D'avoir, de pouvoir, de reconnaissance
Nos cupidités, notre avarice, c'est notre soif d'avoir...
Nos violences, c'est notre soif de pouvoir
Notre tendance à juger, notre orgueil, c'est notre soif de valoir.
Tout cela est notre lot. Le Seigneur le sait, puisque comme nous, il a été tenté au désert.
Et pourtant, comme le suggère saint Léon le Grand, « Le seigneur a dit : Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. Il n'est donc pas permis à aucun chrétien de haïr qui que ce soit : personne ne peut être sauvé si ce n'est dans le pardon des péchés et, ceux que la sagesse du monde méprise, nous ne savons pas à quel point la grâce de l'Esprit peut leur donner du prix. Que le peuple de Dieu soit saint et qu'il soit bon : saint pour se détourner de ce qui est défendu, bon pour agir selon les commandements. Bien qu'il soit grand d'avoir une foi droite et une saine doctrine, et que soient digne de louange la sobriété, la douceur et la pureté, toutes ces vertus demeurent pourtant vaines sans la charité. Et on ne peut pas dire qu'une conduite excellente soit féconde si elle n'est pas engendrée par l'amour. ~
Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d'esprit et qu'ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. S'ils trouvent au fond de leur conscience quelque fruit de la charité, qu'ils ne doutent pas que Dieu est en eux. Et pour devenir de plus en plus capables d'accueillir un hôte si grand, qu'ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l'amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.
Pour traduire en actes ce bien de la charité, mes frères, il est vrai que tous les temps sont bons ; et pourtant, les jours que nous vivons nous y exhortent particulièrement. Ceux qui désirent accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l'esprit et du corps doivent s'efforcer avant tout d'acquérir cette grâce que contient la somme des vertus et couvre une multitude de péchés.
Sur le point donc de célébrer le plus grand de tous les mystères, celui où le sang de Jésus Christ a effacé nos iniquités, préparons tout d'abord le sacrifice de la miséricorde. Ce que la bonté de Dieu nous a donné, nous le rendrons ainsi à ceux qui nous ont offensés. Que les injures soient jetées dans l'oubli, que les fautes ignorent désormais la torture et que toutes les offenses soient libérées de la peur de la vengeance ! Que chacun sache bien que lui-même est pécheur et, pour recevoir le pardon, qu'il se réjouisse d'avoir trouvé à qui pardonner. Ainsi lorsque nous dirons, selon l'enseignement du Seigneur : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, nous ne douterons pas, en formulant notre prière, d'obtenir le pardon de Dieu. (1)
(1) Saint Léon le Grand, Sermon sur la Passion
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