Affichage des articles dont le libellé est Charité. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Charité. Afficher tous les articles

01 septembre 2018

La juste place - St Jean Chrysostome

"Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne l'honore pas ici dans l'église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. (...)   Commence par rassasier l'affamé et, avec ce qui te restera, tu orneras son autel. Tu fais une coupe en or, et tu donnes pas un verre d'eau fraîche ? Et à quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d'or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu'y gagnes-tu ? Dis-moi donc : Si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable, et que tu l'abandonnes pour recouvrir l'autel d'un revêtement précieux, est-ce qu'il va t'en savoir gré ? Est-ce qu'il ne va pas plutôt s'en indigner ? Ou encore, tu vois le Christ couvert de haillons, gelant de froid, tu négliges de lui donner un manteau, mais tu lui élèves des colonnes d'or dans l'église en disant que tu fais cela pour l'honorer. (...) lorsque tu ornes l'église, n'oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l'autre." (1)

Un texte qui a longtemps été oublié ?

(1) St Jean Chrysostome, Sermon sur l'évangile de Matthieu, source AELF

11 mai 2018

Image de Dieu ? - Gaudete et Exsultate 98

« Quand je rencontre une personne dormant exposée aux intempéries, dans une nuit froide, je peux considérer que ce fagot est un imprévu qui m'arrête, un délinquant désœuvré, un obstacle sur mon chemin, un aiguillon gênant pour ma conscience, un problème que doivent résoudre les hommes politiques, et peut-être même un déchet qui pollue l'espace public. Ou bien je peux réagir à partir de la foi et de la charité, et reconnaître en elle un être humain doté de la même dignité que moi, une créature infiniment aimée par le Père, une image de Dieu, un frère racheté par Jésus-Christ. C'est cela être chrétien ! Ou bien peut-on comprendre la sainteté en dehors de cette reconnaissance vivante de la dignité de tout être humain ? » (1)

À méditer en vue de l'agir.

(1) Pape François, Gaudete et Exsultate n. 98

04 novembre 2016

Le gérant malhonnête - Luc 16


Paul nous le souligne dans la première lecture : "Ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ". ( Ph. 3). On pourrait y voir un élitisme.  Ne s'agit il pas plutôt d'une exhortation,  car en nous réside bien les deux extrêmes,  cette adhérence au monde et l'appel divin ?

Cette interprétation prépare une clé de lecture de ce texte difficile du gérant malhonnête (Luc 16, 1-10). Elle est donné par la petite Thérèse (1) : si les gens de ce monde sont habiles en générosité,  combien plus devrions nous faire oeuvre de charité,  nous qui avons reçu de Dieu des biens en abondance.  "Donne nous un double Amour", demande-telle, soulignant qu'il nous viendra de Dieu. Reste ensuite à agir.

(1) Thérèse de Lisieux, Manuscrit autobiographique B, 4r°

25 octobre 2016

Les Pépites

Un documentaire qui vous prend aux tripes.  L'histoire d'un couple au service des plus pauvres au Cambodge, fondateurs de l'association"Pour un sourire d'enfant" www.pse.org. Actuellement en salle.  À ne pas manquer.

30 septembre 2016

Charis grecque

Continuons de suivre Balthasar qui nous conduit à Sophocle. "L'épiphanie extérieure de Dieu n'est plus nécessaire (...) c'est de l'intérieur que, dans le trépas, la souffrance fait resplendir la gloire divine. Une gloire qui ne se dérobe pas dans un insaisissable au-delà (...) La beauté de pareil salut réside dans cette courageuse et libre acceptation de la souffrance (...) il faut supporter avec courage (ce qu'envoie la divinité). Ce n'est pas avec les mots - dit Thésée - que je tiens à illustrer ma vie (...), c'est avec des actes (1)". Balthasar poursuit :"c'est cela et seulement cela la charis grecque : un bel amour, donné gratuitement et réciproquement". (2)

Que nous chrétiens trouvions ici encore des traces de ce qui sera la déréliction n'est pas fortuit.
Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi une ouverture qui mérite d'être soulignée dans la différence, la tension entre le dit et le faire, qui rejoint Pascal. Si le penseur s'est arrêté d'écrire et est passé aux actes, c'est que la raison a ses limites. La véritable charité se vit. À méditer.

(1) Prom. 88-91, cité par Hans Urs von Balthasar in GC6 p. 103
(2) GC6, ibid.

29 septembre 2016

S'ouvrir au don - 2

Le risque en effet est de se "vautrer"(Amos 6,7) dans le Même, de s'y autojustifier par des œuvres qui endorment notre culpabilité alors que le cri résonne à nos oreilles sans réveil.

"Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne l'honore pas ici, dans l'église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. Car celui qui a dit : « Ceci est mon corps » (Mt 26,26), et qui l'a réalisé en le disant, c'est lui qui a dit : « Vous m'avez vu avoir faim, et vous ne m'avez pas donné à manger » et aussi : « Chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous ne l'avez pas fait » (Mt 25,42.45). Ici le corps du Christ n'a pas besoin de vêtements, mais d'âmes pures ; là-bas il a besoin de beaucoup de sollicitude... Dieu n'a pas besoin de vases d'or mais d'âmes qui soient en or. (...) Pense qu'il s'agit aussi du Christ, lorsqu'il s'en va, errant, étranger, sans abri ; et toi, qui as omis de l'accueillir, tu embellis le pavé, les murs et les chapiteaux des colonnes, tu attaches les lampes par des chaînes d'argent ; mais lui, tu ne veux même pas voir qu'il est enchaîné dans une prison. Je ne dis pas cela pour t'empêcher de faire de telles générosités, mais je t'exhorte à les accompagner lorsque tu ornes l'église n'oublie pas ton frère en détresse, car il est un temple et de tous le plus précieux". (1)

(1) Saint Jean Chrysostome, Homélies sur l'évangile de Matthieu, n°50, 3-4 (trad. bréviaire)

22 septembre 2016

Charis chez Pindare

Au delà d'Homère et d'Hésiode, qui nous enseignent les vertus de la mesure et de la vigilance, Pindare développe le concept d'humilité, mais surtout la "charis" dans le sens du don le plus abouti, le plus spontané. Le poète "se fait le gérant de la charis divine elle-même qu'il répand comme une coupe nuptiale écumante et débordante" (1).
Il ne manque à cela, ajoute Balthasar qu'un "homme-Dieu embrassant dans son triomphe la mort comme la vie" vers la "fête éternelle". (2) et peut être, ce fleuve jaillissant dont nous parle Ez 47, 1-12.

(1) Cf. GC6 p. 76
(2) p. 77

18 novembre 2015

Irénée de Lyon - Le primat de la charité

L-a-t-on assez affirmé ? J'entendais récemment qu'une des grandes spécialités françaises étaient l'art de la parole et non des actes. Un reproche qui pourrait être collectif.  "Il est meilleur et plus utile pour nous d'être peu cultivés et peu savants et, en revanche, de nous approcher de Dieu par l'amour, que de nous croire profondément savants et expérimentés et en même temps pécher contre notre Seigneur. Voilà pourquoi Paul s'est écrié : la gnose enfle, mais la charité édifié". (1)

Cette citation de Balthasar illustre le brillant résumé de l'oeuvre de saint Irénée. Le theologien démontre que toute l'hérésie gnostique est dépassée par un seul fait : l'amour du crucifié. C'est l'incarnation du Christ qui rend toutes les théories vaines, car son amour n'est pas théorique il a pris chair et s'est fait serviteur... 

(1) Irénée de Lyon, Contre les Hérésies, 1, 345, cité par Hans Urs von Balthasar, GC2, op. Cit. p. 40

05 novembre 2015

Les compatissants - 2

Pour répondre à la question laissée sans réponse dans le post précédent il me faut entendre ce qu'elle dit à peine plus loin :
"Donne moi la charité 
pour que je baise l'empreinte de tes doigts indélébiles sur les âmes,
sur la ‎mienne comme sur la leur."

(1) ibid. p. 73

04 novembre 2015

Les compatissants

Intéressant chemin que celui de Madeleine Delbrêl en 1927 qui la conduit de l'écriture à la charité. Pour moi qui hésite encore entre les deux (peut/doit-on choisir ? )‎ je note cette strophe dédiée aux artistes qui résume bien mes essais de romans : "Dieu vous a choisis pour moissonner le blé des larmes". (1)

Loin de moi l'idée d'affirmer que j'ai été choisi par Dieu,  mais c'est pourtant bien dans cet axe que j'ai écrit "Le chant du large", "La caresse de l'ange" ou "Le collier de Blanche". Non pour me complaire dans un dolorisme morbide, mais pour souligner, à chaque fois, les germes d'espérance qui jaillissent de ces situations tragiques et révèlent les pas de Dieu à côté de l'homme.


19 octobre 2015

Kénose pratique

Éternel conflit entre l'idéal et la réalité. Dans un long diatribe sur les tentations du chrétien face à l'incroyance, je note ce petit passage qui résume tout. Quand on lui demande "ça sert à quoi la foi", le chrétien aimerait "donner une réponse éclatante, obéir avec brio aux impératifs de la charité fraternelle : nourrir, habiller, loger, etc, mais il risque de perdre de vue l'oeuvre de rédemption qui se fait avec ces actes de charité fraternelle, mais aussi avec l'effacement, mais aussi avec la prière, mais aussi avec le mystère des épreuves que Dieu invente." Bref, ce qui se joue n'est pas toujours dans les actes, mais au delà, dans l'action invisible de Dieu en l'homme. Elle poursuit d'ailleurs plus loin en précisant que le chrétien "ne réalise pas que l'évangélisation demande une proximité, une présence, un a priori de véracité" (1)‎.

C'est là peut être que se comprend la kénose de l'Église. Cette dernière ne sert qu'à être petit instrument, serviteur de l'immense oeuvre de Dieu. Un travail qu'elle ne peut contenir à elle seule.

(1) Madeleine Delbrel , Nous autres gens des rues, op Cit p. 259-260

02 décembre 2014

La charité

Je reviens d'un samedi fort instructif chez les dominicains, au 222 rue du Faubourg sur le thème de la justice, organisé par le GPCF. Nous y avons débattu de la question de notre responsabilité, à la lumière de l'intervention d'un philosophe, qui nous a rappelé ces textes d'Emmanuel Lévinas, que j'aime tant.

Nous y avons eu une discussion intéressante sur le don. Nous n'étions pas tous d'accord. J'ai entendu une phrase qui m'a frappé : "Ce n'est pas parce que je suis un catho qu'il faut tout me demander'. Une réaction qui interpelle.

La logique du don, que j'évoquai à la lumière d'Etant donné de Jean-Luc Marion est-elle inaccessible ? N'est-ce possible qu'en Dieu, avec Dieu.. En Christo  ?
La charité n'est-elle qu'une utopie. Et quels sont nos pauvres ?
Lévinas est excessif, nous dit, un peu abruptement Sibony. Le Christ l'est peut-être aussi pour le monde d'aujourd'hui ! Mais est-il mort pour rien ?

La pauvreté n'a pas disparue... Elle est multi-forme...

A propos des pauvres d'aujourd'hui, je retombe sur ce petit texte de Mère Térésa, qui met peut-être les choses en perspectives...

"Vous qui habitez en Occident, bien plus que la pauvreté matérielle, vous connaissez la pauvreté spirituelle, et c'est pour cela que vos pauvres sont parmi les plus pauvres. Parmi les riches, il y a souvent des personnes spirituellement très pauvres. Je trouve qu'il est facile de nourrir un affamé ou de fournir un lit à un sans-abri, mais consoler, effacer l'amertume, la colère et l'isolement qui viennent de l'indigence spirituelle, cela demande beaucoup plus de temps."

Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Sœurs Missionnaires de la Charité, No Greater Love, p. 93 


17 août 2014

Moingt VII - Rite et prière

Mes propos sur le primat de la charité sur le rite doivent être d'autant plus tempérés par une réflexion approfondie sur le sens même de la liturgie et au fond de l'acte commun sur notre propre lien avec la prière.  J. Moingt nous aide sur ce plan en insistant sur la prière non pas vue comme un rite mais comme, plus fondamentalement, comme une "interrogation de l'homme sur lui-même,  (...) une recherche du sens, (...) une respiration de l'âme*". 
Vue sous cet angle essentiel, la notion sous-jacente de tension entre liturgie et charité s'entend comme une danse entre amour et prière,  entre action et contemplation,  entre les pas de Marthe et ceux de Marie...

J. Moingt,  op. Cit, p. 99

26 juillet 2007

Dilection diffère de condilection

« il y a condilection à proprement parler lorsque deux amis en aiment un troisième dans une concorde de la dilection, dans une communauté de l’amour et que les affections des deux premiers s’unifient dans l’incendie de ce troisième amour » (1)
Pour Hans Urs von Balthasar, c’est seulement de cette manière que Richard dépasse la forme de l’amour déjà connue dans l’Antiquité et qu’il atteint celle du total oubli de soi, qui est la charité chrétienne, dont la perfection se trouve en Dieu. Dans cet amour, il voit aussi la plénitude de la Gloire.

(1) Richard de Saint Victor, De Trin. III, 19 cité par Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
cf. ibid II, 4 Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40

25 juillet 2007

Pesée relative

"Une once d'action vaut mieux qu'une tonne de théories...".(1) Cela renvoie à Pascal, qui après avoir publié ses pensées s'est retiré du monde pour vivre la charité auprès des plus pauvres. Ce blogue ne vaut rien s'il ne suscite en moi (ou en vous) de passer à l'action...

(1) Friedrich Engels

21 juillet 2007

Charité

Il ne peut y avoir de charité (caritas) entre moins de deux personnes, car on ne peut dire de personne qu’on éprouve de la charité pour soi-même ; bien plus, l’amour (dilectio) tend vers l’autre afin d’être charité (caritas). (1)

(1) d'après Grégoire le Grand, In Evang. 17,1 (PL 76, 1139) cité par Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 39

08 juin 2007

Déphasage

Enzo Bianchi note trois tentations.
1) Ce qu'il appelle le fondamentalisme qui refuse de se plier aux clés de l'interprétation et de l'exégèse
2) le spiritualisme qui "pense atteindre le message sans se confronter à la lettre" et
3) une version qui s'en tient à l'histoire…

On parvient pour lui à un déphasage entre la vie ecclésiale et la vie spirituelle qui fait obstacle à la lectio divina. La vie chrétienne ne se résume pas pour lui à "un vague engagement social et un style de vie altruiste fondé sur des valeurs" (1) mais à une relation personnelle avec Dieu par l'intermédiaire du Christ.

Pour moi, cette médiation par le Verbe se fait par la Parole vivante et à en deçà à son actuation dans notre charité… Une double dimension qui donne sens et qui répond au double commandement, inséparable de Dieu.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 90-91

06 janvier 2007

Prier la parole - IV


Enzo Bianchi a une petite pique contre les "faiseurs d'exercices", ce qu'il appelle la "devotio moderna" qui est souvent anthropocentrique ou égocentrique et vise les mouvements du coeur. Pour lui, la lecture de la Parole doit chercher une méditation authentique, toujours théocentrique ou christologique. La lectio "n'est jamais centrée sur soi". (1)
On rejoint ce que disait saint Augustin : si la lecture de l'Ecriture n'ordonne pas vers la charité, c'est qu'elle est faussée dans son interprétation.

Mais n'est-ce pas là toute la difficulté. Comment une lecture peut être véritable si elle n'implique l'homme dans son intériorité et comment cette lecture peut ensuite rebondir sur une "ouverture" à l'autre ET à Dieu... ?

Enzo Bianchi, Prier la Parole, Vie Monastique, nº15. p. 20