2016

Course ignatienne

De l'indifférence à l'élection, c'est finalement devenir transparent ‎à la Personne qui envoie, être "représentant de Dieu", dans l'apostolat (cf. à ce sujet les propos déjà rapportés de Madeleine Delbrêl), pour la (seule) et plus grande gloire de Dieu.

"C'est à Son service que l'existence voudrait se consumer dans l'ardeur de son amour" (...). Cette vocation conduit à un "dynamisme" qui fait que "la grâce et la mission de Dieu n'a rien d'incroyable et d'impossible" (1).

On retrouve dans les propos de Balthasar sur Ignace, cette impression de course déjà notée chez Paul et Grég‎oire de Nysse.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 163-4

09 février 2016

De l'humilité à l'Église

Si je suis bien les propos de Balthasar qui part du postulat que l'humanité du Christ est la voie principale, "l'accès ouvert vers le Père" (1), le processus d'expropriation de l'homme, de décentrement, trouve son aboutissement dans une humilité extrême qui conduit l'homme à "renoncer à sa nature individuelle au profit d'une anima ecclesiastica" (2), c'est à dire qu'il n'est plus rien qu'une âme vouée à plus grand que lui-même, cette Église des saints auquel il donne tout.

On entre ici en correspondance avec l'obéissance décrite chez Madeleine Delbrêl par B. Pitaud dans son petit complément à la lettre des Amis de Madeleine Delbrêl sur les prêtres ouvriers où il insiste sur cette fidélité malgré tout à l'Église en 1953, alors même que la crise fait rage. Cette obéissance est chemin, non parce qu'elle serait une forme de soumission aveugle mais bien parce que Madeleine a compris combien l'Église prime ici sur l'individuel.‎ "On ne fait rien de bon en dehors de l'Église. On ne peut annoncer Jésus-Christ que si l'on est soi-même greffé à son Corps".

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition, tome 1, Cerf DDB, 1965-1985, (GC1) p. 212
(2) ibid p. 216
(3) Bernard Pitaud, Supplément n. 91 à la Lettre aux Amis de Madeleine Delbrêl, p. 11


04 février 2016

Le culte de l'obéissance

Je poursuis ma lecture commentée de la lettre à Louise Brunot, sur les traces de Bernard Pitaud(1). Si elle insiste sur notre mort, c'est que notre naissance à Dieu au sens de Jean 3 se fait "à proportion" de notre mort. C'est à dire que tout abandons, de l'obéissance à notre père spirituel  jusqu'au renoncement qui nous conduit à "obéir au métro qu'on rate" est à la fois obéissance au monde, renoncement à "sa volonté propre" et de ce fait abandon au vouloir de Dieu sur nous. Plus qu'un regard mystique sur le monde, c'est aussi une hygiène de vie, un retour au centre
 Non pas ce que je veux mais ce que Tu veux.

(1) supplément 99 de la lettre que Amis de Madeleine Delbrêl, op. Cit p. 3


03 février 2016

Visage intérieur

‎"Prendre conscience du jardin intérieur (...) causer interminablement avec le Verbe fait chair et nous enfoncer dans son visage" (1)
L'expression est bizarre. S'enfoncer dans le visage. Que veut dire Madeleine Delbrêl dans cette métaphore ? Probablement que derrière le visage réside l'âme, derrière l'apparence demeure le Saint des Saints, ce coeur auquel on ne parvient que lorsqu'on a fait silence, fait taire notre "propre brouhaha", quand au delà de l'émotion causée par le visage on se laisse mouvoir par autre chose, par l'Esprit qui nous conduit à Dieu.

Pour cela, précise-t-elle‎ il faut atteindre "la volonté de ne plus vouloir", se couler dans "l'obéissance qui tue si bien notre volonté" qui n'est plus alors esclavage, mais liberté de celui qui a trouvé sa voie, qui n'écoute plus les tentations du monde, mais l'amour qui se cache en nous pour éclore.

(1) Lettre à Louise Brunot du 4 janvier 1933, cité dans le supplément 99 de la Lettre aux Amis de Madeleine Delbrêl.

02 février 2016

Le pauvre attendu

"La présence réelle du Christ dans le pauvre connu en tant que personne est peut-être, quand elle est vraiment crue, ce qui peut faire éclater n'importe quelle situation sociale et la rendre authentiquement chrétienne. Le pauvre ne doit pas être quelqu'un de supporté, de toléré mais d'attendu". (1)
Ne rejoint-on pas là ce que Levinas appelle l'irruption du visage de l'autre, l'appel du visage ? Peut-être va t-on même plus loin encore. Car pour Madeleine Delbrêl il n'y a pas de limite à l'appel. On ne peut pas dire : "on fera ceci jusqu'ici - Cela jusque-là. Il ne nous doit jamais rien. C'est nous qui lui devons ce que nous devons au Christ lui-même". (2)
Les propos sont forts. Ils nous interpellent jusqu'aux jointures de l'âme (Heb 4, 14)‎ et font écho à cette parabole de la compassion de Luc 10.

(1) Madeleine Delbrêl, AMD IV, note de 1964, La joie de croire, p. 88, cité dans le supplément n. 103, op. Cit p. 2.
(2)‎ ibid.

Leçons de pauvreté

"Seuls des hommes qui auront accepté du Christ [une] leçon pauvreté et de douceur pourront comme l'ont pu les saints révéler les secrets des Béatitudes qui sont en effet les mêmes pour tous" (1) 
Il y a, en effet, me semble-t-il, une pédagogie du Christ qui, en nous conduisant jusqu'au vide et à la nuit, nous laisse découvrir la porte étroite. 
A contempler.

(1) Madeleine Delbrêl, lettre ‎à Jean Durand du 4 septembre 1951, cité dans le supplément au n. 103 de la lettre aux Amis de Madeleine Delbrêl de janvier 2016.

22 décembre 2015

Nuit - Saint Jean de la Croix

Pourquoi nous parle-t-il‎ de la nuit ? Qu'est-ce que cela dit de l'humilité de Dieu ? "Cette source éternelle bien cachée, pourtant je l'ai trouvée, mais c'est de nuit. (...) ne sais son origine, mais que de toute origine d'elle jaillit, je le sais, mais c'est de nuit." (1)

Prix de notre liberté que cette kénose divine, que cette lumière noire comme le disait Madeleine Delbrêl. 

(1) Saint Jean de la Croix, Poème écrit dans le cachot de Tolède, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, op. Cit p. 152

09 décembre 2015

Jacques Loew - chemin spirituel

Nous poursuivons notre quête avec la lecture de Mon Dieu dont je suis sûr, de Jacques Loew (1) prêtre déjà croisé, car proche de Madeleine Delbrêl‎. Ce livre est avant tout une contemplation de ses 50 ans de vie chrétienne. Les premières pages retracent sa conversion intérieurs ponctuée d\'un verbatim de saint Augustin que l'on peut citer comme un itinéraire : 
1) Tu nous a fait pour Toi mon Dieu ! Et notre coeur est inquiet jusqu'à ce qu'il ne repose en toi (2)
2) Les choses restent muettes pour l'un, tandis qu'elles répondent à l'autre. Ou, pour mieux dire, elles parlent à tous, mais ceux-là seuls qui comparent cette voix venue de dehors avec la vérité qu'ils portent en eux (3)
Maritain se glisse dans cet itinéraire avec cette phrase sublime qui invite à une réceptivité "où nous sommes devenus assez disponibles assez vacants, pour entendre ce que toutes choses murmurent et pour écouter au lieu de fabriquer des réponses" (4)
Viens alors cette dernière citation de Augustin que l'on n'a pas fini de déguster : 'tard je t'ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimée ! Mais quoi ! Tu étais au dedans de moi, et j\'étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c'est au dehors que je te cherchais (...) Tu m'as appelé, et ton cri a forcé ma surdité' (5)

Si l'on peut trouver dans la première phrase des accents rahnériens la dernière évoque pour moi Gn 3, ce cri de Dieu vers l'homme : 'où es-tu ?'. Ce cri que l'on ne veut pas entendre, quand nos adhérences nous conduisent loin du chemin, nous éloignent de Dieu.‎
‎(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr,‎ fayard Mame 1982
(2) Cité p. 34‎
(3) Confessions X, 10‎
(4) Jacques Maritain, Sept leçons sur l'être. P. 56, 60‎, cité par Loew p. 45
(5) Confessions X, 27

02 décembre 2015

Anéantissement

Qu'Olier introduise "l'anéantissement de soi" (1) comme une piste spirituelle semble abrupt pour Chaillot, comme probablement pour le lecteur d'aujourd'hui. Deux remarques sont à faire.
1) L'image qui évoque d'ailleurs le mystère de l'Eucharistie  rejoint ce que nous avons noté encore récemment chez Ignace d'Antioche comme ce "tout est rien" souligné chez Thérèse d'Avila et chez Saint Jean de la Croix.

2) le lien avec l'Eucharistie rapproche des théories kenotiques décrites notamment chez Balthasar et David Brown. On est donc au confluent de plusieurs écoles qui ne font que résonner avec la kénose décrite en Philippiens 2. On rejoint aussi l'image récemment citée chez Madeleine Delbrêl à propos du blé broyé, qui rappelle également le coeur brisé du Psaume 50.
Mais ce qui est en jeu est probablement cette venue en nous du Christ, au point qu'Olier nous appelle à devenir des "Jésus-Christ ‎vivants". (2)

‎(1) Gilles Chaillot, ibid p. 14
(2) p. 15

29 novembre 2015

Une vie apostolique et missionnaire

Cette vie intérieure dont parle Olier n'est pas pour autant une vie individualiste, mais bien ancrée dans le Corps total. Elle est articulation entre prière et vie ecclésiale pour que toute la vie s'imprègne de cette vie intérieure et se manifeste dans sa pleine dimension "apostolique et missionnaire". (1)

Les hommes apostoliques étant les chrétiens "porteurs de Jésus Christ".

Ici s'éclaire ce que nous avions noté chez Madeleine mais qui restait difficile à comprendre dans les propos de Bernard Pitaud : il montrait l'opposition entre apostolat et mission sans en préciser les nuances.

La notion de "porteur de Jésus Christ" renvoie pour moi à cette catéchèse des premiers siècles où cette expression de porte-Christ à été utilisée. Que signifie-t-elle vraiment ? Si l'agir n'est pas habité par le Christ, c'est "une symbale qui résonne". Or que veut dire Paul en 1 Cor 13 ?  La charité ne peut venir de nous. C'est un trésor reçu de Dieu.

Nous ne sommes que des porte-manteaux de Dieu. Petite structure fragile enveloppée d'une gloire qui ne vient pas de nous : la Croix présente et douloureuse ‎de celui qui est tout amour.

(1) Gilles Chaillot : Monsieur Olier, Maître spirituel, la vie d'oraison, supplément au n. 220 des Cahiers sur l'oraison, troussures, 1988, réédition, Langeac 2005, p 13


26 novembre 2015

Utilité de la souffrance

A propos de la souffrance, sujet constant de réflexion sur ce blog depuis mon mémoire de licence, je ne peux ignorer ce petit texte de Madeleine, tiré d'une lettre à une amie polonaise. Il fait pour moi résonner encore cette Lettre au Romains d'Ignace d'Antioche déjà évoqué plus haut sur le froment du Christ. Face à la souffrance, dit Madeleine, "il ne nous est pas demandé à ce moment là d'être fort. On ne demande pas au blé d'être fort quand ‎on le broie mais de laisser le moulin en faire de la farine (...) Il est rare à ces moments là que nous comprenions en quoi que ce soit l'utilité de la souffrance. Elle ne nous apparaît que comme une monstrueuse contradiction... Nous ne reconnaissons pas la Croix en elle. C'est après seulement qu'il nous arrive de comprendre que par cette souffrance, nous sommes devenus ce que nous sommes" (1)

Qu'est à dire, si ce n'est le même mouvement de décentrement auquel aboutit Job : "j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien" (2) ?


(1) Madeleine Delbrel, lettre à Joanna Muni, 5/11/62 in Gilles François / Bernard Pitaud op. Cit P. 288
(2) Job 42, 3

24 novembre 2015

Pain brisé

A propos de mon étude en cours sur les chemins de l'humilité, ce petit extrait (1) de Madeleine est à ranger à côté de cette belle phrase de saint Ignace d'Antioche(2) qui voulait être la farine du Christ. Je vous laisse contempler ce qu'elle écrivait le 18/11/53 à un prêtre ouvrier, en plein milieu de la crise de leur dissolution. 
"Ce sont toujours les mêmes contractions qui ont toujours broyé les saints (...) appauvri et rapetissé à travers les secousses cruelles et sanglantes mais organiques de l'obéissance, le Christ-Église à continué de naître dans le monde".

On y retrouve cette expression de Christ-Église, déjà croisée dans Nous autres gens des rues et qui souligne‎ l'indissoluble unité à laquelle Madeleine restera attachée jusqu'au bout.

On y retrouve le drame de ces renoncements si caractéristiques de la période pré-conciliaire (voir des accents identiques dans le journal de Yves Congar de la même époque). Ces souffrances de l'obéissance sont les germes qui ont permis, à leur manière, le Concile. Il trace le chemin de l'Esprit au sein de l'Église.

(1) cité par Gilles François / Bernard Pitaud, ibid p. 235
(2) Lettre au Romains

23 novembre 2015

Alliance ou salut

Dans la foulée de ses propos sur apostolat et mission, Bern‎ard Pitaud poursuit sur la distinction de Madeleine entre alliance et salut. L'alliance (qui n'est pas à prendre au sens biblique) c'est finalement ne pas se contenter de côtoyer l'incroyant. Le salut, c'est lui ouvrir la porte de la miséricorde et l'accès au divin, qu'il rejette au non d'un "isme" quelconque (qu'il soit marxisme, laïscisme, rationalisme ou autre). 

(1) ibid p. 231

22 novembre 2015

Mission ou apostolat ?

Bernard Pitaud (1) insiste plus que ne l'avait fait Jacques Loew (2) sur la distinction chez Madeleine entre apostolat et mission. A son retour de Rome, il semblerait que Madeleine ait cherché à comprendre pourquoi Pie XII lui avait répété 3 fois ce terme d'apostolat qu'elle semble interpréter comme une urgence à annoncer "la gloire de Dieu"(1)
On pourrait gloser sur cette différence et sur le risque que la mission peut être donnée par soi et non donnée de Dieu. A la suite des propos de Ratzinger (3) sur l'importance du lien apostolique on pourrait aussi souligner que l'apostolat est affaire de prêtre. Mais l'apostolat des laïcs en ligne avec la "théologie du Laïcat" chez Congar n'est pas à prendre à la légère. Se faire témoin de la gloire de Dieu n'est pas annoncer naïvement son existence alors que la mort de Dieu est proclamée. C'est peut-être retrouver le chemin d'une théologie de la Croix où cette dernière est la plus manifeste. C'est aussi le culot de ne pas nier son existence, sans l'imposer, mais en le laissant habiter et transpirer en nous.

(1) Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl Poète, assistante sociale et mystique, Paris, Nouvelle Cité, 2015, p. 228
(2) in Nous autres gens des rues 
(3) Les principes de la théologie catholique

20 novembre 2015

Au fond de notre coeur

A la suite de Charles de Foucauld, mais tels des porte-Christ ordinaires, il nous reste à établir nos âmes "comme autant de creux de silence où la Parole de Dieu peut se reposer et retentir" (1)

(1) Madeleine Delbrel, ibid p. 191


19 novembre 2015

Racines d'humilité

Pour suivre ce que Madeleine suggère sur la différence entre les oeuvres et l'inhabitation par Dieu, il nous faut contempler ce qu'elle dit dans "S'unir au Christ en plein monde" (1)‎ :

"Dans n'importe quelle sainteté il faut une racine d'humilité qui nous mette le nez en terre et nous rende capable de prier. Dans l'autre sens, la ligne pique en plein ciel : c'est la prière. Tous les saints inventés par Dieu n'ont pu être saints qu'en étant humbles".

Pourquoi cette voie ? Probablement parce que nos oeuvres seules risquent de nous laisser croire qu'elles sont de notre fait, alors qu'elle n'ont de sens que si elles viennent et sont portées par et en Dieu. C'est dans notre vie intérieure que s'opère le décentrement le plus radical et dès que nous prenons de la distance avec elle rejaillit la tentation du valoir.

"Tu es celle qui n'est pas", poursuit-elle, rejoignant, selon Bernard Pitaud le néant de saint Jean de la Croix (2). Nous en parlions longuement dans notre analyse "chemin du désert" à propos du "tout est rien" de Thérèse d'Avila‎. Seule cette manière de contempler nos actes nous rapprochent véritablement de Dieu. Le reste est orgueil et vanité.

(1) op Cit p. 133, cité par Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, Poète, assistante sociale et mystique, op Cit p. 185
(2) Pitaud, op Cit p. 186

17 novembre 2015

Activisme et agir - 2

Une des illustrations des propos rapportés plus haut sur ce thème est dans la réflexion posée par Madeleine dans "missionnaires sans bateau" en 1943 : "On ne peut être missionnaire sans avoir fait en soi cet accueil franc, large, cordial, à la parole de Dieu , à l'Evangile" (...), pour qu'elle se "fasse chair en nous. Et quand nous serons ainsi habités par elle, nous devenons aptes à être missionnaires" (1)

On est là au coeur de l'inhabitation‎ véritable et nécessaire qui transforme l'homme en instruments de Dieu. Un chemin d'humilité ( kénotique).


(1) Madeleine Delbrêl, Oeuvres complètes, La Sainteté des gens ordinaires, tome 7, Paris Nouvelle Cité, 2009,  p. 89