08 décembre 2018

Au fil de Luc 3, Aplanissez les chemins

               
Homélie du 2ème dimanche avent – Année C
Quelle est cette joie dont nous parle les deux lectures et le psaume ? Qu'est-ce qui peut mettre aujourd'hui notre cœur en joie alors que partout semble régner la tristesse, voire la révolte ?

La réponse, nous la connaissons au fond de nous. C'est celle qui va faire chanter les anges le jour de Noël. Mais pour que notre joie soit parfaite, il reste un grand chantier. Et les textes d'aujourd'hui ressemblent aussi un peu à un appel d'offre pour une entreprise de terrassement. On voit déjà les bulldozers, les camions qui se mettent en route pour aplanir la nouvelle autoroute. Sauf que la géographie de Luc n'est pas celle de notre vallée d'Avre. Elle est toute intérieure.
C'est dans ce sens que je vous invite à une méditation puis une contemplation : une méditation intérieure d'abord, pour trouver les moyens d'accueillir vraiment le Fils en nous, extérieure ensuite pour contempler le don qui nous attend.
  1.     Commençons par le chemin intérieur    
L'enjeu est ici de préparer les chemins du Seigneur, tracer en nous un sillon, de rendre possible la conversion du cœur qui se fait en nous.
Prenons donc le temps de visiter notre propre vallée intérieure, de noter ces escarpements funestes qui nous empêchent d'accueillir en nous le Seigneur. Ce serait présomptueux pour moi de dire ce qui empêche la rivière divine de couler du Temple vers vos cœurs assoiffés. Je sais, par contre, d'expérience qu'il faut peu de chose chez moi pour barrer le lit de la rivière. En ce temps de l'avent, notre chemin est là ! A nous d,accueillir l’eau vive, le don de Dieu, de creuser en nous, de désensabler nos sources. A nous de trouver ce qui fait barrage et de prendre notre pelle, de creuser nos ruisseaux intérieurs. C'est aujourd'hui que nous devons chercher la source qui nous vient de Dieu.
Prenons pour cela le temps de contempler les dons de Dieu puis de méditer en contrepoint ce qui nous éloigne de Dieu.  Laissons Dieu fissurer nos coeurs de pierre, abattre les cloisons de l'indifférence et préparer les chemins du Seigneur.
Une piste, si vous le permettez. l'Église nous donne un sacrement que nous oublions souvent. Celui de la réconciliation. N'avons-nous pas trop tendance à le réserver à l'exceptionnel ? Pour qu'une rivière garde son lit, il faut au contraire ne pas cesser de creuser, dégager les vases qui ralentissent le fleuve et lui font perdre sa force.
Allez ! Prenez rendez-vous avec le curé. Il vous attend parce qu'il porte en lui la miséricorde d'un Dieu amour. Il a pour mission de libérer en vous l'eau vive.
Chaque dimanche, au début de la messe, nous récitons aussi le "je confesse à Dieu". Les deux sont liés. Nous ne pouvons avancer vers le Christ, sans l'accueillir en étant conscient de nos faiblesse. Jésus se fait petit filet d’eau vive pour pénétrer par nos barrages étroits, à nous de les entrouvrir suffisamment.


2. La contemplation


Elle consiste à ouvrir nos coeurs au triple don de la Parole, du Corps et du Sang de Jésus. Notre vie intérieure se nourrit de sacrements : aller à la messe c'est participer à un triple repas.
La première table, c'est celle de la Parole. C'est une table, un festin. Cela demande de s'y préparer, d'avoir faim d'une rencontre, puis de la déguster, phrase après phrase.  Prenons le temps de l'écouter, de la ruminer.
La deuxième table, c'est le don du Corps. Nous portons notre travail à l'autel et Dieu vient l'habiter de son don. A nous de contempler ce don, de contempler la croix, le coeur transpercé du Christ qui vient abreuver le monde de son Amour. Le contempler pour mieux le recevoir en nous.
La troisième table, c'est le monde. Recevoir le Corps, c'est accepter de le porter en nous. Si nous avons creusé notre coeur, nous pouvons devenir porte-Christ.


J'insiste sur cette troisième partie. L'expression "porte-Christ, que l'on trouve dans les catéchèses des premiers siècles est une belle image. Il s'agit de porter le fruit reçu, au bout de notre quête vers le monde. Quand la source est dégagée, l'eau vive reçue de Dieu peut jaillir à travers nous et altérer ceux qui ont soif !
N'ayons pas peur…! Car au bout du voyage, la joie nous attend. Et cette joie mérite tous nos efforts.


Amen.

Homélie des 8 et 9/12/18 Vert en Drouais et Nonancourt

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