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03 juin 2017

Pierre et Jean, commentaire du commentaire d' Augustin

On se souvient de la fin de Jean 21 et le site Évangile au quotidien nous redonne à méditer le commentaire d'Augustin : "L'Église connaît deux vies louées et recommandées par Dieu. L'une est dans la foi, l'autre dans la vision ; l'une dans le pèlerinage du temps, l'autre dans la demeure de l'éternité ; l'une dans le labeur, l'autre dans le repos ; l'une sur le chemin, l'autre dans la patrie ; l'une dans l'effort de l'action, l'autre dans la récompense de la contemplation... La première est symbolisée par l'apôtre Pierre, la seconde par Jean... Et ce n'est pas eux seuls, mais toute l'Église, l'Épouse du Christ, qui réalise cela, elle qui doit être délivrée des épreuves d'ici-bas et demeurer dans la béatitude éternelle. Pierre et Jean ont symbolisé chacun l'une de ces deux vies. Mais tous deux ont passé ensemble la première, dans le temps, par la foi ; et ensemble ils jouiront de la seconde, dans l'éternité, par la vision. C'est donc pour tous les saints unis inséparablement au corps du Christ, et afin de les piloter au milieu des tempêtes de cette vie, que Pierre, le premier des apôtres, a reçu les clefs du Royaume des cieux avec le pouvoir de retenir et d'absoudre les péchés (Mt 16,19). C'est aussi pour tous les saints, et afin de leur donner accès à la profondeur paisible de sa vie la plus intime, que le Christ a laissé Jean reposer sur sa poitrine (Jn 13,23.25). Car le pouvoir de retenir et d'absoudre les péchés n'appartient pas à Pierre seul, mais à toute l'Église ; et Jean n'est pas seul à boire à la source de la poitrine du Seigneur, le Verbe qui depuis le commencement est Dieu auprès de Dieu (Jn 7,38 ;1,1),... mais le Seigneur lui-même verse son Évangile à tous les hommes du monde entier pour que chacun le boive selon sa capacité.(1)

La tension ouverte entre Pierre et Jean est pratique et théorique. Elle entre en écho avec celle de Marthe et Marie, mais plus largement entre dans le cercle qui fait danser écoute, contemplation et action. Sans entrer dans la polémique entre Paul et Jacques ou celle soulevée par Luther, c'est surtout en nous que la tension doit demeurer pour que notre réflexion ne soit pas stérile, que notre contemplation porte des fruits de charité.
Là est notre chemin. Les grandes paroles ne suffisent pas. Si moi même prend plaisir dans les grands discours, ma tâche est ailleurs.

(1) Saint Augustin, Sermons sur l'évangile de Jean, n° 124 ; CCL 36, 685 (trad. Orval)

07 mars 2017

Le trépied des oeuvres


En écho avec le trépied eucharistique cité plus haut, voici une belle méditation de saint Pierre Chrysologue : "Il y a trois actes, mes frères, en lesquels la foi se tient, la piété consiste, la vertu se maintient : la prière, le jeûne, la miséricorde. La prière frappe à la porte, le jeûne obtient, la miséricorde reçoit. Prière, miséricorde, jeûne, les trois ne font qu'un et se donnent mutuellement la vie. En effet, le jeûne est l'âme de la prière et la miséricorde est la vie du jeûne. Que personne ne les divise ; les trois ne peuvent pas se séparer. Celui qui en pratique seulement un ou deux, celui-là n'a rien. Donc, celui qui prie doit jeûner, et celui qui jeûne doit avoir pitié. Qu'il écoute l'homme qui demande et qui en demandant souhaite être écouté ; celui qui ne refuse pas d'entendre les autres lorsqu'on le supplie, celui-là se fait entendre de Dieu. 
Celui qui pratique le jeûne doit comprendre le jeûne, c'est-à-dire il doit sympathiser avec l'homme qui a faim, s'il veut que Dieu sympathise avec sa propre faim. Celui qui espère obtenir miséricorde doit faire miséricorde ; celui qui veut bénéficier de la bonté doit la pratiquer ; celui qui veut qu'on lui donne doit donner... Sois donc la norme de la miséricorde à ton égard : si tu veux qu'on te fasse miséricorde de telle façon, selon telle mesure, avec telle promptitude, fais toi-même miséricorde aux autres, avec la même promptitude, la même mesure, de la même façon.
Donc la prière, la miséricorde, le jeûne doivent former un seul parrainage pour nous recommander à Dieu, doivent former un seul plaidoyer, une seule prière en notre faveur sous cette triple forme."(1)
À méditer dans la même veine, que la triple mention précédente. Peut-on d'ailleurs établir une correspondance ?
Prière -> presence réelle 
Jeûne -> sacrifice
miséricorde -> communion

(1) Saint Pierre Chrysologue, Homélie sur la prière, le jeûne et l'aumône ; PL 52, 320 (trad. bréviaire rev.



14 septembre 2015

Cohérence 4

Cette cohérence passée, il nous appartient maintenant de la poursuivre dans nos vies. Pouvons dire à la suite de Paul : "J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi." (Gal 2, 20)

La cohérence de notre vie est elle, comme le soulignait Jacques dans l'épître d'hier dans nos actes, où, comme le suggère plutôt Paul dans notre foi ? Si l'on suit ce dernier,  ce ne peut être en vérité que par l'Esprit,  qui seul agit et fait que danse en nous le souffle trinitaire : "Celui qui vous accorde l’Esprit, et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc par les œuvres de la loi, ou par la prédication de la foi?" (Ga 3, 5)...

Il précise plus loin sa pensée : "Avant que la foi vînt, nous étions enfermés sous la garde de la loi, en vue de la foi qui devait être révélée. Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous fussions justifiés par la foi. La foi étant venue, nous ne sommes plus sous ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse". (Ga 3, 23-29)

Que sommes nous dans le plan de Dieu ? Ni des marionnettes,  ni des saints.  " Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde!" (Ga 6, 14)

Notre cohérence, c'est ce que nous laissons faire à l'esprit, au service du Christ,  lui qui a été "élevé de terre,  pour attirer à lui tous les hommes.

28 août 2015

Vanité 2

‎Quand le doute s'installe... Il est parfois intéressant de se poser des questions. Celle là me touche :

"On se forme facilement des formes du service du Seigneur qui sont bien plutôt l'expression de notre goût,de notre ambition, de notre caprice. " L'arrogance de ton coeur t'a égaré, toi qui habites au creux du rocher" (Abd. 3) : c'est à peine si, pour le service de Dieu, tu sais faire un pas hors des trous où tu te tiens, comme une tarentule, à l'abri des injures du temps et tu veux te persuader que tu peux prendre un vol d'aigle si on t'appelait au-delà des monts et des mers. Dans ta dévotion tu te séduis toi-même et tu ne t'en aperçois pas. Fais en sorte que la promptitude de ta volonté apparaisse dans les oeuvres qui réalisent la volonté du Seigneur telle qu'elle t'est connue au jour le jour, et qu'elle ne se manifeste pas seulement dans la ferveur de tes soupirs." (1)

Que le futur évêque de Rome se pose intérieurement cette question vaut peut être que l'on se la pose.

(1) Jean XXIII , Journal de l'âme op. Cit p. 400

15 août 2014

Primauté de la diaconie sur la liturgie ? (IV)

L'analyse historique du CTI montre qu'en dépit de certains efforts des Conciles, la hiérarchie entre diacres et presbytres reste difficile à établir : "Les sources nous font voir que même Chrysostome n'a pas réussi à placer, de manière évidente, les trois degrés de l'ordre ecclésial dans une continuité historique. Il y a eu des modèles chez les juifs pour le presbytérat; par contre, l'épiscopat et le diaconat ont été constitués par les apôtres. Il n'est pas clair ce que l'on doit entendre ici par ces notions.[55] Chrysostome a fait remonter le diaconat à une institution par l'Esprit Saint.[56]*"
 N'est ce cas d'une certaine manière le conflit qui oppose Paul et Jacques sur les oeuvres et la grâce. 
Y a-il aujourd'hui une question sur ce point ? Pas vraiment,  depuis que le 4ème siècle a tranché et défini le diaconat comme un degré de la hiérarchie ecclésiale,  "situé après l'évêque et les presbytres, avec un rôle bien défini. Lié à la mission et à la personne de l'évêque, ce rôle englobait trois tâches: le service liturgique, le service de prêcher l'Évangile et d'enseigner la catéchèse, ainsi qu'une vaste activité sociale concernant les oeuvres de charité et une activité administrative selon les directives de l'évêque."
Pour autant, la diaconie elle même a perdu peut être aussi son rang "sacramentel" dans l'église. J'avais noté dans "à genoux devant l'homme" que l'on n'a pas considéré bon de mettre le lavement des pieds dans la liste des 7 sacrements,  parce que toute la vie de l'Église était "lavement des pieds". On peut se poser maintenant la question. Non pas pour modifier à nouveau une hiérarchie établie qui a structuré l'Église,  mais pour réintroduire une tension. 
S'il y a pour moi une solution,  c'est en effet dans l'expression théologique: "tension". En effet toute opposition est stérile.  La tension traduit bien l'intérêt des deux sans mettre une hiérarchie là où il devrait y avoir communion. 


Source principale : CTI, II, III 


Les numéros entre crochets renvoient aux notes suivantes du document de la CTI.

[55] Hom. 14,3 in Act.; PG 60, 116: "Quam ergo dignitatem habuerunt illi (sc. les diacres et les évêques)…Atqui haec in Ecclesiis non erat; sed presbyterorum erat oeconomia. Atqui nullus adhuc episcopus erat, praeterquam apostoli tantum. Unde puto nec diaconorum nec presbyterorum tunc fuisse nomen admissum nec manifestum..."

[56] "Et c'est à juste titre; car ce n'est pas un homme, ni un ange, ni un archange, ni aucune autre puissance creée, mais le Paraclet lui-même qui a institué cet ordre en persuadant à des hommes qui sont encore dans la chair d'imiter le service des anges." De sacerdotio III 4,1-8; SCh 272, 142.