Pour J. Ratzinger, il y a 3 moyens d'entrer dans l'expérience chrétienne.
a) la vie en commun de la foi et de la liturgie à travers la paroisse, la communauté
b) la découverte du croyant qui est lumière pour les autres.
c) le saint qui est figure vivante jusqu'à avoir le "goût du divin"
Comme il le souligne, on ne peut goûter à la lumière (cf. Ps 34,9, 1 P 2,3, Hb 6,4) sans être transformé tout entier. Et cependant toute expérience mystique est une expérience rare. Elle ne doit pas être un but en soi car alors "la foi deviendrait une jouissance en soi au lieu d'être un dépassement de soi et serait infidèle à sa nature. La découverte de Dieu, l'expérience du bien en Dieu doit être soumise à ce qu'on appelle la loi du mont Thabor (là où les apôtres témoins de la transfiguration voulaient planter une tente). L'expérience joyeuse de Dieu n'est pas un lieu de séjour mais "un encouragement, une confort pour pénétrer de façon nouvelle la vie quotidienne, muni de la Parole de Jésus Christ et pour comprendre que le faisceau de la lumière de la proximité divine est présent là où on va de l'avant, muni de la parole..." (1)
Cela rejoint ce que je soulignais plus haut sur la croix. La joie n'a de sens que parce qu'elle prépare au dépouillement. Les amis de l'époux ne jeûnent pas tans que l'époux est là. Mais viendra un temps où ils jeûneront... (cf. Mt 9,15). Prenons garde à ne pas rester au Thabor dans nos rassemblements, car c'est dans la persévérance et le dépouillement que la puissance de Dieu se manifestera vraiment.
Pour J. Ratzinger nos catéchéses peuvent stagner, si elles ne sont pas une dynamique de progrès propre, dans la mesure où elle se contenterait, se réduirait à un "cercle élémentaire d'offre et de demande" (2) qui enfermerait l'homme dans le donné, sans aller jusqu'à une interrogation, une interpellation véritable "juste au moment où il devrait être libéré et conduit au large" (2)
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 394
(2) ibid p. 395
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