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28 avril 2019

Mystère et ministères de la femme - Louis Bouyer

Je découvre ce petit bijou de Louis Bouyer dans sa réédition chez Ad Solem préfacé par mon ami Jean Duchesne.
Une étonnante prise de distance vis à vis des problématiques actuelles et une ode très respectueuse de la féminité dans sa transcendance et son lien au divin.
Le style est ancien (1976), mais garde sa pertinence si l'on veut bien prendre le temps de méditer le sens de la maternité et de la virginité à l'aune de la réceptivité et du don.
Petit verbatim qui n'est pas dénoué d'humour:
"La femme est comme naturellement religieuse, alors que l'homme doit le devenir et, chose plus difficile encore, le rester par un effort toujours à poursuivre, voire à reprendre. Un rabbin m'expliquait naguère, avec un humour non dénoué de sens, que la loi juive prescrive à l'homme ses obligations religieuses, alors qu'elle n'impose rien de défini à la femme, en observant que cela, loin de supposer quelque supériorité de l'homme, implique bien au contraire qu'il ne servirait pas Dieu si celui-ci ne prenait pas la peine de le lui rappeler sans cesse, alors que la femme n'a pas besoin qu'on le lui dise."(1)



L'auteur précise que la femme n'a pas de mérite. C'est en effet propre à sa nature. On pourrait en effet ajouter qu'elle a un accès à la dynamique du don de Dieu tout particulier. Cela creuse en elle, pour moi, une réceptivité toute particulière alors que l'homme n'a pas souvent cette clé de lecture. C'est la femme qui l'ouvre peut-être à ce regard, à cette dimension particulière.
Cela peut-être ce que signifie cette image bien mal comprise de la côte d'Adam. Ce manque, cette dépendance du féminin donne à l'homme accès à l'autre.

(1) Louis Bouyer, Mystèrev et ministère de la femme, Paris, Éditions ad Solem, 2019 p. 72

29 janvier 2019

Au fil de Marc 3, 31-35 - Qui est ta mère ?

« En ce temps-là,
comme Jésus était dans une maison,
arrivent sa mère et ses frères.
Restant au-dehors, ils le font appeler.
Une foule était assise autour de lui ;
et on lui dit :
« Voici que ta mère et tes frères sont là dehors :
ils te cherchent. »
Mais il leur répond :
« Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »
Et parcourant du regard
ceux qui étaient assis en cercle autour de lui,
il dit :
« Voici ma mère et mes frères.
Celui qui fait la volonté de Dieu,
celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » (1)

Qui est ma mère ?
Il y a là une ouverture folle de Jésus. 
Qui peut être pour Lui maternelle, attentive, féconde, nourricière ?
Plutôt que de revendiquer un pouvoir ou un valoir, c'est une piste immense qui s'ouvre ici à la contemplation de la femme. 
Non seulement elle révèle l'humilité du Fils (kénose) mais elle contribue à ce double agenouillement de Dieu vers l'homme et de l'homme vers Dieu...



« Celui qui fait la volonté de Dieu »

commentaire de Saint François de Sales

La détermination de suivre la volonté de Dieu en toutes choses sans exception est contenue dans l'Oraison dominicale, en ces paroles que nous disons tous les jours : « Que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. » Au Ciel, il n'y a nulle résistance à la divine volonté, tout lui est soumis et lui obéit ; ainsi promettons-nous à Notre Seigneur de faire, n'y apportant jamais nulle résistance, mais demeurant toujours très soumis en toutes circonstances à cette divine volonté. Or la volonté de Dieu se peut entendre en deux façons : il y a la volonté de Dieu signifiée, et la volonté de son bon plaisir(2)

(1) Mc 3, 31-35, source AELF 
(2) Saint François de Sales, Entretiens spirituels (Sur le sujet de la condescendance - Entretiens publiés par la Visitation d'Annecy ; édition 1933 ; français modernisé ; rev.)

14 janvier 2019

Au fil de la première lettre aux Corinthiens 11 et 14 - La parole des femmes dans l’Église

Intéressante contradiction sur l'accès de la parole aux femmes dans l'Église qui implique et impose presque la nécessité d'une interprétation.
«Mais toute femme qui prie ou qui parle en prophétesse la tête non couverte d'un voile fait honte à sa tête: c'est comme si elle était rasée
1 Corinthiens 11:5
«Que les femmes se taisent dans les Eglises, car il ne leur est pas permis d'y parler; qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la loi.»
1 Corinthiens 14:34

On le voit bien, dans la même lettre de Paul aux accents pourtant similaires, l'accès de la parole est donnée (sous conditions de voile) puis refusée. 

Comment aller plus loin, 2000 ans plus tard. L'interprétation du P. Morin dans son cours au Bernardins du 15/12/11 est éclairante à plusieurs titres. Pour lui, le verset 14,34 que l'on trouve à différents endroits selon les manuscrits serait une note latérale ajoutée par un disciple de Paul. 
Qu'est-ce à dire ? Selon lui, cela traduit surtout une évolution au sein de la société romaine et un durcissement sur la place des femmes dans la communauté, cohérent avec d'autres positions du même genre dans les lettres pastorales.

Comment se positionner maintenant. Ces textes sont marqués dans un contexte précis et une récupération littérale est exclue. A nous de comprendre que le dire est plus grand que le dit. Jamais Paul ne validerait un tel discours sur les femmes s'il vivait au XXeme siècle, tant le regard sur la femme a évolué. Il nous faut tout faire pour que ceux qui refuse cette évolution prennent conscience de la faiblesse de leurs arguments. La femme est un formidable atout pour l'Église. Ne le cachons pas sous un voile.

Il n'y a ni supériorité de l'un sur l'autre, ni soumission possible. L'enjeu est une réciprocité dans l'agenouillement, car l'homme comme la femme, dans leurs différences, leur humilité et leurs danses communes peuvent prendre pleinement leur dimension co-sacrementelle de porte-Christ.


15 janvier 2018

La maternité comme vocation

A l'heure où la place de la femme dans notre humanité devient un sujet brûlant, je relis avec un intérêt particulier un article de Lucetta Scaraffia dans Etudes de mai 2017 (1) qui interpelle à la fois le risque de parler du "génie féminin" sans aborder la question de sa place dans l'Eglise et celui d'ignorer encore la complémentarité homme femme comme nouvel horizon d'une dynamique sacramentelle.
Le plus intéressant dans son analyse est de souligner que la maternité est souvent une élection et donc la réponse à une vocation qui dépasse et élève la femme au rang de co-créatrice. Cette particularité donne à la femme une place privilégiée dans l'économie du salut. Certes la maternité n'est pas donnée à toutes et la paternité n'est pas exclue de ce mouvement, mais reconnaître l'appel, c'est entendre là une dimension spéciale et essentielle devant laquelle, nous, les hommes devons être à genoux.
Au delà de cette particularité, il nous reste à changer notre regard, faire amende honorable et tout faire pour que le rejet de la femme dans l'Église laisse place à une saine harmonie ou nos complémentarités font grandir la sainteté et l'unité du peuple des baptisés, prêtres, prophètes et rois.
En donnant une vraie place à la femme, l'Église sera signe de sa pleine humanité.

(1) Lucetta Scarafia, Contre le génie féminin, Etudes n. 4238, mai 2017, p. 75sq

31 mai 2017

Ces femmes qui dérangent nos prêtres

Question complexe et projet de réponse caricaturale et discutable : La lecture sexiste et cléricale du sacerdoce féminin pose question.  Est-ce parce que la psychologie masculine et les tentations qu'elle sous tend fait craindre à nos pasteurs la présence des femmes à l'autel pour deux raisons inavouables ? : la distraction que le corps de la femme implique sur la concentration spirituelle de nos assemblées, mais aussi un risque de perte de pouvoir,  plus souterrain ?
La femme,  dans sa sensibilité propre apporterait pourtant un plus à l'Église.
Elle l'apporte déjà à sa manière. 
Est-ce qu'en cassant la tradition nous changerions les choses ? L'Église,  encore crispée sur des questions de tradition n'est pas prête à faire ce pas. Pourtant il n'empêche pas de s'interroger.
Sur ce point les arguments de Borras semblent insuffisants.
On oublie trop vite la place des femmes dans l'Église primitive. Les premières au tombeau,  les diaconnesses sont occultées à dessein, alors qu'un sitz im leben permettrait d'aller plus loin.
Il y aurait intérêt à pousser plus loin l'argumentaire.
À méditer.

21 novembre 2015

Femmes

J'ai envoyé cette citation à une amie qui insiste beaucoup sur la place des femmes dans l'Eglise.
"L'église a toujours besoin qu'on prenne la veille... et depuis le Soir du Jeudi Saint, il vaux mieux ne pas laisser les hommes seuls" (1)
J'aime sa réponse : "Il ne faut pas non plus laisser les femmes seules".

"Homme et femme il les créa", suggère un texte bien connu. (cf. Gn 2)

(1) Madeleine Delbrel, la femme, le prêtre et Dieu, p. 113

08 octobre 2015

Colossiens 3 et Éphésiens 5

J'ai une amie qui est si outrée par le machisme de ces deux textes, qu'elle refuse d'assister à la messe les jours où ils sont lus.
Une lecture littérale peut conduire à cela
 Mais Colossiens 3, 18 s'eclaire par Éphesiens 5 qui lui même s'éclaire par la contemplation des noces éternelles et par l'invitation de Paul à entrer dans la kénose qui répond à la kénose. La soumission de la femme a son mari (à lire dans le contexte de l'époque) n'a de sens qu'en réponse à l'amour du mari pour sa femme, qui s'eclaire par l'amour du Christ pour son Église
 Si l'on coupe ce lien, on coupe le sens et la réciprocité...

Bien sûr la lettre à Timothée enfonce le clou. Mais la lecture spirituelle reste utile.