31 mars 2006

Rahner et Origène

A travers Origène, Rahner développe à partir de l'attrition et de la pénitence une relation intéressante entre la cause et le signe extérieur. Le symbole est perçu comme la pointe de l'iceberg d'une transformation intérieure. Ce qui se passe au for interne de la personne jusqu'au signe sacramentel n'est pas seulement cause efficiente de la grâce mais la manifestation même de la grâce : "Ce en quoi la grâce s'exprime de telle manière que s'exprimant, tout d'abord elle se réalise, en sorte qu'elle dépend de lui et lui d'elle". Pour lui, "l'image est efficace en tant qu'image, efficace parce qu'image (...) ainsi le symbole du sacrement est cause en étant l'image de l'effet." (1)
Je trouve cette ouverture intéressante à une époque où l'on s'interroge sur la nécessité de répondre à une demande parfois mal structurée du sacrement. Il faut relire d'ailleurs ce que j'évoquais à ce sujet dans mon commentaire de J. Ratzinger.
A la différence de Balthasar qui reste à l'efficacité du Verbe jusqu'à la manifestation unique aux jours de l'incarnation, Rahner qui partage ce point de vue va plus loin, jusqu'à explorer la réciprocité dans le symbolisme sacramentel entre le signe extérieur et ce qui advient au coeur du croyant.
Pour Rahner, l'insistance n'est pas sur le Christ mais sur la réciprocité qui est en jeu à travers le symbolisme sacramentel qui implique une "différentiation entre théologie plus soucieuse de faire paraître les conditions anthropologiques à travers laquelle la grâce divine atteint son effectivité" (2)


(1) Karl Rahner, in Coeur de Jésus chez Origène p. 449, cité dans ibid p. 154-155
(2) ibid p. 156

30 mars 2006

Déductive ou inductive

En tant qu'ardant défenseur d'une pastorale inductive, je ne peux que souligner cette affirmation p. 135 qui souligne qu'une méthode théologique ne peut jamais au fond être déductive (car autrement elle soumet la liberté de figure aux lois de la pensée humaine). Elle est inductive dans le sens indiqué par Newman, montrant les "convergences des lignes et des voies d'approche vers un foyer unique, infiniment lumineux où brille la Gloire. (1)
Ce met en valeur la puissance théologique de l'accomplissement des Ecritures où "la grandeur de Jésus est l'apparition du libre abaissement (kénose) de la Gloire de Dieu dans la non liberté (l'obéissance) de la forme d'esclave. (2)

(1) Ibid p. 135 et Gloire et Croix III t. 2 p. 17
(2) Gloire et Croix III 2, t. 2 Neueur Bund p. 279

29 mars 2006

Mystère et figure

Il y a-t-il comme le note Holzer (1) une véritable opposition entre la notion de mystère absolu (absolute Geheimnis), l'insaisissable et l'invisible par excellence décrit par Rahner la figure et la théologie biblique de la Gloire (doxa) d'Urs von Balthasar. Personnellement je ne le pense pas. Peut-être suis-je atteint d'un syncrétisme léger, mais il me semble que l'invisible est notre lot commun et que ce qui est dévoilé dans la figure, dans le Christ en croix, n'est finalement rien d'autre que l'insaisissable mystère, dont nous refaisons sans cesse la découverte et la perte. Certes le salut est là, mais il reste par sa kénose lieu de liberté et de choix... Tout le reste n'est que chemin, préparation, avancée douloureuse et fuite récurrente.
J'entends cependant les réserves de Balthasar dans Geist und Feuer qui se demande si lorsque "Rahner voit le caractère rédempteur et expiatoire de la mort du Christ dans l'acte par lequel Jésus en mourant s'abandonne totalement au Père" cela suffit (2). Je comprends qu'il puisse mettre ces réserves et cependant, je pense que si l'on ramène cette révélation à l'essentiel de ce qui peut générer une conversion du coeur, tout le travail du passé perd son acuité. Elle permet la conversion, mais est balayé par ce coeur offert et ouvert d'où coule le fleuve de la vie. Comment pourrais-t-on peser le reste à l'aune de cet instant décisif où tout prends sens ?
Certes, "la Gloire est la souveraineté éclatante de celui qui vient dans le monde" (3)
Il s'agit d'une présence au monde faite de signes sensibles, objet d'expériences vécues, racontées et interprétées selon un regard de foi. Mais pour moi l'épiphanie de la croix dépasse tout.

(1) Holzer, ibid p. 133
(2) Esprit et feu, 1976 p. 99
(3) Gloire et Croix, III/2 1 p.17

Balises : Balthasar Rahner kenose

28 mars 2006

Eglise et Ecriture

Je découvre cette phrase admirable de Rahner pour qui l'Ecriture est le livre de l'Eglise parce que "seul l'être vivant de l'Eglise, qui possède l'Ecriture sainte comme son livre propre et le porte à travers les siècles est capable d'attester qu'elle est son essence et son extension, cette essence et cette extension n'ayant pas d'autres voie pour se faire connaître que le témoignage vivant de l'Eglise" ET VII p. 83 (1)
Cela rejoint ce que je disais sur ces coques vides, ou ces sarments reliés à la sève. L'Eglise d'aujourd'hui n'est pas l'Eglise eschatologique. Elle est imparfaite, constituée d'hommes et de femmes fragiles, mais quand ces êtres fragiles se laissent remplir par l'amour infini de Dieu, l'Eglise devient, à travers eux le coeur du message et la chaîne discrète mais sublime qui complète et actualise ce que le Christ a vécu dans sa chair... Le rapport entre l'Ecriture et l'Eglise devient alors "co-originant" et c'est en quelque sorte cette interaction mystérieuse entre le dire et le dit, que soulignait Lévinas dans autrement qu'être qui se perpétue au travers de cette église fragile. Depuis l'origine, depuis le reniement de Pierre, Jésus savait que cette fécondation se ferait dans la douleur. Mais le résultat qui se dessine, et qui s'étend, sans hégémonie, mais à travers la kénose discrète de ces hommes et ces femmes qui sont signes (Hillesum, Stein, mère Thérésa pour ne citer que les étincelles féminines) se dessine l'Eglise universelle, le corps du Christ en marche...
(1) cité par Holzer, ibid p. 132

26 mars 2006

Les limites du principe de l'autocommunication...

Il est vrai, comme le souligne Holzer qu'il y a un risque qu'une autocommunication relativise la place et la fonction de la christologie, comme si en cet acte d'autodonation gracieuse, tout est déjà donné et tout pouvait être déduit. (1)
En suivant le principe de Rahner, on pourrait croire que la grâce est un paquet cadeau, un trésor enfoui en nous et qui se suffit à lui seul et le risque serait effectivement de ne pas relier ce "talent" à la source, d'ignorer que nous ne sommes que des coquilles vides, des sarments qui quand ils ne sont pas reliés à la sève ne sont plus bons qu'à un feu éphémère. Ce que nous recevons de Dieu n'est peut-être que cette force qui nous permet de tourner nos coeurs et devenir des écoutants...

Et cette force, cette transcendance est peut-être en soi l'accès à la découverte du mystère (Geheimnis) et l'expérience (Erfahrung) de l'homme qui est tout à coup attiré dans ce mystère inconcevable.
(1) ibid p. 118

23 mars 2006

Le drame au centre...

Dans cette marche qui conduit le lecteur de l'esthétique au théologique, la dramatique n'est pas un accident de parcours. Comme le note très justement Capelle, il faut "comprendre la dramatique non comme la deuxième étape mais comme le centre de la Trilogie (...) l'universel humain et le singulier humain se retrouvent et se recouvrent dans l'idée de décision, donc d'action, de pratique et de drame (1)
Je souscris à cette idée d'autant plus qu'elle rejoint à sa manière ce que j'avais noté chez Bonaventure à propos de l'homme, intermédiaire entre la trace et la ressemblance. Notre défi, c'est de faire face au drame. L'esthétique nous y prépare, elle nous lance sur le chemin et le théologique nous échappe. Notre réel, c'est de répondre à l'appel, à l'assignation pour reprendre les termes de Lévinas. Et c'est bien dans ce drame que se joue notre humanité en devenir.

(1) ibid p. 115

22 mars 2006

La vérité

Comment Jésus peut-il dire de lui-même : "Je suis la Vérité "? C'est seulement dans la mesure où toute la vérité du monde a en lui sa consistance" (col. 1,17) et ceci présuppose à son tour que l'analogia entis devienne chez lui une personne : il est lui même dans l'être fini, la manifestation, le don et l'expression adéquate de Dieu.
A travers la tentative magistrale de donner un statut positif au fini, i.e. une constance ontologique, et indissociable de ce dont le fini procède, à savoir le divin dans la personne du Christ, (1) Balthasar nous fait percevoir l'inconnaissable. Le chemin que nos pères ont entamé dans l'analogia entis nous y a préparé... Peut-être faut-il reprendre ce que J. Ratzinger disait à ce sujet dans son analyse des différents stades de l'expérience, jusqu'à l'expérientel, comme les balbutiements du montagnard qui passe par bien des détours avant d'apercevoir la cime, pourtant inaccessible mais qui le pousse à grimper.
(1) ibid p. 114

21 mars 2006

Le seuil, parvis de l'Eglise...

Capelle note que Urs von Balthasar propose dans son Epilogue le seuil comme un lieu de passage entre la philosophie religieuse et la théologie de la révélation biblique :
a) en deçà du seuil c'est l'apologétique à partir des problèmes philosophiques, littéraires, religieuses de l'Esthétique
b) au delà du Seuil cela concerne les mystères du christianisme dans leur spécificité qu'aucune philosophie religieuse ne peut atteindre "Le sanctuaire"...
Dans une démarche pastorale, je crois que nous sommes appelés en tant que laïc a creuser, étayer cette recherche en deçà du seuil, construire des ponts nouveaux entre le monde et l'Eglise qui constituent autant de chemins d'accès à l'essence même de notre foi et c'est en cela que la philosophie, l'apologétique peuvent nous aider. Cela rejoint cette analogia entis, qui pour Capelle est le lieu de cohérence de l'oeuvre d'Hans Urs von Balthasar : "c'est pour elle que se déploie l'unité la plus intime entre théologie et spiritualité vers "une concordance s'établissant entre l'homme et l'Absolu par une libre décision d'amour" (1)
La concordance entre l'homme et Dieu, l'anthropomorphisme maîtrisé qui permet de découvrir, au delà de la forme et de l'apparu, l'épiphanie de l'insaississable, cette révélation qui permettra de rendre la vue à ceux qui cherchent dans le noir. Mais nous ne sommes pas des guérisseurs d'aveugles. C'est la tâche du Christ. Nous ne sommes que des chercheurs de lumière.

(1) G de Schrijver, Een God immanent in mens een Zijin, schoonheid en kenosis in de théologie van H.U. von Balthasar, trad. fr. Le merveilleux accord de l'homme et de Dieu ; l'analogie de l'être chez Hans Urs von Balthasar, Presses Universitaires de Louvain, 1983, p. 52 Urs von Balthasar, cité par Philippe Capelle, Doyen de la faculté philosophique de la Catho de Paris in "Urs von Balthasar, comment regagner une philosophie à partir de la théologie" p. 113 dans Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre, avec Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs), Bayard, Paris 2005

20 mars 2006

Projet n° 291

Après Projet n°290 sur l'Ukraine et le problème des quotas, je veux saluer le n° 291 qui consacre un long dossier sur le monde du travail. Reconnaître le travail, réunifier sa place dans la société, harmoniser les relations en son sein. Un document qui s'inscrit dans le message de l'Eglise sur la société d'aujourd'hui. A lire
Renseignement et abonnement

Plénitude philosophique

Capelle cite p. 105 cette affirmation de Balthasar : "La plénitude interne de la vérité philosophique - même en faisant abstraction de la lumière théologique qui ne cesse de l'éclairer - est déjà bien plus riche que ne laisse supposer la plupart des présentations que l'on en fait". (1)
N'est-ce pas en soi une concession à la thèse des chrétiens anonymes de Rahner... Ou peut-être aussi une exhortation à revenir à la sagesse de la Tradition, non pas dans son sens restreint, mais dans la découverte des Pères de l'Eglise, de leurs influences grecques et de ce long processus d'incarnation qui ne s'est pas fait seulement selon le registre de l'opposition, ou du syncrétisme mais comme la lente maturation d'une humanité qui marche vers la réception complète du mystère.
"il n'y a pas de théologie sans philosophie" (2)

(1) Urs von Balthasar, Théologique, Vérité sur le monde, T1 p. 30 cité par Philippe Capelle, Doyen de la faculté philosophique de la Catho de Paris in "Urs von Balthasar, comment regagner une philosophie à partir de la théologie" p. 105 dans Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre, avec Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs), Bayard, Paris 2005
(2) Balthasar, ibid p. 30

19 mars 2006

Grâce infuse...

Je redécouvre p. 104 le principe de causa secunda de Thomas d'Aquin qui affirme que la créature est "déjà investie kénotiquement par la toute puissance divine du se-donner et du pouvoir-créer. Une fois posée l'autre de Dieu en vertu de ce premier acte fondateur, il faut dire que la grâce se présente doublement : à la fois comme un statut de vis-à-vis libre et autonome et comme participation plus étroite à l'être de Dieu. " (1) . J'en arrive à me demander si ce n'est-ce pas ce qui distingue l'action du Fils et de l'Esprit dans ce que j'ai appelé la danse symphonique trinitaire... ?
Il y aurait ainsi deux modes de présentation de la grâce : une extérieur, libre et interpellante, tel le signe élevé donné dans le désert et une intérieure, conscience enfouie en l'homme et qui l'interpelle au coeur de lui-même...

(1) Urs von Balthasar, "Regagner une philosophie à partir de la théologie" in Pour une philosophie chrétienne, Lethilleux/Culture, 1983 p. 184, cité par Philippe Capelle, Doyen de la faculté philosophique de la Catho de Paris in "Urs von Balthasar, comment regagner une philosophie à partir de la théologie" p. 104 dans Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre, avec Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs), Bayard, Paris 2005

Voir à ce sujet : Incarnation / Danse / Kénose

18 mars 2006

De la philosophie à la Gloire...

Pour Balthasar, "la philosophie en tant que savoir de Dieu est la gloire elle même" (1) Cela soulève bien sûr des interrogations à l'image de cette tour de Babel que nous sommes tentés de construire sans cesse. Mais comme le note très justement Capelle, si Balthasar s'inspire d'Hegel il "s'inscrit en faux contre une figure de la totalité où le révélé historique est identique au manifesté divin et où donc le secret n'a plus de statut. (2) Le mystère et l'insaississable garde donc sa place et c'est en cela que toute tour de Babel est voué à l'échec.

(1) Gloire et Croix, Métaphysique 3 p. 320, ibid p.101.
(2) ibid p. 101

17 mars 2006

La pastorale de l'attente...

On ne peut forcer l'homme au delà de sa conscience intérieure. Et c'est pourquoi la pastorale de l'attente rejoint le principe de l'attente théologique.
C'est le mouvement qui permet de rejoindre la liberté fondamentale de chaque homme perçu comme une histoire sacrée. On retrouve là l'idée lévinassienne du "Comment Dieu vient-il à l'idée ?". Mais aussi d'une certaine manière la croissance de l'empètrement dans le mal et du besoin d'un "salut" qui va faire irruption. L'homme est en recherche tout en essayant de l'ignorer et de repousser à la périphérie cet Eros enfoui qui le pousse vers un ailleurs.

15 mars 2006

Théologie et science

J'aime l'analyse donnée p.92 et 93 par J. Greisch qui souligne comme point le plus vulnérable la "prétention de vouloir faire passer la plénitude métaphorique du langage élémentaire de la foi au régime d'analogies rigoureusement scientifiques". Pour lui (ibid p.93) "l'initiation philosophique à la théologie est un exercice modeste et ambitieux à la fois qui rejoint en un sens l'apologétique classique (religiosa / christiana / catholica). La Religiosa qui cherche à établir la preuve de l'existence de Dieu est confortée par l'expérience de la faute qui conduit à la révélation chrétienne, avant de parvenir à l'institution seule gardienne de la foi.
Enoncée comme cela, je retrouve non sans intérêt ce que je pratique depuis 20 ans en pastorale. Ce chemin me semble plus réaliste et respectueux de la personne que celui qui chercherait à imposer les dogmes comme un préalable et une vérité incontournable. Pour moi une pastorale doit prendre en compte ce cheminement qui est celui qui permet à la fois une pastorale inductive et le respect de la liberté fondamentale du chercheur de Dieu. De plus, elle nous permet de nous situer sur le même chemin, à l'image de celui de Jésus sur la route d'Emmaüs...

14 mars 2006

Une expérience indiscutable de liberté.

La liberté n'est pas un schéme accessoire. Il est pour moi constitutif de notre condition d'homme et de la rencontre même du phénomène. La troisième thèse citée de Schaeffler qui souligne que "nous ne pouvons déchiffrer dans tout ce qui vient à notre rencontre la figure phénoménale d'une liberté qui nous interpelle tout en se tournant vers nous, à laquelle nous pouvons donc nous fier pour recouvrir l'unité du Je" (1) fait rejaillir ce que je lisais il y a quelques semaines sur la notion d'expérientiel chez J. Ratzinger. Passer de l'expérience à l'expérientiel, n'est ce pas en soi un chemin de liberté et de foi véritable.
On comprend alors ce qui est donné sur la sixième thèse p. 91 : "Seule une théorie dialogique de l'expérience permet de trouver un juste équilibre entre réalisme et idéalisme, c'est-à-dire qu'elle fonde une critique qui permet à l'homme de prendre conscience de sa contribution active à la forme phénoménale du sacré et du divin sans pour autant être obligé de n'y voir qu'une projection de ses désirs infantiles" (2)

(1) cité par Jean Greisch, in "Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre, avec Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs), Bayard, Paris 2005, p. 90
(2) 6ème thèse de Schaeffler, Erfahrung als Dialog mit des Wirklichkeit. Eine Untersuchung zur Logik des Erfahrung, Freiburg/München, Verlag Karl Aber 1995 cité par Jean Greisch, in "Balthasar, Rahner, ibid, p. 91

Chrétien anonyme...

La qualification de chrétien anonyme n'est pas pour autant la récupération de l'homme par le catholicisme. N'est-ce pas plutôt la joie de voir que le meilleur de notre foi ne nous a pas été confié de manière exclusive mais est déjà le mystère de la première alliance, celle scellée par Noë avec l'humanité toute entière. Alors l'affirmation suivante p. 88 ne me choque pas... : "Ce qui fait de moi un chrétien à vos yeux fait de vous un juif aux miens" (à propos des chrétiens anonymes) (1)

Lessing, Nathan le Sage, (1) cité par Jean Greisch, in "Balthasar, Rahner Deux pensées en contraste, colloque d'une rencontre, avec Henri-Jérôme Gagey et Vincent Holzer (Editeurs), Bayard, Paris 2005, p. 88

07 mars 2006

Tendresse de Dieu

"les feuilles tombent dans un geste de déni (...) mais pourtant il y a quelqu'un qui tient toutes ces chutes entre ses mains, d'une infinie tendresse"
R. M. Rilke

05 mars 2006

Serviteur et fils

J'aime à relire cette affirmation de Rahner qui souligne que "Dieu n'a fait des serviteurs que pour en faire des fils." (1) Elle traduit l'amour du Père, insaisissable et cependant infini. Et notre filiation n'est pas anthropomorphisme mais participation au corps du Christ. Nous sommes appelés à être en Christ. On rejoint cette affirmation de saint Paul : "Ils les a justifiés..."

Mais il rejoint aussi Jn 1, 13-14 que nous sommes en train de méditer... Hasard des chemins du Verbe sur notre route.

(1) ibid p. 82

01 mars 2006

Un temps de silence

En cette période de carême, je vous propose un temps de silence et de méditation...
Un temps tout intérieur.
Ce blogue sera donc peu actif, mon attention se concentrant sur l'expérience de lectio divina lancée sur http://selonsaintjean.blogspot.com . Une démarche à laquelle je vous invite tous à vous joindre.
C.

Le théologien agenouillé...

Cette citation d'Hörer des Wortes : "seul celui qui ne connaît pas encore la réponse et qui confesse son non savoir est réellement ouvert à la possibilité d'une libre auto-manifestation de la part du Dieu libre et personnel" (HW 94) fait raisonner en moi ce que J. Ratzinger disait lors de l'oraison funèbre de Balthasar. Le non savoir, la kénose de l'homme et de Dieu, c'est cela le coeur de la "théologie agenouillée". Un abaissement du fini qui laisse place à l'au-delà de tout pour reprendre l'hymne attribué à saint Grégoire de Naziance...
Il y a rencontre de deux libertés. "Celle de Dieu (le libre inconnu) et celle de l'homme (le libre écoutant) de se rencontrer. Leur rencontre se déroule sur la scène de l'histoire que Rahner définit comme le "lieu ou retentit le message libre". (1) Et pour moi, le noeud de l'histoire du salut se joue dans cette rencontre "amoureuse".
"Le philosophe peut être comparé à Jean Baptiste, qui n'est pas digne de dénouer les sandales du théologien mais permet de préparer ses chemins. Et le théologien n'est lui-même qu'un va nu-pieds intellectuel..." (2)

Puisse toute recherche théologique rester habitée de cette dimension face au mystère.

(1) ibid p. 80
(2) ibid p.82