19 janvier 2014

Les écueils de l'évangélisation - Avis de recherche


Ci-joint le premier jet d'un travail à approfondir. Pardon, pour une fois, d'être long.
Ces pages sont susceptibles d'être éditées. Version en ligne : 2

a) Nécessité et limites d'un agir missionnaire

Depuis plusieurs dizaines d'années le lent effritement de l'Église dans nos sociétés développées fait naître des questions sur le besoin d'une nouvelle évangélisation. Déjà, Paul VI dans un texte que nous ne voulons ignorer, « Evangelii Nutiandi, sur l'évangélisation dans le mondemoderne » publié le 8 décembre 1975, soulignait à la fois l'enjeu de cette annonce, mais insistait, non sans raison, sur :
  • sur l'importance d'une conversion préalable de l'évangélisateur lui-même, comme le nécessaire « renversement intérieur que l'Évangile désigne sous le nom de “ metanoia ”, une conversion radicale, un changement profond du regard et du cœur » §10.
    En effet, dit-il, il n'y a pas « il n’y a pas d’humanité nouvelle s’il n’y a pas d’abord d’hommes nouveaux, […] et une vie selon l'Évangile. » § 18
  • et sur la primauté du témoignage d'une vie doit être pour lui, la clé première : « Voici un chrétien ou un groupe de chrétiens qui, au sein de la communauté humaine dans laquelle ils vivent, manifestent leur capacité de compréhension et d’accueil, leur communion de vie et de destin avec les autres, leur solidarité dans les efforts de tous pour tout ce qui est noble et bon. Voici que, en outre, ils rayonnent, d’une façon toute simple et spontanée, leur foi en des valeurs qui sont au-delà des valeurs courantes, et leur espérance en quelque chose qu’on ne voit pas, dont on n’oserait pas rêver. Par ce témoignage sans paroles, ces chrétiens font monter, dans le cœur de ceux qui les voient vivre, des questions irrésistibles : Pourquoi sont-ils ainsi ? Pourquoi vivent-ils de la sorte ? Qu’est-ce — ou qui est-ce — qui les inspire ? Pourquoi sont-ils au milieu de nous ? Un tel témoignage est déjà proclamation silencieuse mais très forte et efficace de la Bonne Nouvelle. » § 21

b) Écouter le monde

« Malheur à moi si je n'évangélise pas », dit-il plus loin, citant 1 Co 9, 16. Et pourtant, l'élan missionnaire des premiers chrétiens doit-il se faire avec la même verve dans un monde qui rejette si profondément le message apparent de l'Église ? N'y-a-t-il pas, d'une certaine manière, avant de sortir l'étendard des vertus évangéliques et revendiquer l'autorité de l'Église, une attention particulière à avoir sur les nouvelles souffrances de notre temps.

Nous devons entendre le cri du monde, dans sa complexité (cf. ibid § 17), avant d'imposer nos valeurs. Pourquoi ? Pas seulement parce que le monde s'est détourné de Dieu, mais peut-être parce qu'une partie du message de l'Église a été mal transmis, ou a brouillé le message.
On peut lire avec intérêt sur ce thème le livre cité dans un des posts précédent (Confession d'un cardinal). Le pape François ne nous invite-t-il pas lui-même à la prudence : « je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures » EvangeliiGaudium § 49

Pourquoi une église sale, blessée, voire « pécheresse » comme le suggère certains théologiens comme Moltmann ou Küng doit-elle être préférée à l'Église triomphante, dénoncée par Mgr de Smedt au concile ?

Parce que la rencontre de l'homme moderne ne peut se faire, à mon avis, que dans la fragilité et la tendresse de Dieu.

  1. Le message des petits aux petits
Il y a probablement « un travail intérieur et pastoral à articuler, qui n’est pas éloigné, nous le verrons, de celui qu’a fait Dieu en se révélant à l’homme(*)». Pourquoi est-il nécessaire ? Probablement parce que l'homme qui peut être touché par Dieu est un être souffrant. Or, devant la souffrance, il y a, peut-être, plus qu’ailleurs, d’abord nécessité de se taire. Se taire permet d’entendre la révolte cachée. À négliger ce temps, « on risque de nier l'humanité de la personne et de proposer une parole chrétienne plaquée qui ne peut produire son effet d'humanisation (1)».
Le silence, dit K. Rahner, après une méditation sur la nuit de l’Esprit, est chemin : « Tu as voilé ton Amour dans l'ombre de Ton Silence. Tu m'as délaissé pour m'obliger à te trouver (2) ... » Ce silence qui suit le cri, y compris celui du « tombeau vide »(3), est de fait l’antichambre de la venue en l’homme d’une présence plus intérieure(4). La difficulté est que cette venue, cette brèche, évoquée par J. Daniélou(5), est peut-être justement un lieu pastoral. Il faut néanmoins que la personne souffrante ne demeure pas dans ce cri et parvienne à découvrir autre chose.
En disant cela, on ne s'éloigne pas du chemin de Dieu vers l'homme, de son agenouillement. N'est-ce pas celui de Jésus devant la Samaritaine (cf. Jn 4), qui commence par partager sa souffrance en lui disant, avant tout discours : « J'ai soif ». J'ai soif de toi. Une évangélisation qui ne se met pas humblement à genoux devant l'homme avant de porter le message d'une joie intérieure et fragile, n'est pas « évangélique ».
Dans l'humilité et la fragilité, une rencontre est possible. La kénose est ce chemin que Dieu nous montre, pour nous conduire à cette union des souffrants, que nous ne pouvons regarder de haut. D’ailleurs, note avec justesse X. Thévenot, « il y a un personnage qui a réussi à rejoindre Jésus dans sa souffrance, alors que les autres l'injurient ou se taisent. C'est justement un personnage qui souffre également. C'est le Bon Larron(6)».
Ce renoncement n’est pas effacement, mais amour. Comme le note D. Brown : « [le] plus problématique [...] dans les diverses analogies kénotiques est celui qui affirme, sans poser de questions, que dans la kénose Dieu entrait dans une forme d'existence inférieure plutôt que dans une sorte d'être différente. Bien entendu, elle était inférieure au sens où il y avait moins de puissance, de connaissance, et ainsi de suite, mais cela ne comporte aucune implication nécessaire d'un moindre degré de valeur ou d'accomplissement potentiel dans cette forme d'existence très différente(7). » L’amour d’un Dieu souffrant n’est pas celui d’un sous-dieu. C’est celui qui nous entraîne ailleurs, fait prendre conscience que « seul l’amour est digne de foi(8)» et que la chaîne humaine qui peut prendre naissance en faisant Église, permet d’engendrer mutuellement dans la foi.
D’une certaine manière, on rejoint les propos rassemblés par P. Bacq et C. Théobald lorsqu’ils tracent le chemin d’une pastorale d’engendrement(9). On peut discuter les moyens « kénotiques (10) » qu’ils défendent. Il me semble que la lente manducation de la Parole, la redécouverte de l’histoire d’un peuple souffrant comme celle d’un Dieu souffrant, notamment par la lectio divina (11), demeure le chemin vers la découverte de l’amour, et par delà l’amour, de l’espérance d’une vie après la mort.
Ce chemin s’insère dans l’un des trois axes principaux d’une pastorale de proposition(12), au titre de la diaconie (13) (servir la vie des hommes). Il n’exclut pas, mais complète et prépare les autres approches, y compris la liturgie.
Nous l’avons vu, il n’existe pas pour autant de réponse pastorale idéale. Le risque peut être de s’arrêter trop vite aux premiers temps, sans permettre d’aller plus loin. Le travail d’une pastorale d’engendrement peut être celui qui passe de l’accueil de l’émotion à « une opération de symbolisation, c'est-à-dire favoriser un passage d'une émotion brute à une émotion élaborée et symbolisée en la reliant. En la reliant au passé et au futur de la personne, à son entourage, à Dieu, à un message comme celui de l'Évangile. L'émotion brute fige la personne alors que la symbolisation redonne de la vie par fluidification, par relation reconstituée(14)».
C’est probablement dans l’articulation mesurée de ces approches et de ces accompagnements que l’on pourra trouver un moyen de réduire les rejets que la souffrance a générés.

  1. Des souffrances que l'on ne peut ignorer.
Parmi les principaux écueils actuels à l'évangélisation, on ne peut que citer quelques sujets qui fâchent et notamment une nécessaire et urgente pastorale vis-à-vis des blessés de la vie que sont l'ensemble des souffrants au sein duquel on peut et doit compter les divorcés remariés, les homosexuels, les femmes marquées par l'avortement ou par la violence.
Une pastorale qui s'attaque pas déjà à ces lieux où l'Église est pour l'instant absente ne pourra qu'ériger un discours qui passera à côté de ceux qui sont le plus marqués par le rejet de l'Église. Or le message ne peut être qu'universel, si le mot catholique veut prendre son sens le plus complet.

e) Des pistes à trouver

Il n'y a pas qu'un chemin vers le coeur de l'homme. Danièle Hervieu Léger, dans un de ses ouvrages parlait de ces multiples voies (culturel, social, tradition, sensible) qui sont autant de failles. On ne peut articuler une seule voie d'évangélisation mais réfléchir ensemble à des pistes et des sentiers qui mettent la priorité sur l'écoute et la fragilité et permettent de faire sentir qu'il ne s'agit pas d'abord d'une morale, mais bien d'une joie, celle d'un évangile qui parle au coeur de l'homme, le transforme de l'intérieur et le fait grandir. 

f) Un inépuisable travail de recherche.

Ce blog a déjà recensé plusieurs ouvrages qui m'ont accompagné sur ce chemin et me semblent utiles pour avancer sur cette piste.
Citons, au risque d'en omettre beaucoup mes dernières lectures (notamment dans le cadre de mon travail sur la souffrance - cf. plus loin) :

  1.  Exégèse

Asurmendi, Jesus, Job, Paris, Éditions de l’Atelier, 1999.
Balmary, Marie, Le sacrifice interdit, Paris, Seuil, 1994
Beauchamp, Paul, Cinquante portraits bibliques, Paris, Seuil, 2000.
Beauchamp, Paul, La Loi de Dieu, Paris, Seuil, 1999.
Beauchamp, Paul, L'un et l'Autre Testament, Seuil, 1976.
Buis, Pierre, Le livre des Rois, Paris, Librairie Lecoffre, J. Gabalda et Cie, «  Sources Bibliques », 1997.
Pury (Albert de), Le Pentateuque en question, Genève, Labor & Fides, 1989.
Savran, George W., Encountering the divine, theophany in Biblical Narrative, London & New York, T&t Clark Ltd, 2005.
Wenin, André, L’homme biblique, Lectures du Premier Testament, Paris, Cerf, 2004


2. Philosophie

Jonas, Hans, Le principe responsabilité, Flammarion, Insel Verlag, 1979, Cerf 1990.
Lévinas, Emmanuel, « Transcendance et Mal », Dieu qui vient à l’idée, Paris, Vrin, 1982, texte repris dans Nemo, Phillipe, op. cit. Job et l’excès du mal, Paris, Albin Michel, 1999, p. 143ss
Lévinas, Emmanuel, Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, La Haye, Martinus Nijhoff, 1974.
Marion, Jean-Luc, « La conscience du don », Jean-Noël Dumont et Jean Luc Marion, Le Don, Colloque interdisciplinaire, Lyon, Le Collège supérieur, 2001.
Marion, Jean-Luc, Étant donné, Paris, PUF, Collection Epithémée, 1997.
Nemo, Philippe, Job et l’excès du mal, Paris, Albin Michel, 1999.
Porée, Jacques, Le mal, Homme coupable, homme souffrant, Paris, Armand Colin/HER, 2000.
Ricœur, Paul, Philosophie de la volonté, notamment le tome 2, Finitude et culpabilité, Paris, Aubier, 1960.
Ricœur, Paul, Le mal, un défi à la philosophie et la théologie, Genève, Labor et Fides, 1996.
Sibony, Daniel, Don de soi ou partage de soi ? le drame Lévinas, Paris, Odile Jacob Poches 2004.

3. Études théologiques

Antony, Arockia Savariappan, Les funérailles chrétiennes, un évènement ecclésial, Mémoire de licence canonique, sous la dir. d'Hélène Bricout, Paris, Institut catholique de Paris, ISL, 2012.
Barth, Karl, L’humanité de Dieu, Genève, Labor et Fides, 2e Édition, 1956.
Brown, David, La tradition kénotique dans la théologie britannique, Paris, Mame Desclée, 2010.
Cantalamessa, Raniero La vie dans la Seigneurie du Christ, Le message spirituel de l’épître aux Romains, Paris-Montréal, Cerf-Médiaspaul, 2010.
Corbin, Michel, La vie de Moïse selon Grégoire de Nysse, Paris, Cerf, 2008.
Daniélou, Jean, La foi de toujours et l’homme d’aujourd’hui, Paris, Beauchesne, 1969.
Daniélou, Jean, Platonisme et théologie mystique, Essai sur la doctrine spirituelle de saint Grégoire de Nysse, Paris, Aubier, 1947.
Gesche, Adolphe, Dieu pour penser – I, Le Mal, Paris, Cerf, 1993.
Garrigues, Jean-Michel, Dieu sans idée du mal, La liberté de l’homme au cœur de Dieu, Limoges, Critérion, 1982.
Gutierrez, Gustavo, « Chapitre IV : Théologie à partir de l’envers de l’histoire », p. 163-235, La force historique des pauvres, Paris, Cerf, 1986,
Kasper, Walter, Jésus der Christus (Jésus le Christ), Matthias Grünewald Verlag, Mayence 1974, Paris, Cerf, 1991
Metz, Johann-Baptist, Memoria passionis, un souvenir provoquant dans une société pluraliste, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, Tr. fr. Jean-Pierre Bagot, 2009.
Metz, Johann-Baptist, La foi dans l’histoire et dans la société, Paris, Cerf, Cogitatio fidei, 1979.
Moingt, Joseph, L’homme qui venait de Dieu, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1993-2002.
Moltmann, Jürgen, Le Dieu crucifié, La croix du Christ, fondement et critique de la théologie chrétienne, Paris, Cerf, 1999.
Moltmann, Jürgen, The Trinity and the Kingdom of God, Londres, SCM, 1981, cité par D. Brown ; (Trinité et Royaume de Dieu, Contributions au royaume de Dieu, Paris, Cerf, 1984). 
Moltmann Jürgen, Le Seigneur de la danse, Paris, Cerf-Mame, 1977
Pannenberg
Nietzsche, Friedrich, L’Antéchrist, 1888, traduit par J.L. Hémery in F. Nietzsche, Œuvres philosophiques, tomes 8-1, Paris, Gallimard, 1974.
Rahner, Karl, Appel au Dieu du silence, Mulhouse, Salvator 1970.
Rahner, Karl, Warum läβt Gott uns leiden in Schuld und Leid, Shriften zur Theologie, Band XIV, Zürich, Einsielden, Köln, Benziger Verlag, 1980.
Speyr, Adrienne von, in Philipper, Dienst der Freude, 10, 90-92, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993.
Speyr, Adrienne von, Passion von Innen, cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, op. cit.
Thomas d'Aquin, Somme théologique, t. 1 et 4, Paris, Cerf, 1984 et 1986.
Urs von Balthasar, Hans, La Gloire et la Croix, II. Styles, 1. D'Irénée à Dante, Paris, Aubier, 1968.
Urs von Balthasar, Hans, Dramatique Divine II, 2, Namur, Éditions Culture et Vérité, série «Ouvertures», 1988.
Urs von Balthasar, Hans, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Namur, Culture & Vérité, 1993.
Urs von Balthasar, Hans, Théologique II, Namur, Éditions Culture et Vérité, série «Ouvertures», 1994.
Urs von Balthasar, Hans, Présence et Pensée, Essai sur la philosophie religieuse de Grégoire de Nysse, nouvelle édition, Paris, Beauchesne, 1988.
Varillon, François, La Souffrance de Dieu, Paris, Le Centurion, Octobre 1975.
Varillon, François, L'humilité de Dieu
Varillon, François, Beauté du monde et souffrance des hommes, Paris, Le Centurion, 1980.

4. Sociologie et Pastorale

Bacq Philippe et Théobald, Christoph (dir.), Une Nouvelle Chance pour l'Évangile, Vers une pastorale d'engendrement, Paris, Lumen Vitae/Novalis/Éditions de l'Atelier, 2004.
Commission Episcopale de Liturgie et de Pastorale Sacramentelle, Pastorale des funérailles, Paris, Cerf/CNPL, Guides Célébrer, 2003.
Gagey, Henri-Jérôme, La nouvelle donne pastorale, Paris, Éditions de l’Atelier, 1999.
Grieu, Etienne, « Pourquoi parler de " diaconie ?" », Paris, Études n° 4143, Mars 2011, p. 353-363.
Hervieu Léger, Danièle, Catholicisme, la fin d'un monde, Paris, Bayard, 2003.
Rondet, Michel
Vibert, Pierre, Les Funérailles avec les personnes éloignées de l'Église, Paris, Éditions de l’Atelier, 2000.
Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009.

5. Essais et spiritualité

Beaulieu, C. Ma blessure est tendresse, Paris, Éditions de l’Emmanuel, 2007.
Duley, Joseph-Alvare, R.P. Fr., Visions d'Anne-Catherine Emmerich sur la vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ, La douloureuse Passion et l'établissement de l'Église par les Apôtres ; coordonnées en seul tout, selon l'ordre des faits ; Traduction du texte allemand, par M. Charles d'ebeling, Paris, Téqui, 1947-1995, chapitre 1 & 2.
Germain, Sylvie, Les personnages, Paris, Gallimard, 2004.
Hillesum, Etty, Une vie bouleversée, Journal Intime 1941-1943 et autres lettres de Westerborck, Paris, Seuil 1995.
Thévenot, Xavier, La souffrance a-t-elle un sens ? Paris, Éditions don Bosco, 2011
Sommet, Jacques, Longchamp, Albert L’acte de mémoire, 50 ans après la déportation, Paris, Éditions de l’Atelier, 1995

6. Littérature

Camus, Albert, La Peste, Paris, ‎Bibliothèque de la Pléiade, 1962.
Michelet, Claude, Les défricheurs d’éternité, Paris, Laffont, 2000
Singer, Christiane, Derniers fragments d’un long voyage, Paris, Albin Michel, 2007.

f) Des travaux personnels qui vont dans ce sens.
Petit chercheur dans ce domaine fragile, je tiens à signaler quelques unes des pistes que j'ai déjà creusé et pour lesquels je continuerais à agir, aux côtés de ceux qui sentent qu'une morale ne suffit pas à changer le monde.



Notes :

(*) Cette partie est extrait et adapté de notre livre "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?" (op. cit).
(1) Patrick Baudry, Les funérailles et l'approche de la mort aujourd'hui, dans Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009, p. 80.
(2) Karl Rahner, Appel au Dieu du silence, Mulhouse, Salvator, 1970, p. 89.
(3) Sur le tombeau vide, voir notamment les développements de Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, 1993-2002, p. 356 s.
(4) « On ne peut parler de Dieu que si Dieu lui-même commence à parler », souligne ainsi Jürgen Moltmann, Le Seigneur de la danse, Paris, Cerf-Mame, 1977, p. 58, citant K. Barth.
(5) « Naissance [...] mariage [...] mort [...]. Qu’est-ce que l’homme religieux ? C’est celui qui ne peut pas supporter [...] que ces moments essentiels de l’existence puissent se passer de la présence de Dieu ». Jean Daniélou, La foi de toujours et l’homme d’aujourd’hui, Beauchesne, 1969, p. 72.
(6) Op. cit. p. 53.
(7) D . Brown, La tradition kénotique dans la théologie britannique, Paris, Mame Desclée, 2010 p. 195.
(8) Pour reprendre le titre éponyme d’un ouvrage de Hans Urs von Balthasar.
(9) « La « pastorale d'engendrement » puise son inspiration dans une certaine manière de se référer aux récits fondateurs ». Il s'agit pour les auteurs de transmettre une manière d'être, faite d'accueil et de don, mais surtout redonner une certaine "fécondité à l'Évangile", susciter une "contagion relationnelle" autour de la Parole de Dieu, vecteur de relecture et d'interpellation personnelle et communautaire. in Une Nouvelle Chance pour l'Évangile, Vers une pastorale d'engendrement, publié sous la direction de P. Bacq et Christoph Théobald en 2004 chez Lumen Vitae/Novalis/Editions de l'Atelier, p. 16-18.
(10) Kénose (Voir plus haut)
(11) La lectio divina est une méthode de lecture des textes bibliques, pratiquée de préférence à plusieurs, qui nous conduit à se faire petit témoin des scènes décrites et à manduquer ensemble ce que cette immersion humble dans le récit fait résonner en nous.
(12) Le rôle de la diaconie au sein d’un triptyque qui comprend également le kérygme et la liturgie est particulièrement développé par Etienne Grieu, « Pourquoi parler de « diaconie ? » Etudes n° 4143, Mars 2011, p. 353-363 et notamment p. 356 et 358.
(13) La diaconie est ce mouvement, remis en valeur par Diaconia 2013, où l'Église prend conscience et vit dans une fraternité partagée, avec, autour et dans l’humilité des plus faibles et des plus souffrants
(14) Laurent Villemin, « L'identité et la mission de l'Église interrogées », dans Villemin, Laurent et Pian, Christian (dir.), Les funérailles aujourd’hui, aspiration des familles, proposition de l'Église, Paris, Éditions de l'Atelier, 2009, p. 93

01 janvier 2014

Vincent Leclerq, Fin de vie, Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire


Le sujet défraye la chronique et semble se cristalliser entre euthanasie et suicide assisté. Vincent Leclerq nous conduit plus loin. À partir d’un constat déroutant sur l’état d’abandon des personnes en fin de vie qui trop souvent veulent « ne pas déranger » ou souhaitent « en finir », il met en lumière le développement croissant de ces morts sociétales qui marquent le début d’une perte de désir de vivre. Nos « vieux » se laissent mourir parce qu’on les a coupé de la vie. Face à l’abandon et la souffrance, face à la mort qui est niée et rejetée, qu’elle place laissons nous à ces personnes âgées qui gène souvent nos individualismes ?
À partir de ce constat désolant, l’auteur, médecin et prêtre assomptionniste, dresse un constat accessible de ce qui a contribué à améliorer la prise en compte des souffrances de l’homme face à la mort. Analysant l’intérêt de la Loi Léonetti, et le discours de l'Église, puis l’évolution du concept des soins palliatifs, il nous conduit à percevoir qu’il existe un autre chemin : celui d’une fragilité partagée où le respect de l’homme dans les derniers moments de sa vie nous humanise et nous fait grandir. L’enjeu est immense. Il porte sur le droit à la faiblesse, à la vulnérabilité et la fragilité, non comme des lieux d’exclusion, mais d’accompagnement. « Découvrant sa capacité d’aimer et d’être aimé jusqu’au bout, notre société est à l’école de la vie [...] et de la fragilité ». Cette dernière, conclut-il touche à « l’essentiel de nos vies ».
Un livre à recommander

Vincent Leclerq, Fin de vie, Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire, Paris, Éditions de l’Atelier, 2013