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11 février 2015

Porter sa croix

L'analyse de John P. Meier (1) mérite un détour. On a en effet tendance à lire ce logion de Mat 10, 38 et par. à la lumière de la croix du Christ. Mais si Jésus a prononcé la phrase avant sa mort, cela sous-entend autre chose, un véritable renoncement à soi-même et à toute forme d'ego comparable dans son choc hyperbolique à se rendre "eunuque pour le royaume". S'humilier comme les condamnés et les esclaves que l'on voyait crucifiés sur les chemins de Palestine, ce n'est pas le rêve d'un disciple ordinaire. Le renoncement au monde est total. A nous d'en mesurer l'exigence, de concevoir qu'il s'agit d'un chemin de crête, aride, presque "impossible à l'homme" et que seule la grâce divine peut nous permettre d'accomplir. 
Notre contemplation ne peut s'arrêter là elle doit englober tous ceux qui ont pris ce chemin de la vie consacrée et se porter vers ceux qui ont connu ou connaissent le martyre. Elle se poursuit jusqu'aux chrétiens d'Irak ces nouveaux parias du monde musulman crucifiés à leur manière dans la fidélité au nom de Jésus.


(1) un certain juif Jésus, les données de l'histoire III attachements, affrontements, ruptures, Cerf 2009 p. 62-69

16 septembre 2007

Symbolique et dévoilement

« Le symbole donne à penser » de P. Ricoeur que nous avions déjà cité dans notre analyse très antérieure du philosophe est reprise ici par Hans Urs von Balthasar. L’expression y reçoit son vrai sens théologique : « l’accord objectif de la parole et de l’image qu’est Jésus donne lieu à un processus indéfini de compréhension et appropriation ». (1). Pour le théologien, le discours en paraboles n’est jamais conçue pour être mystérieux. Au contraire, les paraboles dévoilent à fond l’amour divin attesté en Jésus et étaient prononcées en vue de dévoiler cet amour, de le donner, d’inviter à le reproduire ».

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, II ibid, p.300
(2) ibid p. 303

13 mai 2007

Silence face au mal

C'est l'expérience du mal radical – Auschwitz et la fraternité maintenue de certains – qui a obligé les théologiens à mettre en question l'axiome grec de l'impassibilité de Dieu grâce à une théologie de la mort qui dans son silence entend sa passion en tous les sens du terme (1)

Mais le concept d'une obéissance est encore à travailler par les théologiens. Or l'ensemble des Evangiles propose une autre forme, celle d'une amitié, d'une égalité qui met chacun des partenaires à une même hauteur. Ils proposent plutôt un partenariat entre Dieu et l'homme : moi avec lui et lui avec moi. Le vainqueur je lui donnerai de siéger avec moi sur un trône (Ap 3, 20 sv). Qu'elle singulière subversion du concept du trône.

Le roi agenouillé pour que l'autre comprenne qu'il n'est pas esclave mais ami. C'est l'hyperbole du Verbe, le silence de Dieu, qui avant de se donner, traduit dans le lavement des pieds, le cœur du mystère… Il subsiste donc une tension entre Silence et Verbe...

Dieu ne désire qu'une chose, que l'homme puisse comprendre de lui-même, de l'intérieur de lui-même – en véritable partenaire – son propre mystère de Dieu.

Et c'est pourquoi, le langage de Jésus-Christ est hyperbole, parce que la vérité ne peut-être entendue comme telle. Elle doit résonner plus haut, pour déchirer le voile

(1) Christoph Théobald , in La Révélation, Editions de l'Atelier, Paris 2001, p. 171

22 février 2007

Parole et hyperbole

Pour Enzo Bianchi, la racine juive du mot Parole : Miqra indique aussi bien la lecture qu'une convocation. Ainsi la parole lue, proclamée est un appel à sortir de, à aller vers. (1). Pourrait-on dire à sa suite, mais en reprenant les notions développées par Ricoeur et Beauchamp, qu'il s'agit donc par construction d'un langage hyperbolique, un appel au toujours plus. On rejoindrait ainsi le sens même de la nature de Dieu, tel que nous l'avons vu chez Hans Urs von Balthasar dernièrement. La parole n'est pas le sommet de la révélation, elle est expression partielle du Dire, et pour reprendre les termes de Lévinas, le dit n'épuise pas le Dire (2)… mais invite à un au-htpp://delà et d'une certaine manière une conversion (métanoia) véritable.

(1) Enzo Bianchi, Ecouter la parole, Les enjeux de la Lectio Divina, Lessuis 2006, p. 70ss

(2) cf. Autrement qu'être et au-delà de l'essence.

PS : Nous réduirons volontairement l'activité de se blog pour se concentrer sur notre proposition de lecture commune de la Parole...

16 février 2007

Tooujours plus - II

Pour Balthasar, Dieu ne peut être considéré comme un sommet mais sous l'angle du "toujours plus" (1)

Pour lui, il n'y a pas lieu d'exclure de la vie de Dieu quelque chose qui serait analogue à ce qu'est dans l'amour humain, l'instant vital de l'éblouissante surprise. En ce sens, le Fils né du Père surpasse pourrait-on dire, par avance, les attentes les plus audacieuses du Père.

Je trouve que cette notion est bien supérieure à la vision de l'obéissance, telle que présentée par Dei Verbum. C'est toute la force du Me Voici où deux amants se rejoignent dans l'innovation d'un toujours plus. C'est l'hyperbole qu'évoquais déjà Ricoeur et Beauchamp, tirée par l'ancre de l'espérance en l'autre. Cela rejoint d'une certaine manière ce texte qui m'accompagne depuis le jour de mon mariage : "Oubliant le chemin parcouru, je me laisse saisir par le Christ" (Phil 3), qui est à l'image de ce toujours plus de Dieu…

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 66

12 février 2007

Dépassement

Notre société bute sur des choses simples, des vérités mal comprises et que l'on peut corriger facilement, à condition d'en percevoir les enjeux. Ainsi, pour Fossion, il y a 5 axes de dépassement de "ce qui fait obstacle à la foi" :

a) Percevoir la création comme étant toujours "à venir", à la différence d'une vision qui se fige sur une interprétation littérale du Dieu créateur de l'homme "porteur du mal"…

b) voir l'éthique chrétienne comme une "permission sans limite mais dans la responsabilité", et non comme le lieu d'un interdit stérile,

c) concevoir l'homme debout comme une priorité (le sabbat est pour l'homme et non l'homme pour le sabbat),

d) voire la croix comme le signe d'un renversement : la croix montre jusqu'ou peut aller le mal et jusqu'ou peut aller le bien (là où le péché à abondé, la grâce à surabondé – Rom 5,20) (1) On peut voir à ce sujet l'analyse de Ricoeur (2) qui parle de l'hyperbole qui "suscite notre imagination et nous permet d'accéder à une nouvelle règle en recevant l'enseignement de l'exception".

e) Percevoir la Trinité comme lieu de communion entre donner (Dieu) et Recevoir (Fils) et le lien entre les deux par l'Esprit.

Faire passer ce message, c'est permettre de sortir d'une vision étriquée de l'Eglise comme lieu d'interdit ou de défendu et remettre l'Evangile au cœur du message.

(1) André Fossion, Une nouvelle chance pour l'Evangile, ibid p.85

(2) Equivalence et surabondance, les deux logiques, une lecture de Rom 5, Paul Ricoeur, in Esprit Mars-Avril 2006, p. 167 – 173