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22 avril 2020

Au fil de Jean 3, Nicodème - Transformés par le Christ - saint Léon…

Quel est l’enjeu du dialogue avec Nicodème ?

« Tout l'effet de la participation au corps et au sang du Christ est de nous transformer en ce que nous consommons; morts avec lui, ensevelis avec lui, ressuscités avec lui, portons-le toujours dans notre esprit et dans notre chair »(1).
Cette phrase de saint Léon nous interpelle au sein même de notre expérience de jeûne eucharistique forcé. Puisque nous sommes privés du corporel, nous laissons nous habiter par le spirituel, cette communion véritable où notre être perd son ego pour être amour. De même que le côté du Christ s'ouvre pour faire jaillir un fleuve d'eau vive, de même que la fraction du pain révèle l'amour, de même que rideau du temple se déchire devant l'homme élevé sur le bois, de même devons-nous, comme le suggère saint Ignace d'Antioche(2), devenir « le froment de Dieu » par ces petits sacrifices qui font de nous des aimants.

« Personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit,
ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
Ce qui est né de la chair est chair ;
ce qui est né de l'Esprit est esprit.
Ne sois pas étonné si je t'ai dit :
il vous faut naître d'en haut.
Le vent souffle où il veut :
tu entends sa voix,
mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va.
Il en est ainsi
pour qui est né du souffle de l'Esprit. » Jean 3

Cette transformation - metanoia - nécessite une fission du cœur... Le Christ « donne la vie de Dieu aux hommes par son enseignement divin, en « mettant ses lois dans leur pensée et en les inscrivant dans leur cœur » nous rappelle saint Clément d'Alexandrie(3)

La route est longue. Une seule espérance dans ce dépouillement : ce qui est bon ne vient pas de nous mais de ce que nous avons libéré de l'amour de Dieu inscrit dans nos cœurs...
Quel chemin !
« Sans fin, je veux te rendre grâce, car tu as agi. J'espère en ton nom devant ceux qui t'aiment : oui, il est bon ! » Ps 51

(1) Léon le Grand, sermon sur la Passion, office des lectures du mercredi de la 2ème semaine de Pâques
(3) Saint Clément d'Alexandrie, Exhortation aux Grecs, 11, 113 ; GCS 1, 79 (Les Pères commentent l'évangile; Coll. liturgique sous la direction de H. Delhougne, o.s.b.; trad. A.-M. Roguet, o.p.; Ed. Brepols 1991, p. 300 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

14 juin 2015

La graine de moutarde - Dynamique sacramentelle

Quel va être le fruit du sacrement en nous ?N'est il pas comparable à cette "graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. 
Mais quand on l'a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre." ( Marc 4, 31-32)
Comment cela est-il possible ? A écouter Saint Pierre Chrysologue, "tant que la graine de moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu que son corps soit broyé pour que sa force ne reste pas cachée..." (1)

Qu'est ce à dire pour nous ? Si nous recevons en nous le sacrement comme grâce,  ce ne peut être que dans un esprit broyé ( cf. Ps 51), comme une terre vierge qui se laisse féconder après avoir accueilli la blessure du laboureur. 
Porter du fruit ce n'est pas claironner le mérite de notre foi comme un dû, mais s'effacer devant ce travail mystérieux de l'Esprit en nos coeurs,  reconnaître qu'il nous échappe,  qu'il est plus grand que nous et que notre décentrement sera le lieu de Sa croissance,  que notre faiblesse sera le terreau de Sa puissance. 

(1) Saint Pierre Chrysologue, Sermon 98, 1-2 ; CCL 24A, 602 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 225 rev.)