01 février 2019

Au fil de Luc 4, 21-30, le prophète ou les larmes de Dieu - Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire

Projet pour le 3/2/19 - version 4
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Avez-vous déjà perçu les larmes de Dieu ? prenons le risque d’une métaphore humaine et poétique : si nous écoutions la pluie, comme le signe d'un Dieu qui pleure ? Ou la neige, comme le silence de Dieu souffrant.
Est-ce que nous entendons la souffrance du Dieu trinitaire (1), depuis le cri qu'il lance à l'homme dans le jardin d'Eden, jusqu'au cri du Christ en croix ? 
« Où es-tu ? », dit-il à Adam (Gn 3) - J’ai soif [de toi] (2), lance-t-il en Croix (Jean 19, 28, (cf. mon livre éponyme)

Les textes que nous avons entendus ce 4ème dimanche du temps ordinaire, nous dévoile la fonction du prophète. Ils font à leur manière résonner la parabole des vignerons homicides qui tuent les envoyés du maître...
Qui est le prophète ? N’est-ce pas celui qui nous fait part de la désolation de Dieu. Dans la première lecture, Dieu lui demande de revêtir sa ceinture (Jérémie 1), une ceinture bien fragile (cf. Jer 13 sq). De la même façon, par une allusion à Élie, Jésus nous conduit dans l'évangile sur les pas du grand prophète jusqu'à Sarepta, (cf. 1 Rois 17, 9 sq) retrouver la veuve qui n'a plus rien et qui s'apprête à mourir avec son fils. 
Quel est l'enjeu, sinon que Dieu as entendu son cri, loin de l'indifférence de son peuple, qui dans son opulence, n'entend plus Ses appels.

Par ce récit (Luc 4) , Jésus nous fait entendre sa désolation et les larmes qu'il verse sur son village natal incapable de reconnaître sa fonction de prophète. 
C'est au sein de cette tension que deux clés se révèlent. Deux clés qui nous conduisent à une contemplation et une méditation.

1ère clé 
Nous avons entendu déjà, la semaine dernière, le début du texte. Il s'est arrêté, sur la notion d'accomplissement, aujourd'hui nous allons un peu plus loin. 

Je vous propose de contempler encore cette notion d'accomplissement, de la « manduquer » dans un premier temps, avant de méditer sur la deuxième lecture et sur ce qu'elle me dit de l'amour de Dieu.

Premier temps - contemplation.
L'accomplissement, ce que le Christ  me dit comme accompli, se tend dans les évangiles entre cette affirmation de Jésus à Nazareth et ce « tout est accompli » qu'il prononce sur sa croix.
Savez vous combien de fois le mot accompli est cité dans l'évangile ?
En fait on le trouve une petite vingtaine de fois dans l'évangile, mais ce qui est frappant, c'est que c'est l'un des premiers mots de Jésus dans Luc et le dernier dans Jean. Tout est accompli. C'est peut-être cela que nous avons à contempler aujourd'hui. Un Dieu qui fait tout pour l’homme, jusqu’à donner son Fils et qui pleure sur son Amour rejeté par l’homme.
C'est néanmoins dans cette tension entre le début et la fin de son ministère, que Jésus va tenter de d’aller plus loin, de révéler la hauteur de l'amour de Dieu et en meme temps sa souffrance de n’être  pas entendu. 

La deuxième clé est enchâssée dans la première : cet amour infini de Dieu qui cherche à se révéler.

C'est cet amour de Dieu que nous avons à méditer et que saint Paul nous révèle dans la deuxième lecture.

« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil (...) ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; (..) il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » (1 Cor 13). Ce que Paul nous dit, ce qu'il nous révèle entre les lignes, c'est d'abord l'amour de Dieu avant d'être une exhortation sur ce vers quoi nous devons tendre. Le chemin du prophète, le chemin de Jésus, n'est ce pas finalement de nous révéler l'amour avec un grand A
Ce n'est que lorsque que nous avons découvert cela que nous pouvons passer au deuxième temps et à une méditation sur ce que cela appelle chez nous.

Deuxième temps - Exhortation 
Quel est le but de Paul, quel est le message de Jésus ? N'est-ce pas finalement nous faire goûter la largeur, la profondeur, la grandeur et la hauteur de l'amour de Dieu. Il n'est pas anodin que les fiancés prennent ce texte pour leur mariage. C'est l'amour idéal, c'est l'amour de Dieu, c'est l'amour d'un Dieu qui pleure. Prenons le temps de méditer cela. 

Si Dieu pleure, c'est sur l'aveuglement des hommes. 
Mais après la pluie il y a toujours le signe de l'alliance, le signe d'un dieu qui est espérance, l'arc-en-ciel, ce clin d'œil de Dieu qui précède le soleil, la lumière la chaleur, la vie. Dieu nous fait signe, il me dit qu'au-delà des pleurs, au delà des larmes, vient l'amour. Alors écoute ton Dieu pleurer et cherche au fond de ton cœur comment répondre à son amour infini, comme entendre son cri, comment répondre par l'amour à un amour qui se donne sans chercher son intérêt, jusqu'au bout. 

(1) cf. aussi François Varillon, La souffrance de Dieu
(2) cf. mes travaux évoqués, mais aussi une réflexion de sœur Térésa


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