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29 avril 2018

La coupe percée

"Un corps qui saigne ne garde rien, il se vide (...) répandu sur l'univers [le corps du Christ] n'a pas de présence sans don de soi - c'est le sacrifice et [son] don est universel ; voilà pourquoi le [diacre] (...) celui qui partage la vie des hommes, leurs joies et leurs peines familiales, professionnelles, politiques... celui-là élève la coupe du sang" (1) et ce faisant, il fait de la grande doxologie finale un acte spécifiquement eucharistique, il entre ainsi dans la dynamique sacramentelle même où tout est eucharistié, partagé, offert et en cela "construit l'Église" (ibid).

(1) Mgr Albert Rouet, Diacres une Église en tenue de service, Paris, Mediaspaul, 2016, p. 166 et 164.

10 août 2017

Le ministre du sang

On s'interroge souvent sur la symbolique du geste du diacre lors de l'anamnèse. Pourquoi présente-t-il le calice à la foule ? Une des clés de réponse est à trouver entre les lignes chez Ambroise de Milan dans le récit fu martyre de Laurent,  diacre de l'évêque Sixte : "Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre ! ... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »... Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... » Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Église. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : 'Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif." (1)

(1) Saint Ambroise, Des Offices des ministres I,84 ; II,28 ; PL 16,84 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 468)

24 août 2016

Caisse de résonance de l'Esprit Saint - Catherine de Sienne

Pour Balthasar, la voix de  ‎Catherine de Sienne, en se faisant l'écho de la parole biblique, est une "caisse de résonance de l'Esprit Saint et de l'âme ecclésiale" où l'Évangile est perçue comme "la profondeur de l'Être infini lui-même" (1). Pour elle, qui parvient au véritable décentrement, "l'âme ne se plaint pas, parce que sa volonté n'est plus sienne" (...) "elle désire ardemment correspondre à ce que Dieu réclame et attend; ce à quoi tend le désir (...) la manifestation de la gloire de Dieu dans son oeuvre de salut". (2)

Chez Catherine, on trouve aussi une phrase qui fait écho à notre thème de l'année : "Ma miséricorde est incomparablement plus grande que tout les péchés que peuvent commettre toutes les créatures ensemble" (3). Le Christ est ainsi pour elle un "pont"* entre le ciel et la terre qui nous a conféré le pouvoir d'aimer (4)‎.

Enfin, Balthasar souligne l'attachement de Catherine à l'image du Sang du Christ, qui coule par sa plaie ouverte, source infinie d'amour de celui qui s'est donné pour nous...


(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 153.
(2) p. 154
(3) Dialogue, 132
(4) Dialogue de Sainte Catherine de Sienne, 136, cité p. 155

* Image qui rejoint "le dernier pont", un petit travail de recherche repris dans "sur les pas de Jean".


10 mars 2016

Les innocentes, Film d'Anne Fontaine

Il m'a fallu du temps pour percevoir l'ampleur du message théologique d'Anne Fontaine,  dans ce film dramatique quii évoque le viol de religieuses par des soldats russes à la libération. 

Ce qui en ressort après huit jours de "digestion" du drame, c'est que l'on est porté par ce film dans le mystère même de l'incarnation. 

Le contraste entre ces chants de moniales et l'horreur est révélé au coeur de ce qui se prépare : des enfants à naître qui sont autant de Christs innocents,  plongés dans le "sang de l'agneau" ( Ap 7.14) et vainqueurs de toutes haines,  parce que "figures d'espérance".

A contempler...

12 juin 2015

Source du côté du Christ

"Du côté du Christ endormi sur la Croix, surgit l'Église" nous rappelle saint Bonaventure (1) en ajoutant que "la sagesse divine a bien voulu que la lance d'un soldat ouvre et transperce ce côté. Il en sortit du sang et de l'eau, et c'était le prix de notre salut qui s'écoulait ainsi. Jailli de sa source, c'est-à-dire du plus profond du cœur du Christ, il donne aux sacrements de l'Église le pouvoir de conférer la vie de la grâce et, à ceux qui ont déjà en eux la vie du Christ, il donne à boire de cette eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle".

Nous retrouvons là l'essence même de ce que j'appelle la dynamique sacramentelle...

(1) in L'Arbre de vie, 29-30, 47 (trad. cf bréviaire Sacré Cœur et Orval) source AELF,  office des lectures en la solennité du Sacré Coeur.

Oecumenisme du sang - pape François

Dans une belle méditation sur la Samaritaine et la soif du Christ qui est une "soif de rencontre" et de dialogue,  le pape nous invitait à une unité qui "se fait sur le chemin,  (...) en marchant"

« L’engagement commun à annoncer l’Évangile permet de dépasser toute forme de prosélytisme et la tentation de compétition », a-t-il souligné à Saint-Paul hors les murs le 25 janvier 2015.  « Nous sommes tous au service de l’unique et même Évangile ! », a-t-il conclu, faisant de nouveau ressortir le fait que ceux qui persécutent aujourd’hui les chrétiens dans le monde ne distinguent pas l’Église à laquelle ils appartiennent. Ce que le pape François appelle « l’œcuménisme du sang ».

Cela souligne aussi pour moi cette inguérissable souffrance de la séparation. Pouvons nous continuer à déchirer la tunique unique au lieu de travailler sens à construire l'unité, dans et au seuil de nos églises.

01 octobre 2007

Sang et eau

Le témoignage de l’Esprit n’est rendu qu’en commun avec l’eau et le sang. Si l’Esprit apparaît comme eau vive, il faut aussi, affirme Hans Urs von Balthasar, que le sang du Christ soit bu en même temps. Cela implique un sens plus large qui met l’Esprit dans l’Eglise. (1) Coïncidence, mais je trouve le même discours dans Jésus de Nazareth de Benoît XVI, p.265 à 267…

Et en effet, c’est le cœur de l’incarnation qui est en jeu. A la source idéale se joint l’exigence de la terre : aimer non l’être iréel mais l’être incarné, celui qui se révèle dans son frère. « Quand vous avez servi un verre d’eau… , c’est à moi que vous l’avez fait »

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 13