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03 janvier 2019

Au fil de Marc 12, 31 - Dieu d’abord

« Songez toujours qu'il faut absolument aimer Dieu et le prochain : Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton Esprit, et ton prochain comme toi-même.

Il faut toujours y penser, le méditer, le retenir, l'accomplir. L'amour de Dieu est premier dans l'ordre des préceptes ; l'amour du prochain est premier dans l'ordre de la pratique. Car celui qui t'a prescrit cet amour en deux préceptes ne t'a pas recommandé le prochain d'abord, et Dieu ensuite ; mais Dieu d'abord, et le prochain ensuite.

Quant à toi, parce que tu ne vois pas encore Dieu, c'est en aimant le prochain que tu mérites de voir Dieu ; en aimant le prochain, tu purifies ton regard pour voir Dieu. C'est ce que saint Jean dit de façon évidente : Si tu n'aimes pas ton frère, que tu vois, comment pourrais-tu aimer Dieu, que tu ne vois pas ?

Voici que l'on te dit : Aime Dieu. Si tu me dis : Montre-moi celui que je dois aimer, que répondrai-je, sinon ce que dit saint Jean : Dieu, personne ne l'a jamais vu ? Mais ne t'imagine pas que tu es absolument exclu de la vie de Dieu ! Saint Jean nous dit : Dieu est amour, et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu. Aime donc le prochain, regarde en toi d'où te vient cet amour du prochain ; là tu verras Dieu, dans la mesure où cela te sera possible.

Mets-toi donc à aimer le prochain. Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne méprise pas ton semblable. ~

En agissant ainsi, qu'obtiendras-tu ? Alors ta lumière jaillira comme l'aurore. La lumière, c'est ton Dieu. C'est une aurore, parce que son avènement se produira pour toi après la nuit de ce monde. Car cette lumière-là ne se lève pas, ne se couche pas : elle demeure toujours.

En aimant le prochain, en prenant soin de ton prochain, tu es en route. Où cela, si ce n'est vers le Seigneur Dieu, vers celui que tu dois aimer de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit ? Car nous ne sommes pas arrivés jusqu'au Seigneur, mais nous avons le prochain avec nous. Porte donc celui avec qui tu marches, pour parvenir à celui avec qui tu désires demeurer.= (1)

(1) Saint Augustin, homélie sur l'Évangile de Jean, source AELF 

24 novembre 2018

Christ-Roi - une homélie décalée ?

Qu’est-ce qu’un roi ? Et pourquoi donner ce nom au Christ ? Les lecteurs du premier Testament connaissent les écueils du peuple de Dieu, leur désir d’avoir un roi en dépit des avertissements de Samuel (cf. 1S 8, 6)) et leurs déconvenues.

Chez Marc 12, l’erreur des deux disciples demandant les meilleures places, nous alertent également. Chez Jean,  après le manteau de pourpre et la dérision des soldats, c’est Pilate qui fait fausse route.

La question reste en suspens. Quel est le royaume de Jésus, sur quoi repose son autorité ? Qu’est-ce que l’autorité ?
Le silence de Jésus nous renvoie à une double contemplation.
D’abord une contemplation vers l'arrière, à la recherche des indices et des signes que Jean a semé dans son Evangile, décrivant Jésus comme plein de zèle évangélique au Temple (Jn 2), mais surtout capable d’écoute, d’empathie et d’humilité (Jn 13). Un homme qui prend soin du souffrant, redonne la vue et la vie.
La figure qui se dessine ici, dans cette première contemplation est précisée par Jean dans l’image du bon berger. Le Christ n’a rien d’un roi de ce monde.

Qu’est-ce qu'apporte l’apocalypse dans cette vision ?
Écoutons les phrases clés du texte : « Il nous a délivrés de nos péchés par son sang (...) ils le verront, ceux qui l’ont transpercé  ». Il est le Sauveur, ce fils d’homme annoncé par Daniel dans la première lecture.
Mais s’il est roi, de quel royaume ?Comme Pilate, laissons-nous interroger ? Qu’est-ce finalement que le royaume de Dieu ? Après ce retour arrière, regardons en avant. C’est dans la Passion que la royauté du Christ se dévoile, sur la Croix
Ce que le dialogue avec Pilate prépare est le sommet du message de Jean. Et il devient le point culminant de notre année liturgique.

Le Christ serviteur est l’inversion de tous nos critères et de toutes nos projections. Il est révélation de l’amour inconditionnel du Père. La royauté, il y a renoncé nous dit Paul en philippiens 2, 11. « Prenant la condition de serviteur » (...) « Et c’est pourquoi Dieu lui a donné le nom qui surpasse tout nom ».

Qu’est-ce finalement que ce nom, que cette gloire (Jn 17, 2) qui revient au Christ ? Elle se dévoile sur la Croix. La croix est lumière qui éclaire et révèle le véritable royaume. La résurrection qui consacre cette gloire n’a de sens que liée à cette croix.

Qu’est-ce que cela nous dit aujourd’hui ? Comment pouvons-nous être à sa suite, prêtre, prophète et roi ?
Probablement en Le suivant jusqu’au bout de l’amour. Notre royauté est dans l’abandon de toute prétention à l’avoir, au pouvoir et au valoir, notre royauté est être serviteur du royaume de Dieu et pour nous diacres, plus que les autres, image du Christ serviteur, n.ayant fait que notre devoir (Luc 17, 10)

03 novembre 2018

Au fil de Marc 12, les deux commandements - homélie du 3 et 4/11/18

Frères et sœurs,

La première lecture, tirée du Deutéronome n'est que le point final d'un long épisode où Moïse présente au peuple les 10 commandements révélés par Dieu. Il constitue le cœur de la Torah, le pentateuque de nos frères juifs. On ne peut écarter d'un geste ce qui nous est transmis ici.

Les dix commandements ont structuré la vie du peuple Juif. Ils ont façonnés à leur manière, Jésus et ses compatriotes. Pourquoi Marc, dans l'Evangile que nous venons de lire, n'en distingue que deux en racontant l'histoire du scribe ?

Il faut situer ce passage de l'Évangile de Marc au cœur d'une phase de conflits entre Jésus et ses compatriotes. Au début du chapitre, Jésus avait suscité une polémique en racontant la parabole du vigneron qui envoie ses serviteurs puis son fils. Comme vous en souvenez peut-être, les serviteurs, ne sont pas bien reçus et le fils est tué, nouvelle évocation chez Marc de la Passion. A ce parabole, mal reçue par les Juifs, suit une série de controverses entre Jésus, les scribes et les pharisiens.
C'est dans ce contexte que le passage que nous avons entendu est placé au centre des débats. Quel est le but visé par Marc ? Rappelons-nous ce qu'il tentait de nous dire dans les passages lus les semaines précédentes. Marc cherche à nous révéler l'amour infini de Dieu.
Comment se place cet épisode là-dedans ?
Il faut savoir que les juifs avaient multipliés rites, prescriptions et commandements, au point qu'on en comptait 613.
Cette explosion cherchait à mettre Dieu partout, mais oubliait parfois l'essentiel.
En distinguant ce scribe des autres, Marc invite ses compatriotes, à se centrer sur l'essentiel.
A sa suite, nous sommes invités à réaliser que les sacrifices, les rites, les attitudes extérieures ne servent à rien, si notre relation avec Dieu et nos frères ne sont pas centrales.
Pour cela, je vous propose de fermer les yeux pour entendre à nouveau le cœur du message :
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme,
de tout ton esprit et de toute ta force.
Et voici le second :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même

Si l'on trace un triangle imaginaire qui met Dieu au sommet, nos frères à gauche et nous sur le côté, on peut s'interroger, intérieurement sur la place de chaque angle dans notre vie.
Quel temps consacrons nous à nous, à Dieu aux autres. Est-ce un triangle isocèle ?
Si nous ne nous aimons pas nous-mêmes, nous ne pouvons aimer Dieu et nos frères, si nous n'aimons pas nos frères, notre amour de Dieu n'est qu'apparence. Et aimer Dieu n'est rien sans la charité. A la différence des autres scribes, celui qui parle avec Jésus a compris cela. Il a atteint le cœur du message.
Laissons résonner en nous ces deux commandements, laissons agir en nous le Verbe, jusqu'aux jointures de l'âme.
Quelle place laissons-nous en vérité à Dieu et nos frères ?
Aimons-nous Dieu dans les quatre dimensions demandées : « de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute nos forces ?
Prenons-nous le temps de nous aimer nous-mêmes sans hypertrophie et sans dénigrement ? Et consacrons-nous autant d'intelligence, de force et d.ame à notre prochain ?

Parfois nos actes sont creux. N'accomplissons-nous pas, parfois, certaines de nos dévotions ou charité par routine, par habitude ? Sont-ils vraiment constitutifs de notre vie chrétienne ?
Sommes nous habités par ce triple essentiel : Dieu, nos frères autant que nous-mêmes ?

Quelle est la place de la Parole de Dieu dans nos vies ?

Que faisons-nous de cette Parole ? De ces chemins de vie à laquelle elle nous conduit.
Une des lectures de cette semaine évoquait la graine de moutarde. L'avons-nous planté en terre.
Cette graine est l'image de ce que Dieu met en nos cœurs. Elle entre en résonance avec cette phrase de Jean 12 : « Si le grain ne meurt pas, il ne portera pas de fruits ». Pour que la Parole de Dieu prenne vie en nous, il nous faut aller à l'essentiel. Suivre Jésus.
Lui seul présente un triangle parfait. Lui seul y met tout son cœur, jusqu'à se laisser transpercer, toute son âme, tout son esprit et toute sa force.

Dans le passage évoqué par Marc, Jésus se prépare à la Passion et ces commandements repris par le scribe résonne en lui. Car cet amour du Père et de ses frères, il va le porter à son paroxysme.
Tout chez lui est don.
Ouvrons les yeux maintenant et contemplons la Croix, ce que Marc veut nous dévoiler.
Tout se résume finalement dans ce triangle unique, dont Jésus est l'icône. C'est ce que suggère la 2eme lecture. L'unique sacrifice est celui du Christ.
C'est bien le grand prêtre qu'il nous fallait :
saint, innocent, immaculé ;
séparé maintenant des pécheurs,
il est désormais plus haut que les cieux.
Il n'a pas besoin, comme les autres grands prêtres,
d'offrir chaque jour des sacrifices,
d'abord pour ses péchés personnels,
puis pour ceux du peuple ;
cela, il l'a fait une fois pour toutes
en s'offrant lui-même.

Lui seul peut dire jusqu'au bout le psaume 39 (7-9) : Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j'ai dit : « Voici, je viens. « Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse. Mon Dieu, voilà ce que j'aime : ta loi me tient aux entrailles. »
Contemplons le chemin tracé par le Christ.
Que pouvons-nous de notre côté abandonner pour le suivre ? Qu'est-ce qui est essentiel ? Qu'est-ce qui nous empêche d'aller à l'essentiel ? Prenons le temps, un instant de méditer là-dessus.
Amen