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10 juin 2022

Danse trinitaire ? 2.64

 Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche évoque notre détresse, bien présente aujourd’hui. Il nous introduit pourtant à la persévérance puis à l’espérance… (Rom 5) 

Pouvons nous voir la lumière ?

Peut-être en écoutant ce que nous glisse Jésus, à la veille même de sa mort…

Vous ne pouvez pas encore porter tout cela…

Mais…

Mais « quand il viendra (...) l’Esprit vous conduira à la Vérité toute entière » Jn 16 

Le mot conduire n’est il pas à entendre dans cette discrétion particulière de Dieu, qui ne s’impose pas, mais nous accompagne sur ses chemins de liberté… ? 


Le livre des Proverbes nous donne la clé de cette tendresse discrète de Dieu. 

« je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes (...) , j’étais là, (...) je grandissais à ses côtés »


La sainte Trinité que nous fêtons dimanche nous est présentée par Jésus comme le point ultime de la révélation au terme de son grand discours du chapitre 16 de Jean.


Révélation mais sommet aussi de cette lente pédagogie d’un Dieu qui nous fait goûter cette danse (1) discrète d’une Trinité qui se penche amoureusement vers l’homme.


Depuis cette danse originelle du souffle sur les eaux, que nous chante à sa manière le livre des Proverbes, jusqu’à la triple humilité, au delà des nos détresses évoquées par Paul se révèle la triple humilité / miséricorde de Dieu.

 1. Ce Père qui se retire devant l’amour du Fils jusqu’à cette « gloire » fragile évoquée par Jésus qui ne sera qu’un homme nu, signe de l’amour, dressé sur le bois de la Croix. 

 2. Nudité qui révèle cette humilité du Fils qui s’efface maintenant pour concéder, à son tour que la vérité viendra en nous par l’Esprit

 3. Esprit, enfin, souffle fragile que la Pentecôte rend à peine visible dans des langues de feu avant de s’effacer dans nos profondeurs intérieures. Esprit qui demeure en nous comme une flamme légère, avant de s’embraser à nouveau quand, ouvrant notre cœur, se réveille le feu joyeux de l’Amour.

C’est bien d’une danse qu’il s’agit…

Danse humble, des trois personnes [triple humilité/kénose (3)] qui s’efface tour à tour devant l’autre et que le prologue grec de Jean résume dans un petit mot « pros ». Tourné vers. (2).

Le Fils tout tourné vers le Père dont il reçoit et transmet l’amour…


Amour et dessaisissement. Ce que nous fait goûter l’évangile se perçoit si bien dans le regard croisé de la belle icône de Roublev qui nous fait percevoir que chacun s’efface tour à tour pour laisser l’autre devenir.




N’est-ce pas cela l’amour d’agapè qui est effacement, qui « ne cherche pas son intérêt mais prend patience, endure tout, excuse tout ».(1 Co 13).


Tourbillon(4), danse ? 

C’est dans cette symphonie du retrait réciproque que l’amour se révéle et nous entraîne loin de nos détresses.

Amour, Inaccessible rêve ? (5)

Non !

Dieu est là. À nos côtés. Il est le chemin…

Et l’Esprit, enfin révélé dans cette révélation finale, qui nous conduit de la persévérance à l’espérance est la force qui nous conduit, par la danse fragile en nos cœurs blessés à dépasser nos insuffisances bien humaines…pour devenir les mains fragiles de l’amour donné.


(1) cf. la thèse d’Emmanuel Durand Emmanuel Durand, La Périchorèse des Personnes divines, Cerf, Collection Cogitatio Fidei - N° 243. 416 pages - mars 2005. https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/1993/la-perichorese-des-personnes-divines qui m’a bcp inspiré dans ce sens.


(2) voir sur Kobo Fnac mes essais Dieu dépouillé et À genoux devant l’homme https://www.kobo.com/fr/fr/ebook/pedagogie-divine-3


(3) cf. la 3eme partie de la trilogie d’Hans Urs von Balthasar 


(4) Ce mystère trinitaire que les pères de l’Église appelaient d’un mot double évoquant cercle et intériorité (circumincession) un ami l’évoque sous le beau concept de tourbillon.


(5) révélation pour moi dans cette belle interprétation de Monteverdi, lamentatio de la Ninja https://youtu.be/zsL4MGFh6QI

14 août 2020

Ouvrons notre cœur -Homélie du 20ème dimanche année

Projet 4 de notes pour l’homélie

Il y a une tension apparente dans les textes d’aujourd’hui entre l’enfermement des hommes et les dons de Dieu qui tourne autour d’une question : « Les « païens » ont-ils une place dans le Royaume du Père ? »

On rejoint une vielle question qui voyait le peuple juif, puis par transition, l’Église comme seul lieu de salut. Mais cette vision étriquée a été corrigée d’une part dans le récit de la Cananéenne, puis par certains pères de l’Église dont saint Justin, un thème repris par Vatican 2 qui élargit la révélation à tous à travers ce que l’on appelle les « semences du verbe », ce dont particulier fait par Dieu à tous les hommes.

Matthieu reprend un texte de Marc 7, 24 qui a un petit ajout intéressant « laisser d’abord les enfants se rassasier » qui explique mieux l’hésitation de Jésus. Il n’empêche que ce texte traduit un changement d’opinion chez Jésus.

Mais avant d’en arriver là, commencions peut-être par cette phrase qui peut faire polémique :
« Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde. » (Rom 11)

Cet « enfermement » dont parle Paul n'est pas une condamnation de Dieu, mais un raccourci de L’apôtre  qu'il a déjà développé au chapitre 5 de la même lettre, dans son célèbre « combien plus... » 
Relisons cet extrait : «Mais il n'en est pas du don gratuit comme de la faute; car si, par la faute d'un seul, tous les hommes sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don se sont, par la grâce d'un seul homme, Jésus-Christ, abondamment répandus sur tous les hommes.»
‭‭Romains‬ ‭5:15‬ ‭
Partant de sa propre expérience de pêcheur Paul veut montrer que le salut est impossible sans Dieu, ce que Matthieu soutient aussi en Mat 19.
Pour lui, plus l'homme se trompe, plus Dieu redouble de grâce et de miséricorde.
Plus nous nous enfermons dans la faute, plus grande est la miséricorde.
Ce constat intérieur nous pouvons le faire nous mêmes. Le libre exercice du don de la liberté nous conduit inexorablement vers le doute, le refus de croire, un entre soi qui passe à côté de la vraie charité . [Et je ne vous demande pas si vous avez profité des vacances pour prier...]

Comment sortir de cet enfermement ?

Une triple réponse se trouve dans les textes d'aujourd'hui

  1. Contempler la miséricorde qui dépasse et surpasse tous nos enfermements
  2. Apprendre à prier et à aimer en vérité 
  3. Contempler ce que Vatican 2 appelle à la suite de Justin, les semences du verbe

Apprends nous à prier

C'est le chemin de la première lecture. Dieu nous conduit sur une haute montagne qui n'évoque pas tant l'escalade que cette quête intérieure qui pourrait être notre chemin...

« je les conduirai à ma montagne sainte,
je les comblerai de joie dans ma maison de prière » (Isaïe 56)

Qu'elle est cette montagne, si ce n'est le lieu le plus intime où Dieu nous parle ? Avons-nous pris le temps, en ce temps de vacances de nous reposer en Dieu...

Il y a une prière très simple que nous pouvons faire chaque jour. Elle se résume en trois mots comme nous l'enseigne notre pape.

Merci
Pardon
S'il te plat....

Elle résonne dans les textes d'aujourd'hui.
Merci pour « les dons gratuits de Dieu » nous glisse saint Paul..

Pardon pour nos refus de croire, pour nos manque de charité...
Donne nous ta miséricorde, continue-il...

La question soulevée par Paul et la Cananéenne vient élargir notre cœur aux dimensions du monde.
On est loin de nos guerres de clocher, de savoir si les « accourus » ont le droit d'être membre de nos églises...

Le cœur de Dieu est vaste...
Parfois c'est l'étranger qui vient nous déranger, le pauvre, l’immigré.
Il ne s’agit pas seulement d’accueillir l’autre, mais de le mettre en premier, de contempler chez lui le don de Dieu. Le texte de la Cananéenne nous montre que Dieu a mis en chaque humain son verbe. Dieu s’agenouille devant l’homme.

Les semences du verbe dépassent l'Église. Elles sont le don de Dieu au monde.
Jésus en fait l'expérience avec la Cananéenne
Il doit se mettre à genoux devant cette foi qui dépasse celle de son peuple...

Je vais vous confier un secret. Mon ministère de diacre est une série ininterrompue d'émerveillement sur ces semences du verbe que je découvre à la périphérie de notre Église...

Les miettes qui tombent de la table sont nombreuses.
Méditons là dessus comme le fils ainé du fils prodigue. Nous allons avoir accès au banquet de Dieu, cessons de juger notre voisin ou l'étranger. Il est dans le cœur de Dieu...
Concentrons nous sur l’essentiel ; la charité vraie, débordante et l’action de grâce.

17 juin 2020

La revanche de Dieu ? - homélie du 12ème dimanche ordinaire…

5eme et dernière version de mon homélie ?

Les textes de ce 12eme dimanche ne sont pas simples et pourtant il nous faut trouver un chemin de compréhension sans tomber dans les fausses pistes d'une lecture humaine. Il s'agit ici d'un labyrinthe, [un escape game dirait les jeunes] à résoudre en 7 minutes bien sûr !
Pour cela nous avons 3 clés, trois mots qui fâchent : revanche, faute et reniement.
Commençons peut-être par cette phrase qui conclut l'Evangile car c'est la plus complexe.
« celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux ».
Comment traduire cela ? Si vous faites le jeu du mal, je ne pourrais vous conduire au Père puisque vous refusez vous mêmes l'amour.
Si vous faites ce choix, vous ne serez plus « présentables » ? C'est votre choix...
Par contre.... 
Par contre si vous choisissez l'amour, combien plus je serais dans la joie de vous conduire au Père ...puisque pas un moineau ou un cheveu n'échappe à l'amour de mon Père nous dit Matthieu(cf. Mat 10, 26-33).
Il faut insister sur cette tension créée par Matthieu...

Ce renversement est la clé. 
Revenons à Jérémie et cette « Revanche »
C'est ce que Jérémie, persécuté pour sa verve pastorale attend de Dieu... (cf. Jer 20). Il faut peut-être l'éclairer d'abord par d'autres textes de l'Ancien Testament. [en escape game, il faudrait chercher les chapitres précédents le chapitre 20, mais plutôt 1Rois 18 et 19]
[au cours des lectures qui ont débuté le 10 juin, la liturgie nous a [en effet] rappelé l'histoire d'Elie, qui dans la lancée de sa conversion du peuple, avait massacré les prêtres de Baal (1Rois 18) Avait il eu raison ou outrepassé le plan de Dieu ? Il lui faudra 40 jours au désert pour comprendre que Dieu n'est pas dans la violence mais dans le murmure d'une brise légère (1 Rois 19)]. Que dire de sa revanche, comme de celle de Jérémie ?
La réponse de Dieu au mal n'est pas dans la violence, qui reste la réponse humaine, mais par ce qui est le cœur de notre foi... : à la violence du mal, Dieu répond par l'amourPlus le mal se déchaîne plus Dieu est amour. C'est ce qui se manifeste sur la Croix est c'est la condition de la résurrection...
La revanche de Dieu n'est pas la violence mais la victoire glorieuse de l'amour, c'est le Christ élevé sur la Croix (au sens de Jn 3 et Nb 21, le Christ qui refuse la violence, la revanche et le reniement de son Père - le Christ à genoux devant le mal et que Dieu révèle comme la porte étroite... il a fallu plusieurs centaines d'années et toute la pédagogie de Dieu (1) au peuple juif pour comprendre cela.



Dans sa lettre aux Romains, Paul ne dit pas autre chose... Si l'homme est pécheur - ce que nous constatons en nous-mêmes, sans avoir à passer par de grandes théories - une seule victoire vaincra ce mal, c'est la Croix. Vous allez trouver que je radote, mais c'est le message de Paul... si la faute vient par l'homme au sens le plus générique du mot (2), combien plus la victoire du Christ est le chemin, la porte étroite...
Notre seule porte de sortie à l'enchaînement au mal qui nous ronge, c'est de choisir l'amour...

Revenons au reniement 
C'est l'histoire de Pierre qu'il reste à contempler car il est la pierre de l'Église toute entière. Si nous choisissons la revanche, le mal ou le reniement des hommes nous ratons la sortie...
Pierre a pris d'abord ce chemin. Il sort l'épée, il renie, il tombe dans le piège mais la Croix le sauve. Alors Jésus l'appelle presque à genoux : m'aimes-tu ?
Mes frères, écoutons le cri de Dieu en croix. M'aimes-tu ? Jésus pose la question à Pierre autant de fois qu'il l'a renié. (Cf, Jn 21). Nous savons qu'il nous l'a posé également, peut-être même 77 fois 7 fois. Alors courons vers le salut, l'amour, répondons au cri de Dieu vers l'homme. Répondons par la seule réponse possible : je veux t'aimer...

Et tout à l'heure, alors que Jésus nous invite à sa danse(*), répondons du plus profond de nous-mêmes, à la suite de Pierre et du centurion : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole et je serais guéri... ».

« La grâce de Dieu » nous dit Paul « se répandra en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ. » (Rom 5)

La clé de ce jeu de piste est là. En dépit de nos balbutiements, de nos fautes et de nos reniements l'amour de Dieu est grâce. Combien plus nous nous éloignons de Dieu combien plus il court vers nous...

(1) Cf. Pédagogie divine in Dieu dépouillé 
(2) cf. sur ce point la belle analyse de Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 183sq.
(*) cf. billets précédents

14 mars 2020

Homélie du 3eme dimanche de carême - La Samaritaine - Jean 4

Homélie du 3eme dimanche de carême - La Samaritaine - Jean 4

Projet 2
Connaissons-nous le don de Dieu ?

C'est peut-être la contemplation centrale des textes de ce dimanche. Si nous avons accepté de quitter nos habitudes pour marcher dans le « désert » et rencontré la soif véritable, alors nous rejoignons le grand assoiffé d'amour : Jésus Christ, celui qui se présente au puits à l'heure la plus chaude et nous demande à boire.
Avant-dernier agenouillement du Fils devant « l'homme » - ici une femme qui ne cesse d'avoir soif malgré ses cinq maris.
Le contraste est saisissant et c'est pourtant là que tout se joue.

Le puits est le lieu de la rencontre typique de l'ancien testament. C'est donc de nos épousailles qu'il s'agit. Allons nous répondre à cette demande en mariage ?
« Donne moi à boire ? »

Pouvons nous apporter l'eau pour qu'il serve au vin des noces ?
Qui sont nos cinq maris et celui avec qui nous restons englués ? Orgueil, suffisance, avarice, luxure... (je parle pour moi...) ?

Pouvons-nous quitter ce qui nous empêche de comprendre que l'eau de la vie vient de Dieu ? Que l'eau n'est autre que cet amour déposé au fond de notre cœur et qui ne demande qu'à jaillir.
    
Méditons d'abord sur ce don de Dieu, même si l'actualité nous détourne le coeur des chemins d'espérance.

Dieu n'est pas dans le drame, mais dans l'amour qui jaillit, dans ces chants qui emplissent les maisons italiennes en ce moment et traduisent que l'amour est plus fort que la mort.

« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l'eau que moi je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau jaillissant pour la vie éternelle. »

Le Christ est le Rocher d'où jaillit l'amour. C'est ce qu'affirme en tout cas de nombreux commentaires sur l'épisode du Rocher : « Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb.
Tu frapperas le rocher, il en sortira de l'eau, et le peuple boira ! » Exode 17

Ils ont transpercé le cœur de Dieu et de cette plaie offerte jaillit un fleuve immense : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui lui aurais demandé, et il t'aurait donné de l'eau vive. » Jean 4

L'eau jaillissante...

« l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. » Romains 5
Précise saint Paul...

Ce qui jaillit du cœur transpercé est l'Esprit d'amour. Laissons nous inonder de l'intérieur par cette eau vive. La vie est là. Même si nous sommes privés d'eucharistie, elle est au fond de nous, dès que nous quittons ce qui obscurcit notre regard...



29 février 2020

Homélie du 1er Dimanche de Carême - Gn 2-3, Ps 50, Rom 5, Mat 4

Projet 3

Deux questions ce matin, à l'occasion de ce premier dimanche de Carême 
Qu'est-ce qui m'attache au mal ?
Qu'est-ce qui m'en libère ?
  1. Qu'est-ce qui m'attache au mal ?
La première lecture (Gn2 et 3) n'est pas à prendre comme une vision historique des choses mais bien comme une constatation très intérieure de nos désirs de puissance sur l'autre, sur les biens de l'autre, sur nous-mêmes contre Dieu à qui nous refusons la première place, par orgueil et par aveuglement...

Le tentateur s'installe chez nous dès que nous entrons dans cet engrenage...
Notre liberté, notre clair vision est troublée, obscurcie par ces adhérences, ces routines qui nous conduisent progressivement à perdre la vraie liberté : celle de dire non à ce mal qui nous envahit...

L'illusion est de croire que nous échappons à cela. Le mal s'installe parfois dans des fausses pistes qui ont l'apparence du bien...

Matthieu nous dévoile la même chose dans le discours subtile du tentateur à Jésus. « Ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
 Jésus peut-il se servir de sa toute-puissance pour convertir ? Non ?
« Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain,
mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
 »
Le Fils nous ramène au Père...

« Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas. »
Jésus peut-il sombrer dans l'orgueil ? Non..! :
« Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Jésus veut-il le pouvoir sur la terre ? Non !
« C'est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras »

A la triple tentation qui résume toutes les autres, « l'avoir, le valoir et le pouvoir » le Christ nous conduit à une seule réponse : Dieu est premier. S’il n’est pas premier c’est que nous avons pris un mauvais chemin.
Méditons cela dans nos cœurs.

Nous en venons à ma deuxième question.
Qu'est-ce qui me libère de cette adhérence au mal ?

Paul nous donne sa réponse : Jésus Christ 
Autant notre faute est bien commune, autant le salut est unique. Notre faute est fausse liberté. Le salut est plus grand. Dieu nous libère.
Alors, prenons le temps de la distance, contemplons les dons de Dieu, méditons sur ses pas :
  1. Contre nos désirs « d'avoir » Jésus nous introduit à la générosité 
  2. Contre le valoir Jésus nous conduit à l'humilité 
  3. Contre nos désirs de pouvoir, Jésus nous introduit à  la prise de conscience de nos fragilités...
Le carême est en quelque sorte une station météo pour nous :
Quel est notre degré d’humilité ?
Quelle est la force du vent (pouvoir) ?
Quel est notre température d’avarice.. ?

Prenons alors le temps de méditer le psaume 50
« Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j'ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d'être sauvé ;
que l'esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange. » 
Le psaume 50 peut nous conduire pendant ce temps de carême.

Entrons dans ce chemin de purification, ce chemin de désert 
Et n’oublions pas qu’un prêtre nous attend pour recevoir notre confession, les bras grands ouverts au nom du Père.




10 mars 2019

Au fil de Luc 4,1-13. - Tentations du Christ au désert - Homélie du Premier dimanche de Carême - Saint Grégoire le Grand - jeûne 5 - kénose 147

« En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d'Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l'Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L'homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l'emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m'a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d'ici jette-toi en bas ;
car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l'ordre de te garder ;
et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé. » (Luc 4, 1-13)Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
A la triple tentation johannique du pouvoir, de l'avoir et du valoir, correspond deux types de comportement en tension. Celle qui comme Adam vient céder à la fourberie du diviseur, celle du Christ qui répond par la seule voie qui compte, le jeûne et l'humilité (la kénose).
Saint Grégoire le Grand, l'explique fort bien dans ses Homélies sur l'Evangile (1) en reprenant l'axe de Paul : « Tous sont devenus pécheurs parce qu'un seul homme, Adam, a désobéi ; de même tous deviennent justes par un seul homme, Jésus Christ » (Rm 5,19)
Le diable s'est attaqué au premier homme, notre parent, par une triple tentation : il l'a tenté par la gourmandise, par la vanité et par l'avidité. Sa tentative de séduction a réussi, puisque l'homme, en donnant son consentement, a été alors soumis au diable. Il l'a tenté par la gourmandise, en lui montrant sur l'arbre le fruit défendu et en l'amenant à en manger ; il l'a tenté par la vanité, en lui disant : « Vous serez comme des dieux » ; il l'a tenté enfin par l'avidité, en lui disant : « Vous connaîtrez le bien et le mal » (Gn 3,5). Car être avide, c'est désirer non seulement l'argent, mais aussi toute situation avantageuse, désirer, au-delà de la mesure, une situation élevée...
Le diable a été vaincu par le Christ qu'il a tenté d'une manière tout à fait semblable à celle par laquelle il avait vaincu le premier homme. Comme la première fois, il le tente par la gourmandise : « Ordonne que ces pierres se changent en pains » ; par la vanité : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas » ; par le désir violent d'une belle situation, quand il lui montre tous les royaumes du monde et lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si tu tombes à mes pieds et m'adores »...
Il est une chose qu'il faut remarquer dans la tentation du Seigneur : tenté par le diable, le Seigneur a riposté par des textes de la Sainte Écriture. Il aurait pu jeter son tentateur dans l'abîme par le Verbe qu'il était lui-même. Et pourtant il n'a pas eu recours à son pouvoir puissant ; il a seulement mis en avant les préceptes de la Sainte Écriture. Il nous montre ainsi comment supporter l'épreuve, de sorte que, lorsque des méchants nous font souffrir, nous soyons poussés à recourir à la bonne doctrine plutôt qu'à la vengeance. Comparez la patience de Dieu à notre impatience. Nous, quand nous avons essuyé des injures ou subi une offense, dans notre fureur nous nous vengeons nous-mêmes autant que nous le pouvons, ou bien nous menaçons de le faire. Le Seigneur, lui, endure l'adversité du diable sans y répondre autrement que par des mots paisibles ». (1)
Alors que Dieu au jardin cherche l'homme, dans un « où es-tu ? » (2) qui résonne encore dans le jardin, Jésus, par le jeûne et la prière nous conduit vers un « me voici » qui fait écho au psaume 50, et aboutit sur une croix. La seule réponse valide au diviseur qui cherche à mettre en avant nos désirs de pouvoir, de valoir ou d'avoir est l'abaissement, la faiblesse, l'humilité, la kénose.

Méditons sous ce prisme les trois réponses du Christ :
  1. « L'homme ne vit pas seulement de pain. »
  2. « Il est écrit : C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
  3. « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Elles nous conduisent au delà du désert vers l'essentiel : l'écoute de la Parole vraies nourriture, l'humilité devant le très haut, et la faiblesse.

(1) Saint Grégoire le Grand, Homélies sur l'Evangile, n° 16 (trad. Véricel, L'Evangile commenté, p.68), source  : l'Évangile au Quotidien 
(2) cf. notamment sur ce point mon billet précédent et mes publications dont « où es-tu ? » et « Dieu n'est pas violent » in Lectures pastorales de l'ancien testament tome 1