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06 mai 2019

Au fil de Jean 6, 22-29 - La barque du Seigneur - 4

« Jésus avait rassasié cinq mille hommes,
et ses disciples l'avaient vu marcher sur la mer.
Le lendemain, la foule restée sur l'autre rive
se rendit compte qu'il n'y avait eu là qu'une seule barque,
et que Jésus n'y était pas monté avec ses disciples,
qui étaient partis sans lui.
Cependant, d'autres barques, venant de Tibériade,
étaient arrivées près de l'endroit où l'on avait mangé le pain
après que le Seigneur eut rendu grâce.
Quand la foule vit que Jésus n'était pas là,
ni ses disciples,
les gens montèrent dans les barques
et se dirigèrent vers Capharnaüm
à la recherche de Jésus. »

Où est la barque du Seigneur ?
Telle est la question des chercheurs de Tibériade.
Telle est peut-être notre quête intérieure.
Dans le tumulte incessant de nos vies, prenons le temps de chercher sur quelle barque nous allons traverser les ravins de nos morts....





« L'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent :
« Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous me cherchez,
non parce que vous avez vu des signes,
mais parce que vous avez mangé de ces pains
et que vous avez été rassasiés.
Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd,
mais pour la nourriture qui demeure
jusque dans la vie éternelle,
celle que vous donnera le Fils de l'homme,
lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors :
« Que devons-nous faire
pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
Jésus leur répondit :
« L'œuvre de Dieu,
c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. »

« Il se trompe dans ses calculs celui qui se démène le dimanche, avec la pensée qu'il va gagner plus d'argent ou faire plus d'ouvrage ! Est-ce que deux ou trois francs pourront jamais compenser le tort qu'il se fait à lui-même en violant la loi du Bon Dieu ? Vous vous imaginez que tout dépend de votre travail ; mais voilà une maladie, un accident. Il faut si peu de choses : un orage, une grêle, une gelée...
Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle. Que vous revient-il d'avoir travaillé le dimanche ? Vous laissez bien la terre telle qu'elle est quand vous vous en allez ; vous n'emportez rien. Notre premier but est d'aller à Dieu ; nous ne sommes sur la terre que pour cela.
Mes frères, il faudrait mourir le dimanche et ressusciter le lundi. Le dimanche, c'est le bien du Bon Dieu : c'est son jour à Lui, le Jour du Seigneur. Il a fait tous les jours de la semaine ; Il pouvait les garder tous. Il vous en a donné six, Il ne s'est réservé que le septième(1)

Quelle réserve?
Sa vie était au delà de nos chemins de mort.

« Semence enfouie dans le tombeau,
La mort m'a couché sous la pierre !
Vous n'aurez plus besoin de lune ou de soleil,
Agneau vivant, je suis votre flambeau ;
Moi seul peux vous donner la vie,
Ma Vie qui fait les cieux nouveaux,
Dans la cité de notre Père » (2)

(1) Saint Jean-Marie Vianney, curé d'Ars Esprit du Curé d'Ars dans ses Catéchismes, ses Sermons, ses Conversations (Abbé Monnin, Eds. Téqui 2007, p. 71-72 ; rev.)
(2)office des lectures du troisième lundi de Pâques, source AELF 


05 mai 2019

Au fil de Jean 21 - Ébauche d’Homélie du 3ème Dimanche de Pâques - la barque 3

Quel est votre espérance ?
Jusqu'ou croyez vous en la résurrection du Seigneur? 

C'est la question qui hante les disciples.
Ils sont encore dans la nuit de Pâques et le silence du tombeau les envahit de nouveau 

« Simon-Pierre leur dit :
« Je m'en vais à la pêche. »
Ils lui répondent :
« Nous aussi, nous allons avec toi. »
Ils partirent et montèrent dans la barque ;
or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Laissons résonner ce « rien » qui est celui de nos désespérances...
Une nuit entière à errer sur les eaux.
N'est-ce pas tout ce que nous tentons par nous mêmes, forts de nos orgueils de croire que nous sommes capables de nous passer de Dieu.

Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage,
mais les disciples ne savaient pas que c'était lui.
    Jésus leur dit :
« Les enfants,
auriez-vous quelque chose à manger ? »
Ils lui répondirent :
« Non. »
    Il leur dit :
« Jetez le filet à droite de la barque,
et vous trouverez. »
Ils jetèrent donc le filet,
et cette fois ils n'arrivaient pas à le tirer,
tellement il y avait de poissons.
    Alors, le disciple que Jésus aimait
dit à Pierre :
« C'est le Seigneur ! »

Simon-Pierre veut pêcher tout seul ou entre amis, mais les poissons ne sont pas là. N'est-ce pas la leçon de Dieu face à nos ambitions humaines. « Cette nuit-là, ils ne prirent rien » (Jn 21, 3).
Dans une lettre à Louise Brunot, Madeleine Delbrêl insiste sur l'importance de mourir à nous-mêmes afin que nous puissions renaître dans le sens développé par Jean 3, 5-7. Pour elle notre naissance se fait « à proportion » de notre mort. C'est- à-dire que tout abandon, de l'obéissance à notre père spirituel
jusqu'au renoncement à « obéir au métro qu'on rate », est à la fois obéissance au monde, renoncement à « sa volonté propre » et de ce fait abandon de notre autonomie pour se couler dans le vouloir de Dieu sur nous. Plus qu'un regard mystique sur le monde, c'est aussi une hygiène de vie, un retour au centre. « Non pas ce que je veux, mais ce que Tu veux » (Luc 22,42 // Matt 26,42). Leçon d'humilité qui nous rend réceptifs à la miséricorde.
Pourquoi évoquer tout cela à propos de la pêche miraculeuse ? À la question de Jésus sur le rivage : « Enfants, n'avez-vous rien à manger ? », ils doivent reconnaître l'échec de leurs volontés humaines. Ce n'est finalement qu'en obéissant à l'ordre du Christ que se révèle les dons de Dieu. Une leçon intérieure qui se poursuivra pour Pierre, comme on le verra, jusqu'à sa fin : « tu étendras la main et c'est un autre qui nouera ta ceinture et te conduira jusqu'ou tu ne voudras pas ». (v. 18)
Il nous faut passer au-delà de l'illusion de se croire capable seul de réussir, ébaucher une démarche de pardon, de mise à nu. Comme il est dur, souvent de consentir, alors que l'illusion de notre valoir nous semble justifier nos actes. Et pourtant nous ne sommes que des serviteurs, instruments fragiles d'un plan de Dieu qui nous dépassera toujours.
9. Quand ils furent descendus à terre, ils virent là des charbons allumés, du poisson mis dessus, et du pain. 10. Jésus leur dit : « Apportez de ces poissons que vous venez de prendre. » 11. Simon-Pierre monta dans la barque, et tira à terre le filet qui était plein de cent cinquante-trois grands poissons; et quoiqu'il y en eût un si grand nombre, le filet ne se rompit point. 12. Jésus leur dit : « Venez et mangez. » Et aucun des disciples n'osait lui demander: «Qui êtes-vous?» parce qu'ils savaient qu'il était le Seigneur.
13. Jésus s'approcha, et prenant le pain, il leur en donna; il fit de même du poisson.
14. C'était déjà la troisième fois que Jésus apparaissait à ses disciples, depuis qu'il avait ressuscité des morts. Notons, en passant, que John P. Meier considère que la version de Jean de la pêche miraculeuse est probablement plus plausible que celle placée par Luc avant la mort de Jésus, même si Jean a instillé dans le texte, comme en Jn 11, un important ajout théologique et symbolique que nous commentons plus loin.
Jean 21, 15-25 – Dialogue avec Pierre
15. Lorsqu'ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répondit : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime. » Jésus lui dit : « Pais mes agneaux. » (...) 
Il est dangereux de couper le chapitre alors que l'ensemble du récit à sa structure propre. Rappelons le contexte. Il y a d'abord l'opposition nuit/jour que nous avions déjà notée entre Nicodème et la Samaritaine. Ici, comme nous l'avons vu, la nuit du pêcheur a été stérile et c'est à l'appel du Christ que la pêche devient féconde.
Il y a ensuite la symbolique du vêtement. Pierre est à nu (v. 8). Il ne se cache plus derrière son assurance. Depuis son reniement, il est probablement couvert de honte. C'est à ce moment-là que Jésus choisit l'ultime appel. Le dernier « où es- tu ? » vient le relever. Il passe un vêtement, mais est-ce suffisant ? Il lui faut plonger dans la mer pour accéder au repas. Est-ce une allusion au baptême de l'Église ?
Le questionnement montre qu'il a encore du chemin à parcourir jusqu'au décentrement final où l'amour pourra être un amour d'agapè et d'une certaine manière, un « lavement des pieds » au sens où il devient imitation de « l'amour-serviteur » de Jésus :
« Quand tu deviendras vieux, un autre te ceindra et t'entraînera, là où tu ne veux pas aller ». Jn 21, 18.
Ramenée à l'Église, cette dernière arche fait résonner ce que nous avons découvert, dans cette longue traversée de la Passion. Au pas de Dieu qui s'agenouille devant l'homme doit répondre ceux de l'homme vers Dieu. Il ne peut en tirer gloire, puisque Dieu seul emplit les filets. Mais au bout du chemin sera la pêche abondante, le repas partagé et la gloire de voir Dieu...
Pierre, lors du lavement des pieds, n'avait pas saisi l'enjeu du geste. Il restait crispé sur l'apparence. Ce que nous fait découvrir l'ensemble du récit, c'est que l'invitation du Christ n'est pas rituelle, mais totale. Ce qui est demandé à l'homme, par l'agenouillement de Dieu, est d'entrer dans une réciprocité totale, une participation1 à la danse trinitaire qui va jusqu'à l'amour total, sans limites, et peut conduire à la croix, non comme un autosacrifice, mais comme la conséquence d'un dépouillement, d'un décentrement de l'homme, jusqu'à l'extrême, en Dieu.
Au bout de cette traversée, nous retrouvons un schéma qui traverse l'ensemble de nos recherches, celle de la « descente de tours», ce lieu où l'homme, en quittant toutes ses certitudes, y compris pour Pierre, l'illusion de tenir dans l'adversité, parvient à la nudité d'une rencontre, « sous la tente légère». En rencontrant Jésus lui-même dépouillé de sa toute-puissance, il parvient à l'entre-vue véritable, celle d'un Dieu aimant.
Le Seigneur ne demande pas plus que ce que nous pouvons porter. Il considère chacun comme s'il était la perle unique en qui il avait mis tout son amour. Contemplons le dialogue sublime qui réunit Pierre avec Jésus au bord du lac de Tibériade. Le dialogue commence par une subtilité des deux verbes grecs utilisés par Jésus dans son questionnement. Il demande d'abord si Pierre l'aime d'amour (agapas me) avant d'utiliser le verbe qu'utilise Pierre à chaque fois pour lui répondre. Philo te ! Je t'aime d'amitié.
On sait que Pierre sort de son reniement, qu'il doit avoir la honte du fils prodigue, qu'il a plongé nu dans la mer – un geste à la forte symbolique baptismale – pour se présenter devant le Seigneur et pourtant Jésus se remet à genoux devant lui, en le rejoignant dans ses mots mêmes. Et lui dit "paix mes brebis".
Écoutons ce commentaire de saint Augustin : « Le Seigneur demande à Pierre s'il l'aime, ce qu'il savait très bien ; et il le lui demande non pas une fois, mais deux et même trois fois. Et chaque fois Pierre répond qu'il l'aime, et chaque fois Jésus lui confie le soin de faire paître ses brebis. À son triple reniement répond une triple affirmation d'amour. Il faut que sa langue serve son amour, comme elle a servi sa peur ; il faut que le témoignage de sa parole soit aussi explicite en présence de la vie qu'elle l'a été devant la menace de la mort. Il faut qu'il donne une preuve de son amour en s'occupant du troupeau du Seigneur, comme il a donné une preuve de sa timidité en reniant le Pasteur(1). »
N'est-ce pas nos tentations pastorales, qui ne sont autres que celles que Mat 4 décrit au désert. L'avoir, le pouvoir, le valoir.
Saint Augustin poursuit : « Ceux qui s'occupent des brebis du Christ avec l'intention d'en faire leurs brebis plutôt que celles du Christ se montrent coupables de s'aimer eux-mêmes au lieu d'aimer le Christ. Ils sont conduits par le désir de la gloire, de la domination ou du profit, et non le désir aimant d'obéir, de secourir et de plaire à Dieu. Cette parole trois fois répétée par le Christ condamne ceux que l'apôtre Paul gémit de voir chercher leurs intérêts plutôt que ceux de Jésus Christ (Ph 2,21). »
C'est dans l'esprit kénotique de Paul et sous l'éclairage de la triple tentation (Mt 4 / Lc 4) que l'on peut entendre l'évêque d'Hiponne. « Que signifient, en effet, ces paroles : « M'aimes-tu ? Pais mes brebis » ? C'est comme s'il disait : « Si tu m'aimes, ne t'occupe pas de ta propre pâture, mais de celle de mes brebis ; regarde-les non comme les tiennes, mais comme les miennes. En elles, cherche ma gloire, et non la tienne ; mon pouvoir, et non le tien ; mes intérêts, et non les tiens »... Ne nous préoccupons donc pas de nous-mêmes : aimons le Seigneur et, en conduisant ses brebis vers leur pâturage, recherchons l'intérêt du Seigneur sans nous inquiéter du nôtre. »
À nous les pécheurs pardonnés, Jésus nous met l'anneau, nous revêt du manteau du pardon (Luc 15) et nous comble de sa grâce. Louange et gloire à notre Dieu.(2)
Que nous dit le psaume ...
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !
Que mon cœur ne se taise pas,
qu'il soit en fête pour toi ;
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !


(1) Saint Augustin, Sermons sur l'évangile de Jean, n°123.
(2) Extrait de mon livre, Chemins d'Evangile, p. 646sq

04 mai 2019

La barque de l’Église - 2 - Chemin d’espérance

Au fond de la nuit, dans le silence du tombeau vide, alors que la tempête semble ébranler le monde, contemplons cet office de lecture qui trace lui aussi un chemin d'espérance :

Comme nous allions rêvant Dieu,
Une voix venue du grand creux
Des fonds de l'Homme
Nous a surpris : Veillez ici,
Veillez et priez cette nuit
Qui entre toutes vous est bonne.

C'était au secret de nos cœurs,
Au tombeau vide du Seigneur,
La voix de l'Ange !
Elle ajouta : Que cherchez-vous ?
Le corps du Seigneur est chez vous,
Restez ses hommes de confiance !

Devant le caveau grand ouvert,
Retour du Seigneur des enfers,
Chantez son hymne !
Ce lieu profond, il est à Dieu !
Nul ne le sonde avec des yeux
Qui ne sont pas faits pour l'abîme.

Le Seigneur vous a précédés
Dans la mort qui vous obsédait,
Vos morts futures ;
Allez donc sans crainte à la vie !
Jésus vous a déjà ravi
Dans sa Passion vos sépultures.


« 01 Moi, Jean, j'ai vu, dans la main droite de celui qui siège sur le Trône, un livre en forme de rouleau, écrit au-dedans et à l'extérieur, scellé de sept sceaux.
02 Puis j'ai vu un ange plein de force, qui proclamait d'une voix puissante : « Qui donc est digne d'ouvrir le Livre et d'en briser les sceaux ? »
03 Mais personne, au ciel, sur terre ou sous la terre, ne pouvait ouvrir le Livre et regarder.
04 Je pleurais beaucoup, parce que personne n'avait été trouvé digne d'ouvrir le Livre et de regarder.
05 Mais l'un des Anciens me dit : « Ne pleure pas. Voilà qu'il a remporté la victoire, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David : il ouvrira le Livre aux sept sceaux. »
06 Et j'ai vu, entre le Trône, les quatre Vivants et les Anciens, un Agneau debout, comme égorgé ; ses cornes étaient au nombre de sept, ainsi que ses yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre.
07 Il s'avança et prit le Livre dans la main droite de celui qui siégeait sur le Trône.
08 Quand l'Agneau eut pris le Livre, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens se jetèrent à ses pieds. Ils tenaient chacun une cithare et des coupes d'or pleines de parfums qui sont les prières des saints.
09 Ils chantaient ce cantique nouveau : « Tu es digne, de prendre le Livre et d'en ouvrir les sceaux, car tu fus immolé, rachetant pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, langue, peuple et nation.
10 Pour notre Dieu, tu en as fait un royaume et des prêtres : ils régneront sur la terre. »
11 Alors j'ai vu : et j'entendis la voix d'une multitude d'anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens ; ils étaient des myriades de myriades, par milliers de milliers.
12 Ils disaient d'une voix forte : « Il est digne, l'Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange. »
13 Toute créature dans le ciel et sur la terre, sous la terre et sur la mer, et tous les êtres qui s'y trouvent, je les entendis proclamer : « À celui qui siège sur le Trône, et à l'Agneau, la louange et l'honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. »
14 Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » ; et les Anciens, se jetant devant le Trône, se prosternèrent. » (Le Livre scellé et l'Agneau (Ap 5, 1-14), source AELF

ACTES DU CONCILE VATICAN II
La Liturgie
La Liturgie, actualisation du mystère pascal
Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, et souvent, dans le passé, il a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées. Lorsqu'est venue la plénitude des temps, Il a envoyé son Fils, le Verbe fait chair, consacré par l'onction du Saint-Esprit, pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, pour guérir les cœurs brisés, comme « le médecin de la chair et de l'esprit », le médiateur entre Dieu et les hommes. Car c'est son humanité, dans l'unique Personne du Verbe, qui fut l'instrument de notre salut. C'est pourquoi, dans le Christ, « est apparue la parfaite rançon de notre réconciliation, et la plénitude du culte divin nous a été accordée. »
Cette œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu avait eu pour prélude les merveilles de Dieu dans le peuple de l'ancienne Alliance. Mais c'est le Christ qui l'a accomplie, principalement par le mystère pascal de sa bienheureuse passion, de sa résurrection du séjour des morts et de son ascension dans la gloire. Par lui, « en mourant, il a détruit notre mort, en ressuscitant, il nous a rendu la vie ». Car c'est du côté du Christ endormi sur la croix qu'est né « l'admirable sacrement de l'Église tout entière ».
C'est pourquoi, de même que le Christ avait été envoyé par le Père, ainsi lui-même envoya ses Apôtres, remplis de l'Esprit Saint. Ils devaient annoncer, en prêchant l'Évangile à toute créature, que le Fils de Dieu, par sa mort et sa résurrection, nous a délivrés du pouvoir de Satan ainsi que de la mort. Mais en outre, ils devaient exercer cette œuvre de salut qu'ils annonçaient, par le sacrifice et les sacrements autour desquels gravite toute la vie liturgique.
C'est ainsi que, par le baptême, les hommes sont greffés sur le mystère pascal : morts avec lui, ensevelis avec lui, ressuscités avec lui, ils reçoivent l'esprit d'adoption des fils par lequel nous crions vers le Père en l'appelant : Abba ! et ils deviennent ces vrais adorateurs que recherche le Père.
Semblablement, chaque fois qu'ils mangent la Cène du Seigneur, ils annoncent sa mort jusqu'à ce qu'il vienne. C'est pourquoi, le jour même de la Pentecôte, où l'Église apparut au monde, ceux qui accueillirent la parole de Pierre furent baptisés. Et ils étaient fidèles à écouter l'enseignement des Apôtres, à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières. ~ Ils louaient Dieu et trouvaient un bon accueil auprès de tout le peuple.
Jamais, dans la suite, l'Église n'a omis de se réunir pour célébrer le mystère pascal, en lisant dans toute l'Écriture ce qui le concernait, en célébrant l'Eucharistie dans laquelle « sont rendus présents la victoire et le triomphe de sa mort » et, par là même, en rendant grâce à Dieu pour son don ineffable, dans le Christ Jésus, pour que soit chantée sa gloire.

Nous accueillons l'Esprit nouveau,
Le souffle d'allégresse,
Le don gratuit du Fils ressuscité,
Force des croyants.
Nous entonnons le chant nouveau,
Les hymnes de louange,
L'amen appris du Verbe tout-puissant,
Gloire des sauvés. 

Au fil de Jean 6,16-21 - la barque en péril - Edith Stein

« Le soir venu, les disciples de Jésus descendirent jusqu'à la mer.
Ils s'embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l'autre rive. C'était déjà les ténèbres, et Jésus n'avait pas encore rejoint les disciples.
Un grand vent soufflait, et la mer était agitée.
Les disciples avaient ramé sur une distance de vingt-cinq ou trente stades (c'est-à-dire environ cinq mille mètres), lorsqu'ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de peur.
Mais il leur dit : « C'est moi. N'ayez plus peur. »
Les disciples voulaient le prendre dans la barque ; aussitôt, la barque toucha terre là où ils se rendaient. » (Jean 6,16-21 - AELF)

Dans la nuit du monde, dans le désert de notre prière, il nous faut trouver cette espérance qui est et demeure don de Dieu.
Contemplons ce dialogue d'Edith Stein :
« C'est moi. Soyez sans crainte »
— Seigneur, que les vagues sont hautes,
que la nuit est obscure !
Ne voudrais-tu pas l'éclairer
pour moi qui veille solitaire ?
— Tiens fermement le gouvernail,
garde confiance et reste calme.
Ta barque a du prix à mes yeux,
je veux la mener à bon port.
Garde bien sans défaillance
les yeux fixés sur le compas.
Il aide à parvenir au but
à travers nuits et tempêtes.
L'aiguille du compas de bord
frémit mais se maintient.
Elle te montrera le cap
que je veux te voir prendre.
Garde confiance et reste calme :
à travers nuits et tempêtes
la volonté de Dieu, fidèle,
te guide, si ton cœur veille. »

(1) Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix [Édith Stein] Poésie « Am Steuer » / « La Tempête », 1940 (trad. Malgré la nuit, Ad Solem 2002, p. 49), source : l'Évangile au Quotidien 

17 avril 2018

La barque de l'Église

"Le Christ monte dans une barque : n'est-ce pas lui qui a découvert le lit de la mer après avoir rejeté ses eaux, afin que le peuple d'Israël passe à pied sec comme en une vallée ? (Ex 14,29) N'est-ce pas lui qui a affermi les vagues de la mer sous les pieds de Pierre, de sorte que l'eau fournisse à ses pas un chemin solide et sûr ? (Mt 14,29) Il monte dans la barque. Pour traverser la mer de ce monde jusqu'à la fin des temps, le Christ monte dans la barque de son Église pour conduire ceux qui croient en lui jusqu'à la patrie du ciel par une traversée paisible, et faire citoyens de son Royaume ceux avec qui il communie en son humanité. Certes, le Christ n'a pas besoin de la barque, mais la barque a besoin du Christ. Sans ce pilote venu du ciel, en effet, la barque de l'Église agitée par les flots n'arriverait jamais au port. (1)

A contempler

(1) Saint Pierre Chrysologue, Sermon 50, 1.2.3 ; PL 52, 339-340 (trad Bouchet, Lectionnaire, p. 324 rev.)