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21 septembre 2017

Urgences pastorales de Christoph Théobald

Saluons ici la belle recension d'Élodie Maurot dans la Croix d'aujourd'hui qui m'invite à courir acheter le nouveau livre de Théobald(1).
J'y trouve déjà les thèmes que je ne cesse de travailler dans mes livres (la "pastorale du seuil", la "dynamique sacramentelle" ou "quel espérance pour l'homme souffrant ?").
On y verra aussi peut être des réponses aux questions soulevées par la lecture du dernier livre d'Alphonse Borras (cf. plus haut) ou les thèmes développés par Joseph Moingt dans L'Evangile sauvera l'Église.
Gageons que le défenseur de la pastorale d'engendrement va nous conduire un pas plus loin. À bientôt sur ce blog pour en commenter les meilleures pages.

(1) Urgences pastorales de Christoph Theobald, Bayard, 540 p., 19,90 €

10 juin 2017

Un discours inductif - 3, nouvelles tendances pour l'Église

La longue présentation du XIXème siècle et de l'évolution du discours papal par O'Malley(1) me laisse rêveur, non que je réfute son fil de lecture, mais parce qu'il introduit pour moi une vision d'ensemble intéressante sur l'impact des Lumières sur le christianisme actuel et futur. L'aufklärung, en dépit de ses travers et de ses exagérations aurait-il été inspiré dans sa déconstruction d'un monde figé et sclérosé où l'Église et l'État avaient mutuellement conforté leurs bases dans une vision totalitaire du pouvoir et du savoir ? Quid du vent de l'Esprit dans ce système ? Et quel impact pour l'Église ?
Le Concile dont la réception est loin d'être terminée, donne-t-il une place plus large à un souffle nouveau qui vient d'ailleurs, ne cherche plus ses bases dans l'obéissance aveugle et ouvre à une foi authentique ? Sujet dangereux, hérétique peut-être. Mais l'inductif, le primat de la conscience, l'auto communication rahnérienne est enfin possible. Face à un monde ancien qui distinguait "les pasteurs [éclairés] et le troupeau"(2), la démocratie chrétienne, la collégialité et la co-responsabilité sonne le glas d'un monopole abusif.
Le danger est de tomber dans l'excès inverse et oublier que la place de Pierre est lieu d'unité et comme nous le rappelle François d'humilité. Notre Église a besoin de cette alchimie subtile entre liberté et autorité, souffle et solidité, recherche et chemins, foi et raison.
Dans son interview à RND du 7/6 le père Alphonse Borras soulignait cela avec justesse :  "L'Église catholique est le lieu où se conjugue bien [il osait dire le mieux] foi et raison" (3) L'art est de conserver cette articulation.
Ce qui est certain, c'est que la désertification apparente de l'Église n'est à concevoir que comme la conséquence d'une intériorisation du message et d'une plus grande vérité intérieure. Il n'y a plus beaucoup de christianisme social en Europe. Ceux qui franchissent nos églises sont portés par une authenticité et une quête qu'il faut entendre, écouter et ensemencer par la Parole. Là est l'avenir(4).

(1) John W. O'Malley, L'Évenement Vatican II, Bruxelles, Lessius, 2011, p. 79
(2) p. 95
(3) je cite de mémoire 
(4) cf. à ce sujet mes développements dans Cette Église que je cherche à aimer, Pastorale du Seuil et Humilité et Miséricorde tome 3.

02 juin 2017

Dialogue, charisme, partenariat et amitié

Ces nouveaux termes de Dialogue, charisme, partenariat, coopération et amitié(1) portés par le concile introduisent plus que les "ordonnances" souligne O'Malley. Ils portent un nouvel "événement dialogal(2). Dans la suite de notre post précédent, il y a effectivement là un nouvel enjeu qui rejoint les questions soulevées par Borras sur le monopole et la présidence. Nous commençons seulement, grâce aux initiatives synodales (poussées par François) à en percevoir l'enjeu. Les rapports des synodes diocésains donnés par La Croix d'hier montre bien la question en jeu. Maintenant que nos églises sont vides de christianisme social, les baptisés doivent prendre en main leur avenir et la synodalité est le moyen de retrouver le véritable sens de l'unité et d'une présidence assumée.

(1) O'Malley Vatican II p. 24
(2) bien souligné dans Le bien commun, tome 2 déjà cité.

31 mai 2017

Précarité pastorale

L'analyse d'Alphonse Borras dont je viens d'achever la lecture(1) n'est pas d'un optimisme béat.  Il rejoint malheureusement mes propres observations sur le terrain et notamment dans deux des trois diocèses que je fréquente.  La raréfaction des prêtres comme des fidèles soulève des enjeux que l'on ne peut ignorer.  Les solutions proposées par Borras,  du 517.2 à l'utilisation de prêtres étrangers n'adressent pas le fond du problème, celui de la remise en route de la dynamique sacramentelle propre et commune des baptisés. 
Borras repousse le sacerdoce féminin, n'exclut pas la question du diaconat féminin et prône l'utilisation parcimonieuse et raisonnable des viri probati,
Mon expérience pousserait plus dans les directions de fond proposée par Moingt(2) ou Théobald(3),  celle d'une nouvelle évangélisation des fidèles qui met plus l'insistance sur l'évangile que le rite. Cela demande d'adresser le coeur du problème : mon expérience propre est que l'évangile n'est plus au coeur de la foi. Remettre le Christ au centre, par la lecture pastorale et commune des évangiles en maison d'Evangile comme nous tentons de le faire(5) ne porte plus sur des questions de présidence qui semble obséder Borras, mais sur l'inhabitation de l'homme en Christo qui conditionne tout le reste. Les travaux de la nouvelle école d'évangélisation de Versailles va probablement aussi dans ce sens(4). Elle ne vise pas la conversion des autres mais notre propre rapport au Christ.  Alors la question du pouvoir n'est plus, car nous n'agissons plus. C'est Christ qui agit malgré nous.
A discuter.

(1) Quand les prêtres viennent à manquer,  op. Cit.
(2) cf. L'Évangile sauvera l'Église (voir mes notes sur le tag Joseph Moingt).
(3) cf. ses analyses sur la Pastorale d'engendrement
(4) hommage discret à ma petite soeur....
(5) en lien avec les recherches du diocèse d'Arras. Voir aussi mes travaux sur ce thème.

24 mai 2017

Monopole 3

Quelles sont les conditions d'une vie paroissiale féconde pour la communauté ?
"Soit le curé collabore et la vie paroissiale se développe, soit il ne collabore pas et la vie paroissiale végète" (1) nous dit Borras.
L'adage est vrai aussi pour les laïcs.
Cela demande pour le canoniste due soit identifiable :
1. une cible (une mission définie),
2. une cohésion (faire corps)
3. et un ancrage dans l'Évangile (faire sens).
4. Borras ajouté l'importance d'une loyauté institutionnelle (faire face)(2),
L'ensemble permettant de créer une Église participative qui stimule et encourage chacun.

Bien sûr tout cela demande que "le vent souffle" au sein même de la communauté,  ce qui suppose d'y être à l'écoute pour que les tentations du pouvoir et du valoir soient tempérées à bon escient.

(1) p. 122
(2) p. 124

18 mai 2017

Monopole 2

Une phrase de Borras interpelle et va dans le sens de notre recherche précédente : "le prêtre n'est pas responsable de tout, il est responsable du tout"(1).
Sa fonction implique une "spiritualité communionelle ou pour mieux dire "missionnaire dans la communion" poursuit-il en visant la promotion et la validation de la "pleine stature de sujets libres dans la communion de l'Église". 
Cette dimension christique et pneumatologique du ministre est celle du pasteur si bien confirmée par le droit canon. La présidence de l'eucharistie prend alors une dimension pleine, comprenant à la fois un lien de transcendance, d'unité et d'envoi.

C'est aussi, et le terme n'est pas neutre depuis les travaux de Bacq et Théolbald, un "engendrement pastoral"(2) qui "provoque à la conversion et à l'action".

Le mot "provoquer" est un peu fort. Il traduit l'importance et l'enjeu, il rappelle l'épée tranchant au fond des coeurs de l'Évangile, mais aussi cette fission nucléaire du coeur évoquée par Benoît XVI à Cologne.

C'est peut-être là que nous comprenons l'essence de l'autorité reçue d'en haut par "l'investiture sacramentelle de l'imposition des mains" (3). Elle se gagne aussi par l'exemplarité et l'ancrage dans la Parole. L'autorité n'a de sens que si l'homme s'efface derrière Celui qui l'envoie (cf. Jn 14ss).

(1) p. 92
(2) ibid.
(3) p. 81

17 mai 2017

Corpus permixtum 4 - l'oeuvre commune

Après une longue diatribe sur unité et communion, Borras cite ce beau texte de LG30 qui précise que les pasteurs ont la magnifique tâche de "comprendre leur mission de pasteurs à l'égard des fidèles et à reconnaître les ministères et les grâces propres à ceux-ci, de telle sorte que tout le monde à sa façon et dans l'unité apporte son concours à l'œuvre commune". Il ajoute qu'une Église vraiment synodale ne se réalise que par le concours de tous les fidèles et de leurs pasteurs"(1).
La suite va plus loin et j'y adhère d'autant plus qu'elle rejoint là encore ma quête sur la dynamique sacramentelle. Borras évoque, à la suite des propos du Pape déjà commenté sur le "flair du peuple", l'idée qu'une Église synodale a pour responsabilité commune d'entrer dans une "dynamique" où les baptisés ne sont pas seulement suscités pour leur participation à la mission mais aussi dans sa réforme :"la reformatio de l'Église l'entraîne à se conformer à la forma Christi dans une dynamique de discernement et de purification de ce qui la "déforme"(2) au sens d'une "conversion ecclésiale".
Il y a bien là une extension du sens rituel du sacrement en ce qui devient signe réel et efficace...

(1) p. 73
(2) p. 75, cf. aussi EG 30
NB : Borras rappelle par ailleurs p. 76 les propos du Pape sur les deux obstacles majeurs à une Église vraiment synodale : le cléricalisme et l'ecclésiocentrisme (EG 102).

16 mai 2017

Corpus permixtum 3

Borras continue la citation précédente en évoquant une "asymétrie constitutive". "La communauté ecclésiale tire son unité, nous dira Vatican II à la suite de saint Cyprien, de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint" (LG 4b). Il en conclut un risque que la "raréfaction des prêtres dans la vie ecclésiale risque d'atténuer voire d'estomper le sens de la sacramentalité de l'Eglise et du ministère chez les fidèles trop marqués par une culture techniciste de l'efficacité et de la performance". (1)

C'est là en effet le danger principal auquel s'ajoute certainement la difficulté de ne pouvoir départager des prises de pouvoir qui s'instaurent entre laïcs, en dépit de leur désir de faire communauté.

On rejoint l'oxymore de l'autorité et du service qui incombe aux ministres.

On est au coeur du sujet.
Pourquoi le prêtre aurait-il plus de pouvoir que les laïcs est en droit de se demander un observateur extérieur ?
On répondra probablement (2), en se basant sur le droit canon, par deux ou trois arguments  : parce qu'il est image du Christ (ce qui doit être probablement modulé et restreint au sacrifice eucharistique), parce qu'il a reçu le sacrement de l'ordre et la grâce associée et qu'il est berger/pasteur de son troupeau...

Cela n'empêche pas, dit en substance, Ratzinger dans les principes de la foi catholique(3) qu'il puisse être  incompétent. Pour autant, on doit lui reconnaître une autorité qui ne vient pas de lui...

L'enjeu est de maintenir cette tension, qui relève in fine de la surveillance de l'épiscope et probablement du pape. Cette dimension verticale n'empêche pas la conscience des laïcs et l'importance d'une horizontalité. Elle apporte néanmoins un contre pouvoir à ces derniers et aide à structurer l'ensemble. On voit bien aussi le danger : l'excès de pouvoir où l'excès de contestation. L'art est d'introduire tout ça dans une dynamique trinitaire qui conduit le pasteur lui-même à considérer sa double fonction : berger et serviteur.

La question de l'autorité est toujours à relire à l'aune de celle du Christ, qui lui-même s'en réfère au Père. "Tu n'aurais pas d'autorité si elle ne t'avait été donnée"... dit-il à Pilate.

El l'enjeu, comme le souligne Borras page 68ss est de garder en tension unité et catholicité.

(1) p.67
(2) J'anticipe probablement sur les développements à venir de Borras. Mais c'est le jeu de ces "chemins de lecture : se laisser interpeller, quitte à trouver ensuite des éléments de réponse et de contradiction.
(3) Je commente et développe ce point dans "Humilité et miséricorde, tome 3".

15 mai 2017

La tête et le corps - corpus permixtum 2

Pour autant, la diversité des membres est aussi un danger, celui d'une dispersion et d'une division dans l'agir qui perd de vue l'importance du rapport à la source unique et essentielle.
C'est là où Borras intègre l'analogie du corps, pour marquer l'importance du Christ-tête de l'Église. Difficile argumentation qui soutient pourtant depuis l'origine la difficile articulation de l'unité et de la diversité.
"Ce rapport d'altérité tête-corps est proprement symbolique car les ministères ordonnés signifient le lien intrinsèque du corps à la tête (...) il instaure un rapport à un tiers et, de ce fait, il y a trois termes : le corps ecclésial de tous les fidèles, les pasteurs à leur tête et le Christ-tête de son corps."(1)
Est-ce comme le dit Borras un modèle et plus encore un modèle normatif qui structure toute communauté ecclésiale.
J'en parlais avec un ami prêtre qui me racontait en retour l'expérience dun retour de pèlerinage en terre sainte et à Rome où des protestants présents lui avait fait part de leur découverte à Rome du sens et de l'importance de la primauté papale. Le danger d'un corpus permixtum est d'oublier la transcendance et l'unité au milieu de la diversité.
Il y a un balancier à toujours reconstruire entre communion et unité, liberté et autorité, charismes et relectures, corps et tête.

(1) ibid. p. 66

14 mai 2017

Corpus permixtum

"Ce corps diversifié qu'est l'Église est aussi un corps mêlé - un corpus permixtum"
Qu'est-ce qui fait l'Eglise ? En quoi et de quoi est-elle constituée ?
Je trouve, là encore une convergence de vue avec Borras, sur un concept que certains pourraient qualifier de "pluralisme pastoral", s'il n'était de fait une manière d'exprimer le fait que "l'Esprit souffle où il veut".
L'auteur évoque sur ce point (p. 63) que "l'appartenance ecclésiale est à concevoir de manière dynamique en termes d'itinérance, de mise en route, de cheminement". Il rejoint là, pour moi l'idée que les chemins vers l'Eglise sont divers. Ce me rappelle ce que Danièle Hervieu Léger disait au sujet des quatre voies d'entrée dans l'Église (art, mystique, communauté...).
Comprendre que Dieu ratisse large pour le royaume renforce l'importance d'une ouverture a priori des portes de l'Église vers la périphérie.
L'enjeu, pour Borras est aussi "d'éviter la tentation des purs et la menace sectaire" (1). Il est aussi évangélique au sens de Luc 15.
Le bon pasteur ramène à lui toutes les brebis perdues. C'est le sens eschatologique de la résurrection, c'est aussi notre enjeu pastoral.
"L'Église est là où sont les baptisés" (2).
La contempler comme une construction de pierres vivantes,  savamment ciselées pour en faire une cathédrale divine, c'est percevoir le travail de l'Esprit que l'on ne concevra qu'à la fin des temps. Alors la création apparaîtra dans toute sa mystérieuse beauté,  alors Saint Jean Chrysostome aura raison d'y voir la trace de l'Esprit à l'oeuvre,  alors la danse de Dieu sera visible en l'homme,  alors le Christ sera Parole accomplie, alors la Victoire de la Croix sera complète.
(1) ibid. p. 63
(2) p. 64

13 mai 2017

Monopole du prêtre ?

L'analyse d'Alphonse Borras part en fait d'un constat qui prend sa source dès les premiers siècles jusqu'à aboutir à une situation de fait : le monopole du prêtre dans la paroisse, avec tout ce que cela entraîne de clichés et de "mimétisme"(1)
Pour autant son analyse est disruptive puisque plus loin, rejoignant d'ailleurs la lettre du pape au cardinal Ouellet, il invite tout chrétien à un "sacerdoce d'existence" qui est pour lui "plus radical encore qu'un sacerdoce de fonction"(2). Cela ne nie pas la grâce sacramentelle de l'ordre mais donne à celle du baptisé toute sa puissance. C'est bien cela que je qualifie de dynamique sacramentelle.
(1) op cit p. 34
(2) p. 61

11 mai 2017

Sacerdoce commun - Alphonse Borras

Je reprends la lecture de Borras(1) Ce qui me frappe dans son chapitre 2 tient d'abord à la dynamique sacramentelle qu'il développe pour tous les baptisés, appelés et convoqués à la même fonction sacerdotale.

Pour lui, l'enjeu reste que tous baptisés se sentent "disciples missionnaires" et qu'ils "intercèdent devant Dieu pour le monde" au sein d'un "sacerdoce commun à tous les baptisés [qui] s'inscrit dans le Sacerdoce du Christ qui s'offre au Père et reconduit vers lui toute l'humanité"(1).
Il évoque nos églises actuelles comme des "minorités témoins, au sens sacramentel", rejoignant ce que je décris de mon côté dans "la dynamique sacramentelle"(2).

C'est pour moi à la fois l'enjeu et l'interpellation. Comme je l'écris après Theobald, la question sacramentelle doit être vue ici au sens le plus large. L'enjeu est une communauté qui est signe pour le monde, plus que dans la seule commémoration de l'eucharistie pour autant essentielle, mais à travers elle dans ses fruits d'unité et de charité, ce que Borras developpe en évoquant la multitude des charismes.

(1) Alphonse Borras, quand les prêtres viennent à manquer, Paris, Mediaspaul, 2017, p. 59
(2) cf mon livre éponyme.

03 mai 2017

Le flair du peuple de Dieu - Pape François

Le peuple de Dieu a du "flair" nous rappelle Alphonse Borras, citant le pape Francois (1). Une expression qui traduit ce souci du pastoral qui prime sur l'idée, du réalisme plus grand que l'idéologie.
Le sens de la foi du peuple de Dieu est "éveillé et soutenu par l'Esprit de Vérité" (LG 12a), précise-t-il (2).

Bien sûr le peuple peut se tromper et c'est dans l'articulation et la respiration entre Parole, traditions et flair que souffle probablement l'Esprit...

Mais il y a là comme un contrepoids à une lecture trop figée de la Parole et des traditions, qui permet au souffle d'agir, de déplacer, de réveiller ce qui pourrait se statufier. C'est peut-être cela la dynamique à venir : voir dans le flair pastoral des baptisés une porte de sortie à un cléricalisme qui se meurt de son auto-référence. Il faut relire la lettre du pape au cardinal Ouellet qui insiste pour dire qu'avant d'être prêtre tout le monde est baptisé : "Personne n’a été baptisé prêtre ni évêque. Ils nous ont baptisés laïcs et c’est le signe indélébile que personne ne pourra jamais effacer. Cela nous fait du bien de nous rappeler que l’Église n’est pas une élite de prêtres, de personnes consacrées, d’évêques, mais que nous formons tous le saint peuple fidèle de Dieu(3)". Il nous faut  percevoir le souffle d'une communauté qui s'éveille et bouge dans le sens du bien.

En disant cela je ne critique en rien les efforts des ministres. Je défends plutôt une vision synodale qui sans nier la primauté voit dans le flair d'une communauté plus que les perceptions individuelles (4)

(1) Pape François, discours du 17 octobre 2015 : "le sensus fidei empêche une séparation rigide entre Ecclesia docens et Ecclesia discens, puisque le Troupeau possède aussi don propre flair pour discerner les nouvelles routes que le Seigneur ouvre à l'Église".
(2) Alphonse Borras, Quand les prêtres viennent à manquer, repères théologiques et canoniques en temps de précarité, Paris, Médiaspaul, 2017, p. 16
(3) Lettre du pape François au Cardinale Marc Ouellet du 19 mars 2016
(4) cf. sur ce thème mes développements dans Cette Eglise que je cherche à aimer.