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17 février 2019

Au fil de Luc 6,17.20-26 - Béatitudes - Une joie profonde - Paul VI - Larmes du Père 7

« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes. 
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)

Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19)  transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.

« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »

A méditer...

(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt 
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)

07 novembre 2018

Homélie de la Toussaint - P. Vital

Extrait d'une homélie de mon curé que j'ai trouvé très belle : "en cette fête de la Toussaint nous faisons mémoire de la Vie éternelle. La fête de la Toussaint est par essence la fête de l'Espérance. Nous croyons (...) que toute vie humaine est appelée à la Contemplation de Dieu, à vivre avec Dieu pour toujours. La fête de la Toussaint donne une perspective à notre vie terrestre. (...) L'espérance en la vie éternelle nous permet de prendre conscience que chacun de nos actes comptent pour l'éternité (...) que nous sommes faits pour la vie éternelle (...) ce qui nous permet de survivre à toutes choses, même aux moments difficiles.
Nous ne faisons pas table rase du passé (...) nous montons sur les épaules des saints, connus et inconnus pour voir plus loin (...) pour reconnaître Dieu. (...)
Vous l'avez entendu, la plupart des béatitudes sont au futur. Il y en a deux qui sont aux présents (...) :
1. Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des Cieux est à eux.
2. Heureux les persécutés pour la justice, le Royaume des Cieux est à eux.
Il y a quelque chose de présent qui se joue dans ces béatitudes. Nous pouvons toucher du doigt, par la foi, quelque chose du Royaume de Dieu (...) Au font, pour avoir cette intimité avec Dieu (...) il faut avoir un coeur de pauvre, un coeur qui accepte la Parole de Dieu, un coeur qui accepte la Parole du Christ qui nous appelle à la Conversion. Au fond, ces béatitudes sont une invitation à la Conversion.
Avoir un coeur de pauvre, c'est accepter de ne pas tout contrôler, accepter nos fragilités, de ne pas les voir comme des menaces. C'est parfois accepter de dépendre aussi (...) reconnaître qu'il y a un Dieu qui vient nous éclairer par sa révélation.
Oui, le coeur de pauvre, c'est celui qui accepte de rentrer dans une intimité avec Dieu en sachant qu'il a besoin de Dieu pour tout. (...)
La fête de la Toussaint nous appelle à une plus grande confiance en Dieu, une plus grande dépendance avec Lui. (...)

À travers [la deuxième béatitude] on découvre que la vie éternelle (...) n'est pas faite pour les tièdes. Oui la vie éternelle appelle aussi à rentrer dans la Passion du Christ, d'accueillir toutes nos souffrances, non pas comme une désespérance, mais au contraire comme un appel à grandir dans la confiance (...) ce n'est pas le mal qui aura le dernier mot (...) la vie aura le dernier mot (1) ».

(1) P. Vital, fête de la Toussaint 2018, saint Rémy sur Avre

01 novembre 2018

La danse des anges - 3 - saint Bernard - Toussaint - amour est en toi 24


Il viennent en chantant, le peuple des sauvés : immense fresque de joie, amour aux cent visages qui forment ensemble, dans la lumière, la seule icône de gloire : Jésus Christ ! Nous dit l'oraison finale de l'office des lectures. Alors que résonne dans nos églises l'hymne des Béatitudes (Luc 6, 26), contemplons la danse des anges (1)

« Pourquoi notre louange à l'égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n'ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c'est pour nous que cela importe, non pour eux. ~ Pour ma part, je l'avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir. ~

Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d'être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d'être mêlés à l'assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs ; au chœur des vierges, bref d'être associés à la joie et à la communion de tous les saints. Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n'en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n'en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions !

Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d'en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu'ils comptent sur nous, accourons avec nos désirs spirituels. ~ Ce qu'il nous faut souhaiter, ce n'est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu'en désirant leur présence, nous ayons l'ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l'ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n'a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire. ~

Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque-là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu'il s'est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés. ~ Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d'épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l'honneur que celle de la dérision. Viendra le jour de l'avènement du Christ : alors on n'annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elle les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d'humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c'est lui la Tête. » 

Cette gloire, il nous faut la convoiter d'une absolue et ferme ambition. ~ Et vraiment, pour qu'il nous soit permis de l'espérer, et d'aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher aussi, avec le plus grand soin, l'aide et la prière des saints, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités.  (2)

Dans une belle contemplation du Paradis, Dante évoque cette danse des anges qui se réjouissent ensemble de la conversion d'une âme. Elle n'a de sens qu'au sein de la danse trinitaire, c'est à dire de cette communion polyédrique des âmes en Dieu, corps glorieux qui prends chair en nous. L'amour est en toi.. 


(1) voir mon livre éponyme 
(2) Saint Bernard, homélie pour la Toussaint source AELF 
(3) Fra Angelico, source https://goo.gl/images/skp5sA

08 septembre 2018

Béatitudes - Saint Léon le grand

"Heureux, dit-il, les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux. On aurait pu se demander de quels pauvres parlait la Vérité si, en disant : Heureux les pauvres, elle n'avait pas précisé de quel genre de pauvres il fallait l'entendre ; et il aurait paru suffire, pour mériter le Royaume des cieux, de connaître le dénuement que beaucoup subissent par le poids et la rigueur de la nécessité. Mais en disant: Heureux les pauvres de coeur, le Seigneur montre que le Royaume des cieux doit être accordé à ceux que recommande l'humilité de l'âme plutôt que le manque de ressources." (1)

Est-ce à dire que les nécessiteux manqueront le Royaume.  La réponse est dans les mystères de l'âme humaine et la miséricorde divine.  Tablons surtout sur cette dernière

(1) Saint Saint Léon le grand,  Sermon sur les béatitudes,  source AELF