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09 novembre 2019

Dédicace 2


"Jésus Christ, pierre de faîte,
Où convergent à l'infini
Et s'embrassent tous les êtres,
Que déjà l'amour unit,
L'Esprit Saint à ta louange
De ces pierres tire un chant
Qui jaillit secrètement
Et s'accorde aux voix des anges."(1)

"C'est nous qui devons être le temple de Dieu, son temple véritable et vivant. Les peuples chrétiens ont bien raison de célébrer avec foi cette solennité de la Mère Église, car ils savent qu'ils sont renés spirituellement par elle. Si, par notre première naissance, nous étions pour Dieu des objets de colère, par la seconde naissance, nous sommes devenus les objets de sa miséricorde. La première naissance nous a engendrés à la mort, la seconde nous a rappelés à la vie. (...) nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n'habite pas seulement dans des temples faits de la main de l'homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l'âme créée à l'image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C'est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous." (2)

(1) Hymne du 9/11,source Aelf
(2) saint Césaire d'Arles, Homélie pour la dédicace d'une église, source Textes liturgiques © AELF.


Envoyé de mon iPhone

07 septembre 2015

La communion des souffrants, ciments de l'Église

Troublante affirmation de Paul, dans sa Lettre aux Colossiens : "Frères, maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église." (1) que la liturgie nous donne à lire ce matin. Elle ne justifie aucune souffrance,  ne répond pas à la question de Job,  mais nous fait néanmoins percevoir ce ministère particulier des souffrants qui, comme le suggérait Danielou (2) ouvre en nous les failles de notre coeur,  nous fait percevoir le fleuve immense de l'amour.
En cela, le texte proposé de saint Césaire nous fait entrer en résonance :"Le Seigneur dira à ceux qui ont méprisé sa miséricorde : « Homme, c'est moi qui  (...) ai enduré les soufflets et les crachats de ceux qui se riaient de moi, j'ai bu le vinaigre avec le fiel. Frappé de verges, couronné d'épines, attaché à la croix, transpercé par la lance, j'ai rendu mon âme dans les tourments pour t'arracher à la mort. Vois la marque des clous auxquels j'ai pendu ; vois mon côté transpercé de blessures. J'ai supporté tes souffrances pour te donner ma gloire ; j'ai supporté ta mort pour que toi, tu vives pour l'éternité. J'ai reposé, enfermé dans le sépulcre, pour que toi, tu règnes dans le ciel.     « Pourquoi as-tu perdu ce que j'ai souffert pour toi ? Pourquoi as-tu renoncé aux grâces de ta rédemption ? ... Rends-moi ta vie, pour laquelle j'ai donné la mienne ; rends-moi ta vie que tu détruis sans cesse par les blessures de tes péchés. » (3)
(1) Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 1,  24
(2) cf. sa théologie de l'histoire
(3) Saint Césaire d'Arles (470-543), Sermons au peuple, n°57,4 (trad. SC 330, p. 25 rev), source AELF

28 juillet 2015

La vraie miséricorde

A l'heure des migrants, des malnutris, des chômeurs et des nouveaux martyrs,  il est bon d'entendre saint Césaire d'Arles nous rappeller à sa façon,  ce que le Christ nous dit sur la double mesure que nous utilisons : "Comment définir la miséricorde humaine ? C'est que tu prennes garde aux misères des pauvres. Comment définir la miséricorde divine ? Sans aucun doute, c'est qu'elle accorde le pardon des péchés. Tout ce que la miséricorde humaine dépense dans le voyage, la miséricorde divine le rend dans la patrie. Car c'est Dieu qui, en ce monde, souffre du froid et de la faim en tous les pauvres, comme il l'a dit lui-même : Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait. Dieu qui, du haut du ciel, veut donner, sur la terre veut recevoir. 

Quelle sorte de gens sommes-nous donc, nous qui voulons recevoir lorsque Dieu donne ; et lorsqu'il demande, nous ne voulons pas donner ? Quand le pauvre a faim, c'est le Christ qui est dans l'indigence, comme il le dit lui-même :J'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger. Ne méprise donc pas la misère des pauvres, si tu veux espérer avec confiance le pardon de tes péchés. Le Christ a faim maintenant, mes frères, lui-même a voulu avoir faim et soif dans la personne de tous les pauvres; et ce qu'il reçoit sur la terre, il le rend dans le ciel.

Je vous le demande, mes frères, que voulez-vous, que cherchez-vous quand vous venez à l'église ? Quoi donc, sinon la miséricorde ? Donnez celle de la terre, et vous recevrez celle du ciel. Le pauvre te demande, et tu demandes à Dieu: il demande une bouchée de pain, et toi, la vie éternelle. Donne au mendiant pour mériter que le Christ te donne ; écoute-le qui dit : Donnez, et il vous sera donné. Je ne sais de quel front tu veux recevoir ce que tu ne veux pas donner. Et c'est pourquoi, lorsque vous venez à l'église, faites l'aumône aux pauvres, selon vos ressources." (1)

(1) Homélie de saint Césaire d'Arles sur la miséricorde. 

09 novembre 2014

Service et édification - Christ serviteur


La diaconie est aussi une manière d'entrer dans l'édification du "temple"

A cet égard, Ephésiens 2 nous invitent à la méditation :
"Vous n'êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c'est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s'élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l'Esprit Saint la demeure de Dieu"  (Ep 2, 19-22)

De même, la liturgie nous fait entrer dans cette contemplation  :

Jésus Christ, pierre angulaire
Méprisée des bâtisseurs,
Mais unique aux yeux du Père,
Nous chantons notre bonheur
D'être, en toi, pierres vivantes
Édifiées dans ta maison :
Mystérieuse communion,
Que l'amour fonde et cimente.

De ces vies que la souffrance
A taillées et martelées,
De ces pierres où l'espérance
A gravé sa nouveauté,
Tu construis le sanctuaire,
Où réside l'Esprit Saint,
Et l'Église est le témoin
Du salut pour notre terre.

Jésus Christ, pierre de faite,
Où convergent à l'infini
Et s'embrassent tous les êtres,
Que déjà l'amour unit,
L'Esprit Saint à ta louange
De ces pierres tire un chant
Qui jaillit secrètement
Et s'accorde aux voix des anges.

Le texte de saint Césaire d'Arles (1) va aussi dans ce sens :

"Tous, frères très chers avant le baptême, nous avons été des temples du diable ; après le baptême, nous sommes devenus des temples de Dieu ; et si nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n'habite pas seulement dans des temples faits de la main de l'homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l'âme créée à l'image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C'est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous."  (2)


Ajoutons,  à ce commentaire, les textes que proposent la liturgie pour la fête de la Dédicace de la basilique du Latran.

Livre d'Ézéchiel 47,1-2.8-9.12.

Au cours d'une vision reçue du Seigneur, l'homme qui me guidait me fit revenir à l'entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l'eau jaillissait en direction de l'orient, puisque la façade du Temple était du côté de l'orient. L'eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l'autel.
L'homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l'extérieur, jusqu'à la porte qui regarde vers l'orient, et là encore l'eau coulait du côté droit.
Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l'orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux.
En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d'arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. "

Le psaume 46 évoqué le même jour nous invite aussi a percevoir que dans cette course, Dieu est pour nous "refuge et force, secours dans la détresse, toujours offert." Il continue d'ailleurs en ajoutant cette belle image vue chez Ézéchiel

"Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Dieu s'y tient : elle est inébranlable ;
quand renaît le matin, Dieu la secourt.

Il est avec nous, le Seigneur de l'univers ;
citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Venez et voyez les actes du Seigneur,
Il détruit la guerre jusqu'au bout du monde."

C'est fort de ces deux textes que nous pouvons saisir l'enjeu "personnel" du récit tiré de l'Evangile.
On perçoit alors mieux l'enjeu de ce que de demande Paul.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,13-22.

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite".

Nous pouvons en effet rester en dehors du conflit qui oppose le Christ aux marchands du temple.

Mais une lecture selon les "4 sens" (3)  nous éveillera peut être plus loin. Lorsque  que nous percevrons soudain que le conflit est aussi intérieur.  C'est en nous que Jésus veut chasser les marchands.

 Saint Augustin va aussi dans ce sens :

"Salomon, parce qu'il était prophète, a fait un temple de pierre et de bois…pour le Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre, et dont la demeure est aux cieux… Pourquoi Dieu a-t-il demandé qu'un temple soit bâti ? Était-il privé de demeure ? Écoutez le discours d'Étienne, au moment de sa Passion : « Salomon, dit-il, lui construisit une maison, mais le Très-Haut n'habite pas les temples faits de main d'homme » (Ac 7,48). Pourquoi dès lors a-t-il bâti ou fait bâtir un temple ? Pour préfigurer le corps du Christ. Le premier temple n'était qu'une ombre (Col 2,17) : quand la lumière vient, l'ombre s'enfuit. Cherches-tu maintenant le temple construit par Salomon ? C'est une ruine que tu trouves. Pourquoi ce temple n'est-il que ruine ? Parce que la réalité qu'il annonçait s'est accomplie. Le vrai temple, le corps du Seigneur, est tombé aussi, mais il s'est relevé, et si bien relevé qu'il ne pourra jamais plus tomber…      Et nos corps à nous ? Ils sont membres du Christ. Écoutez saint Paul : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » (1 Co 6,15) Lorsqu'il dit : « Vos corps sont les membres du Christ », qu'est-ce à dire, sinon que nos corps, joints à notre tête qui est le Christ (Col 1,18), font ensemble un temple unique, le temple de Dieu ? Avec le corps du Christ, nos corps sont ce temple… Laissez-vous construire dans l'unité, pour ne pas tomber en ruine en restant séparés." (4)


(1) Homélie de saint Césaire d'Arles pour l'anniversaire d'une dédicace
(2) 1 Corinthiens 3, 17
(3) Henri de Lubac, op. cit.
(4) Saint Augustin, Sermon Morin n°3, 4 ; PLS 2, 664 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 3, p. 916 rev.)