Entrer au cœur du carême dans un chemin de réconciliation c'est s'inscrire dans une dynamique de joie et de grâce. Cela commence par un temps intérieur où je remercie le Seigneur pour les dons, toujours immenses qu'il m'a fait. Et c'est dans cette constatation de l'immensité de l'amour de Dieu que je prends conscience de ce qu'il me reste à accomplir. La méditation de la parabole des talents s'inscrit là dedans.
Dieu m'a fait des dons et j'ose les reconnaître, tout en réalisant que ce trésor reste enfoui parfois parmi d'autres préoccupations, que j'oublie de faire grandir, de partager, de faire fructifier.
Ensuite, viens le temps où je me souviens aussi de ce qui m'a éloigné de ce chemin qui va de la réception au don.
Ces adhérences au monde, ce mal, ces addictions dont nous sommes complices, volontaires ou parfois malgré nous peuvent être de trois ordres, comme le souligne saint Jean dans sa première lettre : ce qui est de l'ordre de l'avoir (j'ai et je ne partage pas, ou j'en veux plus : gourmandise, avarice, concupiscence), ce qui est de l'ordre du pouvoir (violence, abus, médisance, jugement), ou enfin du valoir (orgueil, mépris, etc.)…
Pour se libérer de ces trois adhérences, il nous faut entrer dans un chemin de conversion qui se nourrit des sacrements de la réconciliation, comme de l'eucharistie, tous deux indissociables. Cette dynamique est celle d'une vie. La réconciliation nous remet dans la réception et le don…
On ne peut oublier que rencontrer un prêtre pour nous aider à cela, c'est entrer dans la joie de Dieu. « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés » (Ps. 31,5). Chaque pas est un acte de liberté, qui nous remet dans l'Église. Et quand le prêtre ouvre ses bras à l'image d'un père qui court au-devant du fils prodigue (Luc 15), nous ne pouvons que sentir monter en nous l'émotion de ce Dieu qui nous aime, envers et contre tout, dans sa miséricorde infinie et débordante.
« Et toi, tu as enlevé l'offense de ma faute » (Ps. 31, 5) continue le psalmiste. Ce que le Père nous donne n'est autre que le fruit merveilleux de la mort et de la résurrection de son Fils. En s'élevant de terre, il nous a conduits vers l'amour. Cet amour rendu visible et glorifié par le Père et porté et amplifié par le don infini de l'Esprit Saint revient en nous dès que nous ouvrons nos portes à son souffle guérisseur et joyeux. L'absolution du prêtre nous donne l'expérience que le pardon et la paix rejaillissent en nous comme une source d'eau vive (Jean 4) et nous apporte la joie.
Cela peut alors devenir une autre quête, plus enivrante celle-là : goûter, à nouveau, à la joie d'être des enfants de Dieu. Plus je m'inscris dans la réconciliation, plus je vis en Christ… Alors l'eucharistie prend un sens nouveau, je deviens temple de Celui qui est revenu habiter chez moi, ou plutôt, qui habite en moi, mais que j'oubliais d'entendre…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire