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15 mars 2022

Buisson ardent 2.40 [v3]

La première lecture de dimanche (Exode 3) est un source profonde de contemplation. Il n’est pas anodin de « retirer ses sandales », devant ce buisson de feu, car Dieu, qui mérite un sacré détour, y prépare doucement sa révélation jusqu’au lavement des pieds, et au silence de la croix, dans cette danse particulière d’un amour trinitaire qui se penche vers l’homme.  

C’est ici que l’on commence à percevoir la tendresse d’un Dieu qui s’intéresse à l’homme, frémit dans ses entrailles « maternelles » et entend, comme dans Osée, la souffrance de son peuple.

Je suis descendu ou je vais descendre… ? 

Présent ou futur, tant attendu en ces jours de désolations qui nous frappent encore ? 

On doit peut-être souligner ici les difficultés de traduction du verset 14 : « Je suis celui qui suis ».

Je vous livre ici une vieille méditation (1) inspirée de nombreux auteurs. 

Pour Maître Eckhart, « la répétition qu’il y a dans : « Je suis celui qui suis » indique la « pureté de l’affirmation » Eckhart évoque ainsi « un certain bouillonnement ou parturition de soi, s’échauffant en soi et se liquéfiant et bouillonnant par soi-même, lumière de la lumière et vers la lumière ».

Que veut-il dire par là ? Est-ce ce tourbillon d’un amour qui ne cesse de s’intéresser à l’homme ?


Il est dit en Jn 1 : « En lui était la vie ». 

Eckart souligne que cette vie « signifie un certain jaillissement par lequel une chose, s’enflant intérieurement par soi-même, se répand en elle-même totalement, toutes ses parties en toutes ses parties, avant de se déverser et déborder à l’extérieur  ».


Est-ce la démesure de l’amour divin dont nous parlait Jésus dimanche dernier ? 

Est-ce déjà le cœur transpercé d’où jaillit l’amour qu’évoque Jean 19 et qui se dessine dans la dynamique du torrent du temple d’Ezechiel ?


Pour Thomas Römer  on devrait d’ailleurs plutôt traduire l’hébreu  « ehyèh asher ehyèh », comme le fait la Tob[319] : « je serai qui je serai » puisque c’est un verbe « à l’inaccompli ». 

De plus, souligne C. Wiener, le verbe être n’est pas employé en hébreu sauf pour insister sur une présence particulière, signifiante. Le « Je serai » introduit une révélation à venir. 

Dans cette révélation du nom de Dieu, que l’on peut mettre en parallèle à celle faite à Abraham sur le mont Moriyâh, Moïse apprend le nom de « Yhwh » imprononçable car probablement insaisissable…

Entre la vision d’Eckhart et ce que nous dit Römer se construit une tension. Le bouillonnement de l’être qui se révèle et ce mystère qui demeure est propre au caché/dévoilé de Dieu.


Dieu est amour, mais jusqu’où ? Se limite-t-il dans une préférence ou va-t-il jusqu’à l’agenouillement devant Judas et donc jusqu’à chacun de nous, en dépit de nos faiblesses et de nos reniements ?


D’ailleurs, comme le rappelle Benoît XVI, cette affirmation de Dieu au buisson-ardent a donné en Jésus une affirmation plus courte et plus ferme : « Je suis » (ani hu = ego eimi). C’est dans cette direction qu’il faut probablement aller. 


En Exode 3 se confirme, entre les lignes, la lente tendresse d’un Dieu qui se dévoile à peine, mais prépare la révélation du Christ.

Enfin, selon Grégoire de Nysse, le buisson : « c’est celui dont jadis Moïse s’est approché, dont aujourd’hui s’approche tout homme qui comme lui se dépouille de son enveloppe terrestre et se tourne vers la lumière qui vient du Buisson, vers le rayon issu du buisson d’épines, figure de la chair qui a brillé pour nous et qui est, nous dit l’Évangile, la vraie lumière et la vraie vérité ».

L’enjeu de cette quête n’est pas dans l’affirmation d’un être palpable, quantifiable, définissable, mais l’humble révélation d’un Dieu à venir dont la Croix sera la gloire fugace et fragile. Dans sa quête, Moïse approche du mystère… »(1)


Quel est alors l’enjeu pour aujourd’hui ? Est-il de croire comme l’a fait Moïse il y a 3000 ans cette affirmation particulière du verset 7 : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple ». En ce temps de guerre tel est le souffle ténu de notre espérance… 

Dieu pleure de nos violences… Ses entrailles se déchirent et nous appelle à la Paix. 


La où certains soutiennent la guerre, le buisson brûle d’un amour qui ne consume pas et Jésus refuse que l’on coupe le figuier dans l’espoir qu’il portera du fruit… Quelle espérance !


(1) Extrait de mon Dieu dépouillé 


Cf. aussi https://www.amazon.fr/Danse-avec-ton-Dieu-campagne-ebook/dp/B09PQ9FJRR

15 juillet 2021

La danse du feu - 4

Dans le récit du buisson ardent que nous donne à manduquer la liturgie d’aujourd’hui se trouve une représentation symbolique de la nature paradoxale de l’expérience théophanique qui n’est pas sans écho avec le cycle d’Elie. 

Elle combine des forces hostiles – la flamme et le buisson – dans une relation apparemment symbiotique dans laquelle les deux sont maintenus en vie. 

Dieu réveille en nous le feu de désir et en même temps nous laisse intact, respecte notre personne. Et ce paradoxe souligne pour moi, à la fois la puissance et la tendresse de Dieu. 


Benoît XVI fait déjà, à ce sujet un parallèle éclairant entre le buisson-ardent et la Croix. Est-ce à mettre en lien avec ce qu’il évoquait sur la « fission nucléaire » du cœur au JMJ de Cologne, c’est-à-dire ce déchirement intérieur, soudain et violent qui brûle en nous et fait exploser ce qui nous retient de l’amour ?

La contemplation du buisson ardent porte une symbolique puissante de la réalité de Dieu, même si elle n’est qu’un aperçu imparfait d’une réalité indicible.

Quelque que soit notre vision unique et personnelle de la rencontre, quelque soit la forme prise par le buisson et la flamme, nous devons accueillir ici l’inouï d’un Dieu qui vient à nous.


Le nom de Dieu


On doit souligner les difficultés de traduction du verset 14 : « Je suis celui qui suis ». “Pour Maître Eckhart, « la répétition qu’il y a dans : « Je suis celui qui suis » indique la pureté de l’affirmation, toute négation étant exclue de Dieu lui-même (...) un certain bouillonnement ou parturition de soi, s’échauffant en soi et se liquéfiant et bouillonnant par soi-même, lumière de la lumière et vers la lumière (...).

C’est pourquoi il est dit en Jn 1 : « En lui était la vie », car la vie signifie un certain jaillissement par lequel une chose, s’enflant intérieurement par soi-même, se répand en elle-même totalement, toutes ses parties en toutes ses parties, avant de se déverser et déborder à l’extérieur  ». 


Pour T. Römer on devrait plutôt traduire l’hébreu  « ehyèh asher ehyèh », comme le fait la Tob1 : « je serai qui je serai » puisque c’est un verbe « à l’inaccompli ». De plus, souligne C. Wiener, le verbe être n’est pas employé en hébreu sauf pour insister sur une présence particulière, signifiante. Le « Je serai » introduit une révélation à venir. Dans cette révélation du nom, que l’on peut mettre en parallèle à celle faite à Abraham sur le mont Moriyâh, Moïse apprend le nom de Yhwh.

Entre la vision d’Eckhart et ce que nous dit Römer se construit une tension. Le bouillonnement de l’être qui se révèle et ce mystère qui demeure est propre au caché/dévoilé de Dieu.

D’ailleurs, comme le rappelle Benoît XVI, cette affirmation de Dieu au buisson-ardent a donné en Jésus une affirmation plus courte et plus ferme : « Je suis » (ani hu = ego eimi). C’est dans cette direction que nous retrouvons probablement notre fil rouge. En Exode 3 se confirme, entre les lignes, la lente tendresse d’un Dieu qui se dévoile à peine, mais prépare la révélation du Christ. 


Enfin, selon Grégoire de Nysse : « c’est celui dont jadis Moïse s’est approché, dont aujourd’hui s’approche tout homme qui comme lui se dépouille de son enveloppe terrestre et se tourne vers la lumière qui vient du Buisson, vers le rayon issu du buisson d’épines, figure de la chair qui a brillé pour nous et qui est, nous dit l’Évangile, la vraie lumière et la vraie vérité ». L’enjeu de cette quête n’est pas dans l’affirmation d’un être palpable, quantifiable, définissable, mais l’humble révélation d’un Dieu à venir dont la Croix sera la gloire fugace et fragile. Dans sa quête, Moïse approche du mystère…(1)


Que dire 3000 ans plus tard ?


La danse du feu fragile prépare le don du feu, nous invite à l’agenouillement tout en nous préparant à l’agenouillement de Dieu devant l’homme(2), double pédagogie que souligne Joseph Moingt à sa manière. 


L’esprit qui descends en langue de feu n’est pas forcément la puissance en actes d’un Dieu qui brise notre volonté et le force à agir. Il est inhabitation silencieuse, danse intérieure et chant de Dieu…


(1) extrait de Pédagogie divine 

(2) cf. mon livre éponyme

06 mars 2021

Théophanies 37.2 - la danse du feu...

Je vous avais promis une suite sur la transfiguration. Elle risque d’être un peu longue. Après Gn 22 déjà longuement commenté en septembre je voudrais revenir sur Exode 3 et ce fameux buisson ardent, qui prépare à leur manière la transfiguration, au point que certains commentaires pensent qu’il est première révélation du Christ lui même.


Les flammes de feu, qui ne consument pas le buisson, introduisent en effet une double symbolique.


Le feu

1. Parlons d’abord du feu. Pour Hans Urs von Balthasar, « la Gloire de Dieu se manifeste ici avant la parole », comme ce sera le cas au Mont Thabor. Le feu précède le discours pour susciter l’écoute… La gloire qui s’y révèle rend attentif au message.

C’est aussi l’interprétation du Targum(1), qui par ses commentaires ajoutés au texte, insiste sur « la présence de Dieu » (la Shékinah) dès le verset 1 : « La montagne, sur laquelle apparut la Gloire de la Shékinah de Yahvé, l’Horeb  ». Au lieu de dire seulement : « il arriva à la montagne de Dieu, à Horeb », le targum y place déjà la Gloire.

La Mischna introduit ce même concept à propos de l’ange : « Et la gloire de la Shékinah de Yhwh lui (apparut) dans les flammes du feu ». Le targum va d’ailleurs jusqu’à donner un nom : Zagnuagaél à cet émissaire de Dieu au v. 2 : « Et Zagnugaél, l’ange de Yahvé, lui apparut. »

Quel est alors le sens du feu ? Dans la Bible, il a une connotation positive ou négative. Selon Greenberg, il évoque autant la furie (Jr 4, 4, Ps 79, 5), que la destruction (Dt 4, 24 ; 9, 31), la pureté (Nb 31, 23 et Mal 3, 2), l’illumination (Ex 13, 21) et le guide (Ex 13, 21)…

Pour le Pseudo Denys(2), le feu est « à la fois totalement lumineux et comme secret, inconnaissable en-soi (...) insoutenable et impossible à regarder (...) revivifiant par sa chaleur vitale, éclairant par ses illuminations sans écran, impossible à maîtriser, sans mélange, dissociateur, inaltérable, tendant vers le haut, agissant vite, sublime et exempte de toute faiblesse (...) saisissant et insaisissable, n'ayant besoin de rien d'autre, s'accroissant en secret et révélant sa propre grandeur selon les matières qui l'accueillent, actif, puissant, invisiblement présent à tout être (...) se manifestant de manière soudaine ». Même si cette description est générique, elle pourrait presque s'adapter à ce passage d'Exode 3.

Dans la ligne de notre recherche, nous pouvons aussi probablement évoquer cette flamme qui brule en nous, tout ce qui nous retient vers la terre, ce que nous appelons nos adhérences. Ce feu nous libère de nos liens au mal, nous ouvre à la contemplation. Mais il est plus que cela et la mention de la Gloire nous ouvre à une tension. Le feu purifie et éclaire, illumine et libère…


Le buisson

Le buisson a aussi fait l’objet de nombreux commentaires. Il est interprété par les Pères de l’Église comme l’Égypte, contenant la flamme d’Israël prisonnière, ou encore comme le Sinaï, réceptacle de Dieu. On y voit aussi une lampe à 7 branches, signifiant la révélation perpétuelle de Dieu. Certains le comparent aussi à Marie, restée vierge malgré la naissance de l’enfant.

L’interprétation du texte est ainsi très vaste, ce qui rend difficile une cohérence.

Et pour nous ? Qu’évoque-t-il ? Peut-on parler du tabernacle ou à l’inverse du mystère du monde, dans lequel Dieu vient faire irruption ? Dieu est-il cantonné dans un espace où apparait-il partout ?


La non-combustion

Notons enfin le paradoxe de la non-combustion, qui peut conduire à interpréter la visite comme celle d’une tendresse. Ici le feu met en valeur, mais ne détruit pas.

Pourquoi le feu ne brûle-t-il pas le buisson ? Qu’est-ce que cela nous dit sur Dieu ?

Alors que nous nous préparons à méditer demain l’apparente colère de Dieu, prenons de la distance sur ce feu.

Au respect que Moïse porte à Dieu ne faut-il pas y voir un autre respect, celui de Dieu pour l'homme ? Un respect qui se manifestera seulement dans « la voix d'un fin silence » (1 Rois 19) ou qui, à travers Jésus, se révèlera dans son tact et son attention. Le respect, nous dit J.M. Carrière, est « la manière de recevoir humblement l'autre, du plus petit au plus grand, et dans son dévoilement et dans le projet qui le porte à son accomplissement ».

Comme l’échelle de Jacob, il y a là « une représentation symbolique de la nature paradoxale de l’expérience théophanique*. Elle combine des forces hostiles – la flamme et le buisson – dans une relation apparemment symbiotique dans laquelle les deux sont maintenus en vie. »

Dieu réveille en nous le feu de désir et en même temps nous laisse intact, respecte notre personne. Et ce paradoxe souligne pour moi, à la fois la puissance et la tendresse de Dieu.

Benoît XVI fait déjà, à ce sujet un parallèle éclairant entre le buisson-ardent et la Croix. Est-ce à mettre en lien avec ce qu’il évoquait sur la « fission nucléaire » du cœur au JMJ de Cologne, c’est-à-dire ce déchirement intérieur, soudain et violent qui nous brûle et fait exploser ce qui nous retient de l’amour ?

La contemplation du buisson ardent porte une symbolique puissante de la réalité de Dieu, même si elle n’est qu’un aperçu imparfait d’une réalité indicible.

Quelle que soit notre vision unique et personnelle de la rencontre, quel que soit la forme prise par le buisson et la flamme, nous devons accueillir ici l’inouï d’un Dieu qui vient à nous.


Le nom de Dieu

On doit souligner les difficultés de traduction du verset 14 : « Je suis celui qui suis ».

Pour Maître Eckhart, « la répétition qu’il y a dans : « Je suis celui qui suis » indique la pureté de l’affirmation, toute négation étant exclue de Dieu lui-même (...) un certain bouillonnement ou parturition de soi, s’échauffant en soi et se liquéfiant et bouillonnant par soi-même, lumière de la lumière et vers la lumière (...). C’est pourquoi il est dit en Jn 1 : « En lui était la vie », car la vie signifie un certain jaillissement par lequel une chose, s’enflant intérieurement par soi-même, se répand en elle-même totalement, toutes ses parties en toutes ses parties, avant de se déverser et déborder à l’extérieur  ».

Pour T. Römer on devrait plutôt traduire l’hébreu  « ehyèh asher ehyèh », comme le fait la Tob : « je serai qui je serai » puisque c’est un verbe « à l’inaccompli ». De plus, souligne C. Wiener, le verbe être n’est pas employé en hébreu sauf pour insister sur une présence particulière, signifiante. Le « Je serai » introduit une révélation à venir. Dans cette révélation du nom, que l’on peut mettre en parallèle à celle faite à Abraham sur le mont Moriyâh, Moïse apprend le nom de Yhwh.

Entre la vision d’Eckhart et ce que nous dit Römer se construit une tension. Le bouillonnement de l’être qui se révèle et ce mystère qui demeure est propre au caché/dévoilé de Dieu.

D’ailleurs, comme le rappelle Benoît XVI, cette affirmation de Dieu au buisson-ardent a donné en Jésus une affirmation plus courte et plus ferme : « Je suis » (ani hu = ego eimi). C’est dans cette direction que nous retrouvons probablement notre fil rouge. En Exode 3 se confirme, entre les lignes, la lente tendresse d’un Dieu qui se dévoile à peine, mais prépare la révélation du Christ.

Enfin, selon Grégoire de Nysse : « c’est celui dont jadis Moïse s’est approché, dont aujourd’hui s’approche tout homme qui comme lui se dépouille de son enveloppe terrestre et se tourne vers la lumière qui vient du Buisson, vers le rayon issu du buisson d’épines, figure de la chair qui a brillé pour nous et qui est, nous dit l’Évangile, la vraie lumière et la vraie vérité ».

L’enjeu de cette quête n’est pas dans l’affirmation d’un être palpable, quantifiable, définissable, mais l’humble révélation d’un Dieu à venir dont la Croix sera la gloire fugace et fragile. Dans sa quête, Moïse approche du mystère…

Mais n’anticipons pas trop et laissons au fil du texte sa propre direction.

À suivre



PS : Ces commentaires reprennent et complètent les recherches déjà publiées dans plusieurs de mes travaux précédents dont « J’ai soif », « La voix d’un fin silence », « L’amphore et le fleuve », « Humilité et miséricorde ». Leur reprise ici, extraite de Dieu depouillé, s’inscrit dans une étude plus linéaire qui trouve ici son sens.


[1] Le targum est un texte contemporain de Jésus, écrit en araméen, sorte de commentaire imagé destiné à aider à la compréhension du texte (cf. notre glossaire pour tous les mots accompagnés d’un astérisque).

[2] Denys l'Aéropagite, CH XV, 2 (239 AC, Hiér. Cél. p. 168-171, cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 165

05 juin 2020

La Trinité comme une danse - Homélie du 7-8 juin

Projet 4 - notes pour une homélie orale 
 
Comment comprenez vous le grand mystère de la Trinité ?

Vous allez me parler du Père, du Fils, et peut-être de l'Esprit. Et vous aurez raison.
Il y a cependant une interaction particulière qui a beaucoup fait réfléchir les pères de l’Église et qu'il est intéressant de contempler en cette fête particulière.
Je vous propose pour cela 3 temps :
1. temps de contemplation des textes
2. un temps de contemplation de la Trinité
3. un temps d'exhortation... et de mise en mouvement.


1er temps :  j'aimerais vous introduire à la contemplation des textes de ce dimanche.
Dans l'Exode, Moïse cherche Dieu. Il l'a déjà rencontré dans le buisson ardent (Ex 3, Ex 19, etc.) pourtant, il gravit cette fois la montagne du Sinaï avec une attente particulière à l’issue de la « crise » du « Veau d’or » et c'est là que Dieu se révèle, non pas dans la puissance, mais dans le point ultime de sa pédagogie et dans un déchirement de sens par rapport à toutes les révélations [théophanies] précédentes. Il est "tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de vérité." (Ex. 34)
Que verra vraiment Moïse ? Je vous invite à lire la suite... 

1ere contemplation...

Saint Paul, dans la  deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens, parle lui aussi d'un "Dieu d'amour et de paix". Il évoque également notamment "la grâce du Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit"(2 Co 13) .

Prenons le temps de méditer chaque partie de l'affirmation : "l'amour de Dieu, la grâce du Christ, la communion de l'Esprit". Nous avons là aussi des indications qui distinguent, mais en même temps, une commune référence à l'amour, la communion, la grâce et la Paix.

Saint Jean introduit quant à lui, une dynamique : "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé".     




2ème temps
Quel est maintenant le point commun des trois textes ?
L'amour, la communion, un Dieu qui sauve. 
Un Dieu de tendresse, loin des images du Dieu vengeur, du Père qui exigerait la mort du Fils en rançon, ou du Père fouettard qui nous envoie un virus pour nous punir. Toutes ces images qui masquent le Dieu qui nous sauve. Ce qui se révèle c'est le don, l'amour infini de Dieu, un Dieu qui bouge, loin des images statiques [ou trop immanente de Dieu](1). La trinité n'est-elle pas là...?
Dans ce mouvement particulier et premier d'un Père qui donne...
Ce mouvement second d'un Fils qui se donne
Ce mouvement de communion d'un Esprit qui est donné.
La Trinité est le don en actes de Dieu...
Elle rayonne dans ce mouvement de Dieu vers l'homme, dans ce dépouillement trinitaire, ce don qui vise la tendresse, l'amour, le salut.

Réécoutons à nouveau Dieu qui parle à l’homme dans la première lecture : Je suis « tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d'amour et de vérité. ». En redescendant de la montagne Moïse est illuminé de la lumière de cette révélation. Probablement parce que lui a été donné ou promis de voir Dieu en mouvement.


C'est sur la base de la contemplation de ce mouvement, que les Père de l'Eglise parle avec leurs mots savants d'une danse (2).
Le mot danse m'a toujours interpellé.
"J'ai joué de la musique sur la place et vous n'avez pas dansé nous" dit Jésus...(Mat 11, 17). Sommes nous prêts à entrer dans la danse de Dieu, à nous laisser emporter par l'amour, le don, le dépouillement (3) de nous lourdeurs naturelles, pour être porteur de la joie de Dieu ?
La Trinité est mouvement, danse, don, dépouillement...

J'en viens à mon troisième temps...
Nous avons perdu le mouvement dans un confinement sécuritaire et parfois douillet. Mais la vie, le mouvement nous appelle. N'oublions pas le cri de Dieu qui nous interpelle sur nos chemins de vie : "Où es-tu ?" (Gn 3) - Viens tu danser, viens tu aimer, veux-tu donner de toi même au service d'une communion réelle... ?
Tel est l'enjeu de la fête d'aujourd'hui. Tel est l'appel que Dieu nous fait.
Préparons nous à recevoir le don de Dieu en nous. Non pour le laisser confiné en nous, mais pour entrer dans la dynamique de l'amour...

Dimanche dernier, je vous invitais à venir vous présenter à l'autel, en même temps que les offrandes. Ce geste n'est pas un geste anodin. Il vous demande un mouvement extérieur, mais s'inscrit dans un mouvement du cœur. N'oubliez pas, comme le suggère Varillon (4), que votre cœur doit s'unir à l'offrande que Dieu nous fait. Que notre amour n'est pas la contemplation statique d'un Dieu statique, mais un mouvement en réponse à un Dieu en mouvement.

Ce mouvement est le premier des trois mouvements qui vous sont demandés : offrir puis recevoir et ensuite partir. Car entrer dans la danse c’est aussi partir à la rencontre du monde, porter le Christ à vos frères...
Amen 

Annexes pour le lecteur anonyme : 
(1) cf. K. Rahner et son traité sur la Trinité où il rejoint trinité économique et immanente 
(2) Périchorèse ou circumincession - Cf. E. Durand, La Périchorèse des personnes divines, Cerf
et mon essai de simplification : "La danse trinitaire"
(3) Cf. plus bas - Dieu dépouillé 
(4) François Varillon Joie de croire, joie de vivre 

Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets 

06 mai 2020

Jeûne eucharistique et dynamique sacramentelle - 80 - Saint Hilaire


En ces temps de jeûne eucharistique il est bon de contempler ce que Dieu a déposé en nous par la grâce reçue du sacrement de notre première communion qui fait de nous des porte-Christ (1) dans le mystère particulier de notre vocation de baptisés.

Ce jeûne est l'occasion de revisiter la "puissance structurante" qui jaillit de la faiblesse d'un Dieu qui s'offre à nous dans la double manducation de son Verbe fait chair et de l'Esprit Saint (qui comme le souligne Jean, jaillit de son cœur transpercé).

Cet amour qui brûle en nous est potentiellement un nouveau "buisson-ardent", don ineffable de Dieu qui nous fait grandir et nous rend participant à une communion qui nous dépasse et nous embras(s)e.

Pourquoi, dans ce cadre, faire l’apologie du jeûne ? Peut-être pour percevoir derrière le sacrement la profondeur réelle sur toute notre vie de la dynamique qui est en jeu. On trouve cette insistance dans certains écrits de C. Théobald (cf. tags) qui appellent à élargir la notion de sacrement à la vie dans son sens le plus large. Pour moi il s'agit là du cœur de cette dynamique sacramentelle longtemps évoquée dans ce blog (2) que la lecture de saint Hilaire vient réveiller à nouveau comme une danse (3) très intime de l'homme invité à la circumincession divine : « Parce que véritablement le Verbe s'est fait chair, c'est véritablement aussi que nous mangeons le Verbe incarné en communiant au banquet du Seigneur. Comment ne doit-on pas penser qu'il demeure en nous par nature ? En effet, par sa naissance comme homme, il a assumé notre nature charnelle d'une façon désormais définitive et, dans le sacrement de sa chair donnée en communion, il a uni sa nature charnelle à sa nature éternelle. C'est ainsi que tous nous formons un seul être, parce que le Père est dans le Christ et que le Christ est en nous. ~

Que nous sommes en lui par le sacrement de la communion à sa chair et à son sang, lui-même l'affirme lorsqu'il dit : Et ce monde désormais ne me voit plus ; mais vous, vous me verrez vivant parce que je vis, et vous vivrez aussi ; parce que je suis dans le Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. S'il voulait parler seulement d'une unité de volonté, pourquoi a-t-il exposé une progression et un ordre dans la consommation de cette unité ? N'est-ce pas parce lui-même étant dans le Père par sa nature divine, nous au contraire étant en lui en vertu de sa naissance corporelle, on doit croire que, réciproquement, il est en nous par le mystère sacramentel ? Ceci enseigne la parfaite unité réalisée par le médiateur : tandis que nous demeurons en lui, lui-même demeure en nous. Et ainsi nous progressons dans notre unité avec le Père, puisque le Fils demeure en lui par nature selon sa naissance éternelle et que nous-mêmes aussi sommes dans le Fils par nature, tandis que lui par nature demeure en nous.

Que cette unité soit en nous produite par sa nature, lui-même l'affirme ainsi : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Car ce n'est pas tout homme qui sera en lui, mais celui en qui il sera lui-même : c'est seulement celui qui mangera sa chair qui aura en lui la chair assumée par le Fils.

Plus haut, il avait déjà enseigné le sacrement de cette parfaite unité, en disant : De même que le Père, qui est la vie, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui mangera ma chair vivra par moi. Donc, il vit par le Père ; et de la manière dont il vit par le Père, nous-mêmes vivons par sa chair.

Tout ce parallèle est à la base de notre intelligence du mystère ; il nous fait comprendre, par le modèle proposé, ce qui se passe. Donc, ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père. »(4)

(1) expression d'une catéchèse des premiers siècles
(2) cf. mon livre éponyme
(3) voir danse trinitaire
(4) saint Hilaire, traité sur la Trinité, source office des lectures du 6/5/20 (4ème semaine de Pâques), AELF



Rappel : l’interêt de ce blog, désormais vieux de 15 ans, réside surtout dans l’interactivité des balises (tags) qui comptent maintenant près de 2.500 billets)

18 avril 2020

Homélie pour le dimanche de la miséricorde

Projet 2 - méditation 

J'ose reprendre ici et compléter tout en lui faisant hommage quelques idées de mon curé le père Vital dans son message dominical aux paroissiens de sainte Thérèse. Le mal, a sa manière, tente de fermer nos églises mais nous sommes invités à en ouvrir d'autres, des millions d'églises domestiques.

Saint Thomas a été invité à mettre sa main dans le côté ouvert et transpercé de celui qui est mort pour nous révéler l'amour. Nous sommes invités à notre tour à ouvrir notre cœur pour y laisser entrer Jésus.

Comme le rappelle Vital, à la consécration nous pouvons faire notre la prière de Thomas : «  Mon Seigneur et mon Dieu ».

Que nous soyons privé d'Eucharistie ne nous prive pas de sa présence. Nous avons reçu en nous le Christ. Il n'a pas disparu même si notre communion est ancienne. Il est là, flamme fragile, déposée en nos cœurs.
Soyons, comme le dit une très ancienne catéchèse les « porte-Christ » que nous devons être, réveillons en nous ce buisson ardent en disant à notre tour, au creux de notre prière intérieure : «  Mon Seigneur et mon Dieu ». Tu es là. Tu est « le chemin la vérité et la vie ». En ce dimanche de la miséricorde n'oublions pas d'ouvrir notre cœur à l'image de celui qui s'est laissé dépouiller (1) et transpercé. Il est vie...


« Puisses-tu avoir le visage dévoilé, grâce à une conscience pure, refléter la gloire du Seigneur, et marcher de gloire en gloire, dans le Christ Jésus notre Seigneur. »(2)

(1) cf. https://www.revue-etudes.com/article/depouillement-francois-cassingena-trevedy-22587
(2) catéchèse de Jérusalem aux nouveaux baptisés

Nb : sur ce thème de la miséricorde voir aussi ma trilogie «  Humilité et miséricorde »

08 février 2020

Homélie du 9 février 2020 - 5eme dimanche du temps ordinaire - année A - Lumière et boisseau

Projet 4
Paul évoque  dans la première lecture sa propre faiblesse : « c’est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je me suis présenté à vous. Mon langage, ma proclamation de l’Évangile, n’avaient rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre ; mais c’est l’Esprit et sa puissance qui se manifestaient, pour que votre foi repose, non pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Co 2).

Il y a une apparente contradiction entre la faiblesse dont il nous parle et le langage du Christ qui appelle ses apôtres « sel de la terre et lumière du monde »
Cette contradiction est en fait une tension qu’Isaïe permet de résoudre...
 C’est sur ce chemin que le Seigneur vous invite aujourd’hui à marcher.
Quelle est cette lumière qui traverse les textes de ce dimanche ?

Il y a celle du soleil qui nous pousse agir en vérité

Il y a la lumière de la révélation, celle qui parfois dans nos coeurs à jailli un jour et nous aide à tenir dans la nuit.

Il y a aussi souvent une lueur plus fragile sur laquelle je voudrais m'arrêter....

Qu'est ce que cette lueur ? C’est celle qui traverse nos doutes, nos déserts, c'est dune certaine manière cette foi théologale (don de Dieu).. pure et fragile que Dieu révèle à nous dans nos nuits, sans empiéter sur nos libertés, mais en laissant une trace discrète. Cette lumière brûle en nous d’une petite flamme inquiète et que l’on peut ignorer, laisser mourir, lorsqu’il nous arrive de nous laisser attirer par des feux follets.
Cette lueur presqu’indicible d’un Dieu qui semble absent quand nous sommes envahis par la  souffrance et qui pourtant est là, se révèle dans chaque geste de tendresse partagé au delà des apparences.

Qu’est-ce que cette puissance si ce n’est l’amour et l’espérance qui nous vient de Dieu
La lumière jaillit de l’amour.
La lumière vient du Christ...

Relisons Isaïe : «  Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abri, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable. Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. »

Le « alors » n’est pas anodin. Il établit un lien direct en charité active et lumière intérieure.

Quel est ce lien fait par cet « alors » sinon l'amour en actes dont le Christ se fait la lumière.

En ce dimanche de la santé nous allons prier pour et autour de nos malades. Dans la souffrance se cache cette lumière sombre et douloureuse du Christ crucifié. Il est celui avec qui nous allons communier. Que son amour fragile nous fasse entrer dans le feu lumineux d'un amour qui va jusqu'au bout, au delà de la mort vers cette petite espérance que le Christ nous indique par sa résurrection et sa présence discrète dans le pain de vie....

Alors notre bougie fragile participera au buisson ardent de l’amour partagé.



Alors la lumière sera éclatante et viendra illuminer nos cœurs...

« Que votre lumière intérieure brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.(Mt 5,16) »






30 mai 2018

L'amour est en Toi - 1

Dieu mets en nous l'amour comme une source,  un potentiel,  charge à nous de libérer cette force venue de Lui.

"Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même." (1)

L'amour en nous est comme cette flamme fragile que nous cherchons à allumer alors que le vent de la vie nous harasse. 

Elle ne cesse de s'éteindre en apparence parce que nous prenons pas le temps de rentrer en nous mêmes pour retrouver le feu de l'origine. 

 « Magnifiez le Seigneur avec moi » (Ps 33,4). Le Seigneur est magnifié non parce que la voix humaine lui ajoute quelque chose, mais parce qu'il grandit en nous. Car le Christ est l'image de Dieu (2Co 4,4; Col 1,15), et c'est pourquoi, si quelqu'un agit avec dévotion et justice, il fait grandir en lui cette image de Dieu — à la ressemblance de qui il a été créé (Gn 1,26) — et en la faisant grandir, il est élevé en une sorte de participation à sa grandeur.(2)

La flamme ne peut grandir qu'en contemplant le feu du buisson ardent,  le Christ en Croix et ce qu'il révèle du Pere.

A méditer

(1) Saint Augustin,  Les confessions,  chapitre VIII (?)
(2) Saint Ambroise, Commentaire sur l'évangile de Luc, 2, 19-27 ; PL 15, 1559 ; SC 45 (trad. Orval rev.) 

22 juillet 2017

Tressaillement et embrasement

Saint Grégoire le  Grand, dans son commentaire de Jean 20 nous emmène loin sur le thème du buisson ardent : " il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l'âme de cette femme [Marie Madeleine] ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l'avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'était pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité" (....)"Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt Rabboni, c'est-à-dire maître, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher." (1)
"J'ai trouvé celui que mon coeur aime", chante en écho le cantique.
La quête extérieure est intérieure.  Augustin parlera de ce qui était là et qu'il ne connaissait pas(2). Auto communication du Verbe (3) au creux de nos reins, Tressaillement de l'infini en nous qui se révèle comme un buisson ardent (Ex 3) qui ne se consume pas.

(1) Saint Grégoire le Grand,  commentaire de l'Évangile de Jean,  source AELF
(2) Confessions 9
(3) pour reprendre l'idée de Karl Rahner

26 juillet 2016

Nativité de la Vierge

Si l'on contemple aujourd'hui la nativité de la Vierge elle même et si l'on affirme qu'elle a été conçu sans péché,  ce n'est pas pour déclarer que l'union des corps est lieu de chute,  mais plutôt pour nous aider à percevoir le chemin qu'il nous reste à parcourir pour atteindre cette perfection à venir qui fera de nos corps le temple véritable du Seigneur. 
Qui sommes nous en effet pour accueillir en nous la sainteté de Son Corps déchiré ?
Si la grâce nous donne de le recevoir,  c'est peut être qu'à son contact ce qui est indigne de lui se purifie, tel un buisson épineux brûlant sans se consumer mais devenant empli de l'intérieur de l'inconnaissable et inouï amour de Dieu pour l'homme.
Creusons en nous cette soif intérieure qui transformera nos corps pour ne faire qu'avec lui une seule chair. Entrons dans cette dynamique sacramentelle qui fait de nous des fils, pâles images d'un Dieu qui se révèle en nous, en dépit de nos faiblesses.

" Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du peuple, n'a pas connu le péché, l'Église, elle, qui renferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement. » (LG 42)