La kénose du Christ lui apparaît, souligne Balthasar (1) comme la révélation de la beauté et de la plénitude de Dieu. Pour Augustin, "le chemin lui-même est beauté" (2).
Il nous faut pour cela prendre de la distance, contempler l'ensemble de la pédagogie divine, comme une mosaïque, vue toute entière, à la lumière de Dieu, "grâce à qui l'univers, même avec ses éléments fâcheux, est parfait lui-même" (3).
On a bien sûr du mal, à l'échelle humaine, à rentrer dans cette contemplation après les drames qui vont de la Croix à Auschwitz. Il faut prendre un sacré recul pour accepter ce mal qui défigure la création(4). Pourtant, à la suite de Job, nous devons entendre l'imprécation de Dieu. Qui es-tu pour saisir le plan de Dieu ? C'est au bout du chemin que nous percevrons le bienfait de l'apparente absence divine, quand la victoire du Crucifié rayonnera sur le monde.
En attendant, il nous faut, comme le suggère E. Hillesum, retrousser nos manches : "Dieu a besoin de nos mains". "Heureuse faute qui nous a valu un tel sauveur".
(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 2 styles, d'Irenée à Dante,Cerf, DDB, 1993, (ci-après GC2), p. 110
(2) Augustin d'Hippone, De Libera Arbtitrio, 2, 45, cité ibid.
(3) Soliloquia, 1, 2, cité ibid. p. 114.
(4) cf. sur ce point mon travail de recherche : "Où es-tu, mon Dieu ?".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire