06 octobre 2009

Marthe et Marie

Ecoutons Saint Augustin : "Vous comprenez, je crois, que ces deux femmes, toutes deux chères au
Seigneur, toutes deux dignes de son amour, et toutes deux ses disciples...,
ces deux femmes donc, sont l'image de deux formes de vie : la vie de ce
monde et la vie du monde à venir, la vie de travail et la vie de repos, la
vie dans les soucis et la vie dans la béatitude, la vie dans le temps et la
vie éternelle.

Deux vies : méditons sur elles plus longuement. Considérez de quoi
est faite cette vie-ci : je ne dis pas une vie répréhensible..., une vie de
débauches, d'impiétés ; non, je parle d'une vie de travail, chargée
d'épreuves, d'angoisses, de tentations, de cette vie qui n'a rien de
coupable, de cette vie qui était bien celle de Marthe... Le mal était
absent de cette maison, avec Marthe comme avec Marie ; s'il y avait été,
l'arrivée du Seigneur l'aurait dissipé. Deux femmes, donc, y ont vécu, les
deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l'une
faite de travail, l'autre de repos... L'une de travail, mais exempte de
compromissions, écueil d'une vie donnée à l'action ; l'autre exempte
d'oisiveté, écueil d'une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la
source même de la vie...

La vie de Marthe, c'est notre monde ; la vie de Marie, le monde que
nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l'autre en
plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ?... En ce moment,
justement, nous menons un peu cette vie-là : loin des affaires, à l'écart
des soucis familiaux, vous vous êtes rassemblés, vous êtes là à écouter.
Vous comportant ainsi, vous ressemblez à Marie. Et cela vous est plus
facile qu'à moi, qui dois prendre la parole. Ce que je dis, cependant,
c'est du Christ que je le tiens, et cette nourriture est celle du Christ.
Car il est le pain commun à tous, et c'est pour cela que je vis en
communion avec vous. (*)"

Il me semble que cette tension est à retenir. Il ne s'agit pas d'une opposition mais d'une tension. Et c'est dans cette direction qu'il me semble utile de se positionner.
La fuite du réel n'est pas la solution. La résignation au réel non plus.
Dans sa "théologie de l'espérance", J. Moltmann (p. 16ss) nous invite à aller plus loin que le consentement. Il me semble qu'il rejoint là la tension ouverte par Augustin...

(*) Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)


Source : http://www.lEvangileauquotidien.org

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