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03 novembre 2018

Au fil de Marc 12, les deux commandements - homélie du 3 et 4/11/18

Frères et sœurs,

La première lecture, tirée du Deutéronome n'est que le point final d'un long épisode où Moïse présente au peuple les 10 commandements révélés par Dieu. Il constitue le cœur de la Torah, le pentateuque de nos frères juifs. On ne peut écarter d'un geste ce qui nous est transmis ici.

Les dix commandements ont structuré la vie du peuple Juif. Ils ont façonnés à leur manière, Jésus et ses compatriotes. Pourquoi Marc, dans l'Evangile que nous venons de lire, n'en distingue que deux en racontant l'histoire du scribe ?

Il faut situer ce passage de l'Évangile de Marc au cœur d'une phase de conflits entre Jésus et ses compatriotes. Au début du chapitre, Jésus avait suscité une polémique en racontant la parabole du vigneron qui envoie ses serviteurs puis son fils. Comme vous en souvenez peut-être, les serviteurs, ne sont pas bien reçus et le fils est tué, nouvelle évocation chez Marc de la Passion. A ce parabole, mal reçue par les Juifs, suit une série de controverses entre Jésus, les scribes et les pharisiens.
C'est dans ce contexte que le passage que nous avons entendu est placé au centre des débats. Quel est le but visé par Marc ? Rappelons-nous ce qu'il tentait de nous dire dans les passages lus les semaines précédentes. Marc cherche à nous révéler l'amour infini de Dieu.
Comment se place cet épisode là-dedans ?
Il faut savoir que les juifs avaient multipliés rites, prescriptions et commandements, au point qu'on en comptait 613.
Cette explosion cherchait à mettre Dieu partout, mais oubliait parfois l'essentiel.
En distinguant ce scribe des autres, Marc invite ses compatriotes, à se centrer sur l'essentiel.
A sa suite, nous sommes invités à réaliser que les sacrifices, les rites, les attitudes extérieures ne servent à rien, si notre relation avec Dieu et nos frères ne sont pas centrales.
Pour cela, je vous propose de fermer les yeux pour entendre à nouveau le cœur du message :
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de tout ton esprit et de toute ta force.
Et voici le second :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même

Si l'on trace un triangle imaginaire qui met Dieu au sommet, nos frères à gauche et nous sur le côté, on peut s'interroger, intérieurement sur la place de chaque angle dans notre vie.
Quel temps consacrons nous à nous, à Dieu aux autres. Est-ce un triangle isocèle ?
Si nous ne nous aimons pas nous-mêmes, nous ne pouvons aimer Dieu et nos frères, si nous n'aimons pas nos frères, notre amour de Dieu n'est qu'apparence. Et aimer Dieu n'est rien sans la charité. A la différence des autres scribes, celui qui parle avec Jésus a compris cela. Il a atteint le cœur du message.
Laissons résonner en nous ces deux commandements, laissons agir en nous le Verbe, jusqu'aux jointures de l'âme.
Quelle place laissons-nous en vérité à Dieu et nos frères ?
Aimons-nous Dieu dans les quatre dimensions demandées : « de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute nos forces ?
Prenons-nous le temps de nous aimer nous-mêmes sans hypertrophie et sans dénigrement ? Et consacrons-nous autant d'intelligence, de force et d.ame à notre prochain ?

Parfois nos actes sont creux. N'accomplissons-nous pas, parfois, certaines de nos dévotions ou charité par routine, par habitude ? Sont-ils vraiment constitutifs de notre vie chrétienne ?
Sommes nous habités par ce triple essentiel : Dieu, nos frères autant que nous-mêmes ?

Quelle est la place de la Parole de Dieu dans nos vies ?

Que faisons-nous de cette Parole ? De ces chemins de vie à laquelle elle nous conduit.
Une des lectures de cette semaine évoquait la graine de moutarde. L'avons-nous planté en terre.
Cette graine est l'image de ce que Dieu met en nos cœurs. Elle entre en résonance avec cette phrase de Jean 12 : « Si le grain ne meurt pas, il ne portera pas de fruits ». Pour que la Parole de Dieu prenne vie en nous, il nous faut aller à l'essentiel. Suivre Jésus.
Lui seul présente un triangle parfait. Lui seul y met tout son cœur, jusqu'à se laisser transpercer, toute son âme, tout son esprit et toute sa force.

Dans le passage évoqué par Marc, Jésus se prépare à la Passion et ces commandements repris par le scribe résonne en lui. Car cet amour du Père et de ses frères, il va le porter à son paroxysme.
Tout chez lui est don.
Ouvrons les yeux maintenant et contemplons la Croix, ce que Marc veut nous dévoiler.
Tout se résume finalement dans ce triangle unique, dont Jésus est l'icône. C'est ce que suggère la 2eme lecture. L'unique sacrifice est celui du Christ.
C'est bien le grand prêtre qu'il nous fallait :
saint, innocent, immaculé ;
séparé maintenant des pécheurs,
il est désormais plus haut que les cieux.
Il n'a pas besoin, comme les autres grands prêtres,
d'offrir chaque jour des sacrifices,
d'abord pour ses péchés personnels,
puis pour ceux du peuple ;
cela, il l'a fait une fois pour toutes
en s'offrant lui-même.

Lui seul peut dire jusqu'au bout le psaume 39 (7-9) : Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. « Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j'aime : ta loi me tient aux entrailles. »
Contemplons le chemin tracé par le Christ.
Que pouvons-nous de notre côté abandonner pour le suivre ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce qui nous empêche d'aller à l'essentiel ? Prenons le temps, un instant de méditer là-dessus.
Amen