Affichage des articles dont le libellé est semences de l’Esprit. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est semences de l’Esprit. Afficher tous les articles

29 mai 2022

Les semences du Verbe et de l’Esprit - 2.61

 

« Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ;et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » Jn 16

Comme le suggère François Varillon, il ne sert à rien de contempler les pieds du Ressuscité et se lamenter sur son absence. Il est parti mais à laissé en nous trois traces discrètes et fragiles que nous devons maintenant faire grandir. [Est-ce ce que Justin appelle les semences du Verbe ou ce que l’Église nomme les vertus théologales] : la foi, l’espérance et la charité…]


De ces dons dérivent trois interpellations dans cet entre-deux…


Avons-nous la foi ? Celle qui déplace les montagnes et nous conduit à tout quitter pour le suivre. 


Avons-nous l’espérance, celle qui nous fait relever la tête et croire en l’Esprit qui vient ?


Avons-nous la charité, cet amour gratuit que nous ne pouvons atteindre que par la grâce de Dieu ? 


Bien heureux ceux qui peuvent répondre oui. 


Heureux sont ceux qui lavent leur vêtements nous dit Jean dans son chapitre 22 de l’Apocalypse. Il fait probablement allusion à ceux qui ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’agneau. Étienne en est le premier signe : une foi sans tâche qui lui permet de voir Dieu… voir Dieu alors même que cette danse restait cachée à Moïse (cf. Ex 33-34) ! On comprend le choc pour les juifs qui l’entouraient.


Et nous ? Quelle distance par rapport à nous qui errons dans le noir comme des brebis perdues… ?


Ne soyons pas pourtant de ceux qui abandonnent et quittent le sentier qui monte vers la joie. Descendons au fond de nous-mêmes pour retrouver ces semences déposées au cœur de notre baptême, comme celles qui vont pénétrer chez Chloé que je vais baptiser (demain/à l’instant). 


Si nous voulons être cohérents avec le message de Celui qui nous a précédé, il faudrait que nous tombions à genoux, comme l’a fait le vieux Siméon, devant cette petite fille et ses parents, qui choisissent aujourd’hui en âme et conscience de présenter Chloé à Dieu, car par là nous exprimerions, notre foi vivante, notre espérance et l’amour qui nous habite….


C’est dans ce cadre que nous pouvons entendre la prière du Ressuscité, parti, mais pourtant bien présent jusque dans son corps, bientôt partagé dans ce baptême à venir et dans l’eucharistie qui va suivre.


Montons à l’autel du Seigneur en goûtant à ces paroles du chapitre 17 comme un nectar sans prix, car signé par le don ultime du Christ, manduquons doucement ces paroles jusqu’à creuser en nous le terreau des semences de l’Esprit qui s’annonce…


«  Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »


Mystère et tendresse de ce rêve de Dieu sur l’homme…. Mais poursuivons…


« Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi.

Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un,

afin que le monde sache que tu m’as envoyé,

et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »


[Dans ce juste au bout de l’amour que je vais manifester [jesus parle juste avant « l’heure »]


« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis ils soient eux aussi avec moi et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

Père juste, le monde ne t’a pas connu,

mais moi je t’ai connu,

et ceux-ci ont reconnu

que tu m’as envoyé. 

Je leur ai fait connaître ton nom,

et je le ferai connaître, 

pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux,  et que moi aussi, je sois en eux. » Jn 17


Notre unité est encore à construire. Elle dépend maintenant de chacun de nos gestes, de notre agir et de ces dons divins promis, de ces semences jetées en plein champ dans la démesure de l’amour trinitaire…


Notre unité n’est pas uniformité mais prise de conscience que Dieu nous appelle au meilleur de nous mêmes et surtout à partager ces dons reçus. 


Je ne voudrais pas terminer sans évoquer le fait que nous fêtons aujourd’hui la fête des mères, ces mamans qui depuis la conception et la naissance sont toutes données à leurs enfants. Bien souvent ce sont elles qui portent l’unité de la famille. Quand leur amour est gratuit et sans faille, elles deviennent signes d’autre chose, de Celui qui as tout donné pour l’unité…. 


[Leur risque est parfois de trop étreindre. Prions pour qu’elles trouvent aussi la juste distance, cette chasteté de laisser partir ceux qu’elles ont engendré. Une chasteté plus large que celle que nous évoquons souvent, celle de laisser pousser la semence d’amour qu’elles ont transmis à l’enfant qu’elles ont aimé jusqu’à laisser quitter le nid qu’elles avaient préparé] 😉 


* trame fragile d’une homélie dominicale à commenter…

28 avril 2022

La danse de l’Esprit - 2.52

 L’échange avec Nicodème qu’évoque partiellement la liturgie d’aujourd’hui (Jn 2) nous permet de contempler la brise fugace et tendre de l’Esprit…


Dimanche nous verrons à la fois un Pierre hésitant et désemparé (Jean 21) et sûr de lui dans les Actes. 

Le premier Pierre a pêché seul sans succès et doit plonger nu pour trouver le chemin du triple pardon de Jésus et comprendre qu’il n’est pas digne, encore de l’agapè. Le second est empli d’un souffle puissant qui convertit les foules.  Qu’est-ce qui explique cette tension apparente si ce n’est l’Esprit qui vient transformer l’homme ?


La liturgie nous prépare à la contemplation du don de l’Esprit… 


Un chemin pour tous ?


Que va-t-il se passer dans le double mouvement sacrementel  que nous allons vivre dimanche prochain dans ma paroisse alors que nous célébrerons coup sur coup un baptême et une eucharistie ?


Pas grand chose finalement si ces deux rituels ne sont  la base d’un double mouvement à la fois théologal et actif au sein des récipiendaires… 


Le rite du baptême comme celui de l’Eucharistie sont bien fragiles si nous passons à côté de l’essentiel : Dieu nous invite à sa danse kénotique et à dépasser les gestes du rite pour vivre en actes et en vérité ce que nous célébrons. Le rite n’est rien si nous ne parvenons pas à transformer les symboles en chemins de vie, si nous ne devenons « porte-Christ » comme le suggère cette ancienne catéchèse de Jérusalem.


Le sacrement est vide s’il ne se transforme en « dynamique sacramentelle » (1).


Jésus glisse aujourd’hui à Nicodeme que nous ne sommes rien tant que nous ne sommes pas « nés du souffle de l’Esprit » 

Qu’est-ce que ce souffle ?


Un souffle ténu, le bruit d’un fin silence (1 Rois 19), le chant ou la danse des priants. Nous vivons souvent dans un balancier fragile entre les excès charismatiques et la pudeur des communautés qui refusent d’écouter ce que l’Esprit enseigne dans le silence d’un orant.


La vie chrétienne consiste finalement à trouver 

le juste équilibre entre kénose et prosélytisme, enfouissement et moralisme, pastorale et ritualismes.

Attention aux excès comme aux extrêmes ! 😉 


Au pharisaïsme hésitant de Nicodème, Jésus rappelle que la guérison de la morsure du mal, de ces « serpents du désert »  ne s’est pas faite dans le combat et la violence mais dans un signe fragile, élevé et suscitant de détourner son regard.


Appel bien mystérieux pour ce chercheur de Dieu que ce serpent de bronze évoqué au chapitre 11 du livre des Nombres qui devient pourtant le prélude et l’annonce de la Croix et du mystère d’un Christ transpercé d’où jaillit l’Esprit.


Ce qui était voilé devient lumière.


En versant l’eau vive par trois fois sur la tête du petit Côme dimanche, un rien va se produire et pourtant une étincelle mystérieuse va se glisser dans le cœur d’un enfant, flamme fragile que la prière conjointe de ceux qui l’entourent et la nourriture spirituelle transformera, par l’action discrète et humble de l’Esprit en lumière.


Nos rites sont inutiles si nous ne choisissons pas d’entrer dans la danse de l’Esprit…


Nos communions sont façades si nos joies intérieures ne deviennent lumières pour le monde, dans la contagion discrète mais joyeuse des danseurs pour le royaume.


(1) cf. mon livre éponyme