30 août 2015

La dynamique sacramentelle


Vivre les sacrements ? C'est peut-être enfoncer une porte ouverte de dire que le sacrement n'est pas celui d'un jour, d'un lieu, d'une prière. Au contraire, il est le lieu d'une vie, d'une dynamique. Affirmer cela, c'est prendre conscience de la manière dont Dieu agit en nous, nous rend signe. Signe fragile, brisé parfois. Signe qu'il faut reconstruire. A travers la lecture de 3 essais de W. Kasper, je viens de revisiter mes propres écrits sur le mariage, allant jusqu'à revoir mes propos sur ces crises conjugales qui brisent le pacte sacramentel et la question des divorcés remariés. De cela est né un livre (encore un) qui, comme toujours, ne vaut que ce que j'ai mis dedans : le meilleur de moi-même et en même temps, probablement encore des failles. L'écriture me façonne. Depuis quelque temps, tout mes écrits "théologiques" sont publiés à prix coûtant. Je ne suis qu'apprenti... Ces livres sont sources de dialogue. J'espère que celui-là, le sera plus que les autres. En ces temps de réflexion intra-synodale, voici un petit caillou dans la construction délicate de la cathédrale...
La dynamique sacramentelle est disponible sous ce lien :
http://www.amazon.fr/dynamique-sacramentelle-recherche-pr%C3%A9-synodal-sacrements/dp/1514660784/ et en téléchargement gratuit sous Kindle KDP

PS : Merci à Phil' Dugué, un ami de l'Avre, pour l'autorisation de reproduire un détail de l'un de ses tableaux en couverture...

28 août 2015

Ennivré de la Croix

‎"Donne moi d'être ennivré de la croix" (1) Cette expression d‎e Jean XXIII peut paraître sacrificielle et je l'ai ignoré en première lecture, considérant qu'elle était dépassée et propre à une attitude pré-concilliaire. 
Mais j'y reviens avec un autre angle de lecture, celui du vin partagé. Non pour nier le travail de la souffrance dans notre chemin vers Dieu que je ne souhaite à personne, mais pour contempler la Croix elle-même, sacrifice unique de celui qui va jusqu'au bout de l'amour, qui y répand ‎son sang et l'eau vive qui s'y mêle , pour étancher notre soif et ouvrir en nos coeurs un chemin de vie.


(1) Le Journal de l'âme p. 401

Vanité 2

‎Quand le doute s'installe... Il est parfois intéressant de se poser des questions. Celle là me touche :

"On se forme facilement des formes du service du Seigneur qui sont bien plutôt l'expression de notre goût,de notre ambition, de notre caprice. " L'arrogance de ton coeur t'a égaré, toi qui habites au creux du rocher" (Abd. 3) : c'est à peine si, pour le service de Dieu, tu sais faire un pas hors des trous où tu te tiens, comme une tarentule, à l'abri des injures du temps et tu veux te persuader que tu peux prendre un vol d'aigle si on t'appelait au-delà des monts et des mers. Dans ta dévotion tu te séduis toi-même et tu ne t'en aperçois pas. Fais en sorte que la promptitude de ta volonté apparaisse dans les oeuvres qui réalisent la volonté du Seigneur telle qu'elle t'est connue au jour le jour, et qu'elle ne se manifeste pas seulement dans la ferveur de tes soupirs." (1)

Que le futur évêque de Rome se pose intérieurement cette question vaut peut être que l'on se la pose.

(1) Jean XXIII , Journal de l'âme op. Cit p. 400

Vanité - Les vierges folles, Mat. 25, 1-13

Une belle analyse de ce texte de Mathieu 25 chez saint Grégoire le grand nous interpelle sur notre tentation du paraître,  du valoir.

" L'huile désigne ici l'éclat de la gloire ; les vases, ce sont nos cœurs, dans lesquels nous portons toutes nos pensées. Les vierges sages portent de l'huile dans leurs vases, parce qu'elles gardent au-dedans de leur conscience tout l'éclat de leur gloire. (...) Les vierges folles au contraire n'emportent pas d'huile avec elles, parce qu'elles ne portent pas leur gloire dans le secret de leur cœur, c'est à dire qu'elles la demandent aux louanges d'autrui. (...) Mais les lampes des vierges folles s'éteignent parce que leurs œuvres, qui du dehors paraissaient éclatantes aux yeux des hommes, ne sont plus au-dedans que ténèbres à l'arrivée du Juge ; et elles ne reçoivent de Dieu aucune récompense, ayant pour elles déjà reçu des hommes ces louanges qu'elles aimaient."

Comme souvent,  c'est au fond de notre coeur que la parole tranchante vient réveiller notre conscience.

(1) Saint Grégoire le Grand, Homélies sur les évangiles, 12 ; PL 76, 1119-1120, cité par AELF

27 août 2015

Cette Église que je cherche à aimer -2

‎"Dans ce qui nous a été révélé, il y a sans doute rien de plus grand, et rien qui puisse mieux nous faire connaître la grandeur de Dieu et de quoi nous pouvons le louer davantage, que l'édification de l'Église " (1)

5 ans après  la première édition de ma contemplation "cette Église que je cherche à aimer", je dois reconnaître que j'ai encore progressé dans ma perception du chemin droit de l'Esprit parmi les sinuosités humaines qui fait grandir cette lente construction de la cathédrale vivante qu'est le Corps du Christ en marche vers sa sainteté. 

Nos papes récents ont contribué chacun‎ a redonner à l'Église une autre couleur que ce triomphalisme dénoncé dans l'aula du dernier concile par le cardinal de Smedt. Mais c'est aussi dans cette myriade d'hommes et de femmes qui s'avancent vers l'agneau que l'on peut sentir la victoire de l'amour, loin de tous les pessimistes qui annoncent sa mort.

Jean XXIII en citant ces phrases de Bellarmin veut chanter "Seigneur ouvre mes lèvres" que nos moines répètent par trois fois lors de leur premier office. Marchons à leur suite sur ce chemin de la louange.

(1) saint Robert Bellarmin, cité par Jean XXIII, op. Cit p. 397


26 août 2015

Paternité spirituelle - le progrès des âmes

‎J'aime ces correspondances de lecture entre les méditations trouvées plus haut sur la "paternité spirituelle" dans le BSS et ce que je trouve, deux jours plus tard  dans le " journal de l'âme", où Jean XXIII rappelle les phrases prononcées lors de son ordination épiscopale : "Qu'il trouve son avantage spirituel dans le progrès de tous" (1)
On rejoint ce que Marxer disait aussi de Charles de Condren sur l'autorité au service d'une fécondité spirituelle.  La fonction de l 'épiscope (surveillant) y gagne en légitimité. 

(1) Sacre d'un évêque, Pontifical romain cité par Jean XXIII op. Cit p. 386

Miséricorde divine

"Sa grande miséricorde (...) est proportionnée à la grandeur même  de Dieu" écrit Jean XXIII, citant l'Ecclesiaste : "Sa miséricorde est à la mesure de sa grandeur " (Eccl. 2, 23), avant d'ajouter "le plus beau nom et le plus bel attribut de Dieu est sa miséricorde". (1) 

Ce passage à d'autant plus d'intérêt qu'il est écrit en novembre 1940, au plus profond de la guerre‎, qu'il qualifie de "voulue par les hommes en connaissance de cause, au mépris de toutes les lois sacrées", précisant que celui qui la déclenche est le prince de ce monde (Jn 12, 31) qui n'a rien à voir avec le Christ, prince de la Paix (1 Mac. 10, 47).

Dans ce sens, ajoute-t-il, après son couplet sur la miséricorde, "cela doit nous inspirer une grande confiance (....) [puisque]‎ sa miséricorde est une abondance de tendresse".

On pourrait citer dans la même veine, la phrase de Jérémie :"Je ne veux pas vous montrer un visage sévère, car je suis miséricordieux, - oracle de Yahweh, et je ne garde pas ma colère à toujours." (2)

(1) Jean XXIII, Journal de l'âme,  op. Cit p. 379
(2) Jérémie 3, 12



Désir du Christ

"L'homme de désir par excellence, c'est le Christ, tout entier tendu vers la réalisation du salut des hommes et la glorification du Père" (1)  disait Yvan Mathieu ajoutant en latin :  "J'ai un grand désir de manduquer la Pâque avec vous" (2)
A genoux devant l'homme et courant vers son Dieu...

Le terme manducare utilisé par la Vulgate est plus parlant que manger. Il évoque ce à quoi nous sommes appelés dans la lente dégustation de l'essence profonde de la Parole.
Pour la Pâque du Christ il évoque un chemin difficile, au delà du repas final, le "je vous donne ma chair et mon sang" que l'on ne peut lire qu'entre les lignes du sacrement mais qui signifie bien plus que le faire mémoire, qui entre dans ce que j'appelle la dynamique sacramentelle.

(1) Yvan Matthieu, BSS 37-38, op. Cit p. 305
(2) traduction littérale du latin de Lc 22, 15 : desiderium desideravi hoc Pascha manducare vobiscum.


25 août 2015

Cinq chemins de conversion

Un petit sentier, tracé par saint Jean Chrysostome, qui semble tout simple et pourtant va à l'essentiel :
a) la condamnation de nos péchés,
b) le pardon accordé aux offenses du prochain;
c) la prière ;
d) l'aumône
e) l'humilité. 
"Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère. Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l'humilité, prier assidûment et condamner tes péchés. Ta pauvreté ne s'y oppose nullement. Mais qu'est-ce que je dis là ? alors que, sur ce chemin de la conversion où il s'agit de donner ses richesses (c'est de l'aumône que je veux parler), même la pauvreté ne nous empêche pas d'accomplir le commandement. Nous le voyons chez la veuve qui donnait ses deux piécettes. Nous avons donc appris comment soigner nos blessures; appliquons ces remèdes: revenus à la vraie santé, nous profiterons hardiment de la table sainte et avec beaucoup de gloire nous irons à la rencontre du roi de gloire, le Christ. Obtenons les biens éternels par la grâce, la miséricorde et la bonté de Jésus Christ notre Seigneur."
(1)  Saint Jean Chrysostome, Sermon sur le diable tentateur,  source Bréviaire AELF

24 août 2015

Paternité spirituelle - 3 (les entrailles de Dieu )

‎L'auteur poursuit avec l'évocation du Fils prodigue dans le contexte de la trilogie parabolique de la brebis perdue, de la pièce perdu et du Fils (luc 15), mais souligne-t-il (1) c'est plutôt du Père qu'il parle avec cette belle expression grecque de splagchnizomai (être ému de compassion, de pitié, pris aux entrailles) (2 et 3) qui rejoint le souci de Dieu pour son peuple d'Exode 3. 
‎Pour Blanchette, cela ne relève pas d'une obligation morale ou pastorale mais bien de la manifestation d'un "coeur empli de la présence tangible de l'Esprit" (4) qui fait rejaillir ce qu'il dit plus haut sur l'importance d'un discernement habité par la prière "en Christ". 
Je rejoins cette analyse qui fait écho avec mes contemplations ‎sur la kénose du serviteur qui en se vidant de toute tentation de jugement personnel, se met "à genoux devant l'homme(4)" et, ce faisant, manifeste l'infinie miséricorde de Dieu.

C'est probablement là que prend source et s'exerce la 4ème caractéristique de la paternité évoquée par Blanchette (5) : la capacité de guérir qu'il évoque à partir du 2ème signe de Jésus dans Jean (le fils de l'officier royal - basilikos, Jn 4, 46-54). Être père peut aller jusqu'à qu'à guérir à distance, non de manière directe mais par le travail de la Parole dont le prêtre n'est finalement que l'instrument. 

(1) Melville C. Blanchette, ‎PSS, Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest‎, op. Cit p 219
(2) Dictionnaire Grec Français du NT, p. 139
(3) Nouveau Testament ‎inter linéaire, Société biblique française, 1993, p. 347
(4) cf mon travail de recherche éponyme.
(5) Blanchette, op Cit p. 220.

Paternité spirituelle - 2 (la figure d'Abraham)

‎L'auteur (1) poursuit son analyse sur la pa‎ternité spirituelle en évoquant la figure d'Abraham comme évocatrice des renoncements du prêtre. Il ne s'agit pas seulement pour lui de renoncer à la vie conjugale, mais d'accepter tous ces sacrifices qui littéralement 'make holy' (rendent sacré) les dons que le prêtre fait de sa vie. 
Pour moi, ce sacrifice n'est pas vu alors dans l'ordre du renoncement que dans le registre du décentrement. La figure d'Abraham prend sens : quitter un monde auto-centré, prendre le chemin du désert (2) et avancer à nu (3) devant son Dieu, percevoir alors que la paternité spirituelle du ministre prend un autre sens, celui de l'engendrement à la vie en Dieu. Cela évoque pour moi, outre les travaux de Bacq/Theobald(4), un vieux texte de Michel Rondet qui parle de ceux qui quittent la certitude des ports, pour avancer sur un chemin dont on ne connaît pas les pierres. 
‎(1) Melville C. Blanchette, ‎PSS, Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest in Bulletin SS n• 37-38, op. Cit p. 216ss
(2) cf. mon étude éponyme.‎
(3) cf. posts précédents.
(4) cf. Bibliographie et mes longs commentaires dans 'Pastorale du seuil'
(5) publié dans un numéro d'Etudes

Paternité spirituelle

‎"Le titre "père" dans la vie d'un prêtre ne lui est pas donné pour le positionner au dessus des autres, mais reflète plutôt l'intimité de relation qu'il a vis à vis de ceux qu'il sert. En manifestant un amour paternel, les prêtres sont au service de l'éclosion [l'engendrement] à la vie pleine et entière de ceux qu'ils servent" (1)

Je retrouve là une vieille discussion sur la question de l'autorité, non pas comme excès de pouvoir sur l'autre mais comme éclairage qui fait grandir, qui engendre, pour rejoindre le thème de la "pastorale d'engendrement".

(1) traduction libre de "Just call me father, generativity in the spiritual life of diocesan priest" de Melville C. Blanchette, P‎SS, Bulletin SS n• 37-38, p. 214

Ce qui sera révélé - 1 Cor 4

On peut voir le jugement final comme le grand règlement de compte médiéval.  On peut aussi espérer le travail silencieux de Dieu en chaque homme à la lumière des deux paraboles du bon grain et de l'ivraie et des ouvriers de la dernière heure où transparaît ce que je citait hier chez Osée 11: la miséricorde divine et le chemin de Dieu en l'homme. Le texte proposé pour l'office des lectures nous ouvre aussi à cette "petite espérance (1)" : "C'est pourquoi ne jugez de rien avant le temps jusqu'à ce que vienne le Seigneur : il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et manifestera les desseins des cœurs, et alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui est due". (2).

J'aime à ce sujet l'expression de saint Justin : "contempler les semences du Verbe"....

Sous cet angle résonne différemment ce que souligne saint Jean Chrysostome : " La faiblesse de Dieu est plus forte que tous les hommes. Que la prédication soit l’œuvre de Dieu, c’est évident ici. Comment douze hommes, des ignorants, ont-ils pu avoir l’idée d’une pareille entreprise, eux qui vivaient auprès des lacs et des fleuves, et dans le désert ? Eux qui n’avaient jamais fréquenté les villes et leurs assemblées, comment ont-ils pu songer à se mobiliser contre la terre entière ? Ils étaient craintifs et sans courage (3)". Et pourtant,  cette faiblesse a été la semence qui a transformé le monde.

(1) Charles Péguy,  Le porche de la troisième vertu
(2) 1 Corinthiens 4,  5 BCC1923
(3) Saint Jean Chrysostome,  commentaire de la première lettre aux Corinthiens, tr. Bréviaire

23 août 2015

Sophonie ou la colère de Dieu

Difficile lecture de l'office des heures, cette nuit :  (So 1, 1-7.14; 2, 1-3). Comment "actualiser" ce que l'on appelle non sans raison la parole de Dieu ?

Je ne peut que écarter cette impression d'un appel au Dieu vengeur des premiers versets pour me laisser interpeller par la fin du texte : "Recueillez-vous, rentrez en vous-mêmes, race sans pudeur, Cherchez Yahweh, vous tous humbles du pays, qui avez pratiqué sa loi; recherchez la justice, recherchez l'humilité. Peut-être serez-vous à l'abri au jour de la colère de Yahweh !..." Sophonie 2:1, 3 BCC1923

Le "rentrez en vous même" évoque pour moi le verset 17 de Luc 15 : "Alors, rentrant en lui-même, il dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en abondance, et moi, je meurs ici de faim !". Alors tout s'éclaire... Car ce basculement intérieur qui précède la miséricorde temoigné au fils prodigue est la clé du mystère.

Dieu retient sa sainte colère pour laisser place à sa miséricorde,  nous dit Jésus entre les lignes, comme le souligne Kasper en citant Osée... :  "Comment te délaisserais-je, Ephraïm, te livrerais-je, Israël ? (...) Mon coeur se retourne en moi, et toutes ensemble, mes compassions s'émeuvent.  Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère, je ne détruirai pas de nouveau Ephraïm. Car je suis Dieu, moi, et non pas homme: au milieu de toi est le Saint, et je ne viendrai pas dans ma fureur." Osée 11:8-9 BCC1923

Il nous reste l'espérance : " Elle passe la figure de ce monde (...) : mais nous avons appris que Dieu prépare une demeure nouvelle et une terre nouvelle où réside la justice, dont la béatitude comblera et surpassera tous les désirs de paix qui gonflent le cœur de l'homme. Alors la mort sera vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui avait été semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l'incorruptibilité. La charité demeurera, ainsi que son œuvre, et toute cette création, que Dieu a faite en faveur de l'homme, sera délivrée de l'esclavage du néant." (1)

( 1) Gaudium et Spes

Les quatre écueils du prêtre

Discussion intéressante avec un vieil ami prêtre qui m'a cité les quatre écueils du prêtre,  comme autant d'impasses dans la vie d'un serviteur de Dieu.
1) la gestion de sa sexualité, 
2) l'autoritarisme (cf. post récent)
3) la grégarité comme fuite de sa mission,
4) la démagogie.
On sent là un chemin difficile,  où nous autres,  gens mariés,  pouvons aussi faillir, dans notre mission de "serviteur". À méditer à la lumière du post précédent...

22 août 2015

Marie, chemin d'humilité


Je continue ma méditation matinale en lisant ce texte proposé d'Isaïe 37 :
"Voici la parole que Yahweh a prononcée contre lui : Elle te méprise, elle se moque de toi, la vierge, fille de Sion ; elle branle la tête derrière toi, la fille de Jérusalem ! (...) Parce que tu es furieux contre moi, et que ton arrogance est montée à mes oreilles, je mettrai mon anneau dans ta narine et mon mors à tes lèvres, et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu. (...) Et ceci sera un signe pour toi : On mangera cette année le produit du grain tombé; la seconde année, on mangera ce qui croit de soi-même; mais la troisième année, vous sèmerez et moissonnerez, vous planterez des vignes et vous en mangerez le fruit.  Car de Jérusalem il sortira un reste, et de la montagne de Sion des réchappés. Voilà ce que fera le zèle de Yahweh."
Le reste, un thème qui traverse la Bible, depuis 1 Rois 19 où Élie découvre qu'il n'est pas seul (2), jusqu'à ce rameau de Jessé évoqué plus haut.
Elle se moque de ton arrogance,  la vierge de Sion. Son "fiat" est foi inconditionnelle, "Me voici !" en réponse à l'éternel "où es-tu ?" de Dieu dans le jardin du monde (cf. Gn 3).
Elle est chemin d'humilité et n'ouvre la voix qu'à Cana pour dénoncer la soif du monde.
Figure à contempler donc, pour l'arrogant que je suis, sensible d'ailleurs à cette réflexion de saint Jean Chrysostome : " Pour que tu apprennes combien il est bon de ne pas avoir une haute idée de soi-même, représente-toi deux chars. Attelle à l'un la vertu et l'orgueil, à l'autre le péché et l'humilité. Tu verras l'attelage du péché devancer celui de la vertu, non certes par sa propre puissance, mais par la force de l'humilité qui l'accompagne, et tu verras l'autre dépassé non à cause de la faiblesse de la vertu, mais à cause du poids et de l'énormité de l'orgueil." (3)
(1) Isaïe 37:22, 29-30, 32 BCC1923
(2) cf. la thèse de François Varone, Ce Dieu sensé aimer la souffrance. "Il en reste 7000" que je reprends in Chemins d'Evangile, p. 641
(3) Sur l'incompréhensibilité de Dieu, 5, 6-7 ; PG 48, 745 (trad. Orval rev.), source AELF

Marie, temple du Christ

On ne peut pas dire que je suis atteint d'une grande piété mariale au sens de la tradition populaire. Un manque d'humilité probablement... Et pourtant, la figure de Marie me travaille, non comme médiation (il n'y a qu'un seul médiateur, le Christ !), mais comme chemin. C'est probablement l'humilité de la femme qui me touche, dans la contemplation de cette vierge que l'on trouve peinte par Fra Angelico au fond d'une cellule d'un couvent de Florence. Elle se penche en avant, comme depassée par l'ampleur de ce qu'on lui demande : être temple du Christ.

N'est ce pas, à sa suite, que l'on peut tressaillir à l'idée que bien qu'indigne, nous pouvons être appelé petit temple du Christ dans l'eucharistie ?

Je découvre ce matin dans l'office de mâtines, ce bel hymne qui rend hommage au premier temple de la nouvelle alliance :

Femme voulue par Dieu 
Comme une œuvre parfaite 
En qui reposerait
Le don de son Amour,
Tu exultes de joie
Aux promesses de vie : 
Les pauvres en ton enfant 
Seront peuple de prêtres, 
Fils du Très-Haut.

Femme comblée par Dieu 
De sagesse et de grâce 
Pour être parmi nous Reflet de sa bonté, 
Tu révèles Celui Qui étanche la soif : 
Le Christ a fait pour toi 
Couler en abondance 
Un vin nouveau.

Femme guidée par Dieu 
Au désert de l'épreuve 
Où manque à notre espoir 
La force d'un appui, 
Tu nous vois chancelants 
Sous le poids de la croix : 
Ta foi inébranlée 
Soutient notre faiblesse 
Et nous conduit.

Femme donnée par Dieu 
À l'Église naissante 
Qui brûle d'accueillir 
Le souffle de l'Esprit, 
Ton silence nous offre 
Un espace de paix : 
En toi nous écoutons 
La source qui murmure 
Au fond des cœurs.

Femme vêtue par Dieu 
D'un manteau de lumière, 
Quand l'ombre de la mort 
S'étend sur l'univers, 
Tu éclaires la voie 
Du Royaume des cieux : 
Servante du Seigneur, 
Tu règnes dans la gloire 
Avec ton Fils. (1)

À cette lumière les propos de Jean-Paul II nous donne à penser : Celui qui se nourrit du Christ dans l'eucharistie n'a pas besoin d'attendre l'au-delà pour recevoir la vie éternelle : il la possède déjà sur terre, comme prémices de la plénitude à venir" (2). Que dire de celle qui portait le Christ en son sein,  habitée de Dieu,  mère de Dieu,  disait même les pères de l'Église. 
À sa suite, contemplons ce qu'il ajoute : "L'eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s'ouvre sur la terre. C'est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine notre chemin." (3)

(1) Source : Bréviaire,  AELF,  office des lectures du 22/8/15
(2) Saint Jean-Paul II (1920-2005), Encyclique « Ecclesia de Eucharistia », 18-19 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
(3) ibid.

21 août 2015

La dimension charismatique du prêtre

‎Je poursuis ma lecture du bulletin de Saint Sulpice avec un article sur la vocation missionnaire du prêtre diocésain : "le sacerdoce a cessé d'être la prérogative [juive] d'une caste ou la profession de gens compétents .
 Il‎ est fondamentalement une manière de vivre. C'est un charisme. Le prêtre est saisi par l'Esprit du Christ (...) source intérieure de (...) la joie (...) qui les propulse dans le monde" (1)

‎L'auteur poursuit plus loin en citant Ignace d'Antioche et soulignant que cette mission est "essentiellement service de l'Esprit qui seul agit dans la communauté" (2). Il nous faut pour cela être "donné totalement et complètement à la communauté à laquelle on est envoyé" (3) dans une obéissance qui n'est pas formelle, mais "du coeur" (...) disponible pour une relation d'amour (4)".

Le prêtre diocésain missionnaire  devra donc être ‎aux aguets des nombreuses souffrances et attentes de son milieu, pour leur redonner justement le sens de l'espérance du Christ (...) en travaillant au développement de l'homme et de tout homme (...) au service de l'amour. (5).

‎(1) Jean-Benoît Gnambodé, PSS, Saint et guidé par l'Esprit, le prêtre diocésain est missionnaire, in Bulletin de Saint-Sulpice, n. 37-38. 2011-2012, p. 106ss

(2) ibid p.112
(3) Cardinal André Vingt-Trois , intervention du 6 déc 2008, cité par Patrick Chauves, Viens, suis-moi. A la source du ministère sacerdotal, Éditions Parole et Silence, Paris, 2009 p. 143.
(4) ibid.
(5) Gnambondé, ibid, p. 119




Liturgie des heures - À propos du bréviaire.

‎"Le prêtre [qui] dit son bréviaire tout seul (...) est invité à cette forme de dépouillement où, pour sa prière personnelle, il choisira la prière de l'Église. (...) Une pratique qui n'entre pas en concurrence avec l'oraison (...) mais (...)] le met] réellement en communion avec toute l'Église" (1). L'auteur qui commente ici les instructions préliminaires de la liturgie des heures n'insiste pas tant sur l'obligation du bréviaire que sur la gratuité du geste. A méditer.

On y retrouve les accents de saint Pie X dans divino afflatu (2) : «  ce que saint Basile appelle « la voix de l'Église », cette psalmodie définie par notre prédécesseur Urbain VIII comme « la fille de cette louange qui se chante sans relâche devant le trône de Dieu et de l'Agneau » (...) selon saint Athanase, elle enseigne aux hommes (...)  « comment ils doivent louer Dieu et quelles paroles il leur faut employer pour le célébrer. » (...) Les psaumes possèdent en outre une étonnante efficacité pour éveiller dans les cœurs le désir de toutes les vertus.  saint Augustin [dit aussi]: « Combien j'ai pleuré, en chantant tes hymnes et tes cantiques, tant j'étais remué par les douces mélodies que chantait ton Église ! Ces chants pénétraient dans mes oreilles, la vérité s'infiltrait dans mon cœur que la ferveur transportait, mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien.(3) »(...)  le livre des Psaumes [est], comme un paradis contenant tous les fruits des autres livres, propose ses chants et ajoute ses propres fruits aux autres dans la psalmodie. » Ces paroles sont encore de saint Athanase, qui ajoute très justement : « Je pense que, pour celui qui chante les psaumes, ils sont comparables à un miroir où il peut se contempler lui-même ainsi que les mouvements de son âme, et psalmodier dans ces dispositions. » (...)  Peut-on ne pas être embrasé d'amour par cette image du Christ rédempteur esquissée avec persévérance ? Car saint Augustin « entendait dans tous les psaumes la voix du Christ soit qu'elle chante ou qu'elle gémisse, qu'elle se réjouisse dans l'espérance ou qu'elle soupire dans la situation présente. »

(1) Marcel Devers, PSS, La liturgie des heures dans la spiritualité du prêtre diocésain, in Bulletin de Saint-Sulpice, n. 37-38. 2011-2012
(2) Constitution apostolique « Divino Afflatu » de saint PIE X (1911), source Bréviaire
(3) Confessions, source D.A.

20 août 2015

Un vase d'argile

‎Le commentaire de 2 Cor par  Witherup (1). se poursuit sur une autre métaphore de Paul, celle du vase d'argile qui est bien caractéristique pour l'auteur de la condition du ministère ordonné. L' auteur y voit non sans raison une correspondance avec les mentions de faiblesse et kénose chez Paul (Ph 2, 6-11, 1 Cor 1,17).


(1) Ronald D. Witherup, PSS, Second Corinthians : The livre ministériel spirituality of saint  Paul as a modèle for diocesan Priest, inBulletin de Saint-Sulpice, n. 37-38. 2011-2012, p. 37ss

Le parfum de Dieu


Un commentaire de 2 Cor 2, 14-16 sur le parfum (1) nous invite ‎à être sensible à être la bonne "odeur du Christ" (christou enodia), c'est à dire à répandre le Christ comme un parfum répand son odeur. Plus que l'encens des processions, cette mission est au coeur pour moi d'une pastorale de l'engendrement. De même que l'odeur provoqué en nous des émotions intérieures intenses, le parfum de l'amour de Dieu doit éveiller chez l'homme le goût de Dieu. 

‎(1) Ronald D. Witherup, PSS, Second Corinthians : The livre ministériel spirituality of saint  Paul as a modèle for diocesan Priest, in Bulletin de Saint-Sulpice, n. 37-38. 2011-2012, p. 37

Le grand écart - Charles de Condren

‎Je poursuis la lecture de l'excellent article de mon ancien conseiller spirituel sur Charles de Condren dont il vante l'humilité et le pluralisme théologique. Il note chez ce dernier une insistance sur la "théologie de l'instant présent", une "théologie de la sanctification du temps qui s'accompagne d'une prudente pédagogie de la progressivité, qui évitera toute désertion" (1). Il souligne chez cet ancien supérieur général de l'Oratoire (autour de 1634-1640) le désir de "s'abandonner à Dieu même pour la Croix, de pâtir et de mourir à nous et au monde présent pour entrer en la perfection et en la vertu de la résurrection comme Jésus Christ y est entré" (2)
François Marxer y souligne que "l'être y réalise son unité en s'excédant lui-même (..) en même temps que se consomme (...) l'écart entre une extériorité‎ institutionnelle et une intériorité mystique" (3).
Tout un programme ! 

(1) F. Marxer, op Cit p. 144 et 146
(2) Lettre 108, ‎op Cit p .140
(3) François Marxer, op. Cit p. 148

Autoritarisme

J'apprécie cette "pépite" kénotique de Condren : "Je n'ai accepté ‎l'autorité que pour y faire encore moins ma volonté que celle des autres" (1)

(1) Lettres de Charles de Condren, Cerf, 1943, cité par François Marxer, Intelligence de l'histoire et patience du discernement : l'héritage de Charles de Condren, in Bulletin de Saint Sulpice, n. 37-38, 2011-2012, p. 149


16 août 2015

Nudité 2

Mes propos précédents sur la nudité doivent se lire dans l'axe de la contemplation de la croix. :"Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera." (Mat 16, 24-26)

Écoutons à ce sujet le Padre Pio :"Pendant ta vie, le Christ ne te demande pas de porter avec lui toute sa lourde croix, mais juste un petit morceau, en acceptant tes souffrances. Tu n'as rien à craindre. Estime-toi au contraire très heureuse d'avoir été jugée digne d'avoir part aux souffrances de l'Homme-Dieu. Il ne s'agit pas, de la part du Seigneur, d'un abandon ni d'une punition ; au contraire, il te témoigne de l'amour, un grand amour. Tu dois en rendre grâce à Dieu et te résigner à boire le calice de Gethsémani.     Parfois le Seigneur te fait sentir le poids de la croix. Ce poids te semble insupportable, et pourtant tu le portes parce que le Seigneur, qui est plein d'amour et de miséricorde, te tend la main et te donne la force nécessaire. Le Seigneur a besoin de personnes qui souffrent avec lui devant le manque de piété des hommes. C'est pour cette raison qu'il me mène sur les voies douloureuses dont tu me parles dans ta lettre. Mais qu'il soit toujours béni, parce que son amour apporte de la douceur au milieu de l'amertume ; il change les souffrances passagères de cette vie en mérites pour l'éternité." (1)


(1) Saint [Padre] Pio de Pietrelcina, FSP, 119 ; Ep 3,441 ; CE, 21 ; Ep 3,413 (trad. Une pensée, Médiaspaul 1991, p. 32) Source AELF 




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15 août 2015

Mettre à nu

Dans Bonheur dans le couple, tome 2, je développe le thème de cette nudité dont "ils n'avaient pas honte" de Gn 2, 25, comme le lieu de la vérité et de la difficile transparence.  Je reviens sur ce thème dans "l'amphore et le fleuve" à propos d'Exode 33 où Yahwhé invite à quitter ses vêtements de fête un peuple qui vient de se corrompre avec le veau d'or.
Après mon travail sur le "chemin du désert", je tombe sur ce verset d'Osée 2, 5 qui entre en correspondance : "de peur que je ne la déshabille à nu, et que je ne la mette telle qu'au jour de sa naissance, que je ne la rende pareille au désert, faisant d'elle une terre desséchée, et que je ne la fasse mourir de soif."
Quel est ce chemin où Dieu nous conduit.  Est-ce celui de l'effacement, du décentrement,  de la soif, qui seul conduit au désir de Dieu ?

La suite du texte trace un chemin à contempler : "C'est pourquoi voici que je vais fermer ton chemin avec des ronces ; j'élèverai un mur, et elle ne trouvera plus ses sentiers.  Elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas ; elle les cherchera et ne les trouvera pas. Puis elle dira : " J'irai et je retournerai vers mon premier mari, car j'étais plus heureuse alors que maintenant. "  Elle n'a pas reconnu que c'est moi qui lui ai donné le froment, le vin nouveau et l'huile, qui lui ai multiplié l'argent et l'or, qu'ils ont employés pour Baal.  C'est pourquoi je reprendrai mon froment en son temps, et mon vin nouveau dans sa saison, et je retirerai ma laine et mon lin, qui servent à couvrir sa nudité.  Et maintenant je découvrirai sa honte, aux yeux de ses amants, et personne ne la dégagera de ma main.  Je ferai cesser toutes ses réjouissances, ses fêtes, ses nouvelles lunes, ses sabbats et toutes ses solennités." (1)

On notera l'allusion à la fête qui entre en correspondance avec Ex 33. La suite trace néanmoins un chemin d'espérance : 

 "C'est pourquoi, voici que moi je l'attirerai, et la conduirai au désert, et je lui parlerai au coeur ;  et de là je lui donnerai ses vignes, et la vallée d'Achor comme une porte d'espérance ; et elle répondra là comme aux jours de sa jeunesse, et comme au jour où elle monta hors du pays d'Egypte.  En ce jour-là,-oracle de Yahweh, tu m'appelleras : " Mon mari ", et tu ne m'appelleras plus : " Mon Baal ".  J'ôterai de sa bouche les noms des Baals, et ils ne seront plus mentionnés par leur nom.  Je te fiancerai à moi pour toujours ; je te fiancerai à moi! dans la justice et le jugement, dans la grâce et la tendresse ;  je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahweh.  Et il arrivera en ce jour je répondrai, - oracle de Yahweh, je répondrai aux cieux, et eux répondront ,"  la terre ; la terre répondra au froment, au vin nouveau et à l'huile, et eux répondront à Jezrahel.  J'ensemencerai pour moi Israël dans le pays, et je ferai miséricorde à Lô-Ruchama ; je dirai à Lô-Ammi : " Tu es mon peuple ! " et il dira : " Mon Dieu ! " (2)

(1) Osée 2:8-13, 16-19
(2) Osée 2:21-25 Traduction Crampon 1923

14 août 2015

Mystique chrétienne

‎J'aime cette définition large de Balthasar :
"Depuis saint Augustin et saint Bernard ont à coutume de décrire cette dimension à l'aide des catégories du volontaire et de l'affectif [ce qui‎ est pour Thomas d'Aquin] (...) le déploiement de l'Esprit vivant de Dieu dans l'esprit de l'homme : les dons du Saint-Esprit, radicalement donnés avec la grâce [qui] mènent le croyant à une expérience toujours plus profonde aussi bien de la présence divine en lui que de la profondeur de la vérité, de la bonté et de la beauté divines dans le mystère de Dieu."

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la croix, Op. Cit. GC1 p. 140  

13 août 2015

Le bon larron

Une méditation de Saint Jean Chrysostome qui vaut le détour :
      Qu'a donc fait le larron, pour recevoir en partage le paradis après la croix ? ... Alors que Pierre reniait le Christ, le larron, du haut de la croix lui rendait témoignage. Je ne dis pas cela pour accabler Pierre ; je le dis pour mettre en évidence la grandeur d'âme du larron... Ce larron, alors que toute une populace se tenait autour de lui, grondant, vociférant, les abreuvant de blasphèmes et de sarcasmes, ne tint pas compte d'eux. Il n'a même pas considéré l'état misérable de la crucifixion qui était en évidence devant lui. Il parcourut tout cela d'un regard plein de foi... Il se tourna vers le Maître des cieux et se remettant à lui, il dit : « Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu iras dans ton Royaume » (Lc 23,42). N'éludons pas avec désinvolture l'exemple du larron, et n'ayons pas honte de le prendre pour maître, lui que notre Seigneur n'a pas rougi d'introduire le premier dans le paradis...       (...) Il ne l'a gratifié d'aucun titre ; il ne lui a montré aucun miracle. Le larron ne l'a pas vu ressusciter un mort, ni chasser des démons ; il n'a pas vu la mer lui obéir. Le Christ ne lui a rien dit du Royaume, ni de la géhenne. Et pourtant il lui a rendu témoignage devant tous, et il a reçu en héritage le Royaume. (1)


Saint Jean Chrysostome, Homélie pour le Vendredi saint « La Croix et le larron » (trad. Année en fêtes, Migne 2000, p. 277, source AELF


12 août 2015

Le rameau de Jessé, étendard des nations

La liturgie des heures nous fait contempler ce matin, ce beau texte d'Isaie qui a lui tout seul est une belle annonce du Christ.  A contempler sans modération.
Isaïe 11:1-2, 10, 16 BCC1923
Un rameau sortira du tronc de Jessé, et de ses racines croîtra un rejeton.  Sur lui reposera l'Esprit de Yahweh, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahweh;  (...) Et il arrivera en ce jour-là : La racine de Jessé, élevée comme un étendard pour les peuples, sera recherchée par les nations, et son séjour sera glorieux.  (...) Et ainsi il y aura une route pour le reste de son peuple, ce qui en subsistera au pays d'Assyrie, comme il y en eut une pour Israël au jour où il monta du pays d'Egypte.
On sait que Jessé était le père de David.  On y voit ausi une allusion au serpent de bronze évoqué depuis Nb 11 par le Christ (cf. Jn 3, 13)...
Notre prière ira jusqu'en Syrie...

11 août 2015

L'amour d'aimer - Saint Bernard

Je découvre et vous laisse contempler ce sermon de Saint Bernard :
" L'amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, il est à lui-même sa récompense. L'amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d'être ni son fruit : son fruit, c'est l'amour même. J'aime parce que j'aime. J'aime pour aimer. Quelle grande chose que l'amour, si du moins il remonte à son principe, s'il retourne à son origine, s'il reflue vers sa source pour y puiser un continuel jaillissement ! De tous les mouvements de l'âme, de ses sentiments et de ses affections, l'amour est le seul qui permette à la créature de répondre à son Créateur, sinon d'égal à égal, du moins dans une réciprocité de ressemblance. Car, lorsque Dieu aime, il ne veut rien d'autre que d'être aimé. Il n'aime que pour qu'on l'aime, sachant que ceux qui l'aimeront trouveront dans cet amour même la plénitude de la joie. L'amour de l'Époux, ou plutôt l'amour qu'est l'Époux, n'attend qu'un amour réciproque et la fidélité. Qu'il soit donc permis à celle qu'il chérit de l'aimer en retour. Comment l'épouse pourrait-elle ne pas aimer, elle qui est l'épouse de l'Amour ? Comment l'Amour ne serait-il pas aimé ?"(1)
On le verrait bien aussi en commentaire de 1 Cor 13 ou d'Éphésiens 5.

( 1) Sermon de saint Bernard sur le cantique des Cantiques,  source Bréviaire,  AELF

03 août 2015

Effacement et Kénose

La quête de Paul, son humilité,  son imitation de la kénose du Christ n'est pas un chemin de dénigrement personnel.  Ce n'est pas non plus le plan de Dieu de nous réduire à néant.  La kénose à laquelle nous invite le Christ est plutôt cette danse d'un ami vers un ami (cf. Jn 15, 15), de celui qui en s'effacant laisse place à celui qui est plus immense, celui qui comble et qui rassasie, non pas en cette vie mais en notre éternel quiétude à venir.
"Celui qui aime sa propre vie (Jn 12,25) ne peut pas aimer Dieu, mais celui qui, à cause des richesses débordantes de l'amour divin, ne s'attache pas à lui-même, celui-là aime Dieu. Un tel homme ne cherche jamais sa propre gloire mais celle de Dieu, car celui qui aime sa propre vie cherche sa propre gloire. Celui qui s'attache à Dieu aime la gloire de son créateur. En effet, c'est le propre d'une âme sensible à l'amour de Dieu que de chercher constamment la gloire de Dieu chaque fois qu'elle accomplit les commandements, et de se réjouir de son propre abaissement. Car la gloire convient à Dieu en raison de sa grandeur, et l'abaissement convient à l'homme, car il fait de lui le familier de Dieu. Si nous agissons ainsi, nous serons joyeux à l'exemple de saint Jean Baptiste et nous commencerons à répéter sans relâche : « Lui, il faut qu'il grandisse, et moi, que je diminue » (Jn 3,30) (1). 


(1) Diadoque de Photicé, La Perfection spirituelle, 12 (trad. Solesmes, Lectionnaire II, p.149 rev.) source Bréviaire, AELF

02 août 2015

Ma crainte...

2000 ans plus tard, pouvons nous affirmer que nous sommes à la hauteur des espérances de Paul ?  : "Ma crainte, c'est qu'à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, (....) Je crains de trouver parmi vous des querelles, des rivalités, des animosités, des contestations, des médisances, des faux rapports, de l'enflure, des troubles".
La liste est longue.  Elle reste à méditer,  non pour trouver les failles des autres, mais comme un examen personnel.
Ne déchirons pas l'unique tunique du Christ. 

(1) 2 Corinthiens 12:16, 20 

01 août 2015

Éloge de la simplicité

Souvent nous nous perdons dans des calculs et des marchandages, oubliant que le chemin du Christ est dans la simplicité. Écoutons Paul : "Je crains bien que, comme Ève fut séduite par l'astuce du serpent, ainsi vos pensées ne se corrompent et ne perdent leur simplicité à l'égard du Christ " ( 2 Corinthiens 11, 3). Si l'Apôtre s'abaisse pour nous élever, c'est pour annoncer gratuitement l'Évangile de Dieu ? (Ibid. V. 7). Il se distingue des " faux apôtres, des ouvriers astucieux, qui se déguisent en apôtres du Christ. (...) Ne vous en étonnez pas; car Satan lui-même se déguise en ange de lumière."  (11, 13) De quelle race sommes nous ?