17 octobre 2009

Le ver est dans le fruit

Au terme de ce chemin, vient l'ultime révélation, celle du péché d'orgueil. C'est le plus pernicieux, celui que l'on ne veut pas voir.
C'est le problème de Nicodème, qui reste dans la nuit. Bien que proche du Seigneur, il ne veut pas voir. C'est la poutre et la paille, c'est peut-être aussi l'ultime combat du Christ.
Non pas ma volonté de puissance mais Ta gloire.

Entre la nuit de Nicodème et la 6ème heure de la Samaritaine, se tient l'ultime clé, celle du passage sur l'autre rive.
Lui est dans la nuit, elle s'expose, nue à la lumière de midi.
Nicodème refuse de voir, il reste dans la nuit.
La Samaritaine reconnait son sauveur. Il lui demande à boire, en dépit de son péché.
En elle, malgré ce qui l'a conduit au péché, il y un chemin de vie.
Chez le pharisien, la nuit demeure.

Ce problème, ce vers dans le fruit. Je n'y échappe pas.
Et j'en demande pardon.

Peut-être que toutes ces pages ne valaient rien, sauf à découvrir ma propre tour d'orgueil, peut-être plus immense que je ne l'imaginais.

Il me reste plus qu'à passer sur l'autre rive.
Ce pas est le plus dur.

Jésus reste à genou devant Judas, ultime geste du Dieu de faiblesse devant celui qui va partir pour sa dernière nuit. Laissons nous laver les pieds sans résister à l'appel.

13 octobre 2009

Pastorale du Seuil


Que tous soient sauvés...
La foi ne doit pas être réservée à une élite, mais elle est la joie de Dieu pour tout homme.
Pourquoi le Christ est-il prêt à abandonner son troupeau pour la brebis perdue ? Pourquoi préfère-t-il manger avec les publicains et les pécheurs plutôt qu'avec les pharisiens. Au nom de quoi s'agenouille-t-il devant la femme adultère et demande-t-il à boire à la Samaritaine ?

Vous le savez, depuis des années tous mes efforts portent sur la question de la "pastorale du seuil"... Comment réduire l'écart entre l'Eglise et le monde, développer cette mission particulière auprès de ceux qui n'osent pas passer le seuil de nos Eglises.
Je vous signale donc qu'une nouvelle éditions de mon livre "Chemins d'humanité, Chemins vers Dieu" est disponible. Publié sous le titre de Pastorale du Seuil, cet essai reprend certaines réflexions issues de L'amphore et le Fleuve. Cette nouvelle version est plus large que le premier essai plus axé sur la préparation au mariage des "gens du seuil". Cet élargissement me semble important du fait de l'ampleur des problèmes pastoraux que traversent et va traverser notre Eglise...

06 octobre 2009

Marthe et Marie

Ecoutons Saint Augustin : "Vous comprenez, je crois, que ces deux femmes, toutes deux chères au
Seigneur, toutes deux dignes de son amour, et toutes deux ses disciples...,
ces deux femmes donc, sont l'image de deux formes de vie : la vie de ce
monde et la vie du monde à venir, la vie de travail et la vie de repos, la
vie dans les soucis et la vie dans la béatitude, la vie dans le temps et la
vie éternelle.

Deux vies : méditons sur elles plus longuement. Considérez de quoi
est faite cette vie-ci : je ne dis pas une vie répréhensible..., une vie de
débauches, d'impiétés ; non, je parle d'une vie de travail, chargée
d'épreuves, d'angoisses, de tentations, de cette vie qui n'a rien de
coupable, de cette vie qui était bien celle de Marthe... Le mal était
absent de cette maison, avec Marthe comme avec Marie ; s'il y avait été,
l'arrivée du Seigneur l'aurait dissipé. Deux femmes, donc, y ont vécu, les
deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l'une
faite de travail, l'autre de repos... L'une de travail, mais exempte de
compromissions, écueil d'une vie donnée à l'action ; l'autre exempte
d'oisiveté, écueil d'une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la
source même de la vie...

La vie de Marthe, c'est notre monde ; la vie de Marie, le monde que
nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l'autre en
plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ?... En ce moment,
justement, nous menons un peu cette vie-là : loin des affaires, à l'écart
des soucis familiaux, vous vous êtes rassemblés, vous êtes là à écouter.
Vous comportant ainsi, vous ressemblez à Marie. Et cela vous est plus
facile qu'à moi, qui dois prendre la parole. Ce que je dis, cependant,
c'est du Christ que je le tiens, et cette nourriture est celle du Christ.
Car il est le pain commun à tous, et c'est pour cela que je vis en
communion avec vous. (*)"

Il me semble que cette tension est à retenir. Il ne s'agit pas d'une opposition mais d'une tension. Et c'est dans cette direction qu'il me semble utile de se positionner.
La fuite du réel n'est pas la solution. La résignation au réel non plus.
Dans sa "théologie de l'espérance", J. Moltmann (p. 16ss) nous invite à aller plus loin que le consentement. Il me semble qu'il rejoint là la tension ouverte par Augustin...

(*) Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)


Source : http://www.lEvangileauquotidien.org