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04 septembre 2020

Communion et fidélité -3 - P. Teilhard de Chardin

Hommage à Teilhard de Chardin.
Voici un court verbatim d'un documentaire à voir sans modération :
« Croire en l'homme
Croire au vivre ensemble
Croire que l'union différentie
Croire que l'évolution conduit au Christ
Croire que le phénomène humain a un sens
Faire un pari sur l'Église - une fidélité qui est une espérance sans limite en dépit de la souffrance de n'être pas compris...pas publié...
Un homme de mouvement
Une morale de mouvement...
Une notion de dynamique qui nous permet d'avancer, de repartir...
Un chercheur, un aventurier porteur d'espérance...
Opposer le goût de vivre à ce désespoir qui nous guette... »
Personnellement cette quête rejoint la mienne, comme je le décris dans un commentaire du billet précédent à propos de Philippiens 3 et de cette course infinie pour saisir et se laisser saisir...

L'Unité créatrice du monde - Pierre Teilhard de Chardin






 https://youtu.be/jyA0BWe1jpc

24 mai 2020

La gloire c’est l’Esprit Saint - Grégoire de Nysse


En guise de corrigé à mon homélie :
« Le sens de ces paroles nous apparaît plus clairement dans le discours du Seigneur rapporté par l'Évangile. [Jn 17]. Par sa bénédiction, il a donné toute puissance à ses disciples ; puis, en priant son Père, il accorde les autres biens à ceux qui en sont dignes. Et il ajoute le principal de tous les biens : que les disciples ne soient plus divisés par la diversité de leurs préférences dans leur jugement sur le bien, mais qu'ils soient tous un par leur union au seul et unique bien. Ainsi, par l'unité du Saint-Esprit, comme dit l'Apôtre, étant attachés par le lien de la paix, ils deviennent tous un seul corps et un seul esprit, par l'unique espérance à laquelle ils ont été appelés.

Mais nous ferons mieux de citer littéralement les divines paroles de l'Évangile : Que tous, dit Jésus. soient un, comme toi, mon Père, tu es en moi, et moi en toi ; qu'eux-mêmes soient un en nous.

Or, le lien de cette unité, c'est la gloire. Que le Saint-Esprit soit appelé gloire, aucun de ceux qui examinent la question ne saurait y contredire, s'il considère ces paroles du Seigneur : La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée. Effectivement, il leur a donné cette gloire quand il leur a dit : Recevez le Saint-Esprit.

Cette gloire, qu'il possédait de tout temps, avant que le monde fût, le Christ l'a pourtant reçue lorsqu'il a revêtu la nature humaine. Et lorsque cette nature eut été glorifiée par l'Esprit, tout ce qui lui est apparenté a reçu communication de la gloire de l'Esprit, en commençant par les disciples. C'est pour cela que Jésus dit : La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée ; qu'ils soient un comme nous sommes un ; moi en eux et toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un.

Celui qui, de petit enfant, est parvenu en grandissant à la stature d'homme parfait, qui a rejoint la mesure de l'âge spirituel ~ ; celui qui est devenu capable de recevoir la gloire de l'Esprit par sa maîtrise de soi et sa pureté : il est cette colombe parfaite que regarde l'Époux lorsqu'il dit : Unique est ma colombe, unique ma parfaite. »

(1) Saint Grégoire de Nysse, homélie sur le cantique des cantiques’ source office des lectures du 7eme dimanche de Pâques, AELF

14 août 2019

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

Au fil de Matthieu 18,15-20 - Église et unité

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.
S'il ne t'écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.
S'il refuse de les écouter, dis-le à l'assemblée de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain.
Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quoi que ce soit, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux.
En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. » (Mat 18, 15-50) (1)

Difficile unité alors que nos Églises se déchirent et se vident, l'un entraînant l'autre...
Écoutons Cyprien sur ce thème : « Le Seigneur a dit : « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix pour demander quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux ». Il montre ainsi que ce n'est pas le grand nombre de ceux qui prient, mais leur unanimité, qui obtient le plus de grâces. « Si deux d'entre vous sur la terre unissent leurs voix » : le Christ met en premier l'unité des âmes, il met en avant la concorde et la paix. Qu'il y ait plein accord entre nous, voilà ce qu'il a constamment et fermement enseigné. Or, comment peut-il s'accorder avec un autre, celui qui n'est pas en accord avec le corps de l'Église et avec l'ensemble des frères ? (...) Le Seigneur parle de son Église, il parle à ceux qui sont dans l'Église : s'ils sont d'accord entre eux, s'ils font leur prière conformément à ses recommandations et à ses conseils, c'est-à-dire même si à deux ou trois seulement ils prient d'une seule âme, alors même à deux ou trois seulement, ils peuvent obtenir ce qu'ils demandent à la majesté de Dieu.
« Partout où deux ou trois sont réunis en mon nom je suis avec eux » : c'est-à-dire il est avec les pacifiques et les simples, avec ceux qui craignent Dieu et observent ses commandements. Il dit qu'il est avec deux ou trois seulement comme il était avec les trois jeunes gens dans la fournaise ; parce qu'ils demeuraient simples envers Dieu et unis entre eux, il les a réconfortés d'un souffle de rosée au milieu des flammes (Dn 3,50). Il en a été de même pour les deux apôtres enfermés en prison ; parce qu'ils étaient simples, parce qu'ils étaient unis de cœur, il les a assistés, il a brisé les portes de leur cachot (Ac 5,19)... Quand donc le Christ inscrit parmi ces préceptes cette parole : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d'eux », il ne sépare pas des gens de l'Église qu'il a lui-même instituée. Mais il reproche aux égarés leur discorde et recommande la paix à ses fidèles » (1)

Notre manque d'unité ne vient-elle pas de nos quêtes de puissance. Au lieu de nous déchirer adoptons une vision plus polyédrique de l'Église qui voit en chaque baptisé sa force intérieure, cette inhabitation de l'Esprit qui agit quand nous consentons à la faiblesse.

(1) saint Cyprien, De l'unité de l'Eglise, 12 (trad. DDB 1979, p.36 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

15 mai 2019

Une seule chair - 5

Faire une seule.chair avec le Christ c'est entrer dans la danse Trinitaire, aller au plus profond de cette communion mystérieuse avec son Dieu, comme les époux qui disent je te reçois et je me donne à toi...
Écoutons sur ce thème saint Hilaire : « Parce que véritablement le Verbe s'est fait chair, c'est véritablement aussi que nous mangeons le Verbe incarné en communiant au banquet du Seigneur. Comment ne doit-on pas penser qu'il demeure en nous par nature ? En effet, par sa naissance comme homme, il a assumé notre nature charnelle d'une façon désormais définitive et, dans le sacrement de sa chair donnée en communion, il a uni sa nature charnelle à sa nature éternelle. C'est ainsi que tous nous formons un seul être, parce que le Père est dans le Christ et que le Christ est en nous. ~
Que nous sommes en lui par le sacrement de la communion à sa chair et à son sang, lui-même l'affirme lorsqu'il dit : Et ce monde désormais ne me voit plus ; mais vous, vous me verrez vivant parce que je vis, et vous vivrez aussi ; parce que je suis dans le Père, que vous êtes en moi, et moi en vous. S'il voulait parler seulement d'une unité de volonté, pourquoi a-t-il exposé une progression et un ordre dans la consommation de cette unité ? N'est-ce pas parce lui-même étant dans le Père par sa nature divine, nous au contraire étant en lui en vertu de sa naissance corporelle, on doit croire que, réciproquement, il est en nous par le mystère sacramentel ? Ceci enseigne la parfaite unité réalisée par le médiateur : tandis que nous demeurons en lui, lui-même demeure en nous. Et ainsi nous progressons dans notre unité avec le Père, puisque le Fils demeure en lui par nature selon sa naissance éternelle et que nous-mêmes aussi sommes dans le Fils par nature, tandis que lui par nature demeure en nous.
Que cette unité soit en nous produite par sa nature, lui-même l'affirme ainsi : Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. Car ce n'est pas tout homme qui sera en lui, mais celui en qui il sera lui-même : c'est seulement celui qui mangera sa chair qui aura en lui la chair assumée par le Fils.
Plus haut, il avait déjà enseigné le sacrement de cette parfaite unité, en disant : De même que le Père, qui est la vie, m'a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui mangera ma chair vivra par moi. Donc, il vit par le Père ; et de la manière dont il vit par le Père, nous-mêmes vivons par sa chair.
Tout ce parallèle est à la base de notre intelligence du mystère ; il nous fait comprendre, par le modèle proposé, ce qui se passe. Donc, ce qui nous donne la vie, c'est que, dans les êtres charnels que nous sommes, le Christ demeure en nous par sa chair ; et il nous fera vivre en vertu du principe qui le fait vivre par le Père ». (1)
Sculpture de Georges Schneider - St Séverin 


(1) Saint Hilaire, traité sur la Trinité, source, office des lectures, AELF 

25 janvier 2019

Au fil de Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21 - Accomplissement - Projet d’homélie du dimanche 27 janvier

Questions pour préparer Dimanche - messe des familles à St Martin de Nonancourt 

  1. Qu'est-ce qu'un jeu de Kapla  ?
  2. Que se passe-t-il si l'on retire une pièce dans une tour en Kapla
  3. Qui était Isaïe  ?
  4. Combien d'années entre Isaïe et Jésus (100, 200, plus de 600 ans)
  5. Combien d'étoiles dans l'univers (100, 1000, des milliards)
  6. Combien d'années entre la création du monde et Jésus (1 million, 1 milliard, plus de 10 milliards)
  7. Que veut dire le mot accompli (aux parents)

Homélie pour Dimanche 
Les textes que nous avons lu interpellent au lendemain de la semaine pour l’unité et posent à la fois plein de questions et pour mieux les comprendre et méditer sur les réponses nous avons demandé aux enfants de nous aider dans sa compréhension.

Question 1...
  1. Qu'est-ce qu'un jeu de Kapla  ? / ou 2 ateliers de construction par les enfants. les autres enfants cherchent Isaïe dans son livre de vie.
Réponse des enfants
Dans la 2eme lecture Paul (1 Co 12), nous parle de l'Eglise. C'est pour lui, un peu comme un jeu de Kapla, sauf que les pièces sont toutes différentes en taille.

Question 2
Que se passe-t-il si l'on retire une pièce dans une tour en Kapla ?

Réponse des enfants
Dans ce jeu, toutes les pieces se ressemble. Pour Dieu, chaque pièce est unique et c'est que nous dit saint Paul. Chacun à sa place, qu'il soit petit ou grand aux yeux des hommes. Et pourtant, malgré ces différences nous formons un grand corps qui, comme pour les Kapla ne tient que si chacun trouve sa place.
En fait, la tour que nous construisons reste fragile. S'il manque l'amour tout s'écroule. Il nous faut l'amour entre nous....

Question secrète
Or l'amour nous vient de qui ? Qui nous apprends à aimer ?
Réponse des enfants

Oui, c'est Jésus qui nous conduit à aimer. La grandeur de cet amour, il est difficile de la décrire. 
L'amour qui nous unit à Dieu nous dépasse. 
L'amour supporte tout ; l'amour est patient pour tout, il ne connaît pas la division, ne pousse pas à la révolte nous dit Paul. C'est à cause de son amour pour nous que Jésus Christ notre Seigneur a donné son sang pour nous, pour nos vies. 

C'est là où on en vient à l'évangile.

Reprise du récit...

Qu'est-ce qu'il décrit. Jésus ouvre un livre, lit un passage d'Isaīe qui dit « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction »  puis il ajoute : c'est aujourd'hui que cela devient vrai, que cela s'accomplit.

Question 3 et 4
Qui était Isaïe  ? Combien d'années entre Isaïe et Jésus (100, 200, plus de 400 ans)
Qu'est-ce qu'il y a dans dans votre cahier de vie...
Réponse des enfants
Ce que nous dit l'évangile, c'est que ce qu'attendait les juifs, le messie, depuis plus de 700 ans, est accompli, c'est à dire est réalisé maintenant avec la venue de Jésus-Christ 
« L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction » cela veut dire, « je suis le messie !, l'oint de Dieu. 
La promesse de Dieu se réalise... Mais quelle promesse...?
Ce Dieu qui a créé le monde et les étoiles est celui que Jésus nous révèle. 

Combien y-a-t-il d'étoiles déjà dans le ciel  ? Des milliers des millions ou des milliards ,
Réponse des enfants
Plus de 10 milliards et pourtant c'est sur cette terre que Dieu a choisi de se montrer...

Combien d'années a-t-il attendu pour que son amour pour l'homme se révèle ?
Savez vous combien de temps il a mis pour créer le monde ?
Réponse des enfants
Dieu a attendu longtemps, plus de 12 milliards d'années nous dit la science et c'est avec le Christ que tout se révèle...

Voilà mes frères ce que nous avons à méditer aujourd'hui 
Ce que nous allons vivre aujourd'hui en célébrant la messe c'est la mémoire de tout cela

Un psaume nous invite à contempler cela. Qu'est-ce que l'homme pour que tu t'intéresse à lui ?
Pourquoi nous as tu donné ton Fils ?
Ce que nous pouvons contempler dans notre cœur aujourd'hui c'est le plan de Dieu dans sa.triple dimension : ce qu'il a fait pour nous, de l'univers et des étoiles à chacun de nous. Ce qu'il a fait en Jésus.


Une dernière question aux parents. Savez vous combien de fois le mot accompli est cité dans l'évangile ?
Réponse des parents ?
En fait on le trouve une petite vingtaine de fois dans l'évangile, mais ce qui est frappant, c'est que c'est l'un des premiers mots de Jésus dans Luc et le dernier dans Jean. Tout est accompli. C'est peut-être cela que nous avons à contempler aujourd'hui. En méditant cette phrase, qui nous concerne aussi :  «J'ai un baptême à recevoir; comme cela me pèse qu'il soit accompli!»
Selon Luc 12:50 NBS
Cette phrase nous pouvons aussi la contempler. Car nous sommes nous aussi baptisés du même baptême.
écoutons ce que nous dit la tradition de l'Église : 
« Pour que l'homme soit un fils à son image, 
Dieu l'a travaillé au souffle de l'Esprit :
Lorsque nous n'avions ni forme ni visage, 
Son amour nous voyait libres comme lui. (...)

Quand ce fut le jour, et l'heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus, le Bien-Aimé :
L'arbre de la croix indique le passage
Vers un monde où toute chose est consacrée » (1)

(1) Hymne de l'office des lectures, source AELF 

20 janvier 2019

Au fil de Jean 2 - Cana ou La construction de Dieu

« Tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant » (Jean 2, 10)
La remarque du maître du repas, le troisième jour, à Cana, n'est pas anodine. Elle traduit une double contemplation symbolique de Jean.

C'est en effet le troisième jour, que Dieu relèvera l'innocence qui a versé son sang pour nous. Et c'est du cœur transpercé que le sang et l'eau jaillissent. C'est dans les épousailles de Dieu et de l'humanité que se révèle le plan de Dieu pour l'homme.

Que la révélation de l'amour divin soit une fête n'est pas anodine. Que Marie y participe à sa manière n'est pas anecdotique, que l'heure soit évoquée par Jésus n'est pas un détail. Tout participe à l'harmonie. 



C'est à nous de chanter cette gloire. 

« Il convient que vous rendiez gloire de toutes façons à Jésus Christ, lui qui vous a glorifiés, afin d'être rassemblés dans une même [unité] (...) Ainsi, dans la concorde de vos sentiments et l'harmonie de votre charité, vous [pouvez] chantez Jésus Christ. Chacun de vous, devenez un chœur de chant, afin que, dans l'harmonie de votre concorde, adoptant la mélodie de Dieu dans l'unité, vous chantiez pour le Père, d'une seule voix, par Jésus Christ. Alors le Père vous écoutera et reconnaîtra en vous, grâce à vos bonnes actions, les membres de son Fils. Il est donc utile pour vous que vous soyez dans une irréprochable unité, pour être toujours participants de Dieu.
[Notre unité et notre fidélité à] l'Église et à Jésus Christ et de Jésus Christ au Père, (...) tout [doit] s'harmoniser dans l'unité » (1)
 Le Seigneur cherche à rassembler ses enfants dispersés, il en fera une seule nation,
et un seul roi régnera sur eux.
L'harmonie que vise notre Dieu se fait en Jésus-Christ.
Il est la pierre d'angle du grand architecte, de notre Dieu...

Et il n'est pas anodin enfin que le mot grec de « Maitre du repas » soit architriklinos dont nous tirons le mot architecte. Car le grand ordonnateur de cette construction c'est notre Dieu.

(1) Saint Ignace d'Antioche, lettre aux Éphésiens

14 novembre 2018

Un seul pain - Hans Urs von Balthasar - 1 Co 10

Trois mots de Balthasar suscite ma méditation : « la manducation d'un seul pain, comme participation au Corps du Christ (1 Co 10,17) » (1)
Relisons la référence chez Paul : «La coupe de bénédiction, sur laquelle nous prononçons la bénédiction, n'est-ce pas une communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-ce pas une communion au corps du Christ? Puisqu'il y a un seul pain, nous, la multitude, nous sommes un seul corps; car nous partageons tous le même pain
‭‭(Première aux Corinthiens‬ ‭10:16-17‬) ‭

Dans nos églises nous mangeons des hosties bien rondes et bien lisses en oubliant qu'il s'agit d'un seul pain et surtout d'un seul corps. L'unité se joue déjà dans cette contemplation de ce qui est pourtant une évidence. Nos individualismes nous font oublier cette invitation à l'unité. 

On entend comme en écho le premier chapitre de la même lettre : « «J'entends par là que chacun de vous dit: « Moi, j'appartiens à Paul! » – « Et moi, à Apollos! » – « Et moi, à Céphas! » – « Et moi, au Christ! » Le Christ est-il divisé? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous, ou bien est-ce pour le nom de Paul que vous avez reçu le baptême?»
‭‭Première aux Corinthiens‬ ‭1:12-13‬.

Il nous faut sans cesse prier pour que l'unité se fasse en nous et entre nous, deux dimensions d'une même danse en Christo.

Hans Urs von Balthasar va plus loin : «  l’Esprit [conduit] (...) a une unité indivisible [au point que] la contemplation et le sacrement forment une unité ecclésiale première et indissociable » (ibid. p. 99)


(1) Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 97

Photo : Détail de Fra Angelico, la danse des anges.

22 février 2018

Chaire de saint Pierre et mystère de l'unité

"C'est le seul Simon que le Seigneur a établi comme rocher et porteur des clefs de l'Église et qu'il a fait pasteur de tout son troupeau (Jn 21,15s) ; mais la charge de lier et de délier qui a été confiée à Pierre (Mt 16,19), on la voit également impartie au collège des apôtres uni à son chef (Mt 18,18 ; 28,16-20). Ce collège, en tant qu'il est composé de plusieurs membres, reflète la variété et l'universalité du Peuple de Dieu ; et en tant qu'il est rassemblé sous un seul chef, il signifie l'unité du troupeau du Christ." (1)

Ce que rappelle le Concile est le coeur fragile de ce qui fait notre Église.  Fragile car Pierre et ses successeurs restent des "pécheurs pardonnés" comme le rappelle si bien le pape François.
Coeur, parce que cette difficile unité est l'un des lieux central, pneumatique et eschatologique de la grandeur de notre Catholicité.

"Tu es Pierre, c'est-à-dire : moi, je suis le rocher inébranlable, la pierre d'angle, qui fais l'unité de deux réalités séparées, le fondement tel que nul ne peut en poser un autre ; mais toi aussi, tu es pierre, car tu es solide par ma force, et ce que j'ai en propre par ma puissance, tu l'as en commun avec moi du fait que tu y participes.Et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la puissance de la mort ne l'emportera pas sur elle. Sur cette solidité j'érigerai un temple éternel, et la hauteur de mon Église, qui doit la faire pénétrer dans le ciel, s'élèvera sur la fermeté de cette foi.Les puissances de l'enfer n'arrêteront pas cette confession, les liens de la mort ne l'enchaîneront pas : car cette parole est une parole de vie.(...) Elle porte jusqu'au ciel ceux qui la confessent." (2)


(1) Lumen gentium

(2)Saint Léon le Grand,  sermon pour l'anniversaire de son ordination

09 mai 2017

La danse des âmes

Si l'on suit Simone Weil et son défenseur François Cheng, notre chemin est de devenir rien (1), pour que Dieu nous habite entièrement, c'est-à-dire que notre désir ne devienne autre que Son désir, que notre voie est celle de rejoindre la Voie, que notre destinée est d'être uni à elle, pour ne faire plus qu'un avec le désir veritable, pour danser et chanter avec notre Dieu, alors la phrase de Jésus nous invite à la danse : mon Père et moi nous sommes un. Devenir rien pour être uni à l'Un. Tel est notre chemin.

"Le Seigneur m'a fait comprendre comment les trois Personnes n'étant qu'une même chose, elles sont cependant distinctes. En présence de telles merveilles, l'âme éprouve un nouveau désir d'échapper à l'obstacle du corps, qui l'empêche d'en jouir. Quoiqu'elles semblent inaccessibles à notre bassesse et que la vue en passe en un moment, l'âme en retire beaucoup plus de profit, sans comparaison, que de longues années de méditation, et sans savoir comment."(2)


(1) retrouve-t-on ici une idée déjà citée de Thérèse d'Avila : "tout est rien" ?
(2) Sainte Thérèse d'Avila, Les relations, œuvres complètes, tome 1 p. 418

05 janvier 2017

Diversité et unité - Augustin, Cité de Dieu

En complément d'un post récent sur ce thème je relève l'allégorie spirituelle fait par l'évêque d'Hiponne sur l'arche de Noé (quelques pages après la "couverture sacramentelle" de la nudité du patriarche par ses fils). Pour Augustin, les différentes espèces dans l'arche peuvent être considérées comme une "figure de l'Église qui pouvait être constituée de plusieurs nations" (1).

Au sens de 1 Co 12, 14, cette multitude est représentative d'une unité encore à trouver dans une barque ecclésiale encore soumise aux tempêtes et aux divisions et chemin d'une sainteté encore en marche. Elle fait écho à une barque traversée d'une ligne blanche (symbole de la persistance du péché en son sein) croisée dans une église croate dédiée aux martyrs de la guerre.

Les divisions et les différences n'ont de sens que pour nous conduire à l'unité in Christo qui ne viendra pas de nos efforts mais de notre humble capacité à être traversé par l'Esprit.

(1) Saint Augustin, La Cité de Dieu, Bourges, Éd. Gilles, 1818, p. 22

23 septembre 2015

L'espérance de l'unité

Impossible obéissance qui ne cesse de diviser nos églises,  au nom d'ego et de refus de communion.  Je suis frappé par l'insistance de Madeleine à défendre justement cette obéissance,  même au temps où ses choix pastoraux semblaient incompris par la hiérarchie.
Nous ne cessons de reproduire les causes et les schémas qui conduisent à la division.  Espérons que le synode sur la famille conduira à la paix.

Ézékiel 37:22 "Je ferai d’eux une seule nation dans le pays, dans les montagnes d’Israël; ils auront tous un même roi, ils ne formeront plus deux nations, et ne seront plus divisés en deux royaumes."

16 septembre 2015

Cohérence 6 - Unité Ancien et Nouveau Testament

Mes propos précédents mettent un bémol à ce que je lis chez Balthasar : "l'unité [entre ‎AT et NT] se situe à un niveau beaucoup plus profond : (...) l'ancienne Alliance est intrinsèquement, dans sa fondation et dans toutes ses phases, une marche vers le Christ " (1)

‎Il me semble pourtant qu'il a raison, à un niveau plus élevé et plus riche que la seule question des plaies d'Egypte. Car au-delà des conflits d'interprétation, c'est la cohérence du plan de Dieu qu'il nous faut contempler, au delà de cette inter-pénétration parfois dommageable entre la Parole de Dieu et les paroles humaines.

On en trouve un exemple dans les prophéties d'Ézéchiel : "Je traiterai avec eux une alliance de paix, et il y aura une alliance éternelle avec eux; je les établirai, je les multiplierai, et je placerai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera parmi eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Et les nations sauront que je suis l’Éternel, qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera pour toujours au milieu d’eux." (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 17
(2) Ézékiel 37:26-28 LSG

02 septembre 2015

Unité de l'Église

Je relisais hier soir les premiers chapitres du "Contre les hérésies" d'Irénée '1) et sa grande insistance sur la Tradition. Il en rayonne une profonde recherche d'unité qui réveillait en moi ce que j'écrivais sur la tunique unique du Christ. 
Triple unité à rechercher donc :
1) unité dans le temps (Tradition) que j'aime concevoir comme un processus dynamique dans le vent de l'Esprit.
2) unité de coeur,  qui commence par une attitude intérieure,  une quête transcendante qui rejoint l'unité intradivine, la circumincession des Trois personnes,
3) unité dans la charité qui rayonne d'une quête attentive des besoins d'autrui,  de la paix plus grande que toute tentation de violence,  de cette primauté de l'unité qui nous fait contempler la souffrance de la séparation.
Cela rebondit avec ce que je trouve dans ce commentaire de l'évangile de Jean 2 par Origène, cité dans l'office des lectures(2) : "Selon une interprétation possible, le Temple et le corps de Jésus, l'un et l'autre, me semblent être la figure de l'Église. Car celle-ci est bâtie de pierres vivantes ; elle est une demeure spirituelle pour un sacerdoce saint ; elle est construite sur les fondations que sont les Apôtres et les prophètes avec, pour pierre angulaire, le Christ Jésus. Elle est donc en toute vérité qualifiée de « Temple ».Selon l'Écriture, vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Pour ce motif, même si l'assemblage des pierres de ce Temple semble se disjoindre et se défaire ; même si, comme il est écrit au psaume 21, tous les os du Christ semblent dispersés dans la persécution et l'oppression, par les complots de ceux qui attaquent l'unité du Temple à coups de persécutions ; cependant le Temple sera relevé et le corps ressuscitera le troisième jour, après le jour de malheur qui l'a accablé et après le lendemain de celui-ci, jour de l'achèvement. Car il y aura un troisième jour dans le ciel nouveau et sur la terre nouvelle, lorsque ses ossements, qui sont de la maison d'lsraël se relèveront, lors du grand jour du Seigneur, après sa victoire sur la mort. Par conséquent, la résurrection du Christ après les souffrances de la croix englobe le mystère de la résurrection de son corps tout entier. De même que le corps visible de Jésus a été crucifié, enseveli, et ensuite ressuscité, de même tout le corps constitué par les fidèles du Christ a été crucifié avec le Christ et ne vit plus désormais. Chacun d'entre eux, comme saint Paul, ne se glorifie pas d'autre chose que de la croix de Jésus Christ notre Seigneur, par laquelle il est crucifié pour le monde, et le monde crucifié pour lui. Non seulement il est crucifié avec le Christ et crucifié pour le monde, mais encore il est enseveli avec le Christ. Nous avons été mis au tombeau avec lui, dit saint Paul. Et comme s'il jouissait déjà d'un avant-goût de la résurrection, il ajoute : Et avec lui nous sommes déjà ressuscités. "
Contemplons cette unité et tâchons ensemble de la faire vivre.

(1) Irénée de Lyon, Contre les hérésies (1, 10, 1-2), Paris, Cerf, 1984
(2) Origène, Commentaire de l'évangile de Jean, Source Bréviaire AELF

12 juin 2015

Oecumenisme du sang - pape François

Dans une belle méditation sur la Samaritaine et la soif du Christ qui est une "soif de rencontre" et de dialogue,  le pape nous invitait à une unité qui "se fait sur le chemin,  (...) en marchant"

« L’engagement commun à annoncer l’Évangile permet de dépasser toute forme de prosélytisme et la tentation de compétition », a-t-il souligné à Saint-Paul hors les murs le 25 janvier 2015.  « Nous sommes tous au service de l’unique et même Évangile ! », a-t-il conclu, faisant de nouveau ressortir le fait que ceux qui persécutent aujourd’hui les chrétiens dans le monde ne distinguent pas l’Église à laquelle ils appartiennent. Ce que le pape François appelle « l’œcuménisme du sang ».

Cela souligne aussi pour moi cette inguérissable souffrance de la séparation. Pouvons nous continuer à déchirer la tunique unique au lieu de travailler sens à construire l'unité, dans et au seuil de nos églises.

20 janvier 2006

Oecuménisme

Le risque et le potentiel de l'oecuménisme de base "sans institution..." est à la fois de générer des lieux de rencontre et de progression mais parfois aussi de parvenir à une guerre et une division plus grande.
En cela l'Institution doit promouvoir le bon, distinguer ce qui n'est pas valable et rendre possible pour l'ensemble ce qui est profitable. "Elle a un rôle d'encouragement, de discernement, de décantation et de médiation". Le but est favoriser l'unité de tous, ne pas attendre à chaque fois les ordres d'en haut mais innover "dans la responsabilité à l'égard de l'ensemble et dans l'ouverture à l'ensemble".

Je pense qu'en cette semaine de l'unité, il est à la fois utile de rappeler les limites mais important de stimuler toutes les initiatives. Toutes ces rencontres qui permettent qu'au delà des discours nous percevions la richessse de nos propres chemins. Non pas pour renier nos différences, mais pour percevoir à quel point, il y a dans chaque homme, une parcelle du Verbe qui s'agenouille et qui tend à l'unité...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 335-340

Autres liens sur ces thèmes : Oecuménisme Unité Dialogue Ratzinger Chemins de dialogue Prière pour l'unité