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10 septembre 2022

Les trois fils ?

 

Alors que la liturgie dominicale nous conduit à contempler la miséricorde divine, peut-être pouvons nous prendre un peu de recul. Le Père dont nous parle Jésus n’avait que deux fils, ce qui en soit n’était pas très glorieux. Un qui s’en va et l’autre jaloux. Il n’y a pas de troisième fils... 

Peut-être pouvons nous nous poser la question. Pourquoi ?

Plus je contemple ma vie et plus je contemple l’Église plus m’aperçois que nous ne sommes que des ratés que le Seigneur a redressé. L’amour, le vrai, ne vient pas de nous. Il vient de Dieu.

l’Église s’est construite sur des piliers fragiles. Un Paul persécuteur, le reniement de Pierre, une pécheresse pardonnée, trois des nombreux piliers sur lesquels la miséricorde a fait jaillir l’espérance. Nos faiblesses sont l’écrin de nos possibles en Dieu. Car nos échecs sont le terreau fragile où Dieu nous conduit à percevoir que l’amour vient de lui et jaillit, malgré nous, de nos insuffisances. Il faut alors reprendre le chemin de Paul, « oublier le chemin parcouru et se laisser saisir » (Ph. 3) par celui qui est « le Fils », l’unique qui, devant, nous conduit à ce Père aux mains ouvertes qui ne cesse de courir vers nous, avant même que nous pensions revenir à lui.

26 mars 2022

Agenouillement 2.42

Peut-être que la découverte intérieure à laquelle nous conduit la manducation des textes de ce dimanche, en complément de mon billet précédent, à la suite de cette démesure à laquelle Jesus nous appelait il y a quelques semaines, réside dans 4 contemplations successives :

 1. Celle d’un Dieu nourricier qui passe de la manne quotidienne à la démesure de Canaan, terre promise, elle même prélude du don du Fils. (Josué 5)

 2. Celle d’un Christ à genoux devant Judas car il croit en l’homme (Jn 13)

 3. Celle d’une croix qui révèle nos jalousies éternelles et révèle le jusqu’au bout de l’amour (2 Co 5)

 4. Celle d’un Dieu qui s’agenouille pour panser les pieds meurtris du pécheur que nous sommes dans une divine miséricorde (Luc 15)

Alors les agenouillements qui vont d’Abraham à Béthanie jusqu’au lavement des pieds, déjà longuement commenté dans ma trilogie et dans « Danse avec ton Dieu » ne sont finalement que les mimes d’un double agenouillement : celui du Père ET du Fils qui, sous la conduite et la grâce de l’Esprit nous conduit à notre tour à tomber à genoux devant nos frères  : telle est la danse auquel Dieu nous invite.


Jésus s’adresse à des pharisiens souligne Marie-Noēlle Thabut (cf, lien ds 2.41). Des hommes pieux, mais trop rapide à juger comme le fils aîné de Luc 15. A toute nos tentations de jugement et de jalousie Jésus oppose un Dieu qui court vers la brebis perdue et tombe à genoux devant celui qui s’agenouille intérieurement. Le fils prodigue prononce deux fois son mea culpa et c’est dans cette structure concentrique que la miséricorde divine se dévoile, épiphanie du verbe qui précède ce « Père pardonne leur » que Luc glissera plus loin… en 23, 34 - une phrase qui est l’équivalent chez Luc du lavement des pieds de Jn 13….


Don de Dieu

   Passage 

       Jalousie et violence des pharisiens 

               Confession du Fils prodigue 

                      Un père qui court vers son fils 

                       (Dieu de tendresse)

               Confession du Fils prodigue 

         Jalousie du frère aîné 

     Père pardonne leur

Mort du Fils

Pâques


Cf. mon «  Dieu de miséricorde » ou la nouvelle édition gratuite de Dieu dépouillé sur https://www.fnac.com/ia9587875/Claude-J-Heriard

25 décembre 2020

De la paille à la poutre ? - danse 22


Il est né sur la paille et mort sur une poutre...

Si l’histoire de la crèche est contestée, la puissance de la lecture spirituelle de la naissance, racontée par Luc ne déroge pas avec l’ensemble du message de l’évangéliste.




Premier et ultime clin d’œil d’une vie pour dénoncer l’erreur d’une loi hypocrite ou le jugement hâtif du frère du fils prodigue ? (Luc 15).

Il y a un lien à contempler entre cette paille qui accueille le tout petit et ce bois qui supporte le crucifié. Ce lien c’est la chair nue, exposée de celui qui refuse tout égard, toute première place, pour se dénuder dans le service de ses frères (Jn 13) et le don inouï d’une vie offerte. 

Quel chemin entre le Dieu rêvé des premières théophanies de l’Exode (cf. Ex 19) et celui de la crèche. Alors qu’on y voyait trompettes et métaux précieux et qu’on rêvait d’un Dieu du tonnerre voici un Dieu nu exposé et rejeté... fui et trahi... fragile et crucifié...

Depuis le premier jour jusqu’au dernier...il est un Dieu qui se fait petit... pour dénoncer nos rêves de grandeur.

Tout ça pour quoi ?

Pour nous conduire au delà de la paille du voisin, la poutre de notre oeil ?  Si nous cherchons un Dieu puissant nous faisons fausse route. La puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse... (cf. 2 Co 12).

Quel est le sens de cette nuit ?

Pourquoi pouvons nous danser de joie ? 


La naissance de Dieu homme est nouvelle naissance...

Il vient habiter l’homme et transformer son cœur...

Ne sommes-nous pas parfois l’aubergiste qui rejette la jeune fille enceinte, le pharisien devant la femme adultère (Jn 8.) celui qui cherche la paille et oublie la poutre...(cf. Lc 6, Mt 5), repousse l’étranger ou le lépreux de notre entourage.

A chaque fois que notre cœur se durcit nous oublions que le chemin n’est pas écrit à coup de burin dans le marbre d’une loi immuable, mais avec le cœur et au cœur de l’homme grâce à une paille sur le sable par un Dieu à genoux devant l’homme, qui ne veut que l’amour...

Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre...(Jn 8.) 


C’est ce peut-être ce Dieu là ce que nous contemplons cette nuit. 

Dieu fragile...

La crèche n’est que la clé de sol d’une symphonie trinitaire. 

- Celle d’un Dieu qui renonce à toute manifestation de puissance pour nous dévoiler l’amour...

- Celle d’un Fils qui consent à tout pour tracer un autre chemin que la loi hautaine et méprisante des hypocrites.

- Celle d’un Esprit qui se fait fragile pour tracer en nos cœurs un chemin d’humanité.

Prenons conscience de nos poutres érigées à tort, de nos condamnations trop rapides pour percevoir que l’amour est miséricorde et pardon...

Vous voulez comme David des signes et des rois, des maisons et des institutions ?

Il ne vous sera donné que le signe de Jonas. Un prophète qui se fait petit...

Un petit d’homme couché sur un lit de paille et mort sur une poutre, pour que nos violences soient réduites à néant, nos jugements hâtifs et hypocrites balayés comme les feuilles au vent, nos quêtes de puissance réduites à un chemin d’humilité.

Le Dieu de la crèche et de la Croix est un Dieu à genoux...

Et la danse des trois personnes n’a qu’une direction, celle de nous inviter à la miséricorde et l’humilité...

Il est le chemin, la vérité et la vie...

Le Verbe s’est fait chair fragile parmi nous pour retourner nos cœurs de pierre en coeur de chair.

Le verbe est là - aujourd’hui - présence discrète, démunie, qui invite à l’amour.

Joie des cœurs simples. Danse des anges

Noël

14 août 2020

Signes et dépouillement - Correspondances Gn 41 - Luc 15



«Et Pharaon ôta son anneau de sa main et le mit à la main de Joseph, et il le fit revêtir d'habits de fin lin et lui mit au cou un collier d'or.»
‭‭Genèse‬ ‭41:42‬ ‭

Au mitan du cycle de Joseph, alors que tout semble perdu pour lui, alors qu'il semble abandonné de Dieu et des hommes, voici qu'il retrouve l'espoir. Fort de sa capacité à interpréter les songes, un talent qui est la source de son malheur - voici qu'il trouve la grâce de Pharaon et ce dernier lui confie son royaume.

Même si le personnage de Joseph semble arrogant au départ, et qu'il nous semble mériter la jalousie de ses frères, il y a chez lui des traces de la figure du Christ. L'épisode de l'anneau nous interpelle, d'une certaine manière. On retrouvera en Luc 15, cette expression particulière qui redonne au Fils perdu l'anneau du pouvoir. Et c'est dans cette tension entre Joseph et le fils prodigue que l'on pourra contempler l'amour infini de Dieu.
Joseph est, à sa manière, le fils aimé du Père. Il était perdu pour Joseph, vendu comme le sera le Christ pour quelques pièces d'argent. Pourtant le Père n'oublie pas son fils et son amour demeure...
Joseph sera la victime, puis l'instrument du pardon. C'est une page importante de la pédagogie divine.

21 mars 2020

Méditation du troisième samedi de carême

Méditation du troisième samedi de carême

En ces temps de malheur la 1ère lecture nous interpelle ; « Je veux la fidélité, non le sacrifice » nous dit Os 6, 1-6. 
Écoutons d'abord l'ensemble du texte, tiré du livre du prophète Osée :
Venez, retournons vers le Seigneur !
il a blessé, mais il nous guérira ;
il a frappé, mais il nous soignera.
Après deux jours, il nous rendra la vie ;
il nous relèvera le troisième jour :
alors, nous vivrons devant sa face.
Efforçons-nous de connaître le Seigneur :
son lever est aussi sûr que l'aurore ;
il nous viendra comme la pluie,
l'ondée qui arrose la terre.
– Que ferai-je de toi, Éphraïm ?
Que ferai-je de toi, Juda ?
Votre fidélité, une brume du matin,
une rosée d'aurore qui s'en va.
Voilà pourquoi j'ai frappé par mes prophètes,
donné la mort par les paroles de ma bouche :
mon jugement jaillit comme la lumière.
Je veux la fidélité, non le sacrifice,
la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.
– Parole du Seigneur.

Nous sommes encore dans une lecture d'un Dieu vengeur qui n'est pas forcément le Dieu chrétien, et pourtant, au delà de cette image d'un Dieu qui punit, transparaît une double tension. Celle qui nous fait grandir : «  Je veux la fidélité, non le sacrifice » et l'espérance d'une révélation : « Après deux jours, il nous rendra la vie ; il nous relèvera le troisième jour :
alors, nous vivrons devant sa face. »

Entre ces deux tensions se dresse une morale vectorielle, celle qui n'est pas dans le jugement d'autrui mais dans une interpellation intérieure où notre péché transparaît et nous conduit à l'humilité.

Tu veux la fidélité, Seigneur, non le sacrifice. (cf. Os 6, 6a)

Prions avec le Psaume : 50 (51), 3-4, 18-19, 20-21ab

« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas,
tu n'acceptes pas d'holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ;
tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors tu accepteras de justes sacrifices,
oblations et holocaustes sur ton autel. »

Alors L'Evangile prend sens : Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie. Aujourd'hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.
Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie.
(cf. Ps 94, 8a.7d)
Écoutons l'Évangile de Jésus Christ selon saint Luc : « En ce temps-là, à l'adresse de certains qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici »
L'introduction n'est pas neutre. J'avoue n'avoir jamais pris le temps de la méditer. Arrêtons-nous un instant dessus, dans l'axe du frère aîné du fils prodigue...(Luc 15).

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier.
L'un était pharisien, et l'autre, publicain (c'est-à-dire un collecteur d'impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même :
"Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne."
Le publicain, lui, se tenait à distance et n'osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! »
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c'est lui qui était devenu un homme juste,
plutôt que l'autre.
Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
(Lc 18, 9-14) Textes liturgiques © AELF.

Tout est dit. Donne-nous Seigneur cette inaccessible humilité.

10 novembre 2019

Homélie du 32eme dimanche - Résurrection - version finale ?


De quel côté sommes-nous ?
Du côté de la vie, de la foi, de l’espérance et de la charité
Ou du côté de la mort, de la haine et du jugement ?
Il n’y a pas d’entre deux et saint Luc depuis le récit du Fils prodigue nous conduit vers ce choix.
Un petit mot sur le contexte... avant de voir l'enjeu pour nous.Le cœur de ces trois textes s’ordonne autour de la résurrection.
La première lecture est pratiquement le seul texte de l’Ancien Testament où ce concept effleure et la question posée par les Saducéens montre que le sujet n’était pas partagé par la plupart des Juifs. S’il n’y a pas de résurrection tout s’arrête. Et l’on peut percevoir le désespoir des Juifs qui sont face aux premiers martyrs.
Et nous que pensons-nous du sujet ?
J’ai vu passer une étude qui affirmait qu’une tranche importante des catholiques ne croyait pas à la résurrection. Comment est-ce possible ? Si le Christ est mort sans ressusciter que croire ?
Si Jésus fait allusion à Abraham, Isaac et Jacob comme des vivants et non des morts, c’est pour nous entraîner au-delà de notre vision étriquée du monde. Croire en Dieu c’est croire que l’amour dépasse les limites de la mort. C’est croire qu’en dépit de nos erreurs, Dieu continue à crier vers nous.
La question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». traduit cette bienveillance de Dieu au-delà de nos erreurs. Rappelons-nous : L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui
Depuis Adam, Dieu ne cesse de courir à nous...
Et la Bible n’est qu’un long récit de nos manières de ne pas entendre l’appel... La résurrection est le cadeau final, ce qui nous inscrit dans l’espérance...
Christ est mort par la faute des hommes, mais Dieu est plus grand que nos erreurs. Dieu ne cesse de nous tendre la main... Croire que tous ceux qui nous ont précédé dans la vie, nous précède auprès du Père.
Dans les icônes orthodoxes on voit même le Christ relever Adam et Ève des ténèbres de la nuit, signe que Christ est venu pour sauver l’humanité passée et future, alors n’ayons pas peur. Il est vivant !
Croire c’est aussi avancer. Nous  pouvons le faire de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de le suivre dans une vie totalement consacrée, ceux qu’il appelle « les anges »...
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?
Laissons-nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du lévirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ? 
Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité. 
« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

21 juillet 2019

Grâce et Gloire 4 - Exode 33

Nous évoquions Exode 33, au sujet de la nudité. C'est au début du chapitre que Dieu invite l'homme à enlever ses habits de fête pour se (re)mettre à nu devant lui..

Il n'est pas inintéressant d'entendre Urs von Balthazar développer tout le thème de la gloire dans la fin du même chapitre. « Moïse ayant prié Dieu de lui faire voir sa gloire, Dieu le cacha dans la fente du rocher et passa devant lui en criant : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse (rahum, du mot rèhèm) et de pitié (hanumm, de hun, hén), lent à la colère, riche en grâce (hèsèd) et en fidélité (emet).
Faisant cette expérience Moïse obtint de voir la gloire de Dieu de dos (Ex 33,23) à son passage devant l'homme. Toute la révélation de Dieu fait de lui-même est grâce ; la formule « lent à la colère » exprime que la grâce n'est pas un côté d'une révélation à deux faces, mais plutôt que la colère est fonction de la grâce » (1)

Voilà un thème à creuser.
La colère (même si j'ai du mal à l'entendre, croyant, à la suite de Varillon que Dieu n'est qu'amour), la colère donc serait fonction de la grâce. Est-ce à dire que plus Dieu nous fait grâce plus il devient exigeant ? Une remarque qui ne doit pas devenir morale pour les autres, mais interpellation toute intérieure.
Si l'on résume, en se mettant à nu, c'est-à-dire en vérité devant le Seigneur on peut se laisser appeler à le contempler. Mais voir Dieu, c'est-à-dire participer à sa gloire nous engage plus qu'avant à répondre à son appel, faute de subir sa « colère », qui est d'abord sa peine, sa tristesse (puisqu'il est « lent à la colère ».
Cette interpellation est datée et masque une partie de la miséricorde (même si on la trouve déjà en Exode et Osée (2). Il faut attendre le Christ et un texte comme le fils prodigue (Luc 15) pour percevoir que ce que la colère du Premier Testament cache, c'est le dévoilement d'un Dieu qui va jusqu'à mourir pour l'homme...

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 131
(2) cf. notamment mon livre « Dieu n'est pas violent »

31 mars 2019

Au fil de Luc 15, un temps de réconciliation

Une après-midi sur la réconciliation


Méditer les dons de Dieu
Entrer au cœur du carême dans un chemin de réconciliation c'est s'inscrire dans une dynamique de joie et de grâce. Cela commence par un temps intérieur où je remercie le Seigneur  pour les dons, toujours immenses qu'il m'a fait. Et c'est dans cette constatation de l'immensité de l'amour de Dieu que je prends conscience de ce qu'il me reste à accomplir. La méditation de la parabole des talents s'inscrit là dedans.
Silence

Lecture de Matthieu 25 - Les talents
Jésus parlait à ses disciples de sa venue; il disait cette parabole: «Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître. Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit: "Seigneur, tu m'as confié cinq talents; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître." Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit: "Seigneur, tu m'as confié deux talents; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître." Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit: "Seigneur, je savais que tu es un homme dur: tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient." Son maître lui répliqua: "Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent, et donnez-le à celui qui en a dix. 
Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. " »(1)
Silence et méditation sur les dons que Dieu m'a fait.
Dieu m'a fait des dons et j'ose les reconnaître, tout en réalisant que ce trésor reste enfoui parfois parmi d'autres préoccupations, que j'oublie de faire grandir, de partager, de faire fructifier.

Le temps du désert


Le jeûne est source de joie, car il se fonde sur la vraie joie, celle qui nous conduit à l'Époux. Écoutons sur ce point ce que nous dit Jean Paul II :

« Parmi les pratiques pénitentielles que nous propose l'Église, surtout en ce temps de Carême, il y a le jeûne. Il comporte une sobriété spéciale (...), pratiqué en signe de conversion, il facilite l'effort intérieur pour se mettre à l'écoute de Dieu. Jeûner, c'est réaffirmer à soi-même ce que Jésus répliqua à Satan qui le tentait au terme de quarante jours de jeûne au désert : « L'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4). Aujourd'hui, spécialement dans les sociétés de bien-être, on comprend difficilement le sens de cette parole évangélique. La société de consommation, au lieu d'apaiser nos besoins, en crée toujours de nouveaux, engendrant même un activisme démesuré... Entre autres significations, le jeûne pénitentiel a précisément pour but de nous aider à retrouver l'intériorité.
L'effort de modération dans la nourriture s'étend aussi à d'autres choses qui ne sont pas nécessaires et apporte un grand soutien à la vie de l'esprit. Sobriété, recueillement et prière vont de pair. On peut faire une application opportune de ce principe en ce qui concerne l'usage des moyens de communication de masse. Ils ont une utilité indiscutable mais ils ne doivent pas devenir les « maîtres » de notre vie. Dans combien de familles le téléviseur semble remplacer, plutôt que faciliter, le dialogue entre les personnes ! Un certain « jeûne », dans ce domaine aussi, peut être salutaire, soit pour consacrer davantage de temps à la réflexion et à la prière, soit pour cultiver les rapports humains.
Quel est l'enjeu sinon de nous libérer de toutes ces addictions, de toutes ces adhérences qui nous retiennent vers le « monde » et nous privent de la double dimension qui nous conduit à Dieu et aux autres ?
Au nom d'un certain confort et d'une quête addictive aux distractions qui s'enchaînent et nous enchaînent nous oublions que tout vient de Dieu et qu'il appelle à répondre au cri de nos frères.
Quel est l'enjeu du jeûne si ce n'est de trouver au fond de soi la véritable prière qui est lumière de l'âme ? Écoutons sur ce point une vieille homélie du Vème siècle :
« Le bien suprême, c'est la prière, l'entretien familier avec Dieu. Elle est communication avec Dieu et union avec lui. De même que les yeux du corps sont éclairés quand ils voient la lumière, ainsi l'âme tendue vers Dieu est illuminée par son inexprimable lumière. La prière n'est donc pas l'effet d'une attitude extérieure, mais elle vient du cœur. Elle ne se limite pas à des heures ou à des moments déterminés, mais elle déploie son activité sans relâche, nuit et jour.
En effet, il ne convient pas seulement que la pensée se porte rapidement vers Dieu lorsqu'elle s'applique à la prière ; il faut aussi, même lorsqu'elle est absorbée par d'autres occupations — comme le soin des pauvres ou d'autres soucis de bienfaisance —, y mêler le désir et le souvenir de Dieu, afin que tout demeure comme une nourriture très savoureuse, assaisonnée par l'amour de Dieu, à offrir au Seigneur de l'univers. Et nous pouvons en retirer un grand avantage, tout au long de notre vie, si nous y consacrons une bonne part de notre temps.
La prière est la lumière de l'âme, la vraie connaissance de Dieu, la médiatrice entre Dieu et les hommes.
Par elle, l'âme s'élève vers le ciel, et embrasse Dieu dans une étreinte inexprimable ; assoiffée du lait divin, comme un nourrisson, elle crie avec larmes vers sa mère. Elle exprime ses volontés profondes et elle reçoit des présents qui dépassent toute la nature visible.
Car la prière se présente comme une puissante ambassadrice, elle réjouit, elle apaise l'âme.
Lorsque je parle de prière, ne t'imagine pas qu'il s'agisse de paroles. Elle est un élan vers Dieu, un amour indicible qui ne vient pas des hommes et dont l'Apôtre parle ainsi : Nous ne savons pas prier comme il faut, mais l'Esprit lui-même intervient pour nous par des cris inexprimables.
Une telle prière, si Dieu en fait la grâce à quelqu'un, est pour lui une richesse inaliénable, un aliment céleste qui rassasie l'âme. Celui qui l'a goûté est saisi pour le Seigneur d'un désir éternel, comme d'un feu dévorant qui embrase son cœur.
Lorsque tu la pratiques dans sa pureté originelle, orne ta maison de douceur et d'humilité, illumine-la par la justice ; orne-la de bonnes actions comme d'un revêtement précieux ; décore ta maison, au lieu de pierres de taille et de mosaïques, par la foi et la patience. Au-dessus de tout cela, place la prière au sommet de l'édifice pour porter ta maison à son achèvement. Ainsi tu te prépareras pour le Seigneur comme une demeure parfaite. Tu pourras l'y accueillir comme dans un palais royal et resplendissant, toi qui, par la grâce, le possèdes déjà dans le temple de ton âme.(2)

Long cri vers Dieu dans la détresse,
mains levées, cœur ouvert,
remise totale au Père,
force de la faiblesse,
Jésus, notre prière,
ouvre-nous le chemin vers le Père.
Que ta bienveillance nous accompagne, Seigneur, durant ces jours de privation, pour que la discipline imposée à nos corps soit vraiment pratiquée avec amour.

Le jeûne n'est pas une fin en soi. La prière nous aide à en trouver le sens. Ce dernier est inscrit dans une histoire d'alliance. je jeûne parce que je veux retrouver cet amour perdu.
Ensuite, viens le temps où je me souviens aussi de ce qui m'a éloigné de ce chemin qui va de la réception au don.

Ces adhérences au monde, ce mal, ces addictions dont nous sommes complices, volontaires ou parfois malgré nous peuvent être de trois ordres, comme le souligne saint Jean dans sa première lettre : ce qui est de l'ordre de l'avoir (j'ai et je ne partage pas, ou j'en veux plus : gourmandise, avarice, concupiscence), ce qui est de l'ordre du pouvoir (violence, abus, médisance, jugement), ou enfin du valoir (orgueil, mépris, etc.)…
Silence

Écoutons maintenant ce texte qui nous décrit Jésus poussé par l'Esprit au désert. Pourquoi d'ailleurs y est-il poussé sinon parce qu'il veut connaître et vivre ce qui fait notre lot d'homme, la tentation, la solitude....

Lecture du texte (tentations du Christ)

01 Jésus, rempli d'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l'Esprit, il fut conduit à travers le désert 02 où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. 03 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » 04 Jésus répondit : « Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain. » 05 Alors le diable l'emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. 06 Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m'a été remis et je le donne à qui je veux. 07 Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » 08 Jésus lui répondit : « Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » 09 Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d'ici jette-toi en bas ; 10 car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l'ordre de te garder ; 11 et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » 12 Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » 13 Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé.
Silence et méditation

A - Temps de discussion en petit groupe


  1. Quels sont les tentations du Christ ?
  2. Comment les qualifierions nous aujourd'hui ?
  3. Qu'est-ce que cela dit sur nous, ce qui nous détourne de Dieu
  4. Comment s'en sortir ?

Pour aller plus loin :
« Le diable s'est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation : il l'a tenté par la gourmandise, par la vanité et par l'avidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l'homme, en donnant son consentement, a été alors soumis au diable. Il l'a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l'arbre le fruit défendu et en l'amenant à en manger ; il l'a tenté par la vanité, en lui disant : « Vous serez comme des dieux » ; il l'a tenté enfin par l'avidité, en lui disant : « Vous connaîtrez le bien et le mal » (Gn 3,5). Car être avide, c'est désirer non seulement l'argent, mais aussi toute situation avantageuse, désirer, au-delà de la mesure, une situation élevée...
Le diable a été vaincu par le Christ qu'il a tenté d'une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise : « Ordonne que ces pierres se changent en pains » ; par la vanité : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » ; par le désir violent d'une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m'adores »...
Il est une chose qu'il faut remarquer dans la tentation du Seigneur : tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Écriture. Il aurait pu jeter son tentateur dans l'abîme par le Verbe qu'il était lui-même. Et pourtant il n'a pas eu recours à son pouvoir puissant ; il a seulement mis en avant les préceptes de la Sainte Écriture. Il nous montre ainsi comment supporter l'épreuve, de sorte que, lorsque des méchants nous font souffrir, nous soyons poussés à recourir à la bonne doctrine plutôt qu'à la vengeance. Comparez la patience de Dieu à notre impatience. Nous, quand nous avons essuyé des injures ou subi une offense, dans notre fureur nous nous vengeons nous-mêmes autant que nous le pouvons, ou bien nous menaçons de le faire. Le Seigneur, lui, endure l'adversité du diable sans y répondre autrement que par des mots paisibles ».
Alors que Dieu au jardin cherche l'homme, dans un « où es-tu ? » qui résonne encore dans le jardin, Jésus, par le jeûne et la prière nous conduit vers un « me voici » qui fait écho au psaume 50, et aboutit sur une croix. La seule réponse valide au diviseur qui cherche à mettre en avant nos désirs de pouvoir, de valoir ou d'avoir est l'abaissement, la faiblesse, l'humilité, la kénose.
Méditons sous ce prisme les trois réponses du Christ :
« L'homme ne vit pas seulement de pain. »
« Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
« Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Elles nous conduisent au delà du désert vers l'essentiel : l'écoute de la Parole vraies nourriture, l'humilité devant le très haut, et la faiblesse.
Les pas du Christ au désert nous conduisent à méditer sur ce que nous avons fait, depuis le début du carême pour nous libérer de ce qui nous empêche d'aimer Dieu et nos frères...

Lecture du psaume 50

03 Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.  04 Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. 05 Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.  06 Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire.  07 Moi, je suis né dans la faute, j'étais pécheur dès le sein de ma mère. 08 Mais tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, tu m'apprends la sagesse. 09 Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.  10 Fais que j'entende les chants et la fête : ils danseront, les os que tu broyais. 11 Détourne ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés. 12 Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. 13 Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.  14 Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne. 15 Aux pécheurs, j'enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés. 16 Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera ta justice. 17 Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. 18 Si j'offre un sacrifice, tu n'en veux pas, tu n'acceptes pas d'holocauste.  19 Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé. 20 Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem. 21 Alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel.
Silence et méditation personnelle
Pour se libérer de ces trois adhérences, il nous faut entrer dans un chemin de conversion qui se nourrit des sacrements de la réconciliation, comme de l'eucharistie, tous deux indissociables. Cette dynamique est celle d'une vie. La réconciliation nous remet dans la réception et le don…
On ne peut oublier que rencontrer un prêtre pour nous aider à cela, c'est entrer dans la joie de Dieu.
Je prends le temps de méditer sur la dernière fois que j'ai rencontré un prêtre. Que s'est-il passé depuis. Si j'y allais ce soir, que lui dirais-je ?

Lecture d'un extrait de Luc 15 (jusqu'à l'attitude du père...)

11 Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.  12 Le plus jeune dit à son père : "Père, donne-moi la part de fortune qui me revient." Et le père leur partagea ses biens.  13 Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu'il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre.  14 Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla s'engager auprès d'un habitant de ce pays, qui l'envoya dans ses champs garder les porcs.  16 Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. 17 Alors il rentra en lui-même et se dit : "Combien d'ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !  18 Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. 19 Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. Traite-moi comme l'un de tes ouvriers." 20 Il se leva et s'en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.  21 Le fils lui dit : "Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils." 22 Mais le père dit à ses serviteurs : "Vite, apportez le plus beau vêtement pour l'habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé." Et ils commencèrent à festoyer.
Silence et méditation

B - Temps de discussion en petit groupe

  • Que dit l'histoire ?
  • Que veut-dire Jésus ?
  • Comment vivre cela ?
Il est difficile de voir notre péché. Plus encore de le faire sans juger les autres. Écoutons ce que nous dit Jésus à ce sujet

Lecture de Luc 6, 36-38(Ne jugez pas....)

36 Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. 37 Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
38 Donnez, et l'on vous donnera : c'est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Silence et méditation

Lecture de Matthieu 7, 1-5 (paille et poutre) -

« Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; 02 de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera. 03 Quoi ! tu regardes la paille dans l'œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? 04 Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : "Laisse-moi enlever la paille de ton œil", alors qu'il y a une poutre dans ton œil à toi ? 05 Hypocrite ! Enlève d'abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l'œil de ton frère.
Musique

Lecture de la fin de Luc 15...

Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.  26 Appelant un des serviteurs, il s'informa de ce qui se passait. 27 Celui-ci répondit : "Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il a retrouvé ton frère en bonne santé."  28 Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit le supplier. 29 Mais il répliqua à son père : "Il y a tant d'années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.  30 Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !" 31 Le père répondit : "Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. 32 Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !" »  
Je médite en mon coeur ce que je vais faire pour progresser. Si je le souhaite, j'avance à l'autel, pour exprimer ma décision d'avancer sur ce chemin et je pose une bougie pour demander à Dieu de m'aider...

Lecture de Luc 17, 13-19 - les dix lépreux

Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance 13 et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »  14 A cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés. 15 L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.  16 Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain. 17 Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n'ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?  18 Il ne s'est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » 19 Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé. »

Silence et méditation

C - Temps de discussion en petit groupe

  1. Qu'est-ce que ces lectures ont fait jaillir en nous ?
  2. Comment résister au jugement ?
  3. Jusqu'où pardonner ?
« Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés » (Ps. 31,5). Chaque pas est un acte de liberté, qui nous remet dans l'Église. Et quand le prêtre ouvre ses bras à l'image d'un père qui court au-devant du fils prodigue (Luc 15), nous ne pouvons que sentir monter en nous l'émotion de ce Dieu qui nous aime, envers et contre tout, dans sa miséricorde infinie et débordante.
Quel que soit notre faute, si nous voulons grandir, il nous faut contempler où mène nos refus, nos lâchetés et nos égoïsmes.
Nous contemplons pour cela la Croix
Silence

Lecture de Luc 23 - 33-47 - Père pardonne leur....

Lorsqu'ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. 34 Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.  35 Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! » 36 Les soldats aussi se moquaient de lui ; s'approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, 37 en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »  38 Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » 39 L'un des malfaiteurs suspendus en croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » 40 Mais l'autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! 41 Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. »  42 Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » 43 Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » 44 C'était déjà environ la sixième heure (c'est-à-dire : midi) ; l'obscurité se fit sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure, 45 car le soleil s'était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. 46 Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.  47 À la vue de ce qui s'était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »

Silence et méditation

Lecture de Matthieu 18,21-35 - Pardonner


Me voici avec toi Seigneur. Avec mes désirs, mes préoccupations, mon histoire, mon corps. Je désire écouter ta parole et me laisser façonner par elle. Oui Seigneur, je désire mieux te connaître : ouvre mon cœur et mes mains pour mieux t'accueillir tel que tu te révèles. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
Prions qu'au cœur de notre prière cet amour vienne vraiment nous transformer, pour que nous devenions chaque jour un peu plus miséricordieux, comme le Père est miséricordieux.
La lecture de ce jour est tirée du chapitre 18 de l'évangile selon St Matthieu
En ce temps-là, Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout." Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : "Rembourse ta dette !" Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai." Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ce qu'il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : "Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout ce qu'il devait.
C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur . »

1 « Pardonner jusqu'à 70 fois sept fois ». Je réfléchis en moi même : Ai-je fait une expérience de pardon récemment ? Comment ? Est-ce qu'il me vient à l'esprit des pardons à donner ? Je demande au Seigneur de m'éclairer.
2 « Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette ». Je regarde la scène avec mon imagination, je laisse résonner en moi ces mots. Ai-je vécu des moments semblables de libération, de légèreté, d'avoir été pardonné ? Je laisse monter en moi les mots et les sentiments qui viennent.
Introduction à la deuxième écoute
A nouveau, je me prépare à écouter ce récit. Je laisse à chaque mot la possibilité de me rejoindre, de me réjouir, de me surprendre.
En ce temps-là, Pierre s'approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu'à sept fois ? »
Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu'un qui lui devait dix mille talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent). Comme cet homme n'avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout." Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d'argent. Il se jeta sur lui pour l'étrangler, en disant : "Rembourse ta dette !" Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : "Prends patience envers moi, et je te rembourserai." Mais l'autre refusa et le fit jeter en prison jusqu'à ce qu'il ait remboursé ce qu'il devait.
Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : "Serviteur mauvais ! je t'avais remis toute cette dette parce que tu m'avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu'à ce qu'il eût remboursé tout ce qu'il devait.
C'est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur."
Invitation à une prière personnelle
Ce temps de prière a peut-être été un moment pour m'interroger sur Dieu, sur ses appels dans ma vie. Avec mes mots je demande au Seigneur de pouvoir entrer dans ce mouvement du pardon, reçu et donné, dans cet amour reçu et donné (3)

« Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute » (Ps. 31, 5) continue le psalmiste. Ce que le Père nous donne n'est autre que le fruit merveilleux de la mort et de la résurrection de son Fils. En s'élevant de terre, il nous a conduits vers l'amour. Cet amour rendu visible et glorifié par le Père et porté et amplifié par le don infini de l'Esprit Saint revient en nous dès que nous ouvrons nos portes à son souffle guérisseur et joyeux.
Silence

Lecture du psaume 35

Heureux l'homme dont la faute est enlevée, * et le péché remis !  02 Heureux l'homme dont le Seigneur ne retient pas l'offense, * dont l'esprit est sans fraude !  03 Je me taisais et mes forces s'épuisaient à gémir tout le jour : + 04 ta main, le jour et la nuit, pesait sur moi ; * ma vigueur se desséchait comme l'herbe en été.  05 Je t'ai fait connaître ma faute, je n'ai pas caché mes torts. + J'ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. » * Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute.  06 Ainsi chacun des tiens te priera aux heures décisives ; * même les eaux qui débordent ne peuvent l'atteindre. 07 Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse ; * de chants de délivrance, tu m'as entouré.  08 « Je vais t'instruire, te montrer la route à suivre, * te conseiller, veiller sur toi. 09 N'imite pas les mules et les chevaux qui ne comprennent pas, + qu'il faut mater par la bride et le mors, * et rien ne t'arrivera. »  10 Pour le méchant, douleurs sans nombre ; * mais l'amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui. 11 Que le Seigneur soit votre joie ! Exultez, hommes justes ! * Hommes droits, chantez votre allégresse !
L'absolution du prêtre nous donne l'expérience que le pardon et la paix  rejaillissent en nous comme une source d'eau vive (Jean 4) et nous apporte la joie.
Cela peut alors devenir une autre quête, plus enivrante celle-là : goûter, à nouveau, à la joie d'être des enfants de Dieu. Plus je m'inscris dans la réconciliation, plus je vis en Christ… Alors l'eucharistie prend un sens nouveau, je deviens temple de Celui qui est revenu habiter chez moi, ou plutôt, qui habite en moi, mais que j'oubliais d'entendre…
(1) Textes d'Évangile, traduction liturgique source AELF
(2) Homélie du Vème siècle, source AELF, office des lectures du 3eme jour de carême
(3) Source, Prier en chemin

30 mars 2019

Réconciliation - projet d’article - Jeûne 3


Entrer au cœur du carême dans un chemin de réconciliation c'est s'inscrire dans une dynamique de joie et de grâce. Cela commence par un temps intérieur où je remercie le Seigneur  pour les dons, toujours immenses qu'il m'a fait. Et c'est dans cette constatation de l'immensité de l'amour de Dieu que je prends conscience de ce qu'il me reste à accomplir. La méditation de la parabole des talents s'inscrit là dedans.
Dieu m'a fait des dons et j'ose les reconnaître, tout en réalisant que ce trésor reste enfoui parfois parmi d'autres préoccupations, que j'oublie de faire grandir, de partager, de faire fructifier.
Ensuite, viens le temps où je me souviens aussi de ce qui m'a éloigné de ce chemin qui va de la réception au don. 
Ces adhérences au monde, ce mal, ces addictions dont nous sommes complices, volontaires ou parfois malgré nous peuvent être de trois ordres, comme le souligne saint Jean dans sa première lettre : ce qui est de l'ordre de l'avoir (j'ai et je ne partage pas, ou j'en veux plus : gourmandise, avarice, concupiscence), ce qui est de l'ordre du pouvoir (violence, abus, médisance, jugement), ou enfin du valoir (orgueil, mépris, etc.)…
Pour se libérer de ces trois adhérences, il nous faut entrer dans un chemin de conversion qui se nourrit des sacrements de la réconciliation, comme de l'eucharistie, tous deux indissociables. Cette dynamique est celle d'une vie. La réconciliation nous remet dans la réception et le don…
On ne peut oublier que rencontrer un prêtre pour nous aider à cela, c'est entrer dans la joie de Dieu. « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés » (Ps. 31,5). Chaque pas est un acte de liberté, qui nous remet dans l'Église. Et quand le prêtre ouvre ses bras à l'image d'un père qui court au-devant du fils prodigue (Luc 15), nous ne pouvons que sentir monter en nous l'émotion de ce Dieu qui nous aime, envers et contre tout, dans sa miséricorde infinie et débordante.
« Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute » (Ps. 31, 5) continue le psalmiste. Ce que le Père nous donne n'est autre que le fruit merveilleux de la mort et de la résurrection de son Fils. En s'élevant de terre, il nous a conduits vers l'amour. Cet amour rendu visible et glorifié par le Père et porté et amplifié par le don infini de l'Esprit Saint revient en nous dès que nous ouvrons nos portes à son souffle guérisseur et joyeux. L'absolution du prêtre nous donne l'expérience que le pardon et la paix  rejaillissent en nous comme une source d'eau vive (Jean 4) et nous apporte la joie.
Cela peut alors devenir une autre quête, plus enivrante celle-là : goûter, à nouveau, à la joie d'être des enfants de Dieu. Plus je m'inscris dans la réconciliation, plus je vis en Christ… Alors l'eucharistie prend un sens nouveau, je deviens temple de Celui qui est revenu habiter chez moi, ou plutôt, qui habite en moi, mais que j'oubliais d'entendre…

26 février 2019

Au fil de Marc 9,30-37. - Serviteur de tous - Grégoire de Naziance


« Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous »

Commentaire de saint Gregoire de Naziance
« Réponds à ceux que les stigmates de la Passion dans le corps du Christ plongent dans l'incertitude et qui posent la question : « Qui est ce roi de gloire ? » (Ps 23,8), réponds-leur que c'est le Christ « fort et puissant » (ibid.) en tout ce qu'il a fait et continue de faire…
Est-il petit du fait qu'il s'est fait humble à cause de toi ? Est-il méprisable du fait que, Bon Berger offrant sa vie pour son troupeau, il est venu chercher la brebis égarée, et l'ayant trouvée, la ramène sur ses épaules qui ont porté pour elle la croix, et l'ayant ramenée à la vie d'en haut, l'a mise parmi les brebis fidèles qui sont restées au bercail ? (Jn 10,11; Lc 15,4) Le méprises-tu du fait qu'il a allumé une lampe, sa propre chair, et qu'il a balayé sa maison, purifiant le monde du péché, pour chercher la pièce d'argent perdue, en perdant la beauté de son effigie royale par sa Passion ? (Lc 15,8s; Mc 12,16)…
Est-ce que tu l'estimes moins grand parce qu'il se ceint d'un linge pour laver les pieds de ses disciples, leur montrant que le moyen le plus sûr de s'élever, c'est de s'abaisser ? (Jn 13,4s) Est-ce un grief que tu fais à Dieu parce que le Christ s'abaisse, inclinant son âme vers la terre, afin de relever avec lui ceux qui plient sous le poids du péché ? (Mt 11,28) Lui reproches-tu d'avoir mangé avec les publicains et les pécheurs…pour leur salut ? (Mt 9,10) Comment mettre en cause un médecin qui se penche sur les souffrances et les plaies des malades pour leur apporter la guérison ? » (1)

«Ayez entre vous les dispositions qui sont en Jésus-Christ: lui qui était vraiment divin, il ne s'est pas prévalu d'un rang d'égalité avec Dieu, mais il s'est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains; reconnu à son aspect comme humain, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la croix. C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé et lui a accordé le nom qui est au-dessus de tout nom, pour qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur à la gloire de Dieu, le Père.» (2) 


(1) Saint Grégoire de Nazianze, Homélie pour la fête de Pâque ; PG 36, 624 (trad. Homéliaire patristique, Cerf 1949, p. 223s rev.), source  : l'Évangile au Quotidien 
(2) Philippiens 2:5-11 traduction NBS