30 décembre 2018

Sainte Famille - Corrigé - Paul VI


En guise de corrigé à mes essais d’homélie, deux leçons apportées par l’office des lectures (source AELF) :

  1. Une contemplation d’Eph 5 25-26 sur l’agenouillement réciproque des époux 
« Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole »

  1. L'exemple de Nazareth
Nazareth est l’école où l’on commence à comprendre la vie de Jésus : l’école de l’Évangile. Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter. Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ. Ici, on découvre le besoin d’observer le cadre de son séjour parmi nous : les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s’est servi Jésus pour se révéler au monde. Ici, tout parle, tout a un sens. Ici, à cette école, on comprend la nécessité d’avoir une discipline spirituelle, si l’on veut suivre l’enseignement de l’Évangile et devenir disciple du Christ. Oh, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth, comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !

Mais nous ne faisons que passer. Il nous faut laisser ce désir de poursuivre ici l’éducation, jamais achevée, à l’intelligence de l’Évangile. Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.

Une leçon de silence d’abord. Que renaisse en nous l’estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l’esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hyper sensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu’est la famille, sa communion d’amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu’on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail. Nazareth, maison du fils du charpentier, c’est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.


(1) Paul VI, Homélie à Nazareth du 5/1/64

Au fil de Luc 2 - Sainte famille, homélie, version n.10

Où est le centre de nos vies ? Nos proches sont-ils l’essentiel ? Où est notre trésor ?
La réponse pourrait être matérielle, elle peut-être de citer votre conjoint, vos enfants ou petits-enfants et vous n’auriez pas vraiment tort en le disant, mais l’Ecriture nous invite un pas plus loin. Un grand pas…. Car notre trésor à tous est ailleurs, il repose au fond de nos cœurs. Le trésor, c'est la présence de Dieu qui veut demeurer en nous (2e lecture). C’est le don le plus intime et le plus intérieur. C’est ce qu’a compris Marie. Pourtant, comme nous, elle a pris du temps…
Je vous propose de contempler cela avant de méditer sur ce que cela nous dit, pour nous...

  1. Contemplation
Prenons de la distance et contemplons Marie, la première en chemin. Le mystère de Marie Vierge et mère se contemple toujours dans la dynamique des textes de Luc.
Depuis la visite de l’ange, elle ne fait que se confronter à l’inattendu de Dieu. Très vite pourtant elle passe du ravissement au déchirement. Elle a porté en elle un trésor. Elle l’a maintenant mis au monde, et voilà déjà que Jésus lui échappe. La liturgie de l’octave de Noël (c’est à dire les 8 Jours qui suivent le 25) nous permettent de contempler samedi 29/12 la présentation au Temple; À cette occasion, si vous vous souvenez du texte, c’est l’annonce par le vieux Siméon d’un glaive dans le cœur de Marie.
Nous savons par Jean, combien son chemin sera douleur. Triste réalité maternelle ?

Oui et non… car entre Marie dans les premières pages de l’Evangile de Luc et celle que nous découvrons à Cana chez l'Évangéliste Jean, où la Vierge demande à son Fils d’agir s’est fait un basculement. Elle s’est fait don.
Marie nous montre comment la parole prend chair en elle, l'émerveille et l'a fait aller là où elle ne veut pas aller.
Qu’est-ce à dire pour nous ? On croit que nos enfants nous appartiennent et ils nous échappent bien vite, car ils ne sont pas à nous, mais dons de Dieu. On croit pouvoir porter et retenir le don de Dieu et voilà qu’il s’éloigne, grandit, nous surprend et devient plus grand que nous.
Ce Verbe qui s’est fait chair en nous doit porter du fruit.
La mise en résonance de la première lecture peut accroître encore notre contemplation. Anne, la mère de Samuel a compris que ce qui lui est donné est pour le Seigneur. Marie, le sent, elle aussi au fond d’elle-même, dans cet épisode du Temple.

Ce que nous recevons nous fait grandir et appelle au don.
En ce jour de la Sainte Famille vous pouviez vous attendre à une homélie sur les relations intra-familiales. Marie nous conduit plus loin, sur la source même de l’amour sans qui rien n’est possible.



2. Méditation
Il y a, à ce sujet, dans la 2eme lecture et l’Évangile un mot en commun : garder.
  1. Garder les commandements de Dieu
  2. « Marie gardait tout cela dans son cœur »
Qu’est ce à dire ?
Même si les deux mots grecs d’origine sont différents, il me semble que cette notion peut-être source de méditation pour aller plus loin.
Garder la Parole de Dieu au fond de son cœur ne consiste pas à l’enfouir pour le cacher, comme on le ferait d’un magot. Bien au contraire, « il s’agit de Le saisir et de se laisser saisir » par Dieu (cf. Ph. 3), de le contempler ET se laisser déranger par lui.

La Parole n’est pas là pour être oubliée, mais bien pour nous creuser en nous de l'intérieur, refondre et recentrer notre vie. Elle est tranchante et exigeante cette Parole.

Ce que Marie voulait garder pour elle lui échappe déjà. L’enfant Jésus n’est déjà plus sous la coupe maternelle. Il est déjà emplit du Verbe. En lui brûle Dieu en actes et il est prêt à discuter avec des docteurs de la loi.

Que faisons-nous de la Parole ? Le plus facile est de l’oublier, de la laisser à la porte de l’église en sortant, comme la feuille de messe qui la contient d’ailleurs. Si nous ne nous laissons pas travailler par l'Écriture disait un grand théologien (1) c’est parce qu’elle est trop exigeante. Notre erreur, notre tentation c’est de ne pas l’entendre, de la laisser de côté, y compris dans l’aujourd’hui de nos vies.

« La Parole exige l'amour de Dieu et du prochain » (1) et donc une cohérence.
Elle est le cri tout intérieur qui se fait écho du cri du prochain. Si Dieu pose sur nous son regard c’est pour que nous ne soyons pas indifférent à l’irruption du « visage d'autrui qui nous appelle » (2).

Le risque est de l'ignorer, de l’écouter sans l’entendre. Notre trésor ne doit pas rester enfoui.

A nous de percevoir, à notre tour, que ce qui nous est donné, notre trésor, vient de Dieu et loin d’être mis sous le boisseau, il doit être redonné à son tour.
Notre mission est de passer de la réception au don le plus total...

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 196-7
(2) Emmanuel Lévinas, cf. Autrement qu’être

29 décembre 2018

Au fil de Luc 2 - Homélie sur la sainte famille

Homélie sur la sainte famille
Où est votre trésor ?
La réponse pourrait être matérielle, elle peut-être de citer votre conjoint, vos enfants ou petits-enfants et vous n’auriez pas vraiment tort en le disant, mais l’Ecriture nous invite un pas plus loin. Un grand pas…. Car notre trésor à tous est ailleurs, il repose au fond de nos cœurs. Le trésor, c'est la présence de Dieu qui veut demeurer en nous (2e lecture). C’est le don le plus intime et le plus intérieur. C’est ce qu’a compris Marie. Pourtant, comme nous, elle a pris du temps…
Je vous propose de contempler cela avant de méditer sur ce que cela nous dit, pour nous...

  1. Contemplation
Prenons de la distance et contemplons Marie, la première en chemin. Le mystère de Marie Vierge et mère se contemple toujours dans la dynamique des textes de Luc.
Depuis la visite de l’ange, elle ne fait que se confronter à l’inattendu de Dieu. Très vite pourtant elle passe du ravissement au déchirement. Elle a porté en elle un trésor. Elle l’a maintenant mis au monde, et voilà déjà que Jésus lui échappe. La liturgie de l’octave de Noël (c’est à dire les ! Jours qui suivent le 25) nous permettent de contempler samedi 29/12 la présentation au Temple; À cette occasion, si vous vous souvenez du texte, c’est l’annonce par le vieux Siméon d’un glaive dans le cœur de Marie.
Nous savons par Jean, combien son chemin sera douleur. Triste réalité maternelle ?

Oui et non… car entre Marie dans les premières pages de l’Evangile de Luc et celle que nous découvrons à Cana chez l'Évangéliste Jean, où la Vierge demande à son Fils d’agir c’est fait un basculement. Elle s’est fait don.
Marie nous montre comment la parole prend chair en elle, l'émerveille et l'a fait aller là où elle ne veut pas aller.

Qu’est-ce à dire pour nous ? On croit que nos enfants nous appartiennent et ils nous échappent bien vite, car ils ne sont pas à nous, mais dons de Dieu. On croit pouvoir porter et retenir le don de Dieu et voilà qu’il s’éloigne, grandit, nous surprend et devient plus grand que nous.
Ce Verbe qui s’est fait chair en nous doit porter du fruit.
La mise en résonance de la première lecture peut accroître encore notre contemplation. Anne, la mère de Samuel a compris que ce qui lui est donné est pour le Seigneur. Marie, le sent, elle aussi au fond d’elle-même, dans cet épisode du Temple.

Ce que nous recevons nous fait grandir et appelle au don.

2. Méditation
Il y a, à ce sujet, dans la 2eme lecture et l’Évangile un mot en commun : garder.
  1. Garder les commandements de Dieu
  2. « Marie gardait tout cela dans son cœur »
Qu’est ce à dire ?
Même si les deux mots grecs d’origine sont différents, il me semble que cette notion peut-être source de méditation pour aller plus loin.
Garder la Parole de Dieu au fond de son cœur ne consiste pas à l’enfouir pour le cacher, comme on le ferait d’un magot. Bien au contraire, « il s’agit de Le saisir et de se laisser saisir » par Dieu (cf. Ph. 3), de le contempler ET se laisser déranger par lui.

La Parole n’est pas là pour être oubliée, mais bien pour nous creuser en nous de l'intérieur. Elle est tranchante et exigeante cette Parole.

Ce que Marie voulait garder pour elle lui échappe déjà. L’enfant Jésus n’est déjà plus sous la coupe maternelle. Il est déjà emplit du Verbe. En lui brûle Dieu en actes et il est prêt à discuter avec des docteurs de la loi.

Que faisons-nous de la Parole ? Le plus facile est de l’oublier, de la laisser à la porte de l’église en sortant, comme la feuille de messe qui la contient d’ailleurs. Si nous ne nous laissons pas travailler par l'Écriture disait un grand théologien (1) c’est parce qu’elle est trop exigeante. Notre erreur, notre tentation c’est de ne pas l’entendre, de la laisser de côté.

« La Parole exige l'amour de Dieu et du prochain » (1) et donc une cohérence.
Elle est le cri tout intérieur qui se fait écho du cri du prochain. Si Dieu pose sur nous son regard c’est pour que nous ne soyons pas indifférent à l’irruption du « visage d'autrui qui nous appelle » (2).

Le risque est de l'ignorer, de l’écouter sans l’entendre. Notre trésor ne doit pas rester enfoui.

A nous de percevoir, à notre tour, que ce qui nous est donné, notre trésor, vient de Dieu et loin d’être mis sous le boisseau, il doit être redonné à son tour.
Notre mission est de passer de la réception au don le plus total...

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 196-7
(2) Emmanuel Lévinas, cf. Autrement qu’être

Base pour une homélie à Vert en Drouais le 30/12/18





27 décembre 2018

Du tressaillement à l’agenouillement 12 - Taizé

La Croix nous donne de biens bons articles en ce moment. Après son numéro collector sur la dalle de La Défense, saluons le numéro de ce week-end qui contient entre autres excellents articles une belle image rapportée par Arnaud Montoux sur le vitrail du frère Eric de Saussure à Taizé : « Dans l'épaisseur du verre coloré, frère Éric nous laisse apercevoir l'invisible rencontre des enfants que portent les entrailles de Marie et d'Élisabeth. Jean s'est agenouillé à l'approche de l'Agneau de Dieu. (...) Il y a dans l'homme, dans tout homme, la joie d'une attente en laquelle mûrissent tant d'avenirs. La présence de ces enfants, qui nous semblent encore lointains et irréels tant qu'ils n'ont pas été caressés par nos regards, rappelle que les apparences sont souvent trompeuses.
À Taizé, frère Éric a bien souvent constaté que l'homme est bien plus transformé par ses attentes invisibles qu'il ne le croit. Dieu est réellement présent dans le cœur de celui qui cherche, même s'il n'a pas le sentiment d'être habité. Cette présence discrète est une lueur dont nos perceptions parfois étroites ne doivent priver personne. » (1)
En ajoutant au tressaillement de l'enfant ce geste si symbolique de l'agenouillement(2), le frère Eric nous invite à faire de même. Dieu frappe à notre porte. Il vient. 
(1) Arnaud Montoux, la joie cachée du Magnificat, La Croix du 23/12/18.
(2) Dans Humilité et miséricorde, je montre la surprenante succession des agenouillements de l'AT, dans les Théophanies, jusqu'à celle de Jean 17. Ajouter celle de Jean in utero avant celle du Jourdain n'est qu'une suite bien logique de cette contemplation.

Magnificat, par Éric de Saussure, 1963, vitrail de l'église de la Réconciliation à Taizé

Au fil de Jean 1 - le Verbe 2

« La Vie elle-même s’est manifestée dans la chair : elle a été placée, en effet, en état de manifestation pour qu’une réalité visible seulement par le cœur pût être aussi visible aux yeux, afin de guérir les cœurs. C’est par le cœur seul qu’on voit le Verbe, tandis que la chair est vue aussi par les yeux. C’est la chair qui nous permettait de voir le Verbe. Le Verbe s’est fait chair, une chair que nous puissions voir, afin que soit guéri en nous ce qui pourrait voir le Verbe ».(1) 

L’amour vient nous visiter ainsi de l’intérieur et c’est dans la faiblesse et la dépendance de l’Enfant que se dévoile en nous ce qui n’est pas digne d’être enfant, ce qui n’est pas empli de confiance et d’amour. 

(2)



(1) saint Augustin, commentaire sur la première lettre de Jean, source AELF 
(2) Gerrard von Honthorst, Nativité, musée des Offices, Florence

25 décembre 2018

Au fil de Jean 1 - Le verbe s’est fait chair

Qu'est-ce que le Verbe ?
Le logos grec n'est qu'une partie de la réponse. Est-ce la Sagesse de Dieu ? Non, pas uniquement. Est-il amour et créateur, désir et action, danse et silence, cercle et triangle, inaccessible et proximité ?
Le mot théologique le plus interpelant est tension.
Car c'est au sein de cette tension entre les opposés égrenés plus haut que se révèle le Dieu chrétien.
Ce que nous dévoile Noël c'est l'amour de Dieu en actes.
Il faut entendre Dieu à la fois comme créateur et amour pour saisir qu'il est infini, mais aussi retenue, silence et humilité (1).

Le grec des premiers versets de Jean 1 reprend et conjugue le mot « pros ». Le Verbe, ce désir de Dieu en actes, ce « dire » qui devient « dit » (2) sans se perdre est tension, tourné vers, pro-jection, pro-position, pro-action de Dieu vers l'homme (3).

Dans ce Pros se souligne à la fois l'amour in-transitif et ex-tourné de Dieu. Les pères de l'Église parlent de circumincession c'est-à-dire de danse(4) entre les personnes divines. En se tournant vers, elles ne cessent de se pro-jeter au devant de l'autre et en cela d'être amour.

Que nous dit Noël ?
Alors que Dieu pourrait être pouvoir et gloire, il se fait faiblesse et humilité. « Il n'a pas retenu le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2).

Dans sa faiblesse l'enfant Jésus conjugue grandeur et humilité, pureté et simplicité. Le Verbe qui se fait chair danse pour l'homme sa plus belle création. Il se dévoile amour.

Dans son dépouillement (kénose) (1) le dire devient dit (2) sans perdre son intention. Il est agenouillement(3).



Et notre chemin ?
Il est aussi agenouillement. Non pas avilissement ou négation de nous mêmes mais décentrement et don, imitation et humilité, miséricorde et simplicité.

Le petit homme nous ramène à l’enfant et l’enfant est vérité et amour.

(1) cf. mon livre Kénose, humilité et miséricorde
(2) cf. Emmanuel Lévinas, Autrement qu'être 
(3) cf. À genoux devant l'homme
(4) cf. La danse trinitaire in L’amphore et le fleuve

21 décembre 2018

Une Parole qui dérange

"En face de la Parole de Dieu, le chrétien se trouve profondément déchiré" (1). Une contradiction [s'installe] entre son "exigence" et sa propre vie. (...) "elle exige l'amour de Dieu et du prochain" et donc une cohérence. Le risque est de l'ignorer, de laisser de côté toute contemplation, de peur qu’elle mette à jour notre démission.

A méditer...

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 196-7

Au fil de Luc 1, 44 - Tressaillement - 11

"L'enfant a tressailli d'allégresse en moi" (luc 1, 44).

Il nous faut contempler ce cri et le laisser résonner en nous, à la fois, parce qu'il réveille l'enfant en nous et parce qu'il s'agit du bien le plus précieux : Dieu vient nous visiter.



(1) cf. Mon roman sur le sujet



20 décembre 2018

Amour est en toi - 26 - Manducation et tressaillement

Il y a dans ce texte d'aujourd'hui (Luc 1) une manducation à faire pour qu'à la suite de la Vierge nous puissions à notre tour dire "je suis la servante du Seigneur". Aujourd'hui, en communiant au corps et au sang du Christ nous recevons aussi le Christ en nous. Et cette inhabitation de Dieu peut provoquer tressaillement et joie.

Dieu vient habiter en nous. Portons, à la suite de la Vierge ce corps livré, communions à ses souffrances et à ses joies de mère, prions pour que ce que nous avons reçu donne aussi du fruit.

De même qu’elle porte le Seigneur, devenons de vrais porte-Christ (1).

Le monde a besoin de sentir ce que nous ressentons. Trouvons les mots pour transpirer de cette joie d'un Dieu qui vient en l'homme.

(1) expression des premiers siècles de l’Église

Annonciation - Luc 1, 26-38 - L’amour vient en toi - 25 - saint Bernard

En ce jour qui reprend les textes de l’annonciation laissons résonner en nous les paroles de la Vierge “je suis la servante du  Seigneur” ce ne sont pas des paroles en l’air. Il s’agit d’accueullir en soi le tressaillement de Dieu, de le porter pour qu’il donne son fruit en son temps. 

« Ne tarde plus, Vierge Marie. (...)  Vite, réponds à l'ange, ou plutôt, par l'ange réponds au Seigneur. Réponds une parole et accueille la Parole ; prononce la tienne et conçois celle de Dieu ; profère une parole passagère et étreins la Parole éternelle.

Pourquoi tarder ? Pourquoi trembler ? Crois, parle selon ta foi et fais-toi tout accueil. Que ton humilité devienne audacieuse, ta timidité, confiante. Certes il ne convient pas en cet instant que la simplicité de ton cœur virginal oublie la prudence ; mais en cette rencontre unique ne crains point la présomption, Vierge prudente. Car si ta réserve fut agréable à Dieu dans le silence, plus nécessaire maintenant est l'accord empressé de ta parole. Heureuse Vierge, ouvre ton cœur à la foi, tes lèvres à l'assentiment, ton sein au Créateur. Voici qu'au dehors le Désiré de toutes les nations frappe à ta porte. Ah ! Si pendant que tu tardes il allait passer son chemin, t'obligeant à chercher de nouveau dans les larmes celui que ton cœur aime. Lève-toi, cours, ouvre-lui : lève-toi par la foi, cours par l'empressement à sa volonté, ouvre-lui par ton consentement. »





(1) Saint Bernard, Sermon sur les louanges de la vierge Marie, source Bréviaire AELF 

18 décembre 2018

Le fleuve - Hans Urs von Balthasar

"Les trois manières dont la Parole se manifeste et se transforme : dans la vie humaine de Jésus, dans sa mort et sa résurrection, et dans les formes de la vie ecclésiale - comme sacrement, comme parole et comme amour ecclésiaux - ne forment ensemble qu'un unique fleuve dans lequel l'amour de Dieu devient pour nous manifeste et accessible." (1)

C'est en nous que cette plénitude prend chair, se déploie, prend une profondeur et pour reprendre l'image d'Ezéchiel (47,12) porte alors du fruit.



(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative op. cit. p. 193

17 décembre 2018

Au fil de Matthieu 1 - Généalogie - Homélie du 17/12

Notes pour une homélie prononcée à St P. du Roule
—-
Quel est l'enjeu de cette généalogie de Matthieu ?

On trouve deux généalogies de Jésus dans le NT. Elles sont différentes dans le nombre de générations et dans les noms. Cette différence invite à une lecture spirituelle.
Celle de Luc est descendante. Elle part de Jésus pour aller vers  Adam et est plus tournée vers une présentation du Christ comme nouvel Adam tout en portant une ouverture à la miséricorde.
Celle de Matthieu est plus dans l'axe de l'héritage.

Il nous faut souligner une contemplation avant de donner plusieurs pistes de méditation

1. contemplation
Cette généalogie est porteuse de plusieurs sens.
  1. Les trois temps évoqués englobent toute l'histoire juive, un ancrage souvent développé par Matthieu.
  2. Le quatorze sous entend 2x7 une perfection du plan de Dieu ?
"Après avoir à bien des reprises, et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils » (He 1,1-2)

2. Méditation
Mais, malgré cette succession d'hommes, la présence des femmes marquent ici des ruptures, le rappel aussi péché de l'homme. Elles nous conduisent à un
regard sur notre propre histoire
L'AT est notre histoire, nos balbutiements
Méditer sur la vie en Dieu, voir les pas de Dieu accomplis dans nos vies implique de voir deux temps:
Temps 1 Notre quête de pouvoir, valoir, avoir : avec la figure de David
Temps 2 : Nos fautes,  nos impasses.
Ces 2 premiers temps rejoignent l'interrogation de la première lecture sur la royauté promise. Mais qu'est-ce qu'un roi ?
Le Christ présenté par Matthieu et complété par Jean va inverser la vision de la royauté dans la contemplation de la Croix...

Temps 3 : c'est l'Exil, le désert, le temps de conversion

Et tout cela nous conduit à ce glissement entre Joseph et Marie, entre le pouvoir et l'humilité constitutive d'une nouvelle vision du Royaume, l'Intervention divine qui rend possible ce qui est impossible à l'homme…
Quelle conclusion tirer sur notre aujourd'hui ?
Depuis Abraham jusqu'à Jésus c'est l'histoire de notre vocation qui est en jeu !
L'histoire n'a de sens que si elle perpétuellement revisitée.
Elle nous conduit à deux déplacements : à l'humilité et à ouverture à la grâce qui fait de nous des enfants de Dieu.


16 décembre 2018

Luc 3 - Gaudete - Homélie du 16 décembre

Frères et sœurs, comme la semaine dernière, c'est le thème de la joie
qui domine dans les lectures et comme elles précèdent l'évangile, il me
semble important de s'y arrêter plus longuement.

Ce dimanche fait en effet une pause pour nous préparer à la visite de Dieu.
La couleur liturgique devrait être le rose. Et l’on appelle ce dimanche le « Gaudete » ( réjouissez vous). Cf. https://liturgie.catholique.fr/ressources/textes-des-papes/296665-benoit-xvi-signification-temps-avent/

Qu'est-ce que la joie de Noël ? Nous l'associons trop souvent à ce
qu'elle est devenue dans notre culture, poussée par une logique de
consommation et de cadeaux entre proches, en oubliant qu'il s'agit
d'autre chose.
Avant de répondre à la triple question de l'Evangile, Il nous faut
prendre le temps de contempler le projet de Dieu.

Contemplation
Si nous courons trop vite dans le faire, nous oublions en effet que tout
est grâce, que Dieu se fait don pour nous rendre amour. Notre faire
n'est pas un simple agir, il est habité en Dieu, il vient de Dieu, il
est participation au don de Dieu.

Notre réponse sera juste si elle ne « cherche pas son intérêt, si elle
prend patience », si elle est vraie et sincère.

Le vrai don est gratuit. Il est icône de ce que Dieu nous donne. Est-ce
ce que nous allons vivre à Noël un don gratuit ?

Je voudrais, à ce sujet vous demander de contempler ces trois bougies
maintenant allumées. Elles ne forment que trois étincelles fragiles,
signe d'un chemin que nous avons entamé il y a trois semaines. Le feu
qu'elle prépare est celui de l'amour venu de Dieu. Dieu vient nous visiter.


La crèche n'est que le début d'un feu plus vaste que Dieu veut allumer en nos coeurs. Le feu
de Dieu, le buisson ardent n'est autre que la Croix, il est celui de
l'amour reçu de Dieu, que nous avons à allumer sur terre. Que devons
nous faire ? Que ces bougies soient les prémisses de l'amour pour nos
frères !

L'enjeu c'est le brasier d'un amour qui nous porte et nous transforme.
Que devons nous faire ? Nous laisser embraser par l'amour qui nous
précède et nous emporte vers l'autre et vers Dieu.

2. Agir ?
Venons en à l'évangile qui nous pose trois fois la question.

Seul le silence, en nous, peut faire porter ces mots jusqu'au cœur. Que
devons-nous faire ?

Peut-être devons-nous, avant de répondre à la question, situer, dans un
premier temps, le contexte de Jean. Jean Baptiste vient du désert et
ceux qui le rejoignent on fait une partie du chemin avec lui. Le temps
du désert est un temps de purification du regard. Il nous conduit hors
des habitudes et du confort. Il ne s'agit pas de sacrifice au Temple,
comme ceux de son père Zacharie. Il nous ouvre à l'autre, à sa
souffrance. Il donne place au cœur. L'avent est un chemin de désert, un
premier jeûne. Quel est l'enjeu ? N'est-ce pas de contempler la manne,
la grâce reçue de Dieu et qu'on ne peut conserver longtemps, qu'il nous
faut transmettre au risque de tout perdre.
La réponse en effet n'est pas dans le seul faire, dans cette agitation
qui différencie les Marthe des Marie, mais dans la contemplation de ce
que Dieu souhaite réaliser véritablement en nous, à travers nous.

J'évoque le dialogue entre Marthe et Marie comme une porte d'entrée à
cette vocation qui nous attend.

Que devons-nous faire ?

Peut-être s'assoir, prier, écouter ce que Dieu veut nous dire dans le
silence.
Ensuite, dans un deuxième temps pouvons-nous mieux entendre et agir
selon les conseils de Jean Baptiste
« Celui qui a deux vêtements,
qu'il partage avec celui qui n'en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu'il fasse de même ! »
    « N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
    « Ne faites violence à personne,
n'accusez personne à tort ;
et contentez-vous de votre solde. »

« Celui qui n'a pas la charité est comme une cymbale qui résonne » nous
dit Paul. Mais qu'est-ce que la Charité ? La Croix nous donne seule la
réponse. Elle est le lieu du don véritable. Elle est le chemin de notre
vie entière. Le Christ est le grand donateur, celui qui se donne et
s'efface.
Nous ne pouvons qu'entrer dans cette direction. C'est l'enjeu de ce feu
de l'amour sans retour qui se prépare et qui enflamme nos coeurs.

15 décembre 2018

Au fil de Matthieu 17,10-13.


« Descendant de la montagne, les disciples interrogèrent Jésus :
« Pourquoi donc les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d'abord ? »
Jésus leur répondit : « Élie va venir pour remettre toute chose à sa place.
Mais, je vous le déclare : Élie est déjà venu ; au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu. Et de même, le Fils de l'homme va souffrir par eux. »
Alors les disciples comprirent qu'il leur parlait de Jean le Baptiste. » Matthieu 17,10-13.

La figure d'Elie est une figure fragile. Elle convient bien à l'humble chemin de Jean Baptiste. Écoutons le commentaire de Saint Ephrem sur le texte célèbre de 1 Rois 19(1)
« Après avoir entendu ce murmure, Élie se couvrit le visage de son manteau. Il sortit, se tint debout à l'entrée de la grotte, et voici qu'une voix lui disait : 'Élie, que fais-tu ici ?' Il répondit : 'J'éprouve un zèle ardent pour mon Seigneur le Dieu des armées, parce que les fils d'Israël ont abandonné ton alliance' ». Le prophète se tint à l'entrée de la grotte, sans oser s'approcher de Dieu qui venait, et il se couvrit le visage, dans la pensée qu'il était indigne de voir Dieu... Il avait pourtant devant les yeux un signe de la clémence divine et, ce qui aurait dû le toucher plus encore, il faisait en personne l'expérience de la bonté merveilleuse de Dieu, dans les paroles qu'il lui adressait. Qui ne serait séduit par la bienveillance d'une si grande majesté, par une question si douce : « Élie, que fais-tu ici ? » (2)


(1) cf. aussi La voix d'un fin silence
(2) Saint Ephrem, Œuvres, éd. Assemani, t. 1, p. 486 (trad. Thèmes et figures, DDB 1984, coll. Pères dans la foi 28-29, p. 285), source Evangelizo 


14 décembre 2018

L’ocean de l’amour - contemplation - Hans Urs von Balthasar

Après avoir emmené l'homme à se plonger dans « l'océan de l'amour », le théologien nous emporte vers une prière plus entière et plus contemplative qui n'est pas sans rejoindre ses propos sur Bonaventure déjà longuement cité dans mon livre sur l'amphore et le fleuve.
Mais écoutons le, à nouveau : « Celui qui aime de se détournera pas de la contemplation, au contraire c'est lui seul qui aspirera vraiment à cette source. Ici, dans la prière, Dieu se donne à lui (...) et, grâce à cet accomplissement par Dieu, il devient capable d'un nouvel amour joyeux et désintéressé pour ses frères. Par l'amour, la contemplation est entraîné elle-même dans le mystère de la métamorphose. Elle n'est plus le point neutre, duquel les métamorphoses de l'amour sont regardées. Elle est emportée dans le courant de l'amour toujours le même, et pourtant toujours nouveau, toujours se transformant. » (1)

Un texte qui n'est pas sans influencer mon homélie à paraître dimanche...

C'est ce que j'appelle mes résonances :-)

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 191

Silo le berger - 2eme édition

Rappel, en ce temps de Noël 2018, je remonte ce billet qui date de 2016 :

Suite à la remontée des premiers lecteurs,  j'ai ajouté deux pages à mon conte "Silo le berger, un conte de palestine", pour intégrer la pentecôte,  donnant à Silo une mission d'évangélisation (je compte l'offrir dans 15 jours à un neveu faisant sa confirmation...)

L'enjeu de ce conte interactif est de traverser l'évangile de Luc comme un petit berger devenu pêcheur dans la barque de Pierre. Vivre dans sa chair le "5ème évangile" avec des photos couleurs de Terre Sainte.

Silo le berger, vendu à prix coûtant sur Amazon et téléchargeable gratuitement sur Fnac.com
https://www.fnac.com/livre-numerique/a11212330/Claude-Heriard-Silo-le-Berger

13 décembre 2018

Amour - Racine maîtresse - 25

« Tout amour chrétien établit la vérité entre deux ou plusieurs hommes, et cette vérité est finalement le Christ qui séjourne au milieu de ceux qui sont rassemblés en son nom (Mt 18, 20). L'amour est ici racine maîtresse, milieu et but de tous les sacrements de l'Église (...) initiation à la réalité. Et celle-ci est la participation de l'homme à l'amour de Dieu, qui a toutes les qualités que saint Paul énumère dans son hymne à la Charité (1 Co 13) ».(1)

A nous de découvrir en nous et faire fructifier cette racine maîtresse, cette source intérieure.

« À nous de plonger dans l’océan de l’amour et d’y nager vigoureusement »(2)



(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 191
(2) ibid p. 193

L’Amour est en toi - 24 - Saint Amboise

Saisir et se laisser saisir.
La course infinie de l’homme vers Dieu est dépassée par celle de Dieu vers l’homme.
 « Celle qui cherche (...) le Christ, celle qui trouve le Christ, peut dire : Je l'ai saisi et ne le lâcherai plus ; je le ferai entrer dans la maison de ma mère, dans la chambre de celle qui m'a conçue. Qu'est-ce que la maison de ta mère et sa chambre, sinon l'intimité la plus profonde de ton être ? Garde-la, cette maison, purifie-la dans ce qu'elle a de plus secret. Ainsi, lorsque ta maison sera sans aucune tache, ~ elle s'élèvera comme une demeure spirituelle pour être un sacerdoce saint, cimentée sur la pierre angulaire, et le Saint-Esprit y habitera.
Celle qui cherche ainsi le Christ, celle qui l'implore ainsi, n'est pas abandonnée par lui ; bien plus, il vient souvent la visiter, car il est avec nous jusqu'à la fin du monde. »


(1) Saint Amboise, traité sur la virginité, source AELF

12 décembre 2018

Au fil de Matthieu 11, 28-30 - mon fardeau est léger

«Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge; moi, je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Car mon joug est bon, et ma charge légère.» (1)

« Venez à moi » est presque un cri du coeur de Jésus au souffrant. Il n'a de sens qu'en vue de la Croix qu'il a choisi de porter.
J'ai été très marqué, il y a de nombreuses années par un ami qui l'a glissé un jour que quand il n'en pouvait plus, il déposait son fardeau au pied de l'autel. Parfois la souffrance semble insurmontable et il nous faut crier comme le psalmiste « où es-tu mon Dieu ? ». Parfois la réponse viens, discrète dans le silence de nos coeurs : « je suis à tes côtés, je souffre avec toi ». Dans la foulée du texte sur la brebis perdue entendu hier (Mat 18), la compassion du Christ est notre soutien.


‭‭(1) Selon Matthieu‬ ‭11:28-30‬ ‭

Pupille - un chef d’œuvre de sensibilité - film de Jeanne Henri

Poignant depuis les premières scènes jusqu'à la fin, le film de Jeanne Henri nous conduit progressivement sur les pas de l'adoption. Un film plein de délicatesse à l'honneur de tout ceux qui se dévouent pour cette cause complexe de l'enfant abandonné. Un film à l’honneur des services sociaux et de leur professionnalisme.
On sortira grandis de cette expérience.
Depuis la sélection des parents jusqu'au respect du bébé tout sonne juste, même si certains traits sont un peu appuyés.
Tous les acteurs sont excellents.
Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Olivia Côté et Miou-Miou crèvent l'écran. Mais pas qu'eux !
A voir et revoir.
Apportez des mouchoirs :-)

11 décembre 2018

Au fil de Matthieu 18, 12-14 - la brebis perdue

«Qu'en pensez-vous? Si un homme a cent moutons et que l'un d'eux s'égare, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour aller chercher celui qui s'est égaré? Et s'il parvient à le retrouver, amen, je vous le dis, il s'en réjouit plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarés. De même, ce n'est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu'il se perde un seul de ces petits.» (1)
‭‭
Une ou 99... ?
La préférence des pauvres que nous enseigne l'Evangile n'est pas numérique, elle est métaphorique.
En ces temps difficiles, il nous faut méditer sur l'exhortation à la charité et la miséricorde. 
Car si le bon pasteur s'occupe de la brebis perdue les 99 autres peuvent se poser le pourquoi de cette situation, leur responsabilité, non au sens moral, non au sens d'une culpabilité, mais en termes d'attention et de bienveillance...

(1) Selon Matthieu‬ ‭18:12-14‬ ‭

10 décembre 2018

Dans la main du potier

Un beau passage qui n'appelle pas de commentaire : « Le contemplatif (et en lui l'Église) doit être une argile dans la main du potier, argile qui se laisse modeler elle-même dans la contemplation, et ne prétend pas connaître d'avance la loi de transformation. Elle ne fait que la ressentir par anticipation grâce au contact des mains du sculpteur se posant sur elle fortement ou légèrement, rudement ou doucement. Les deux formes vont ensemble dans la même Eglise, de même que la doctrine et la vie, la théologie et la spiritualité » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 185

08 décembre 2018

Au fil de Luc 3, Aplanissez les chemins

               
Homélie du 2ème dimanche avent – Année C
Quelle est cette joie dont nous parle les deux lectures et le psaume ? Qu'est-ce qui peut mettre aujourd'hui notre cœur en joie alors que partout semble régner la tristesse, voire la révolte ?

La réponse, nous la connaissons au fond de nous. C'est celle qui va faire chanter les anges le jour de Noël. Mais pour que notre joie soit parfaite, il reste un grand chantier. Et les textes d'aujourd'hui ressemblent aussi un peu à un appel d'offre pour une entreprise de terrassement. On voit déjà les bulldozers, les camions qui se mettent en route pour aplanir la nouvelle autoroute. Sauf que la géographie de Luc n'est pas celle de notre vallée d'Avre. Elle est toute intérieure.
C'est dans ce sens que je vous invite à une méditation puis une contemplation : une méditation intérieure d'abord, pour trouver les moyens d'accueillir vraiment le Fils en nous, extérieure ensuite pour contempler le don qui nous attend.
  1.     Commençons par le chemin intérieur    
L'enjeu est ici de préparer les chemins du Seigneur, tracer en nous un sillon, de rendre possible la conversion du cœur qui se fait en nous.
Prenons donc le temps de visiter notre propre vallée intérieure, de noter ces escarpements funestes qui nous empêchent d'accueillir en nous le Seigneur. Ce serait présomptueux pour moi de dire ce qui empêche la rivière divine de couler du Temple vers vos cœurs assoiffés. Je sais, par contre, d'expérience qu'il faut peu de chose chez moi pour barrer le lit de la rivière. En ce temps de l'avent, notre chemin est là ! A nous d,accueillir l’eau vive, le don de Dieu, de creuser en nous, de désensabler nos sources. A nous de trouver ce qui fait barrage et de prendre notre pelle, de creuser nos ruisseaux intérieurs. C'est aujourd'hui que nous devons chercher la source qui nous vient de Dieu.
Prenons pour cela le temps de contempler les dons de Dieu puis de méditer en contrepoint ce qui nous éloigne de Dieu.  Laissons Dieu fissurer nos coeurs de pierre, abattre les cloisons de l'indifférence et préparer les chemins du Seigneur.
Une piste, si vous le permettez. l'Église nous donne un sacrement que nous oublions souvent. Celui de la réconciliation. N'avons-nous pas trop tendance à le réserver à l'exceptionnel ? Pour qu'une rivière garde son lit, il faut au contraire ne pas cesser de creuser, dégager les vases qui ralentissent le fleuve et lui font perdre sa force.
Allez ! Prenez rendez-vous avec le curé. Il vous attend parce qu'il porte en lui la miséricorde d'un Dieu amour. Il a pour mission de libérer en vous l'eau vive.
Chaque dimanche, au début de la messe, nous récitons aussi le "je confesse à Dieu". Les deux sont liés. Nous ne pouvons avancer vers le Christ, sans l'accueillir en étant conscient de nos faiblesse. Jésus se fait petit filet d’eau vive pour pénétrer par nos barrages étroits, à nous de les entrouvrir suffisamment.


2. La contemplation


Elle consiste à ouvrir nos coeurs au triple don de la Parole, du Corps et du Sang de Jésus. Notre vie intérieure se nourrit de sacrements : aller à la messe c'est participer à un triple repas.
La première table, c'est celle de la Parole. C'est une table, un festin. Cela demande de s'y préparer, d'avoir faim d'une rencontre, puis de la déguster, phrase après phrase.  Prenons le temps de l'écouter, de la ruminer.
La deuxième table, c'est le don du Corps. Nous portons notre travail à l'autel et Dieu vient l'habiter de son don. A nous de contempler ce don, de contempler la croix, le coeur transpercé du Christ qui vient abreuver le monde de son Amour. Le contempler pour mieux le recevoir en nous.
La troisième table, c'est le monde. Recevoir le Corps, c'est accepter de le porter en nous. Si nous avons creusé notre coeur, nous pouvons devenir porte-Christ.


J'insiste sur cette troisième partie. L'expression "porte-Christ, que l'on trouve dans les catéchèses des premiers siècles est une belle image. Il s'agit de porter le fruit reçu, au bout de notre quête vers le monde. Quand la source est dégagée, l'eau vive reçue de Dieu peut jaillir à travers nous et altérer ceux qui ont soif !
N'ayons pas peur…! Car au bout du voyage, la joie nous attend. Et cette joie mérite tous nos efforts.


Amen.

Homélie des 8 et 9/12/18 Vert en Drouais et Nonancourt

05 décembre 2018

Kénose - saint Grégoire de Naziance

« Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.
Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! J'ai reçu l'image, et je ne l'ai pas gardée. Le Verbe a participé à ma chair afin de sauver l'image et de rendre la chair immortelle ! Il s'unit à nous par une deuxième union, beaucoup plus étonnante que la première. ~
Il fallait que l'homme soit sanctifié par un Dieu devenu homme ; après avoir terrassé notre tyran, il nous délivrerait et nous ramènerait vers lui, par la médiation du Fils, pour l'honneur du Père. C'est ainsi que le Fils se montre obéissant en toutes choses envers lui, pour accomplir son plan de salut. ~
Ce bon Pasteur est venu rechercher la brebis égarée, en donnant sa vie pour ses brebis sur les montagnes et les collines où tu offrais des sacrifices. Il a retrouvé celle qui était égarée, il l'a chargée sur ces épaules qui ont porté aussi le bois de la croix et, après l'avoir saisie, il l'a ramenée à la vie d'en haut. ~
Cette lumière éclatante du Verbe est précédée par la lampe qui brûle et qui éclaire ; la Parole, par la voix qui crie dans le désert ; l'Époux, par l'ami de l'Époux, celui qui prépare pour le Seigneur un peuple choisi en le purifiant dans l'eau en vue de l'Esprit. ~
Il nous a fallu un Dieu qui s'incarne et qui meure pour que nous vivions. Nous sommes morts avec lui pour être purifiés ; morts avec lui, nous sommes ressuscités avec lui ; ressuscités avec lui, avec lui nous sommes glorifiés. (1)

"L'Écriture inspirée nous l'a dit : « Ta miséricorde s'étend à tous, parce que tout t'est possible, parce que tu oublies les péchés des hommes dès qu'ils se tournent vers toi. Tu aimes tout ce qui existe ; tu ne prends en aversion rien de ce que tu as fait... Tu épargnes tous les êtres parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie » (Sg 11,23s). Voilà ce qui le fait descendre du ciel et lui donne le nom de Jésus... : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,21). C'est son grand amour pour les hommes, sa compassion pour les pécheurs, voilà ce qui le fait descendre du ciel.

Pourquoi donc consentir à voiler sa gloire dans un corps mortel s'il ne désirait ardemment sauver ceux qui se sont égarés, qui ont perdu tout espoir de salut ? Il le dit lui-même : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). Plutôt que de nous laisser périr, il a fait tout ce qu'un Dieu tout-puissant peut faire selon tous ses divins attributs : il s'est donné lui-même. Et il nous aime tous de telle sorte qu'il veut donner sa vie pour chacun de nous, aussi absolument, aussi pleinement, que s'il n'y avait qu'un seul homme à sauver. Il est notre meilleur ami..., le seul véritable ami, et il déploie tous les moyens possibles pour obtenir que nous l'aimions en retour. Il ne nous refuse rien, si nous consentons à l'aimer... Ô mon Seigneur et mon Sauveur, dans tes bras je suis en sûreté. Si tu me gardes, je n'ai plus rien à craindre ; mais si tu m'abandonnes, je n'ai plus rien à espérer. Je ne sais rien de ce qui m'arrivera d'ici ma mort, je ne sais rien de l'avenir, mais je me confie à toi... Je m'en repose totalement sur toi, parce que tu sais ce qui est bon pour moi, et moi je ne le sais pas »(2)

(1) Grégoire de Naziance, Homélie, source Bréviaire 
(2) John Henri Newman, Twelve méditations for good, Friday

30 novembre 2018

Le voile de l’Écriture - Hans Urs von Balthasar

Le Verbe est au delà de tout discours, non aliud, tout autre... Et toute tentative de le mettre dans nos cases est vaine.
« C'est comme si le Saint-Esprit, l'auteur de la Sainte Écriture, étendait en elle, sur le mystère de la vie terrestre du Seigneur, un voile qui ne peut être écarté complètement. Il est là, indubitablement attesté par les descriptions, qu'aucun homme (...) n'aurait pus inventer (...) Beaucoup de choses dans le christianisme s'offrent à l'analyse exacte. Mais le fond suprême plonge dans la nuit des mystères silencieux de Dieu. Ce qu'il y a de suprême en Jésus (...) est tourné vers le Père, c'est quelque chose qui est lui-même contemplation et action au sein de la contemplation »(1)

Quel chemin pour nous dans notre prière ? Peut-être une attention particulière, une écoute silencieuse à ces appels discrets et répétés, mais non prévisibles de l'Esprit à agir. En cette fête de saint André, écoutons ces signes discrets qui tout en respectant notre liberté nous poussent toujours plus loin dans la contemplation et l'action.

(1) Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 155