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11 août 2022

En route vers la Galilée - 6

 

Voici, en écho du chapitre 1, un extrait du chapitre 7 alors qu’un premier jet de l’ensemble prend forme.

Après Élie et une retraversée rapide de Gn 2 à Exode 32, nous parvenons à la quête de Moïse en Exode 33…

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Extrait :´Chapitre 7 – Voir Dieu ?

Entre les chapitres 3 et 32 du livre de l’Exode se succèdent une description de la misère du peuple, sa sortie douloureuse d’Egypte et sa traversée du désert. Nous ne nous attardons pas sur la surenchère entre violences égyptiennes et les plaies d’Egypte. Il faut entendre que cette projection tardive des scribes du VIeme siècle avant JC laisse place, avec une certaine délectation, à un Dieu vengeur très imaginaire et loin de toute réalité historique, puisque les archives égyptiennes n’en font aucune mémoire. Suit alors la lente libération du peuple qui traverse pendant 40 ans le désert, souffre de la soif et de la faim, murmure et s’éloigne du Dieu libérateur jusqu’à parvenir à l’épisode du veau d’or, au chapitre 32. 

Pourquoi le peuple nourri par les dons de Dieu fait-il fi de cet amour débordant de Dieu ? 

Comment les scribes auteurs de ces récits mythiques ont-ils organisé l’histoire pour aboutir au sommet partiel d’une révélation ? 

Il faudrait se plonger, voire même se noyer dans l’Exode tout entier avec l’imaginaire bien influencé par les péplums cinématographiques des années 50, pour voir les signes progressifs de l’attention de Dieu, au-delà d’un Dieu imaginaire probablement inventé par des semi-historiens et la réalité plus prosaïque d’un petit peuple qui cherche à justifier son origine. 

Nous avons choisi de faire plutôt un raccourci rapide en explorant le terme du voyage : les chapitres 33 et 34 considérés comme le sommet de la Révélation du Pentateuque. Commençons par en faire une première lecture extensive.

Nous sommes juste après l’épisode du veau où les auteurs ont choisi à nouveau de déployer ici, avec force la colère de Dieu qui punit les coupables. Au cœur de ce récit aux accents mythiques quelque chose de Dieu transparaît et c’est ici qu’il nous semble important de s’arrêter. 


Exode 33, 1-6 – Colère de Dieu

1 Yahweh dit à Moïse : « Va, pars d'ici, toi et le peuple que tu as fait monter du pays d'Égypte; monte au pays que j'ai promis avec serment à Abraham, à Isaac et à Jacob, en disant : Je le donnerai ta postérité. 2 J'enverrai devant toi un ange, et je chasserai le Chananéen, l'Amorrhéen, le Héthéen, le Phérézéen, le Hévéen et le Jébuséen. 3 Monte vers un pays où coulent le lait et le miel ; mais je ne monterai point au milieu de toi, car tu es un peuple au cou raide, pour ne pas t'anéantir en chemin. » 4 En entendant ces dures paroles, le peuple prit le deuil, et personne ne mit ses ornements. 5 Alors Yahweh dit à Moïse : « Dis aux enfants d'Israël : Vous êtes un peuple au cou raide; si je montais un seul instant au milieu de toi, je t'anéantirais. Et maintenant, enlève tes ornements de dessus toi, et je saurai ce que j'ai à te faire. » 6 Les enfants d'Israël se dépouillèrent de leurs ornements, dès le mont Horeb. 


Le tonnerre de Dieu aperçu dans le cycle d’Elie n’est pas encore converti ici par le bruit d’un fin silence. Au chapitre 32, sa colère a éclaté dans toute sa fureur. Et pourtant le récit est prélude d’une révélation. A condition que l’homme change son cœur de pierre (ici son « cou raide »), sorte de ses certitudes (les ornements sont à proscrire, la répétition du « cou raide » insiste sur ce point avant de se traduire par un geste plein de sens : « Les enfants d'Israël se dépouillèrent de leurs ornements, dès le mont Horeb ».

Ce dépouillement rejoint le fil rouge de notre contemplation. Depuis la conduite au désert, il y a un pas à faire et quel pas ! Mais ici se prépare la mise à nu de l’homme sur le bois de la Croix !


Exode 33, 7-11 – La tente de la rencontre

7 Moïse prit la tente et se la dressa hors du camp, à quelque distance; il l'appela tente de réunion ; et quiconque cherchait Yahweh, se rendait à la tente de réunion, qui était hors du camp. 8 Et lorsque Moïse se rendait à la tente, tout le peuple se levait, chacun se tenant à l'entrée de la tente, et on suivait des yeux Moïse, jusqu'à ce qu'il entrât dans la tente. 9 Dès que Moïse était entré dans la tente, la colonne de nuée descendait et se tenait à l'entrée de la tente, et Yahweh parlait avec Moïse. 10 Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l'entrée de la tente; et tout le peuple se levait, et chacun se prosternait à l'entrée de sa tente. 11 Et Yahweh parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. Moïse retournait ensuite au camp; mais son serviteur Josué, fils de Nun, jeune homme, ne s'éloignait pas du milieu de la tente. 


Avant d’entrer dans le dialogue, observons les déplacements. Sortir du camp, aller vers la tente de la rencontre, vers cette nuée qui, déjà, guidait le peuple à travers la mer rouge et le désert.


Exode 33, 12-23 – Dialogue

12 Moïse dit à Yahweh : « Vous me dites : Fais monter ce peuple; et vous ne me faites pas connaître celui que vous enverrez avec moi. Cependant vous avez dit : Je te connais par ton nom, et tu as trouvé grâce à mes yeux. 13 Et maintenant, si j'ai bien trouvé grâce à vos yeux, faîtes-moi donc connaître vos voies, et que je vous connaisse, afin que je trouve grâce à vos yeux. Considérez que cette nation est votre peuple. » 14 Yahweh répondit : « Ma face ira avec toi, et je te donnerai un repos. » 15 Moïse dit : « Si votre face ne vient pas, ne nous faîtes pas partir d'ici. 16 À quoi connaîtra-t-on que j'ai trouvé grâce à vos yeux, moi et votre peuple, sinon à ce que vous marcherez avec nous? ? C'est ce qui nous distinguera, moi et votre peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre. » 17 Yahweh dit à Moïse : « Je ferai encore ce que tu demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par ton nom. » 18 Moïse dit : « Faites-moi voir votre gloire. » 19 Yahweh répondit : « Je ferai passer devant toi toute ma bonté, et je prononcerai devant toi le nom de Yahweh : car je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde. » 20 Yahweh dit : « Tu ne pourras voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre. » 21 Yahweh dit : « Voici une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher. 22 Quand ma gloire passera, je te mettrai dans le creux du rocher, et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que j'aie passé. 23 Alors je retirerai ma main et tu me verras par-derrière; mais ma face ne saurait être vue. »


Comme esquissé plus haut, le texte reprend d’abord le thème de la nudité que nous avons souligné plusieurs fois dans les textes précédents. Elle est évoquée entre les lignes dans les premières lignes des versets 4 et 6 : « Fais descendre ta parure [TOB : Et les fils d'Israël se défirent de leurs habits de fête, à partir de la montagne de l’Horeb.] ». (Ex 33, 4-6)

L’expérience de la nudité fait partie de la catéchèse de Dieu et de prélude à la rencontre. Nous l’avons vu plus haut en Gn 2, comme en Ez. 16. À la différence des parures de Dieu comme des parures de l’homme propres aux chapitres précédents, il y aurait ici, dans ce texte qui suit le « couple » révélation-chute, une nouvelle approche, plus contrastée et j’oserais dire plus mûre de la relation.

« Dépouille-toi de toute superbe » : l’ordre est plus fort que celui donné aux anciens, qui devaient laver leurs vêtements. Comme dans Genèse 3, Dieu invite le peuple à prendre conscience que son comportement et sa superbe ne conviennent pas. Il doit se mettre à nu devant Dieu et c’est dans une attitude d’humilité qu’il peut retrouver son chemin vers Dieu.

Nous retrouvons à ce stade, la thématique du décentrement largement commenté dans « Retire tes sandales ! ». La rencontre de Dieu ne peut se faire qu’en abandonnant ses certitudes, quittant ses tours d’ivoire pour aller à la rencontre de Dieu sous une tente légère. Et c’est l’allusion à tente de la rencontre qui préfigure la direction à prendre. Avant de la voir chargée à nouveau de ses ornements imaginaires des chapitres suivants, il nous faut peut-être contempler un lieu ouvert à l’Esprit. La tente, rappelons-le, n’est pas dans le camp, donc dans les murs établis, au sein même du savoir et des certitudes humaines, mais hors du camp.

Relisons à nouveau le texte dans ses détails :

7 Moïse prit la tente et se la dressa hors du camp, à quelque distance; il l'appela tente de réunion ; et quiconque cherchait Yahweh, se rendait à la tente de réunion, qui était hors du camp. 8 Et lorsque Moïse se rendait à la tente, tout le peuple se levait, chacun se tenant à l'entrée de la tente, et on suivait des yeux Moïse, jusqu'à ce qu'il entrât dans la tente. 9 Dès que Moïse était entré dans la tente, la colonne de nuée descendait et se tenait à l'entrée de la tente, et Yahweh parlait avec Moïse. 10 Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l'entrée de la tente; et tout le peuple se levait, et chacun se prosternait à l'entrée de sa tente.

11 Et Yahweh parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami. Moïse retournait ensuite au camp; mais son serviteur Josué, fils de Nun, jeune homme, ne s'éloignait pas du milieu de la tente. (Ex 33, 7-11)


À la différence du récit du jardin (Gn 3), le peuple dispose ici d’un médiateur dans la personne de Moïse. Cette médiation va être thématisée dans le chapitre 33. Elle a déjà été préparée par les récits précédents. Depuis qu’il a répondu à l’appel dans l’épisode du « buisson ardent », Moïse a un rôle privilégié que lui reconnaît le peuple, mais ce dernier n’en a pas encore compris l’étendue, comme le montrent ses doutes dans le chapitre 22. Cette troisième rencontre vient donc amplifier les révélations précédentes et, par ce biais, à la fois la médiation de Moïse et des lieux de la rencontre (le Sinaï, mais aussi la tente).

Il y a très probablement là une construction littéraire qui vient construire l’image du prêtre et du temple, dans ce que nous qualifirerions maintenant d’approche trop cléricale, clairement souligné dans l’axe des rédacteurs. Et pourtant des étincelles s’échappent du discours et c’est ce qu’il vaut la peine de manduquer. 

Le mouvement est souligné par l’attitude du peuple dans les déplacements de Moïse vers la tente. Il doit regarder, se prosterner, sans pouvoir participer. Il n’est donc plus au centre du récit, mais accompagne cependant, par le regard et donc la pensée, le mouvement de médiation.

Cette distance est mise en contraste avec le privilège de « voir Dieu » donné à Moïse et appuyé par ce commentaire narratif qui termine la description.

Début d’un cléricalisme ou chemin pour l’homme ? Il serait inconvenant de trancher trop vite. L’enjeu ici est plutôt de creuser cette « figure » de Moïse et d’en sentir l’essentiel.

Comme le note Irwin(1), il pourrait y avoir d’ailleurs, dans le deuxième dialogue (v 12-23), une structure décalée et contrastée entre les demandes de Moïse et les réponses de Dieu. Un dialogue qui laisse place à une certaine ironie, chacun ne citant que ce qu’il veut entendre de l’autre, mais aussi un jeu de langage, chacun différant sa réponse. En essayant de transposer sa thèse de manière imagée, dans la version très littérale de la traduction on aurait la structure suivante, qui montre d’importantes oppositions, comme un dialogue de sourds :

Dieu refuse de monter : v3 :      « ne pas je monterai au milieu de toi, car un peuple raide de nuque toi de peur que je t’achève en chemin »

Moïse affirme qu’il monte : 13. Vois toi disant à moi : Fais monter ** ce peuple (…)

et ne cite pas le messager,    Tu as dit : Je te connais par un nom et même tu as trouvé ni la menace de Dieu : grâce à mes yeux. Et maintenant si oui j’ai trouvé grâce à tes yeux fais-moi connaître S’il te plaît ** ton chemin et je te connaîtrai afin que je trouve grâce et vois que ton peuple la nation celle-ci. 

Yhwh affirme :    Ma face ira et je te donnerai du repos à toi.

Moïse ignore la réponse :      Si ne pas ta face allant que ne pas monter tu nous feras d’ici. 

Moïse demande si Dieu fait grâce :  Et en quoi ? Il sera reconnu ici que j’ai trouvé grâce à tes yeux moi et ton peuple est-ce ne pas ? (…) 

Yhwh répond :     Aussi la parole celle-ci que tu as prononcée je ferai, car tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par un nom. 

Moïse demande de voir la grâce : Fais-moi voir s’il te plait ** ta gloire.

Yhwh montre la bonté :     Moi je ferai passer toute ma bonté en face de toi et j’appellerai par le nom de YHWH devant toi et je ferai grâce ** à qui je ferai grâce et j’aurai compassion ** de qui j’aurai compassion.  

Il refuse de montrer sa face : Ne pas tu pourras voir ** ma face, car ne pas me verra l’être humain et il vivra. 21. Et dit YHWH : Voici un lieu avec moi et tu te tiendras près de le rocher.  22 Et il sera quand passera ma gloire et je te placerai dans le creux du rocher et je couvrirai de ma paume sur toi jusqu’à ce que je sois passé. 23 Et je détournerai ** ma paume et tu verras ** mon dos et ma face ne sera pas vue.

Cet apparent dialogue de sourds renforce l’impression d’inquiétude, d’interrogation sur le sort que Dieu réserve au peuple.

Cette impression est renforcée quand on isole du texte complet les deux monologues pour percevoir la tension. Moïse est fondamentalement inquiet, y compris dans son désir de voir Dieu. Voici, isolées, les phrases de Moïse :

12 Moïse dit à Yahweh : « Vous me dites: Fais monter ce peuple; et vous ne me faites pas connaître celui que vous enverrez avec moi. Cependant vous avez dit : Je te connais par ton nom, et tu as trouvé grâce à mes yeux. 13 Et maintenant, si j'ai bien trouvé grâce à vos yeux, faîtes-moi donc connaître vos voies, et que je vous connaisse, afin que je trouve grâce à vos yeux. Considérez que cette nation est votre peuple. »

15 Moïse dit : « Si votre face ne vient pas, ne nous faîtes pas partir d'ici.

16 À quoi connaîtra-t-on que j'ai trouvé grâce à vos yeux, moi et votre peuple, sinon à ce que vous marcherez avec nous? C'est ce qui nous distinguera, moi et votre peuple, de tous les peuples qui sont sur la face de la terre. »

18 Moïse dit : « Faites-moi voir votre gloire."


Les réponses du Seigneur sont plus positives :

14 Yahweh répondit : « Ma face ira avec toi, et je te donnerai un repos. » 

17 Yahweh dit à Moïse : « Je ferai encore ce que tu demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par ton nom. »

19 Yahweh répondit : « Je ferai passer devant toi toute ma bonté, et je prononcerai devant toi le nom de Yahweh : car je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde. »

20 Yahweh dit : « Tu ne pourras voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre. »

21 Yahweh dit : « Voici une place près de moi; tu te tiendras sur le rocher.

22 Quand ma gloire passera, je te mettrai dans le creux du rocher, et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que j'aie passé.

23 Alors je retirerai ma main et tu me verras par-derrière; mais ma face ne saurait être vue. » (Ex 33, 12-23, traduction Crampon)


(1) Irwin « Willian

Henri Irwin, The Course of Dialogue between Moses and YHWH in

Exodus 33 : 12-17, The Catholic biblical quaterly, Washington,

1997, 59,4. p. 629

26 décembre 2015

Te voir....

"Ne pas passer un jour sans désirer le voir" (1)
Tout un programme. Et pourtant, n'est-ce pas cela l'amour. Si je peux le dire à propos de ma femme pourquoi ne pourrais-je le dire à propos de Dieu ? Même si Exode 33 affirme que l'on ne peut voir sa face, il nous faut entrenir cette flamme de peur que le feu en nous se meure. 

(1) Paul Xardel, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, p. 224

13 décembre 2014

Voir Dieu - Le rêve des prophètes.

L'Avent nous permet de faire le long chemin des prophètes. Je retombe sur un livre commencé de A. von Speyr, qui a de très belles phrases sur ce temps de l'Avent : "Il entend la voix de Dieu", dit-elle (1), "il a maintenant une oreille pour la percevoir (...) l'obscure captivité de ce monde est suspendue (...) il est entré dans le monde de Dieu, avec des sens qui peuvent le saisir. (...) Il se voit soudainement tout entier transporté dans une nouvelle existence (...) il découvre
tout d'un coup le sens du nom de "Père". Plus loin (2) elle précise qu'il est "affaibli, aveuglé, chancelant". Il est pris de "tremblement".  "Il se sent comme un jeune garçon devant son père, il guette sa parole, la comprend jusqu'à un certain point, mais la cohérence et les motifs lui de ce que fait le Père lui restent voilés." (...) il obéit (...) avec une obéissance qui fait voler sa vie en éclats et la recompose de façon neuve selon un plan pour lui intelligible (...) il est dépouillé de lui-même, car Dieu l'a tellement associé à la sphère de sa volonté (...) qu'il exécute".

C'est sous cet angle que l'on peut contempler le texte de Matthieu 11,11-15 "En ce temps-là, Jésus déclarait aux foules : " Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n'en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui.
Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu'à présent, le Royaume des cieux subit la violence, et des violents cherchent à s'en emparer.
Tous les Prophètes, ainsi que la Loi, ont parlé jusqu'à Jean.
Et, si vous voulez bien comprendre, le prophète Élie qui doit venir, c'est lui.
Celui qui a des oreilles, qu'il entende !"

 Saint Augustin dira à ce sujet : "Jusqu'à Jean Baptiste la Loi et les prophètes comportaient des préfigurations qui avaient pour but d'annoncer l'avenir. Mais les sacrements de la nouvelle Loi, ceux de notre temps, attestent la venue de ce que les anciens proclamaient à venir. Et Jean a été, de tous les précurseurs du Christ, le messager qui l'annonce de plus près.  Car tous les justes et tous les prophètes des siècles antérieurs avaient désiré voir l'accomplissement de ce qu'ils discernaient déjà dans cet avenir dont l'Esprit Saint leur soulevait le voile. Le Seigneur Jésus le dit en personne : « Bien des justes et bien des prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas entendu » (Mt 13,17). C'est pourquoi il a été dit de Jean Baptiste qu'il était « plus que prophète » et qu'« aucun des enfants des femmes ne l'a surpassé » (Mt 11,9-11).       En effet, les justes des premiers temps avaient eu seulement la faveur d'annoncer le Christ ; Jean Baptiste, lui, a eu la grâce de l'annoncer encore absent et de le voir enfin présent. Il a vu à découvert celui que les autres ont désiré voir. C'est pourquoi le signe de son baptême appartient encore à l'annonce du Christ qui vient, mais à l'extrême limite de l'attente. Jusqu'à lui, il y avait eu des prédictions du premier avènement du Seigneur ; maintenant, après Jean, cet avènement du Christ, on ne le prédit plus, on le proclame." (3)

Voir Dieu... Dans la deuxième partie de l'Amphore et le fleuve, j'ai donné une longue analyse du texte d'Exode 33 et 34 où je décris le désir de Moïse de voir sa face et la façon dont Dieu lui répond. C'est dans cet axe Moïse, Elie, Isaïe, ..., Jean, Jésus que nous pouvons entrer, à l'aube de Noël. C'est notre chemin de l'Avent.

(1) Adrienne von Speyr, La face du Père, P. Letheilleux,1984 p. 47
(2) ibid. p. 49ss
(3) Saint Augustin, Traité anti-donatiste « Contre les lettres de Petilianus » livre 2, §87 (trad. Bibliothèque augustinienne,  DDB 1986, vol. 30, p. 341), source : Evangile au quotidien