C'est un peu ce que dit Catherine de Gênes qui cherche à se "laisser consumer de l'extérieur et de l'intérieur par la puissance et la bonté de Dieu" (1) jusqu'à ce que la créature soit ramenée "à cet être divin dont elle procède, c'est à dire cette pureté dans laquelle il l'a créée"(2).
On peut rejoindre là une lecture spirituelle de Gn 2, 24, où l'être créé quitte sa corporéité d'origine pour faire une seule chair en Christ, dans cet élan de la dynamique sacramentelle que j'ai longtemps développé. Il y a par exemple dans la nourriture eucharistique, cette dimension même de manger la chair pour ne faire qu'une seule chair, illustration même de cette nouvelle naissance évoquée par le Christ à Nicodème en Jn 3.
Un ami dit ainsi que la communion est pour lui extatique. Elle est en tout cas, participation fortuite et éphémère à cette danse trinitaire à laquelle nous sommes invités.
Chez Catherine de Gênes, cette vision la conduit à une tension dialectique qui la pousse à se "jeter dans le feu purificateur" (3), exprimant l'aspect dévorant de l'amour. Pour Balthasar, cette alternance entre mérite et indignité, proche de maître Eckhart et caractéristique du Moyen-âge tardif, rejoint le justus et peccator de Luther. (4).
En cette année de la miséricorde, on réduira probablement cette dernière tension à l'aune de ce que peut écrire sainte Catherine de Sienne : Dieu est plus miséricordieux que notre péché...
(1) Sainte Catherine de Gênes, Vita 9, cité en GC7 p. 158
(2) Vita 14.
(3) et (4) GC7 p. 159
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