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17 février 2020

Job, Dieu et le scandale du mal - La Croix, jeudi 6 février 2020

Deux livres en résonances sur Le livre de Job, déroutant à bien des égards en écho à mes travaux sur ce thème (3)

Job est une « tentative de conciliation » de l'existence du mal et de Dieu."Pourquoi ? (...) Job, comme chacun d'entre nous en pareille circonstance, voudrait au moins comprendre », écrit la bibliste. (1) « Les hommes parlent et Dieu se tait ; ils parlent d'autant plus, d'ailleurs que Dieu se tait : S'ils se taisaient, peut-être Dieu pourrait-il parler ? » (...) quand Job, enfin peut se taire, apaisé, toute sérénité retrouvée… Il a bien fait d'attendre. »

Dieu « transfigure l'absurde » en décrivant un monde sublime où tout est « effervescence gratuite ». Aux pourquoi de l'homme, il n'y a pas d'autre réponse que la gratuité : Dieu est « Dieu pour rien »(2). Une découverte qui suffit pour apaiser les angoisses de Job et lui redonner goût à la vie.

(1) Marie-Noëlle Thabut Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu ? Job, la souffrance et nous, Artège, Poche, 2020, Cité par Dominique Greiner, Job, Dieu et le scandale du mal, La Croix, jeudi 6 février 2020

(2) Alain Houziaux, Job ou le problème du mal. Un éloge de l’absurde, Cerf , 2020, ibid. 
(3) où es-tu mon Dieu ? Amazon

13 février 2017

Entre dans ta chambre

Intéressante mise en perspective de François Cassingena-Trévédy entre Mat 6 et Isaïe 26. "Entre dans ta chambre" est à voir comme une invitation à laisser entrer la circumincession divine, un Passage, "non plus une théophanie écrasant l'homme" (1), mais la douceur particulière de Jésus : "s'il passe sur moi, je ne Le vois pas et il glisse imperceptible" (Job 9. 11), "bruit d'un fin silence" dira Emmanuel Lévinas.


(1) François Cassingena-Trévédy, Pour toi quand tu pries, Vie monastique, n. 37, abbaye de Bellefontaine. P. 43

26 novembre 2015

Utilité de la souffrance

A propos de la souffrance, sujet constant de réflexion sur ce blog depuis mon mémoire de licence, je ne peux ignorer ce petit texte de Madeleine, tiré d'une lettre à une amie polonaise. Il fait pour moi résonner encore cette Lettre au Romains d'Ignace d'Antioche déjà évoqué plus haut sur le froment du Christ. Face à la souffrance, dit Madeleine, "il ne nous est pas demandé à ce moment là d'être fort. On ne demande pas au blé d'être fort quand ‎on le broie mais de laisser le moulin en faire de la farine (...) Il est rare à ces moments là que nous comprenions en quoi que ce soit l'utilité de la souffrance. Elle ne nous apparaît que comme une monstrueuse contradiction... Nous ne reconnaissons pas la Croix en elle. C'est après seulement qu'il nous arrive de comprendre que par cette souffrance, nous sommes devenus ce que nous sommes" (1)

Qu'est à dire, si ce n'est le même mouvement de décentrement auquel aboutit Job : "j’ai parlé, sans les comprendre, de merveilles hors de ma portée, dont je ne savais rien" (2) ?


(1) Madeleine Delbrel, lettre à Joanna Muni, 5/11/62 in Gilles François / Bernard Pitaud op. Cit P. 288
(2) Job 42, 3

31 mai 2015

Impossible à l'homme, Marc 10, 27

Relisons le contexte : "23 Et Jésus, jetant ses regards autour de lui, dit à ses disciples : " Qu'il est difficile à ceux qui ont les biens de ce monde d'entrer dans le royaume de Dieu ! " 24 Comme les disciples étaient étonnés de ses paroles, Jésus reprit : " Mes petits enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses, d'entrer dans le royaume de Dieu ! 25 Il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. "
26 Et ils étaient encore plus étonnés, et ils se disaient les uns aux autres : " Qui peut donc être sauvé ? " 27 Jésus les regarda, et dit : " Aux hommes cela est impossible, mais non à Dieu : car tout est possible à Dieu. " 28 Alors Pierre, prenant la parole : " Voici, lui dit-il, que nous avons tout quitté pour vous suivre. " 29 Jésus répondit : " Je vous le dis en vérité, nul ne quittera sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou ses enfants, ou ses champs, à cause de moi et à cause de l'Evangile, 30 qu'il ne reçoive maintenant, en ce temps présent, cent fois autant : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, au milieu même des persécutions, et dans le siècle à venir, la vie éternelle. 31 Et plusieurs des derniers seront les premiers, et des premiers, les derniers. " (1)

"Que Dieu nous comble de ses biens ne fait pas de doute et pourtant",  comme le souligne saint Grégoire le grand, il arrive qu'une "chose créée bonne nous cause de la douleur". Quel sera alors notre réaction ? 
Il faut entendre ce que dit encore ce Père de l'Église, en évoquant Job : "l'âme de celui qui est ainsi corrigé est rétablie par l'humilité dans la paix avec son Créateur." (2)

Car la richesse des biens n'est pas le signe du bonheur intérieur. Relisons à nouveau la tension ouverte par le récit du jeune homme riche. Pierre s'inquiète : "Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jean Chrysostome précise,  "C'est qu'avant même d'être pasteur, il en avait l'âme ; avant d'être investi de l'autorité..., il se préoccupait déjà de la terre entière. Un homme riche aurait probablement demandé cela par intérêt, par souci de sa situation personnelle et sans penser aux autres. Mais Pierre, qui était pauvre, ne peut pas être soupçonné d'avoir posé sa question pour des motifs pareils. C'est le signe qu'il se préoccupait du salut des autres, et qu'il désirait apprendre de son Maître comment on y parvient. D'où la réponse encourageante du Christ : « Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu ». Il veut dire : « Ne pensez pas que je vous laisse à l'abandon. Moi-même, je vous assisterai dans une affaire aussi importante, et je rendrai facile et aisé ce qui est difficile ». (3)
A contempler...
(1) traduction Crampon 1923
(2) saint Grégoire le grand,  Commentaire de Job
(3) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur le débiteur de dix mille talents, 3 ; PG 51, 21 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 297) source : AELF


30 mai 2015

Souffrance de Job, souffrance du Christ

Dans "Quelle espérance pour l'homme souffrant ?" et "Où es tu ? Souffrance et création", je continue d'explorer l'impossible question de la place de Dieu face à la souffrance. Sur ce chemin, la médiation donné aujourd'hui par l'office des lectures donne une piste supplémentaire :

"Job offrait une préfiguration du Christ. (...) Job est appelé par Dieu un homme juste. Le Christ est la justice, et tous les bienheureux se désaltèrent à sa source (...)  Le diable tenta Job par trois fois. De même, d'après l'Évangile, il a essayé par trois fois de tenter le Seigneur. Job a perdu toutes les richesses qu'il avait. Et le Seigneur a délaissé par amour pour nous tous les biens au ciel ; il s'est fait pauvre pour nous rendre riches. (...) Job fut couvert d'ulcères. Et le Seigneur, en s'incarnant, a été souillé par les péchés de tout le genre humain. (1)
Sur cette piste de Job, voir aussi Philippe Némo et sa réponse par E. Lévinas que je résume dans "Quelle espérance..."

(1) Saint Zénon de Vérone, Homélie sur Job, source : Textes liturgiques © AELF.

14 septembre 2012

Pourquoi j'ai mal ? - Avis de recherche

Depuis la nuit des temps, la question de la souffrance interpelle l'homme ? Cette question, il la pose aussi à Dieu, dès qu'il en perçoit la présence. La Bible nous fait état, à plusieurs reprises de cette question et les psaumes retentissent, souvent de ce cri. A la suite de l'exil, cette question de la souffrance et en particulier de la souffrance des justes, se cristallise dans le texte de Job. Il rebondit ensuite, plus tardivement, dans la question posée par la mort des martyrs d’Israël. Jésus se fait écho de cette question dans l'épisode de la tour de Siloë. Et l'explication qu'il donne, reste alors sous forme d'une aporie. Peut-être, parce qu'une seule réponse nous est offerte, celle de la Croix..., signe élevé pour le monde. Cette question fondamentale pour l'homme affleure dans toutes les rencontres avec les gens du seuil. Un des exemples les plus criants, m'a été rapporté par un jeune, l'année dernière, dans cette phrase : « Quand je vais bien, je regarde le ciel et je lui demande, qu'est-ce que tu vas m'envoyer encore, comme malheur ?»... Face à ce lien entre la peine et Dieu, nous sommes souvent démunis. Et pourtant, l’Église n'a cessé de tenter d'apporter une réponse à cette question. Elle y est parvenue avec plus ou moins de conviction et a peut-être manqué en tout cas de clarté dans sa réponse. Nous chercherons, chez des théologiens comme Moltmann et Balthasar, des clés d'interprétation. Peut-être que ce chemin nous conduira ailleurs, notamment sur la question de la déréliction, mise en avant par A. von Speyr. Une certitude : au delà des concepts, la traduction pastorale ne cessera d'être notre préoccupation... Parce que les mots de l’Église, ses références, ne parlent plus aux hommes d'aujourd'hui. Cet argumentaire trace en quelques mots, mes préoccupations de cette année à venir, puisque je vais y consacrer l'année, dans le cadre de ma dissertation de licence de théologie. Les suggestions de lecture sont les bienvenues...