Il est né sur la paille et mort sur une poutre...
Si l’histoire de la crèche est contestée, la puissance de la lecture spirituelle de la naissance, racontée par Luc ne déroge pas avec l’ensemble du message de l’évangéliste.
Premier et ultime clin d’œil d’une vie pour dénoncer l’erreur d’une loi hypocrite ou le jugement hâtif du frère du fils prodigue ? (Luc 15).
Il y a un lien à contempler entre cette paille qui accueille le tout petit et ce bois qui supporte le crucifié. Ce lien c’est la chair nue, exposée de celui qui refuse tout égard, toute première place, pour se dénuder dans le service de ses frères (Jn 13) et le don inouï d’une vie offerte.
Quel chemin entre le Dieu rêvé des premières théophanies de l’Exode (cf. Ex 19) et celui de la crèche. Alors qu’on y voyait trompettes et métaux précieux et qu’on rêvait d’un Dieu du tonnerre voici un Dieu nu exposé et rejeté... fui et trahi... fragile et crucifié...
Depuis le premier jour jusqu’au dernier...il est un Dieu qui se fait petit... pour dénoncer nos rêves de grandeur.
Tout ça pour quoi ?
Pour nous conduire au delà de la paille du voisin, la poutre de notre oeil ? Si nous cherchons un Dieu puissant nous faisons fausse route. La puissance de Dieu se révèle dans la faiblesse... (cf. 2 Co 12).
Quel est le sens de cette nuit ?
Pourquoi pouvons nous danser de joie ?
La naissance de Dieu homme est nouvelle naissance...
Il vient habiter l’homme et transformer son cœur...
Ne sommes-nous pas parfois l’aubergiste qui rejette la jeune fille enceinte, le pharisien devant la femme adultère (Jn 8.) celui qui cherche la paille et oublie la poutre...(cf. Lc 6, Mt 5), repousse l’étranger ou le lépreux de notre entourage.
A chaque fois que notre cœur se durcit nous oublions que le chemin n’est pas écrit à coup de burin dans le marbre d’une loi immuable, mais avec le cœur et au cœur de l’homme grâce à une paille sur le sable par un Dieu à genoux devant l’homme, qui ne veut que l’amour...
Que celui qui n’a pas péché jette la première pierre...(Jn 8.)
C’est ce peut-être ce Dieu là ce que nous contemplons cette nuit.
Dieu fragile...
La crèche n’est que la clé de sol d’une symphonie trinitaire.
- Celle d’un Dieu qui renonce à toute manifestation de puissance pour nous dévoiler l’amour...
- Celle d’un Fils qui consent à tout pour tracer un autre chemin que la loi hautaine et méprisante des hypocrites.
- Celle d’un Esprit qui se fait fragile pour tracer en nos cœurs un chemin d’humanité.
Prenons conscience de nos poutres érigées à tort, de nos condamnations trop rapides pour percevoir que l’amour est miséricorde et pardon...
Vous voulez comme David des signes et des rois, des maisons et des institutions ?
Il ne vous sera donné que le signe de Jonas. Un prophète qui se fait petit...
Un petit d’homme couché sur un lit de paille et mort sur une poutre, pour que nos violences soient réduites à néant, nos jugements hâtifs et hypocrites balayés comme les feuilles au vent, nos quêtes de puissance réduites à un chemin d’humilité.
Le Dieu de la crèche et de la Croix est un Dieu à genoux...
Et la danse des trois personnes n’a qu’une direction, celle de nous inviter à la miséricorde et l’humilité...
Il est le chemin, la vérité et la vie...
Le Verbe s’est fait chair fragile parmi nous pour retourner nos cœurs de pierre en coeur de chair.
Le verbe est là - aujourd’hui - présence discrète, démunie, qui invite à l’amour.
Joie des cœurs simples. Danse des anges
Noël
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