26 février 2018

Dynamique 10 - la grâce reçue du Christ -Saint Jean Chrysostome

"Tu as vu le Christ dans sa gloire. Et Paul s'écrie : Nous, à visage découvert, nous reflétons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur. (...) vous, ce n'est pas seulement par la grâce du nouveau Moïse mais par votre obéissance.(...) nous avons, nous, un autre Moïse, Dieu lui-même, qui nous guide et nous commande.Quelle était, en effet, la caractéristique de ce Moïse ? Moïse, dit l'Écriture, était le plus doux de tous les hommes qui sont sur la terre. On peut sans erreur en dire autant de notre Moïse. En effet, il est assisté de l'Esprit très doux, qui lui est intimement consubstantiel. Alors Moïse a levé les mains vers le ciel et en a fait descendre le pain des anges, la manne ; notre Moïse lève les mains vers le ciel et nous apporte la nourriture éternelle. Celui-là frappa la pierre et fit couler des fleuves d'eau ; celui-ci touche la table, frappe la table spirituelle et fait jaillir les sources de l'Esprit. C'est pourquoi, comme une source, la table de l'autel est placée au milieu de l'église afin que, de toutes parts, les troupeaux des fidèles affluent à la source pour s'abreuver à ses flots qui nous sauvent.Puisque nous avons là une telle source, une telle vie, que la table regorge de mille bienfaits et que, de toutes parts, elle nous comble de dons spirituels, approchons avec un cœur sincère et une conscience pure pour obtenir grâce et miséricorde et recevoir du secours en temps voulu."(1)

(1) Saint Jean Chrysostome,  catéchèse baptismale,  source AELF,  office des lectures,  lundi semaine 1

Dynamique 9 - pauvreté - Mère Térésa

"Je suis habitée par le sentiment que sans cesse, partout, est revécue la Passion du Christ. Sommes-nous prêts à participer à cette Passion ? Sommes-nous prêts à partager les souffrances des autres, non seulement là où domine la pauvreté mais aussi partout sur la terre ? Il me semble que la grande misère et la souffrance sont plus difficiles à résoudre en Occident. En ramassant quelqu'un d'affamé dans la rue, en lui offrant un bol de riz ou une tranche de pain, je peux apaiser sa faim. Mais celui qui a été battu, qui ne se sent pas désiré, aimé, qui vit dans la crainte, qui se sait rejeté par la société, celui-là éprouve une forme de pauvreté bien plus profonde et douloureuse. Et il est bien plus difficile d'y trouver un remède. Les gens ont faim de Dieu. Les gens sont avides d'amour. En avons-nous conscience ? Le savons-nous ? Le voyons-nous ? Avons-nous des yeux pour le voir ? Si souvent, notre regard se promène sans se poser. Comme si nous ne faisions que traverser ce monde. Nous devons ouvrir nos yeux, et voir." (1)

A méditer

(1) Sainte Teresa de Calcutta, No Greater Love (trad. Il n'y a pas de plus grand amour, Lattès 1997, p. 65)

25 février 2018

Dynamique 8 - la tentation mystique

" Et Pierre répondit à Jésus : Rabbi il est bon que nous soyons ici. » Marc 9, 2-10.
"Quand je lis les Écritures et que je comprends spirituellement quelque enseignement sublime, moi aussi je ne veux pas descendre de là, je ne veux pas descendre à des réalités plus humbles : je veux faire dans mon cœur une tente pour le Christ, la Loi et les prophètes. Mais Jésus qui est venu pour sauver ce qui était perdu, qui n’est pas venu pour sauver ceux qui sont saints mais ceux qui se portent mal, sait que, s’Il reste sur la montagne, s’Il ne redescend sur terre, le genre humain ne sera pas sauvé" (1). 

J'appelle cela la tentation mystique.  Ce que Mounier souligne à sa manière en décrivant le risque bourgeois des bonnes idées qui ne passent pas à l'acte.

A méditer à l'aune de notre agir. Aimer Dieu n'est rien si l'on n'aime son frère dans sa pauvre réalité et sans retour, un chemin autrement plus difficile. 

Dieu en nous donnant son fils unique nous conduit sur les pas d'Abraham (Gn 22) vers le don total.

"Il n’a pas épargné son propre Fils,mais il l’a livré pour nous tous :comment pourrait-il, avec lui,ne pas nous donner tout ?" Rom 8, 31

(1) Saint Jérôme, Homélies sur Marc, n°6, SC 494 (p. 165,167,161,172, trad. SC) 

22 février 2018

Dynamique 7

Mon vis à vis n'est plus ce « néant immobile (...) mais à proprement parler une hostie, un sacrement, un miracle au détour de la rue, une présence inédite de Dieu, un temple de Jésus-Christ (...) sa réalité, ce n'est pas seulement lui fasse à moi, c'est nous deux ; le lien qui nous unit en une seule chair spirituelle dans le Corps mystique du Christ (...) un tu »(1)

Nous approchons une fois de plus de cette dynamique sacramentelle qui fait de nos rencontres des sacrements de la rencontre ultime et eschatologique.
Mounier reprend ici des concepts qui trouveront écho chez Emmanuel Lévinas sur le regard, le visage et la présence à l'autre. Une convergence qui trouve sa source commune chez Jaspers ?
Je retiendrais plus loin la conclusion du chapitre « je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer » (2)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 44
(2) ibid p. 53

Chaire de saint Pierre et mystère de l'unité

"C'est le seul Simon que le Seigneur a établi comme rocher et porteur des clefs de l'Église et qu'il a fait pasteur de tout son troupeau (Jn 21,15s) ; mais la charge de lier et de délier qui a été confiée à Pierre (Mt 16,19), on la voit également impartie au collège des apôtres uni à son chef (Mt 18,18 ; 28,16-20). Ce collège, en tant qu'il est composé de plusieurs membres, reflète la variété et l'universalité du Peuple de Dieu ; et en tant qu'il est rassemblé sous un seul chef, il signifie l'unité du troupeau du Christ." (1)

Ce que rappelle le Concile est le coeur fragile de ce qui fait notre Église.  Fragile car Pierre et ses successeurs restent des "pécheurs pardonnés" comme le rappelle si bien le pape François.
Coeur, parce que cette difficile unité est l'un des lieux central, pneumatique et eschatologique de la grandeur de notre Catholicité.

"Tu es Pierre, c'est-à-dire : moi, je suis le rocher inébranlable, la pierre d'angle, qui fais l'unité de deux réalités séparées, le fondement tel que nul ne peut en poser un autre ; mais toi aussi, tu es pierre, car tu es solide par ma force, et ce que j'ai en propre par ma puissance, tu l'as en commun avec moi du fait que tu y participes.Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle. Sur cette solidité j'érigerai un temple éternel, et la hauteur de mon Église, qui doit la faire pénétrer dans le ciel, s'élèvera sur la fermeté de cette foi.Les puissances de l'enfer n'arrêteront pas cette confession, les liens de la mort ne l'enchaîneront pas : car cette parole est une parole de vie.(...) Elle porte jusqu'au ciel ceux qui la confessent." (2)


(1) Lumen gentium

(2)Saint Léon le Grand,  sermon pour l'anniversaire de son ordination

17 février 2018

13 ans de blog...

Le 13 janvier 2005, je commençais ce blog, petite fenêtre publique d'un chemin intérieur.
Ces billets sont restés confidentiels. Mais ils ont tracé un chemin pour moi,
ont donné lieu à maintenant près de 2.000 billets...
plus de 100.000 visites (mais combien de robots ?)
Ces "posts" ont aussi donné naissance aussi à une centaine de livres...
et surtout, par le biais des index, à plusieurs centaines de mots clés (tags) qui me sont souvent utiles
pour retrouver mes notes.
Visiteur, si vous appréciez ces pages, dites-le moi...
Ce chemin reste personnel.
Si je le partage, cela peut être parfois par vanité (qui échappe à l’orgueil ?)
mais surtout parce que j'espère qu'il peut donner sens, un jour, à quelqu'un...
Bonne lecture...

Dynamique 6 - Saint Irénée et la gloire de Dieu

" Les hommes qui sont dans la lumière n'illuminent pas, eux, la lumière, mais par elle sont illuminés et par elle resplendissent : loin d'apporter quoi que ce soit à la lumière, ils en bénéficient et sont illuminés par elle.Ainsi en va-t-il du service de Dieu : à Dieu, il n'apporte rien, car Dieu n'a pas besoin du service humain. Mais à ceux qui le suivent et le servent, Dieu procure la vie incorruptible et la gloire éternelle. Il accorde ce bienfait à ceux qui le servent, parce qu'ils le servent, et à ceux qui le suivent, parce qu'ils le suivent, mais ne reçoit d'eux nul bienfait : car il est riche, parfait, et sans besoin.Dieu sollicite le service des hommes par bonté et miséricorde pour combler de bienfaits ceux qui le servent avec persévérance. Car autant Dieu n'a besoin de rien, autant l'homme a besoin de la communion de Dieu. La gloire de l'homme, c'est de persévérer et demeurer au service de Dieu. Et c'est pourquoi le Seigneur disait à ses disciples : Ce n 'est pas vous qui m'avez choisi, mais moi qui vous ai choisis ; il voulait dire par là qu'eux ne le glorifiaient pas en le suivant, mais que, pour avoir suivi le Fils de Dieu, ils étaient par lui glorifiés. Et il disait encore : Je veux que là où je suis, là ils soient aussi, pour qu'ils voient ma gloire."

Saint Irénée,  Contre les hérésies,  source AELF,  Bréviaire 1er samedi de Carême,  office des lectures

16 février 2018

Dynamique 5

Il y a un tout intérieur à trouver dans nos vies et toute action rituelle,  même le jeûne doit prendre conscience de la globalité du geste. 

 « Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne : il doit sympathiser avec l'homme qui a faim s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim ; il doit faire miséricorde, celui qui espère obtenir miséricorde. Ce que nous avons perdu par le mépris, nous devons le conquérir par le jeûne ; immolons nos vies par le jeûne, parce qu'il n'est rien que nous puissions offrir à Dieu de plus important, comme le prouve le prophète lorsqu'il dit : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c'est un esprit brisé ; le cœur qui est broyé et abaissé, Dieu ne le méprise pas » (Ps 50,19). Offre donc à Dieu ta vie, offre l'oblation du jeûne pour qu'il y ait là une offrande pure, un sacrifice saint, une victime vivante qui insiste en ta faveur. Mais pour que ces dons soient agréés, il faut que vienne ensuite la miséricorde. Le jeûne ne porte pas de fruit s'il n'est pas arrosé par la miséricorde ; le jeûne devient moins aride par la miséricorde ; ce que la pluie est pour la terre, la miséricorde l'est pour le jeûne. Celui qui jeûne peut bien cultiver son cœur, purifier sa chair, arracher les vices, semer les vertus : s'il n'y verse pas les flots de la miséricorde, il ne recueill pas de fruit. Toi qui jeûnes, ton champ jeûne aussi s'il est privé de miséricorde ; toi qui jeûnes, ce que tu répands par ta miséricorde rejaillira dans ta grange. Pour ne pas gaspiller par ton avarice, recueille par tes largesses. En donnant au pauvre, tu donnes à toi-même ; car ce que tu n'abandonnes pas à autrui, tu ne l'auras pas." (1)

(1) Saint Pierre Chrysologue, Homélie sur la prière, le jeûne et l'aumône ; PL 52, 320 (trad. bréviaire, 3e mercredi de Carême)




15 février 2018

Dynamique 4 - du personnalisme sacramentel

« Je ne commence à être une personne que du jour où se révèle à mes yeux [l'appel] (...) les valeurs qui me tirent au-dessus de moi. (...) le jour où chacun des membres a découvert chacun des autres comme une Personne et se met à la traiter comme telle (...) où chacune des personnes particulières s'occupe premièrement de tirer chacune des autres au-Dessus de soi vers les valeurs singulières de sa vocation propre et s'élève avec chacune d'elles. » (1)
Là se crée la deuxième phase de la dynamique sacramentelle que je cherche à décrire.

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p.42

Dynamique 3

Le sermon de Carême de saint Léon le grand s'inscrit en continuité des billets précédents en nous inscrivant de la même dynamique qui va dudon de la création à notre responsabilité : "Il est vrai en tout temps, mes bien-aimés, que la terre est comblée de miséricorde par le Seigneur. La nature elle-même enseigne à chacun des croyants qu'il doit adorer Dieu, puisque le ciel, la terre et la mer, avec tout ce qu'ils renferment, attestent la bonté et la toute-puissance de leur Créateur ; puisque l'admirable beauté des éléments mis à notre service exige de la créature douée d'intelligence une juste action de grâce.

Mais voici revenus les jours plus spécialement marqués par les mystères qui ont renouvelé les hommes, les jours qui précèdent immédiatement la fête de Pâques ; nous sommes donc invités à nous y préparer plus activement par une religieuse purification. ~

La solennité pascale a ceci de propre que toute l'Église s'y réjouit de la rémission des péchés. Cette rémission se réalise non seulement chez ceux qui renaissent par le baptême mais encore chez ceux qui déjà font partie de la communauté des fils adoptés par Dieu.

Le bain de la nouvelle naissance a pour effet principal de faire des hommes nouveaux ; toutefois, il incombe à tous de se renouveler quotidiennement pour combattre la routine de notre condition mortelle et, dans les étapes de notre progrès, chacun doit toujours devenir meilleur ; tous doivent faire effort pour qu'au jour de la rédemption personne ne demeure dans les vices de sa vie ancienne. 

Ce que chaque chrétien doit faire en tout temps, mes bien-aimés, doit donc être recherché maintenant avec plus d'empressement et de générosité. C'est ainsi que nous accomplirons le jeûne de quarante jours institué par les Apôtres ; nous ne nous contenterons pas de réduire notre nourriture, mais nous nous abstiendrons absolument du péché. ~

Rien n'est plus profitable que de joindre aux jeûnes spirituels et religieux la pratique de l'aumône ; sous le nom de miséricorde, elle englobe beaucoup d'actions de bonté qui méritent l'éloge, et c'est ainsi que les âmes de tous les croyants peuvent se rejoindre dans un même mérite, malgré l'inégalité de leurs ressources.

En effet, l'amour que l'on doit avoir tout ensemble pour Dieu et pour le prochain n'est jamais entravé par de tels obstacles que ce désir du bien ne soit librement à sa disposition. Les anges ont dit :Gloire à Dieu dans les hauteurs et paix sur la terre aux hommes pleins de bienveillance parce que non seulement la vertu de bienveillance, mais aussi le bien de la paix rend bienheureux celui qui compatit par sa charité à toutes les misères dont souffrent les autres.

Les œuvres de bonté sont extrêmement vastes, et leur diversité même permet aux vrais chrétiens de participer à la distribution des aumônes, s'ils sont riches et dans l'abondance, et même s'ils sont de fortune modeste ou dans la pauvreté ; et ceux qui, pour faire des largesses, sont inégaux en ressources, se ressemblent pourtant par les sentiments profonds." (1)

(1)Saint Léon le grand, sermon de carême, source AELF,  office des lectures du premier jeudi de carême

14 février 2018

Dynamique chez Mounier 2

Une distinction apportée par Mounier renforce cette idée. Pour lui, l'homme « n'est pas situé, il est pris dans un corps, dans un temps, dans un lieu, dans un monde, dans une tranche d'histoire (...) en liaison avec une mission singulière, par une attention particulière de Dieu. (...) il est un esprit manifesté dans une chair, s'irradiant en elle (...) vocation »(1)
C'est pour moi le premier pas de cette dynamique sacramentelle qui fait de nos corps des temples de Dieu dans cette dynamique déjà évoquée chez Bonaventure entre vestiges et ressemblances (Hans Urs von Balthasar parle de traces et de miroir)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 31sq.

Dynamique sacramentelle chez Emmanuel Mounier

Je commence la lecture de « L'engagement de la foi » un recueil de textes d'Emmanuel Mounier paru sous la direction de sa femme chez Parole et Silence.
Outre cette filiation à la pensée de Blondel déjà évoqué dans mes chemins de lecture, je découvre cet auteur longtemps ignoré à tort.
A partir de l'évocation de Gabriel Marcel que je connais mieux, le voici qui évoque la tentation de l'avoir. « Mais l'homme n'est pas créé pour posséder les choses et développer sur elle son instinct de puissance, mais d'abord, dit la Genèse pour les nommer, c'est à dire en introduisant avec elle un dialogue en tu ». Suit chez Mounier une évocation du rapport à la nature de notre frère François et du lien entre vestiges et ressemblances chez Bonaventure, mais la nouveauté est pour moi l'évocation du « caractère sacramentel de l'univers chrétien » d'une « sorte de sacrement naturel qui contribue à le tourner vers Dieu (...) dans un geste d'accueil et de salut ».(1) Il y a des germes de Laudato Si dans ce passage...

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 30

12 février 2018

Une vérité sur soi-même

Saluons encore une fois la finesse de l'analyse d'Elodie Maurot dans la Croix du 1/2/2018 (1) sur le tome 4 de Foucault dont elle souligne l'originalité de la recherche. L'extrait qu'elle donne du livre invite à aller plus loin :

« Si l'exagoreusis(l'"examen-aveu" pratiqué par les moines) incline à s'examiner soi-même et sans répit, ce n'est ni pour pouvoir s'établir soi-même dans sa propre souveraineté, ni même pour pouvoir se reconnaître dans son identité. Elle se déroule en permanence dans la relation à l'autre : dans la forme générale d'une direction qui soumet la volonté du sujet à celle de l'autre ; avec comme objectif de déceler au fond de soi-même la présence de l'Autre, de l'Ennemi  ; et avec pour fin dernière d'accéder à la contemplation de Dieu, en toute pureté de cœur. Cette pureté elle-même, il ne faut pas la comprendre comme la restauration de soi-même, ou comme un affranchissement du sujet. Elle est, au contraire, l'abandon définitif de toute volonté propre  : une façon de n'être pas soi-même ni par aucun lien attaché à soi-même. Paradoxe essentiel à ces pratiques de la spiritualité chrétienne  : la véridiction de soi-même est liée fondamentalement à la renonciation à soi. » (2) 

Il y a une piste à suivre, très personnelle, qui invite au véritable décentrement.

(1) Elodie Maurot, Michel Foucault explorateur du christianisme, La Croix du 1/2/2018, p. 12
(2) Michel Foucault, Les Aveux de la chair, Gallimard, 438 p., 24 € (p. 156-157).

Tradition dynamique

Poursuivons notre lecture de Veritatis Gaudium : « L'Esprit Saint embellit l'Église en lui indiquant de nouveaux aspects de la Révélation et en lui donnant un nouveau visage ». Cette perspective – c'est évident – assigne une tâche exigeante à la théologie ainsi que, dans leurs compétences spécifiques, aux autres disciplines prévues dans les études ecclésiastiques. Avec une belle image, Benoît XVI, faisant référence à la Tradition de l'Église, a affirmé que celle-ci « n'est pas une transmission de choses ou de paroles, une collection de choses mortes. La Tradition est le fleuve vivant qui nous relie aux origines, le fleuve vivant dans lequel les origines sont toujours présentes ».(1) « Ce fleuve irrigue diverses terres, alimente différentes géographies, en faisant germer le meilleur de cette terre, le meilleur de cette culture. De cette manière, l'Évangile continue à s'incarner dans tous les lieux du monde, de manière toujours nouvelle » (2)
J'aime cette image qui ne fige pas la Tradition dans une vision réduite au passé mais donne à l'Esprit la capacité de renouveler son apport au monde sans renier le bénéfice de l'histoire, de la Sagesse dont Proverbes 3 nous fait découvrir aujourd'hui la profondeur (3) dans l'office de la nuit.
(1) Catéchèse, 26 avril 2006.
(2) Veritatis Gaudium n.4d.
(3) C'est par la sagesse que Yahweh a fondé la terre, par l'intelligence qu'il a affermi les cieux. C'est par sa science que les abîmes se sont ouverts, et que les nuages distillent la rosée. Mon fils, qu'elles ne s'éloignent pas de tes yeux, garde la sagesse et la réflexion; elles seront la vie de ton âme, et l'ornement de ton cou. Alors tu marcheras en sécurité dans ton chemin, et ton pied ne heurtera pas. Si tu te couches, tu seras sans crainte; et quand tu seras couché, ton sommeil sera doux. Proverbes 3:19‭-‬24
« Yahweh m'a possédée au commencement de ses voies, avant ses œuvres les plus anciennes. J'ai été fondée dès l'éternité, dès le commencement, avant les origines de la terre. Il n'y avait point d'abîmes quand je fus enfantée, point de sources chargées d'eaux. Avant que les montagnes fussent affermies, avant les collines, j'étais enfantée. Lorsqu'il n'avait encore fait ni la terre, ni les plaines, ni les premiers éléments de la poussière du globe. Lorsqu'il disposa les cieux, j'étais là, lorsqu'il traça un cercle à la surface de l'abîme, lorsqu'il affermit les nuages en haut, et qu'il dompta les sources de l'abîme, lorsqu'il fixa sa limite à la mer, pour que les eaux n'en franchissent pas les bords, lorsqu'il posa les fondements de la terre. J'étais à l'oeuvre auprès de lui, me réjouissant chaque jour, et jouant sans cesse en sa présence, jouant sur le globe de sa terre, et trouvant mes délices parmi les enfants des hommes.
Proverbes 8:22‭-‬31 traduction BCC1923

09 février 2018

Polyèdre papal :-)

Il y a « une tension entre le particulier et l'universel, entre l'un et le multiple, entre le simple et le complexe. Annihiler cette tension va contre la vie de l'Esprit ». Il s'agit par conséquent de pratiquer une forme de connaissance et d'interprétation de la réalité, à la lumière de la « pensée du Christ » (cf. 1Co 2, 16) dont le modèle de référence et de résolution des problèmes « n'est pas la sphère [...] où chaque point est équidistant du centre et où il n'y a pas de différence entre un point et un autre (1)», mais « le polyèdre qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité » (2)
Nous avons déjà croisé plusieurs fois ce concept cher au pape. Il a là aussi sa place.

(1) Pape François, Veritatis Gaudium n.4d
(2) EG 236

Une culture de la rencontre - Veritatis Gaudium 4b

Après une contemplation sur le monde et la souffrance des hommes le pape nous appelle à « une authentique culture de la rencontre, bien plus, une culture, pouvons-nous dire, de la rencontre entre toutes les cultures authentiques et vivantes, grâce à l'échange réciproque des dons respectifs de chacun dans l'espace de lumière entrouvert par l'amour de Dieu pour toutes ses créatures. »(1)

À méditer dans un contexte de repli culturel et de peurs.

(1) Pape François, Veritatis Gaudium n. 4b
Voir aussi sur le meme sujet : Le mendiant et la brise

05 février 2018

Une théologie à genoux - Veritatis Gaudium

Le monde est devenu complexe. Il nous faut « comprendre la vie, le monde et les hommes ; non pas une synthèse, mais une atmosphère spirituelle de recherche et de certitude basée sur les vérités de la raison et de la foi. La philosophie et la théologie permettent d'acquérir les convictions qui structurent et fortifient l'intelligence et éclairent la volonté... mais tout ceci n'est fécond que si on le fait dans un esprit ouvert et à genoux. Le théologien qui se satisfait de sa pensée complète et achevée est un médiocre. Le bon théologien et philosophe a une pensée ouverte, c'est-à- dire incomplète, toujours ouverte au maius de Dieu et de la vérité, toujours en développement(1)

L'expression « théologien à genoux » a été utilisée à ma connaissance par Ratzinger (Benoît XVI) lors de son Homélie à l'occasion des obsèques de Hans Urs von Balthasar. Elle ne me surprend pas dans la bouche du pape. Elle résonne avec ce que j'ai cherché à exprimer dans « à genoux devant l'homme ». Une théologie qui suit la théologie de Jn 13...

On la retouve chez Bonaventure « pour que nous parvenions à ce fruit et à ce terme directement en progressant par la route étroite des Écritures, il faut commencer par le commencement, c’est à dire accéder à une foi pure au Père des lumières en fléchissant les genoux de notre coeur afin que par son Fils, dans son Esprit-Saint, il nous donne la vraie la vraie connaissance de Jésus-Christ et, avec sa connnaissance son amour » (2).

(1) Pape François, Veritatis Gaudium n.3
(2) Bonaventure, Breviloqium, source Aelf, LDH, tome 4 p. 532

03 février 2018

Le conflit des interprétations

La lecture du livre de 2 Sam 24 cette semaine, et de cette peste qui serait envoyée par Dieu sur Israël pour punir David de sa faute appelle à un commentaire. Où es Dieu ? Qui est-il ? Est-il violent ? Le sujet ne peut être évité dans un contexte de violence religieuse ?
Je regrette que l'on ne prenne pas le sujet à bras le corps en pastorale. Mon livre « Dieu n'est pas violent » esquisse une réponse bien maladroite.
Le conflit des interprétations (sans allusion à ce qu'en dit Ricoeur) est prégnant. Peut-on avoir une lecture spirituelle de ce texte ? Est-ce la peste qui implique une lecture de Dieu ou Dieu qui envoie la peste ? Dieu est-il violent ?
J'ai aussi esquissé cette question dans "le mendiant et la brise"...
En attendant j'adhère à ce qu'en dit Christoph Théobald : Être à l'écoute de « l'imprévisible nouveauté de l'évangile et de ses destinataires infiniment diversifiés, et le courage de l'interprétation qui en découle ici et maintenant, en relation confiante avec les interprètes autorisés de l'Église » (1)
Tout un programme.

(1) Christoph Théobald, Donner un avenir à la théologie, Paris, Bayard, 2017 p. 60

Donner un avenir à la théologie - Christoph Théobald

Comme indiqué plus haut je me plonge dans la lecture de ce petit opus (1) dense et interpellant. Cela met en lumière mes propres interrogations sur l'avenir de la théologie à l'aune de la frustration pastorale ressentie à la fin de ma licence (baccalauréat canonique) à l'ICP. L'enjeu pastoral me semblait pas assez écouté (ou peut-être l'ai-je raté ?).
Un point que ce livre aborde sans fard et que je développe plus loin.

(1) Christoph Théobald, Donner un avenir à la théologie,  Paris, Bayard, 2017

01 février 2018

Le mendiant et la brise - Essai de dialogue islamo-chrétien

Mes lecteurs habituels retrouveront avec plaisir l'histoire du Père Gilbert et notamment l'ambiance de la Perle, petite nouvelle parue en 2010. Mais la fameuse Yasmina, héroïne de la Perle, accueillie par Gilbert, méritait d'être mieux introduite.

Et cette mise en situation nécessite une attention particulière puisqu'on est au cœur d'un dialogue islamo-chrétien. Sujet complexe dans le contexte actuel, mais qui ne peut être évacué d'un trait de plume.

C'est ce que j'essaye de développer dans ce nouveau petit opus, distribué gratuitement sur fnac.com ou publié en livre papier à petit prix sur Amazon.com (avec en bonus, le premier tome de la saga : "Le pont des planches").

La saga compte maintenant plus de 800 pages publiées en deux tomes ou 8 petites nouvelles séparées.


Le tome 1 intitulé « D’une perle à l’autre », rassemble :

1.     Le pont des planches (gratuit sur fnac.com)
2.      Le cheval d’écume
4.      Le mendiant et la brise (gratuit sur fnac.com)
5.      La perle (inclus dans le 3 et le 4)

Le tome 2 rassemblant les parties suivantes vient de paraître sous le titre Le désir brisé, D'une perle à l'autre, tome 2. Il rassemble en un volume les titres suivants :
6.      Le désir brisé… (ancienne édition)
8.      La danse des anges

Texte mis à jour le 1/2/18

L’humilité chez Augustin

« Écoute Dieu qui t'enseigne l'humilité : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé » (Jn 6,38). Je suis venu, humble, enseigner l'humilité, comme un maître d'humilité. Celui qui vient à moi s'incorpore à moi ; il devient humble. Celui qui adhère à moi sera humble ; il ne fait pas ma volonté, mais celle de Dieu. Aussi ne sera-t-il pas jeté dehors (Jn 6,37), comme lorsqu'il était orgueilleux. »
À méditer. Un chemin long et difficile...

(1) Saint Augustin, Traité sur l'Évangile de saint Jean 25, fin 15.16 (tr. alt. Tournay)