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09 juillet 2019

L’agenouillement intérieur - Etty Hillesum - Kénose n.165


Être là, Être-avec, accompagner la souffrance et se nourrir dans la prière, tel est le secret d'Etty Hillesum.

Verbatim en 7 verbes ? : 

1. Prier : « Le Seigneur est ma chambre haute »(1), dans cette « baraque » [intérieure], vraie Tente de la Rencontre où bat le coeur pensant » (2).

2. S'abandonner, non pas dans « une résignation, une mort lente (...) mais apporter tout le soutien que je pourrai là où il plaira à Dieu de me placer, au lieu de sombrer dans le chagrin et l'amertume »

3. Accompagner, « se donner en pure présence (3) »
 Offrir sa présence.

4. Irradier vers les autres (3)

5. S'agenouiller, pas toujours dans la flexion du corps mais trouver une « posture intérieure ». (4)
Au coeur de la haine des camps, « le seul geste imaginable ici c'est de s'agenouiller »(4)

6. Écouter : « Ma vie n'est qu'une perpétuelle écoute « au-dedans » de moi-même, des autres, de Dieu. Et quand je dis que j'écoute « au-dedans », en réalité c'est plutôt Dieu en moi qui est à l'écoute. Ce qu'il y a de plus essentiel et de plus profond en moi écoute l'essence et la profondeur de l'autre. Dieu écoute Dieu » (5)

7. Aider : « Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus clairement : ce n'est pas toi qui peut nous aider, c'est nous qui pouvons t'aider - et ce faisant, nous nous aidons nous-mêmes » (6)

C'est peut-être là que l'agenouillement rejoint l'humilité et l'effacement que l'on appelle kénose. Aider Dieu pourrait paraître présomptueux et contraire à la Toute Puissance. Dans le contexte où Etty écrit ces mots dans le camp de Westerbork, il devient limpide. Aider Dieu prend sens et rejoint ce à quoi nous invite la kénose du Fils : Dieu à besoin de nos mains. 
S'il s'agenouille et nous invite à faire de même, c'est que dans le silence du Père et face à la souffrance des hommes, aider Dieu, dans la dynamique des 7 verbes ci-dessus devient chemin pour l’homme.

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 378
(2) ibid. p. 375
(3) p. 378sq
(4) p. 381
(5) p. 384
(6) p. 394

29 décembre 2016

Souffrance - Saint Bernard

"N'interroge pas ce que tu souffres, toi, mais ce qu'il a souffert, lui. À ce qu'il est devenu pour toi, reconnais ta valeur à ses yeux, afin que sa bonté t'apparaisse à partir de son humanité. En effet, l'abaissement qu'il accomplit dans son humanité a été la grandeur même de sa bonté, et plus il s'est rendu méprisable en ma faveur, plus il me devient cher." (1)

A méditer

(1) Saint Bernard,  Homélie sur l'épiphanie

22 août 2016

Kénose et souffrance - Saint Augustin

La kénose du Christ lui apparaît, souligne Balthasar (1) comme la révélation de la beauté et de la plénitude de Dieu. Pour Augustin, "le chemin lui-même est beauté" (2).
Il nous faut pour cela prendre de la distance, contempler l'ensemble de la pédagogie divine, comme une mosaïque, vue toute entière, à la lumière de Dieu, "grâce à qui l'univers, même avec ses éléments fâcheux, est parfait lui-même" (3).

On a bien sûr du mal, à l'échelle humaine, à rentrer dans cette contemplation après les drames qui vont de la Croix à Auschwitz. Il faut prendre un sacré recul pour accepter ce mal qui défigure la création(4). Pourtant, à la suite de Job, nous devons entendre l'imprécation de Dieu. Qui es-tu pour saisir le plan de Dieu ? C'est au bout du chemin que nous percevrons le bienfait de l'apparente absence divine, quand la victoire du Crucifié rayonnera sur le monde.
En attendant, il nous faut, comme le suggère E. Hillesum, retrousser nos manches : "Dieu a besoin de nos mains". "Heureuse faute qui nous a valu un tel sauveur".

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 2 styles, d'Irenée à Dante,Cerf, DDB, 1993, (ci-après GC2), p. 110
(2) Augustin d'Hippone, De Libera Arbtitrio, 2, 45, cité ibid.
(3) Soliloquia, 1, 2, cité ibid. p. 114.
(4) cf. sur ce point mon travail de recherche : "Où es-tu, mon Dieu ?".