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27 décembre 2015

A l'école de Nazareth

On parle souvent de la Terre Sainte comme d'un cinquième évangile.  Elle l'est dans la mesure où elle nous fait entrer dans la contemplation des sources contemplatives de Jésus.  Elle l'est aussi comme école d'humilité,  comme l'est tout contact avec la nature brute et grandiose du désert,  de la montagne et de l'immensité.  Mais elle l'est aussi dans sa manière de nourrir notre prière,  de nous mettre en route dans les pas du Christ. 

Dans une homélie de 1964, Paul VI nous conduit sur cette voie : "Nazareth est l'école où l'on commence à comprendre la vie de Jésus : l'école de l'Évangile. Ici, on apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter. Ici, on apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ. Ici, on découvre le besoin d'observer le cadre de son séjour parmi nous : les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s'est servi Jésus pour se révéler au monde. Ici, tout parle, tout a un sens. Ici, à cette école, on comprend la nécessité d'avoir une discipline spirituelle, si l'on veut suivre l'enseignement de l'Évangile et devenir disciple du Christ. Oh, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth, comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !

Mais nous ne faisons que passer. Il nous faut laisser ce désir de poursuivre ici l'éducation, jamais achevée, à l'intelligence de l'Évangile. Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.

Une leçon de silence d'abord. Que renaisse en nous l'estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hyper sensibilisée. Ô silence de Nazareth, enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ; enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale. Que Nazareth nous enseigne ce qu'est la famille, sa communion d'amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu'on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail. Nazareth, maison du fils du charpentier, c'est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ; ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ; ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur." (1)

(1) Paul VI,  Homélie du 5 janvier 1964 à Nazareth,  source AELF
  

03 février 2006

La voie des sens...

Pour saint Thomas d'Aquin : "Nihil est in intellectu quod non prius fuerit in sensu". (rien ne peut être par l'intelligence qui ne soit entré d'abord par les sens). Et l'"anima forma corpus" (l'âme est le principe formel du corps). Pour lui, la voie de la connaissance humaine exige toujours la compénétration de l'instrument corporel et de l'assimilation spirituelle. Cette vision était à l'époque un scandale au vue de la tradition augustino-platonicienne mais "il fallait le faire" ajoute J. Ratzinger, car s'il est vrai que dans l'homme l'esprit n'existe qu'incarné cette thèse épistémologique vaut pour toutes les modalités de la connaissance humaine. Pour Thomas, la connaissance de Dieu ne peut se faire sans nos sens. La voie qui permet de penser Dieu passe par la perception des sens et nous est donnée à travers eux. Cela implique que toute catéchèse ou catéchuménat doit passer par les sens. (1)
Ces paroles raisonnent dans tous ces parcours qui font de la "catéchèse par les pieds", comme ces souvenirs de pèlerinage en Terre Sainte où l'on a pu expérimenter ce que veut dire monter à Jérusalem...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 385