« Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous.
Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l'homme.
Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation !
Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C'est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. » Luc 6, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris
La pauvreté du monde est source de tristesse pour le Christ. (1) Elle transpire dans son allusion à la veuve de Sarepta, ou sa vénération de la femme aux deux piécettes.
Alors pourquoi dire « Heureux les pauvres » ? De quelle pauvreté parle-t-il ? Peut-être d'un véritable décentrement, d'une liberté vis à vis des convoitises de la chair, de ces triples convoitises du pouvoir, de l'avoir et du valoir qui nous enchaînent au monde (cf. trilogie johannique de 1 Jn 2)
« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
« La joie de demeurer dans l'amour de Dieu commence dès ici-bas. C'est celle du Royaume de Dieu. Mais elle est accordée sur un chemin escarpé, qui demande une confiance totale dans le Père et le Fils, et une préférence donnée au Royaume. Le message de Jésus promet avant tout la joie, cette joie exigeante ; ne s'ouvre-t-il pas par les béatitudes ? « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume des cieux est à vous. Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous rirez ».
Mystérieusement, le Christ lui-même, pour déraciner du cœur de l'homme le péché de suffisance et manifester au Père une obéissance filiale sans partage, accepte de mourir de la main des impies, de mourir sur une croix. Mais... désormais Jésus est pour toujours vivant dans la gloire du Père, et c'est pourquoi les disciples ont été établis dans une joie indéracinable en voyant le Seigneur le soir de Pâques (Lc 24,41).
Il reste que, ici-bas, la joie du Royaume réalisé ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C'est le paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l'épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C'est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l'existence commune, n'est cependant pas réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l'annonçait en effet le prophète : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie » (Is 9,1-2). (2)
Certains théologiens ose penser qu'au bout de la souffrance du Christ, dans son « tout est accompli » (Jn 19) transparaît déjà la joie. La pauvreté du Christ en Croix est le chemin de la joie, première lueur de la résurrection. On en trouve aussi la trace chez certains mourants, libérés de la souffrance, et pauvres de toute convoitise.
« Heureux vous les pauvres ; le Royaume de Dieu est à vous »
A méditer...
(1) Homélie du père Vital Ngimbi du 16/2/19 à la Madeleine de Nonancourt
2) Saint Paul VI, Exhortation apostolique sur la joie chrétienne « Gaudete in Domino » (trad. DC n°1677 1/6/1975, p. 504)
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