30 juillet 2017

Les trois tentes

Faisons trois tentes (Mt 17, 4). Pourquoi ne pas mettre ces trois tentes de la Transfiguration en perspective,  comme nous y invite François Cassingena-Trévédy, dans un mouvement descendant puis ascendant. Partir du monde, vers l'Église jusqu'à notre corps pour rentrer en nous mêmes,  trouver le temps du tressaillement intérieur,  du corps à coeur, avec Dieu,  pour repartir ensuite vers l'Église et le monde.

(1) op Cit p. 49

25 juillet 2017

Lecture ouverte - Marie Balmary

Dans l'émission de Radio Notre-Dame "et Dieu dans tout ça" j'écoutais avec plaisir Marie Balmary, Sophie Legastelois (1) et Bertrand Revillon commenter leurs manducation de la Parole.

Trois perles :
1. Quand le Christ dit ceci est mon vin, ils ont tous bu. Idem pour le pain. Cela ouvre à une autre méditation de la chair du Christ.
2. De même, traduire à partir du grec, non pas impossible aux hommes, mais possible près de Dieu. Une révolution de perpective...
3. Saint Bernard : Dieu ne parle pas à ceux qui sont à l'extérieur d'eux-mêmes.

(1) cf. Ouvrir le Livre : Une lecture étonnée de la Bible Format Kindle
de Marie Balmary (Auteur, Avec la contribution de), Sophie Legastelois (Auteur, Avec la contribution de)

24 juillet 2017

Exode et apocalypse

Il y a une dimension apocalyptique à la poursuite des Hébreux par l'armée de Pharaon. Loin d'une lecture historique fragile, il nous faut contempler le récit comme celui d'une lutte extérieure ou intérieure avec les forces du mal qui nous entourent.

Alors peut résonner ce "ne craignez pas" que l'on trouve autant de fois dans la Bible que de jour de semaines: 365(1) fois.

Et ce cri est la réponse quotidienne de Dieu à nos soucis. Il est le grand vainqueur. L'oublier c'est nier sa divinité.

(1) source Pray as you go

22 juillet 2017

Tressaillement et embrasement

Saint Grégoire le  Grand, dans son commentaire de Jean 20 nous emmène loin sur le thème du buisson ardent : " il faut mesurer avec quelle force l'amour avait embrasé l'âme de cette femme [Marie Madeleine] ne s'éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l'avaient quitté. Elle recherchait celui qu'elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu'elle croyait enlevé. C'est pour cela qu'elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l'efficacité d'une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.Elle a donc commencé par chercher, et elle n'a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c'est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s'est produit, c'est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu'ils avaient trouvé. Car l'attente fait grandir les saints désirs. Si l'attente les fait tomber, ce n'était pas de vrais désirs. C'est d'un tel amour qu'ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité" (....)"Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l'appelle aussitôt Rabboni, c'est-à-dire maître, parce que celui qu'elle cherchait extérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher." (1)
"J'ai trouvé celui que mon coeur aime", chante en écho le cantique.
La quête extérieure est intérieure.  Augustin parlera de ce qui était là et qu'il ne connaissait pas(2). Auto communication du Verbe (3) au creux de nos reins, Tressaillement de l'infini en nous qui se révèle comme un buisson ardent (Ex 3) qui ne se consume pas.

(1) Saint Grégoire le Grand,  commentaire de l'Évangile de Jean,  source AELF
(2) Confessions 9
(3) pour reprendre l'idée de Karl Rahner

19 juillet 2017

Dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan


Une belle méditation sur la dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan :

"Dans le baptême trois témoins qui se rejoignent en un seul témoignage : eau, le sang et l'Esprit. Car, si tu en retires un seul, le sacrement de baptême disparaît. Qu'est-ce que l'eau, en effet, sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire, sans aucune portée sacramentelle. Et de même, sans eau il n'y pas de mystère de la nouvelle naissance, car personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Le catéchumène croit, lui aussi, en la croix du Seigneur Jésus, dont il a reçu le signe, mais s'il n'a pas été baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il ne peut recevoir le pardon de ses péchés ni accueillir le don de la grâce spirituelle. (...)
Le paralytique de la piscine de Béthesda attendait un homme. Lequel, sinon le Seigneur Jésus, né de la Vierge ? Avec sa venue, il n'y avait plus seulement une préfiguration qui guérissait quelques individus, mais la vérité qui guérissait tous les hommes. (...)
Ne considère pas le mérite personnel des prêtres, mais leurs fonctions. Et si tu tiens compte du mérite, de même que tu estimes Élie, tiens compte des mérites de Pierre ou de Paul : c'est eux qui nous ont transmis ce mystère qu'ils ont reçu du Seigneur Jésus. Un feu visible leur était envoyé pour qu'ils croient pour nous qui croyons, c'est un feu invisible qui agit. (...) Crois donc que le Seigneur Jésus est là, invoqué par la prière des prêtres, lui qui a dit : Quand deux ou trois sont réunis, je suis là, moi aussi. À plus forte raison, là où est l'Église, là où sont les mystères, c'est là qu'il daigne nous accorder sa présence.
Tu es donc descendu dans le baptistère. Rappelle-toi ce que tu as répondu que tu crois au Père, que tu crois au Fils, que tu crois en l'Esprit Saint. Tu n'as pas à dire : Je crois en un plus grand et en un moins grand et en un dernier. Mais, par un même engagement de ta parole, tu es tenu de croire au Fils de la même manière que tu crois au Père, de croire en l'Esprit Saint de la même manière que tu crois au Fils, avec cette seule différence que tu confesses devoir croire en la croix du seul Seigneur Jésus." (1)

(1) Ambroise de Milan, Traité sur les mystère, source AELF

Pour une lecture spirituelle

Selon G. Donnadieu (1) une porte de sortie de la violence inhérente au Coran nécessiterait d'ouvrir une "boucle figée" de son interprétation par une lecture de son "corps spirituel". C'est notamment la thèse du soudanais Mamoud Taha, exécuté en 1985 qui soulignait notamment l'importance des premiers écrits coraniques sur les second. Une thèse reprise partiellement par Mohamed Arkoum, professeur à la Sorbonne. En effet seul un outil herméneutique permettrait de démontrer que la violence inhérente au Coran relève d'un contexte daté. Mais cette thèse se heurte à la règle qui stipule que les derniers textes abrogent les premiers. On est donc face, depuis des siècles, à une conception figée des choses qui n'a pas de porte de sortie. À l'inverse, la dynamique interprétative est la force du christianisme. Cette lecture spirituelle s'inscrit en effet au coeur de la démarche de lecture des textes initiée par les pères de l'Église et poursuivie pendant des siècles (2)

(1) Cours au Bernardins, ibid.
(2) cf. notamment de Lubac, Exégèse médiévale.

07 juillet 2017

Kérigmes comparés

Selon Gérard Donnadieu(1) le kérygme musulman s'articule sous le mot soumission.  En soi, se mettre sous le divin, s'agenouiller devant son Dieu n'est pas loin d'une démarche chrétienne.  Quelle est alors la différence avec le coeur de la foi chrétienne ? Elle est à trouver dans l'articulation complexe entre l'agenouillement devant Dieu et l'agenouillement de Dieu devant l'homme. Elle s'illustre "sacramentellement" par le  lavement des pieds des disciples par Jésus (Jn 13) où l'on trouve une réponse divine à l'agenouillement de Marie aux pieds de Jésus (Jn 12). Comme vous le faites,  je le fais aussi et je vous invite à le faire à votre tour. La kénose du Fils répond en même temps à celle de l'homme et à celle du Père et nous fait entrer dans l'acte kénotique.
"C'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné le nom", dit Philippiens 2. Dans la danse kénotique se dévoile aussi le fait que Dieu ne fait pas de nous des serviteurs mais des amis (cf. Jn 15, 15).
La soumission chrétienne est danse.

(1) conférence de novembre 2016 aux Bernardins