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21 décembre 2021

Stérilité et agenouillement - 2-20

Quel avenir pour notre Église ?

Le tressaillement de Jean au sein de l’ancienne femme stérile nous ramène bien loin et nous projette bien haut. Quelle va être notre fécondité ? Sommes nous encore dans l’espérance ?

« Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »

Si l’on oublie les premiers mythes d’Ecriture tardive et nous concentrons sur celui que l’on considère comme le premier « croyant », il nous faut peut-être contempler, comme le fait Heb 11, les gestes d’Abram et de Sara, voir le père des nations  à genoux à Mambré devant cette triple danse de feu (cf. billet 2.17.6 ), partir de l’origine pour retrouver LA direction.

À l’origine tout commence par un acte de charité.

Tradition culturelle d'hospitalité, le lavement des pieds proposé par Abraham, n'est certes pas à la hauteur du lavement des pieds proposé par Jésus en Jean 13. 

Et pourtant... 

Il devient lieu intérieur de conversion.

Il s'inscrit dans cette dynamique même de dépouillement en dépouillement, d'agenouillement en et agenouillement qui conduira Jésus à prendre la place, à la suite des femmes de Galilée, de celle qui revient à l'esclave, pour nous montrer la voie de l'amour humble de Dieu. 

C'est ce que nous avons peut-être à méditer dans le silence et dans l'attente d'Abram au chêne de Mambré. 

Sur le sable fragile d'un homme et d'une femme, stériles malgré leur union, Dieu veux construire un peuple, une descendance. 

Que dire, de la même façon, de cette leçon d'humilité, s'il en est, que cette stérilité de Sarah qui va jusqu'à rire du projet de Dieu et découvrir pourtant en sa chair que Dieu peut faire germer une graine sur un terrain aride. 

Dieu a besoin de nous ! De nos mains…

Si nous prêtons nos corps stériles et voués à la ruine, nos églises désertées, à la construction d'un Corps, nous devenons participants, malgré notre indignité à l'édification du Temple. 

Il ne s'agit pas cette fois d'une Babel éphémère si notre dépouillement reste entier. Il faut accepter de mourir à nos rêves humains de puissance, à nos prosélytismes moralisateurs, pour que le grain prenne enfin  corps. C'est dans l'argile de nos échecs que le Seigneur dessine un chemin amoureux... 



C'est dans le terreau de nos erreurs que Dieu fait jaillir le grain du Verbe. 

C'est sur le reniement d'Abram que jaillira la descendance. 

C'est sur le reniement de Pierre que se construit l'Église. 

Nous ne sommes que des pécheurs pardonnés. 

De nos échecs Dieu fera des victoires. 

Du cri des victimes jaillira-t-il enfin l’espérance…?

Du jamais plus, combien de fois répété, peut germer un nouvel élan.

Sur la boue des « terreux », sur l'argile du potier, Dieu modèle des amphores. 

De la quête attentive de l'homme, de l'accueil humble d'autrui, jaillit le signe ultime, l'agenouillement de Dieu devant l'homme qui crie que l'amour est possible. 

Si tu veux... 

Laissons Dieu agir. 

Laissons-nous nous dépouiller de nos désirs humains, de nos quêtes de pouvoir, pour qu'au fond d'un vase brisé, d'un rideau déchiré, d'un corps mutilé, d'un rêve cassé, d'un cœur transpercé, jaillisse une source nouvelle...

Laissons le nous laver les pieds, s’agenouiller devant l’homme, percevoir que ce Dieu à genoux est sommet, don, unique geste, mime fécond, car il nous conduit à terre et veut de nos cœurs stériles, de nos églises malades, faire germer la semence.

14 août 2019

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.
S'il ne t'écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S'il refuse de les écouter, dis-le à l'assemblée de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. » (Mat 18, 15-50) (1)

Difficile unité alors que nos Églises se déchirent et se vident, l'un entraînant l'autre...
Écoutons Cyprien sur ce thème : « Le Seigneur a dit : « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux ». Il montre ainsi que ce n'est pas le grand nombre de ceux qui prient, mais leur unanimité, qui obtient le plus de grâces. « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix » : le Christ met en premier l'unité des âmes, il met en avant la concorde et la paix. Qu'il y ait plein accord entre nous, voilà ce qu'il a constamment et fermement enseigné. Or, comment peut-il s'accorder avec un autre, celui qui n'est pas en accord avec le corps de l'Église et avec l'ensemble des frères ? (...) Le Seigneur parle de son Église, il parle à ceux qui sont dans l'Église : s'ils sont d'accord entre eux, s'ils font leur prière conformément à ses recommandations et à ses conseils, c'est-à-dire même si à deux ou trois seulement ils prient d'une seule âme, alors même à deux ou trois seulement, ils peuvent obtenir ce qu'ils demandent à la majesté de Dieu.
« Partout où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis avec eux » : c'est-à-dire il est avec les pacifiques et les simples, avec ceux qui craignent Dieu et observent ses commandements. Il dit qu'il est avec deux ou trois seulement comme il était avec les trois jeunes gens dans la fournaise ; parce qu'ils demeuraient simples envers Dieu et unis entre eux, il les a réconfortés d'un souffle de rosée au milieu des flammes (Dn 3,50). Il en a été de même pour les deux apôtres enfermés en prison ; parce qu'ils étaient simples, parce qu'ils étaient unis de cœur, il les a assistés, il a brisé les portes de leur cachot (Ac 5,19)... Quand donc le Christ inscrit parmi ces préceptes cette parole : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux », il ne sépare pas des gens de l'Église qu'il a lui-même instituée. Mais il reproche aux égarés leur discorde et recommande la paix à ses fidèles » (1)

Notre manque d'unité ne vient-elle pas de nos quêtes de puissance. Au lieu de nous déchirer adoptons une vision plus polyédrique de l'Église qui voit en chaque baptisé sa force intérieure, cette inhabitation de l'Esprit qui agit quand nous consentons à la faiblesse.

(1) saint Cyprien, De l'unité de l'Eglise, 12 (trad. DDB 1979, p.36 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

24 août 2018

Au fil de Luc - 6, 13 - faiblesse de l'Église

"Quand il fut jour, il appela ses disciples, et choisit douze d'entre eux, qu'il nomma apôtres: Simon, auquel il donna le nom de Pierre, et André son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemy" (Luc 6:13‭-‬14 BCC1923)

Commentaire de St Jean Chrysostome :

Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l'idée d'une pareille entreprise, eux qui vivaient auprès des lacs et des fleuves, et dans le désert ? Eux qui n'avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ? Ils étaient craintifs et sans courage : celui qui a écrit sur eux le montre bien, lui qui n'a voulu ni excuser ni cacher leurs défauts. C'est là une preuve très forte de vérité. Que dit-il donc à leur sujet ? Quand le Christ fut arrêté, après avoir fait d'innombrables miracles, la plupart s'enfuirent, et celui qui était leur chef de file ne resta que pour le renier.

Ces hommes étaient incapables de soutenir l'assaut des Juifs quand le Christ était vivant. Et lorsqu'il fut mort et enseveli, alors qu'il n'était pas ressuscité, qu'il ne leur avait donc pas adressé la parole pour leur rendre courage, d'où croyez-vous qu'ils se seraient mobilisés contre la terre entière ? Est-ce qu'ils n'auraient pas dû se dire : « Qu'est-ce que cela ? Il n'a pas été capable de se sauver lui-même, et il nous protégerait ? Quand il était vivant, il n'a pas pu se défendre, et maintenant qu'il est mort il nous tendrait la main ? Quand il était vivant, il n'a pu se soumettre aucune nation, et nous allons convaincre la terre entière en proclamant son nom ? Comment ne serait-il pas déraisonnable, non pas même de le faire, mais seulement d'y penser ? »

La chose est donc évidente : s'ils ne l'avaient pas vu ressuscité et s'ils n'avaient pas eu la preuve de sa toute-puissance, ils n'auraient pas pris un risque pareil.(1)

Commentaire 2 : 

Cette faiblesse originelle est à contempler dans l'espérance,  alors que notre Église est plus que jamais decriée par certains scandales. À la lumière de ce que nous avons vu chez Michée 4 et 1 Rois 19, il faut croire en toute humilité qu'un petit reste peut sauver le monde.

Dans sa visite à Rome sainte Thérèse de Lisieux découvre que les prêtres restent des hommes(2).  C'est dans sa faiblesse que l'Esprit agi.

(1) St Jean Chrysostome, Homélie sur la première lettre aux Corinthiens, source Bréviaire,  AELF,  vendredi 17eme semaine

(2) Ms A, ibid.






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22 février 2018

Chaire de saint Pierre et mystère de l'unité

"C'est le seul Simon que le Seigneur a établi comme rocher et porteur des clefs de l'Église et qu'il a fait pasteur de tout son troupeau (Jn 21,15s) ; mais la charge de lier et de délier qui a été confiée à Pierre (Mt 16,19), on la voit également impartie au collège des apôtres uni à son chef (Mt 18,18 ; 28,16-20). Ce collège, en tant qu'il est composé de plusieurs membres, reflète la variété et l'universalité du Peuple de Dieu ; et en tant qu'il est rassemblé sous un seul chef, il signifie l'unité du troupeau du Christ." (1)

Ce que rappelle le Concile est le coeur fragile de ce qui fait notre Église.  Fragile car Pierre et ses successeurs restent des "pécheurs pardonnés" comme le rappelle si bien le pape François.
Coeur, parce que cette difficile unité est l'un des lieux central, pneumatique et eschatologique de la grandeur de notre Catholicité.

"Tu es Pierre, c'est-à-dire : moi, je suis le rocher inébranlable, la pierre d'angle, qui fais l'unité de deux réalités séparées, le fondement tel que nul ne peut en poser un autre ; mais toi aussi, tu es pierre, car tu es solide par ma force, et ce que j'ai en propre par ma puissance, tu l'as en commun avec moi du fait que tu y participes.Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle. Sur cette solidité j'érigerai un temple éternel, et la hauteur de mon Église, qui doit la faire pénétrer dans le ciel, s'élèvera sur la fermeté de cette foi.Les puissances de l'enfer n'arrêteront pas cette confession, les liens de la mort ne l'enchaîneront pas : car cette parole est une parole de vie.(...) Elle porte jusqu'au ciel ceux qui la confessent." (2)


(1) Lumen gentium

(2)Saint Léon le Grand,  sermon pour l'anniversaire de son ordination

21 janvier 2017

De l'Église à l'homme

La contemplation du récit de la guérison du paralytique par Marc, nous dit Claude Flipo s'inscrit dans une trame qui vise l'intérieur de l'homme, sa conversion intime. Et ce travail passe par l'aide d'une petite église : quatre hommes qui ont la foi jusqu'à faire un trou dans le toit pour descendre leur ami devant Jésus.
On ne sait rien, à ce stade de la foi de l'homme, mais il faut goûter à ce passage de la foi des autres à sa propre espérance. "Ne regarde pas mes péchés mais la foi de ton Église". C'est bien la foi de l'Église qui nous porte jusqu'à Lui, alors même que la nôtre est encore fragile, et que notre coeur est bien pauvre en amour"(1).

(1) Claude Flipo, ibid. p. 51

29 décembre 2016

L'Église au XVIème siècle

"La situation religieuse en Europe à la veille de la Réforme protestante (...) est en fait plus complexe, à un degré qui ne permet pas les raccourcis sommaires et qui remet en question les stéréotypes toujours dominants dans les médias populaires" (1)

O'Malley évoque ainsi une réforme spontanée du clergé, surtout dans les ordres religieux.

Si je résume c'est un peu comme dire que l'église actuelle se résume aux crimes et abus de certains. La tentation de l'amalgame ignore le travail de l'Esprit dans le Corps...

Sommes-nous des pécheurs pardonnés ?

La sainteté de l'Eglise est-elle un but à atteindre ici-bas...?

La coexistence entre une Église sainte et pécheresse reste une tension. Affirmer le contraire serait présomptueux, ce que l'on ne peut plus se permettre.

(1) O'Malley, Le concile de Trente ibid. p. 57

29 juillet 2016

La tentation raisonnante

"Celui qui veut éprouver Dieu doit éprouver tout dans l'Un et ne s'opposer à aucune souffrance, mais cela c'est le Christ", disait déjà Denys (1)‎. Cette phrase introduit un long développement de Balthasar sur l'évolution de la pensée rationnelle au delà de Jean Tauler et de ses pairs. Il y décrit la tentation de tout ramener à la raison au point de sortir Dieu pour y substituer "la transcendance impersonnelle de notre esprit".

On sent bien à ce stade le risque qui pointe de ne plus vouloir accepter l'inconnu de Dieu. Ce qui est inconcevable par l'homme ne peut être. Mais la tentation de tout raisonner laisse-t-elle une place au souffle divin ?

Nous entrons là dans l'ère moderne. Notre chemin n'est-il pas d'entendre cet ultime défi de l'orgueil humain qui veut refuser ce qu'il considère comme étant la faiblesse de la foi. Notre tâche est immense car l'écart entre Dieu et l'homme n'a cessé depuis de s'étendre. Pour. Le rejoindre  "Il faut une Église qui n'ai pas peur d'entrer dans leur nuit. Il faut une Église capable de les rencontrer sur leur chemin. Il faut une Église en mesure de se mêler à leurs conversations. Il faut une Église qui sache dialoguer avec ces disciples, qui quittent Jérusalem, errent sans but, seuls avec leur désenchantement, avec la désillusion d'un christianisme considéré comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens." (2)

(1) GC7 p. 124
(2) Pape François, discours à l'épiscopat brésilien à Rio le 27/7/2013, cité par Spadaro op. Cit p. 98



09 juin 2016

Contempler l'Église

"Sous la double forme d'esclave d'une Église vraiment pécheresse et défigurée par les pécheurs, éclate la splendeur de l'amour du Christ, non point comme un point isolé dans l'amour d'un seul homme"(1), mais‎ dans sa dynamique collégiale et eschatologique telle que contemplée par Jean dans l'apocalypse : ces hommes qui ayant à leur tour "trempé leurs vêtements dans le sang de l' Agneau", ces martyrs visibles et invisibles qui ont complété en leur chair l'amour donné par l'unique médiateur et le peuple immense des hommes de bonne volonté.

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 op Cit p.‎ 510

30 mai 2016

Église et Écriture

Il ne faut pas "prendre l'Écriture pour la révélation (...) elle nest pas quelque chose comme une icône magico-sacramentelle dans laquelle la chose, c'est à dire la grâce, serait substantiellement enfermée et cachée (..) le véritable enfantement de l'Église consiste à porter des âmes pour le Christ." (1)

Nous retombons la sur l'interaction constante et nécessaire entre les trois tables déjà évoquées plus haut. La Parole, les sacrements ne sont pas au centre du système, ils s'articulent dans la construction de l'Église, de ces pierres vivantes qui se rassemblent en Christo (456).

(1) Hans Urs von Balthasar Gc1 op Cit p. 458

21 décembre 2015

L'Église c'est vous

Un petit Chinois qui répond aux Gardes rouges qui avaient fermé l'église du lieu et lui disaient : "Va-t'en, il n'y a plus d'église": "De quelle Église parlez-vous ? L'Église c'est moi" (1) nous rappelle s'il en est besoin que l'Église ne vit que par nous. Une immense responsabilité jaillit de ce constat.

(1) Maurice Zundel, Retraite‎ au Vatican quel homme et quel Dieu ? p. 199


20 octobre 2015

Porté par l'espérance

A la lumière du chemin que trace pour nous les chrétiens d'Orient, nous pouvons entendre à nouveau les propos de Madeleine Delbrel : "ce qui donne un sens au combat de l'Église, ce qui trace le sens de son histoire, c'est l'espérance. Pour marcher, pour se propager, pour libérer, l'Église lutte [j'ajouterai avec les armes fragiles de l'amour], les yeux et le coeur rivé sur les promesses de Dieu. (...) L'espérance chrétienne nous assigne pour place cette étroite ligne de crête, cette frontière où notre vocation exige que nous choisissions, chaque mois et à chaque heure, d'être fidèles à la fidélité de Dieu pour nous. Sur la terre ce choix peut être déchirant. Mais l'espérance nous interdit d'en faire un dolorisme. C'est comme la souffrance d'une femme qui met un enfant au monde. Chaque fois que nous sommes ainsi déchirés, nous devenons comme des brèches ouvertes dans la résistance du monde. Nous livrons passage à la vie de Dieu." (1)

C'est poursuit Madeleine un moyen d'entrer dans la vie intime de l'Eglise.

Bien sûr, les détracteurs parleront d'opium du peuple. Mais notre expérience de la paix trouvée en Dieu et le regard de nos frères nous révèle ex post que cette espérance n'est pas vaine.

‎(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op Cit p. 249
 ‎ 

19 octobre 2015

L'Église, lampadaire du Christ

Je découvre la finesse de cette analogie chez saint Maxime : " Ta Parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur mon chemin. Notre Sauveur et notre Dieu est celui qui dissipe les ténèbres de l'ignorance et du mal : voilà pourquoi il est appelé lampe dans l'Écriture. Lui seul, en détruisant l'obscurité de l'ignorance et les ténèbres du mal, à la manière d'une lampe, est devenu pour tous le chemin du salut. Par la vertu et la connaissance, il mène vers le Père ceux qui veulent marcher grâce à lui sur le chemin de la justice, en observant les commandements divins. 
Quant au lampadaire, c'est la sainte Église. C'est sur sa prédication que repose la Parole lumineuse de Dieu, qui éclaire tous ceux qui sont dans le monde comme dans une maison, par les rayons de la vérité, en remplissant tous les esprits de la parfaite connaissance de Dieu." (1)

( 1) Saint Maxime le Confesseur,  Questions à Thalassius,  source AELF


14 octobre 2015

Obligations d'Église

Une petite pointe méritée sur nos pharisaïsme qui se passe presque de commentaires : "Les obligations morales ou d'Église (...) ‎constituent le règlement de ce que nous appelons nos devoirs religieux. Ça sent la discipline et la crainte des pénalités. Ça sent surtout les chrétiens qui n'ont pas eu leur ration de vérité ou dans des conditions qui l'ont rendue inadmissible" (1)

Ce qui interpelle est peut être ce que soulignera plus tard Jean-Paul II dans Veritatis Splendor : toute conscience doit être éclairée.

(1) Madeleine Delbrel , Nous autres gens des rues, op Cit p. 193

06 octobre 2015

Beauté de l'Église

Cette beauté que nous peinons souvent à trouver est d'abord de notre responsabilité. Il ne sert à rien de critiquer l'Église si nous n'avons pris à bras le corps ses enjeux, si nous ne retroussons pas nos manches.
Écoutons encore une fois Madeleine : "L'Église, il faut s'acharner à la rendre aimante. Son amour est en grande partie à notre merci." citant saint Ambroise, Madeleine ajoute "c'est dans les âmes que l'Église est belle". Dans nos vies, ajoute-t-elle, "l'Église doit être bonne; dans nos vies, le Christ-Église doit aimer à l'aise, dans le sens même de son amour, dans les règles de son amour, dans les exigences de son amour". (1)

(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op Cit, p. 137

04 octobre 2015

Obéissance ecclésiale

La question de l'obéissance est souvent le point d'achoppement de notre relation ecclésiale. Car, souvent, nous la conditionnons instinctivement à un désir de liberté intérieure, mêlée à un besoin de reconnaissance. Madeleine la conçoit quant à elle comme "une obéissance à la fois passive et active parce qu'elle est obéissance à un ordre vital, à une propagation vitale. De cette obéissance on ne se tire pas avec une oraison dite à la messe, avec un dévouement à un prêtre ou à un mouvement. On ne s'en tire même pas avec une vie sacramentelle fidèle, ni avec une vie de prière fervente, mais en assumant notre vie sacramentelle et notre vie de prière jusque-là où elles doivent aller jusqu'à ce pour quoi elles ont été faites". (1)

On sent chez Madeleine une contemplation de l'obéissance du Christ à son Père, de cette course infinie (Ph 3) de l'apôtre véritable qui se laisse conduire par l'Esprit.

Pour elle, l'Église est "le signe le plus prodigieux du mystère de Dieu, car en elle sont les fameuses dimensions de la charité" (...) que nous ne pourrons incarner qu'en "acceptant d'abord l'incarnation de cette charité dans l'Église‎, dans le Corps mystique de Jésus-Christ".

Il est évident que beaucoup rejette cette image
Elle est pourtant de notre responsabilité commune, tant l'Église n'est faite que de ce que nous en faisons.‎ Nous sommes ses "cellules intelligentes et aimantes". Si ces cellules étaient capables de comprendre et d'aimer elles exploseraient de "reconnaissance pour chaque prêtre qui donne le sang du Christ, ‎ seraient en anxiété priante pour chaque évêque qui a des décisions à prendre..." (2)
Ce discours n'est pas idyllique mais programmation et réaliste :
Pour elle, l'Église est "la Passion du Fils de Dieu fait homme perpétuée au milieu de nous" (3)

‎(1) Madeleine Delbrel, Nous autres gens des rues, op. Cit. p. 134
‎(2) p. 135
(3) p. 136 

24 septembre 2015

Christ et Église - 2

Au delà des propos rapportés plus haut, il faut entendre l'appel au renoncement qui en découle. "La lumière de la foi n'est lumineuse que si l'homme, se détachant de lui même et renonçant à sa propre évidence, se livre tout entier à la Source qui se tient ouverte pour lui par grâce. Mais il ne peut accomplir de dépassement intérieur correctement et sans identification mystique secrète, que s'il reconnaît l'origine de la lumière dans la figure du Christ, telle qu'elle vient à lui dans le domaine de l'Église". (1)

C'est pro‎bablement là que l'indépendance franco-française résiste le plus. Mes propos dans "Cette Église que je cherche à aimer" le disait à leur manière. Il y a pourtant là une voix que je prends à petit pas, éclairé également par ce que dit, d'une manière finalement assez similaire Madeleine Delbrel. Il y a là une voie difficile, l'ultime renoncement, celui qui nécessite kénose et effacement véritable devant la triple nécessité de contempler Écriture, Tradition et Sens des fidèles comme un chemin supérieur à l'indépendance farouche qui vient de mon incurable orgueil.... :-)

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 182

13 septembre 2015

Cette Église que je veux aimer

Plus j'avance dans la lecture de ces chercheurs de Dieu,  plus je prends conscience que la construction du temple est complexe et que nous devons chercher à faire corps pour ne pas déchirer l'unique tunique du Christ.  L'unité de l'Église devrait nous importer plus que nos petites allergies à certains de ces membres.  Dans cette période délicate où elle est souvent décriée,  nous avons à être attentifs à la manière dont nous contribuons à sa marche vers le Père et dépasser nos hésitations et nos résistances (1). 
Et nous devons prier pour nos évêques...
Cette phrase d'Augustin m'y aide : "Beaucoup sont chrétiens sans être évêques ; ils arrivent à Dieu par un chemin peut-être plus facile et ils marchent sans doute avec une allure d'autant plus dégagée qu'ils portent un moindre fardeau. Quant à nous, nous sommes chrétien, et nous devrons donc rendre compte à Dieu de notre propre vie ; mais nous sommes en outre évêque, et nous devrons donc rendre compte à Dieu de notre gestion." (2)

(1) cf. à ce sujet mes développements dans : Cette église que je cherche à aimer, et Chemins d'Eglise, repris dans Serviteur de l'homme
(2) Saint Augustin,  Sermon sur les Pasteurs, source AELF

27 août 2015

Cette Église que je cherche à aimer -2

‎"Dans ce qui nous a été révélé, il y a sans doute rien de plus grand, et rien qui puisse mieux nous faire connaître la grandeur de Dieu et de quoi nous pouvons le louer davantage, que l'édification de l'Église " (1)

5 ans après  la première édition de ma contemplation "cette Église que je cherche à aimer", je dois reconnaître que j'ai encore progressé dans ma perception du chemin droit de l'Esprit parmi les sinuosités humaines qui fait grandir cette lente construction de la cathédrale vivante qu'est le Corps du Christ en marche vers sa sainteté. 

Nos papes récents ont contribué chacun‎ a redonner à l'Église une autre couleur que ce triomphalisme dénoncé dans l'aula du dernier concile par le cardinal de Smedt. Mais c'est aussi dans cette myriade d'hommes et de femmes qui s'avancent vers l'agneau que l'on peut sentir la victoire de l'amour, loin de tous les pessimistes qui annoncent sa mort.

Jean XXIII en citant ces phrases de Bellarmin veut chanter "Seigneur ouvre mes lèvres" que nos moines répètent par trois fois lors de leur premier office. Marchons à leur suite sur ce chemin de la louange.

(1) saint Robert Bellarmin, cité par Jean XXIII, op. Cit p. 397


13 octobre 2014

Suivre l'église

Malgré l'apparence ma fidélité à l'Eglise ne prend pas une tâche, même si bien sûr je me plais à souligner ses fragilités et ses avancées.
A ce titre, je ne renie pas cette sentence d'Origène : "Le vrai disciple de Jésus est celui qui entre dans sa maison (...) en pensant suivant l'Eglise, en vivant suivant l'Eglise" (1)

Entretien avec Héraclite (trad. J Scherer, 155), cité par de Jean de Lubac, in Exégèse médiévale, tome 1, Les quatre sens de l'écriture, Paris, DdB, 1993, p. 58

09 octobre 2014

Jésus un juif laïc


Après une étude qui doit en fâcher certains sur les origines du Christ, John P. Meier enchaîne sur la question " Jésus était-il marié ?" et conclut contre Phipps que cette thèse est sans fondement. On a eu chaud. Cela donne une vision très "sitz im Leben" de l'histoire des eunuques pour le royaume de Matthieu. Ce que le laïc que je suis ne peux s'empêcher de souligner c'est que Jésus était le premier laïc de l'église... laïc célibataire certes.
Comme quoi il faut de tout pour faire avancer le royaume.

Il est d'ailleurs intéressant de noter p. 220 que notre habitude de considérer Jésus comme prêtre est un hapax (seule mention du NT) qui nous vient d'un texte tardif, en l'occurrence Hébreux 7, mais que l'auteur de l'épître précise en 8, 4 que s'il était sur terre, il ne serait même pas prêtre. Autant pour ceux qui s'attachent peut-être trop à un ritualisme sous couvert d'imitation christique. On rejoint ici des propos croisés chez Moingt sur cette église non ritualiste des premiers temps.


Dois-je rappeler ici mes conclusions sur la diaconie reprise en bonus dans Chemins d'Eglise.
Le chemin pastoral adéquat n'est peut être pas celui qui passe par l'absolutisme des rites. Mais celui qui met ceux ci éventuellement au service de tous nos chemins d'humanité vers une communion véritable.

Contempler le chemin laïc du Christ montre qu'il n'a jamais passé par une stricte obéissance aux rites au grand dam des Pharisiens. Il a toujours mis la charité au premier plan.