09 octobre 2018

Diaconat 3 - Imitateur de Dieu - Saint Ignace d’Antioche

« J'ai glorifié Dieu puisque j'avais trouvé en vous, je le savais, des imitateurs de Dieu.
Car, lorsque vous êtes soumis à l'évêque comme à Jésus Christ, je vois que vous ne vivez pas selon les hommes, mais selon Jésus Christ qui est mort pour vous afin que, croyant en sa mort, vous échappiez à la mort. Il est donc nécessaire, comme vous le faites, de ne jamais agir sans l'évêque mais d'être soumis aussi au presbyterium comme aux Apôtres de Jésus Christ, notre espérance. C'est en lui que nous serons, si nous vivons ainsi.
Il faut aussi que les diacres, qui sont les serviteurs des mystères de Jésus Christ, soient agréés de tous en toute chose. Car ce n'est pas de nourriture et de boisson qu'ils sont les diacres : ils sont les serviteurs de l'Église de Dieu. Il faut donc qu'ils évitent comme le feu tout motif de reproche.(1). »
(1) Saint Ignace d'Antioche, Lettre aux Tralliens, source AELF




L’amour est en toi - 18 - Sainte Élisabeth de la Trinité


« Pour que rien ne me sorte du beau silence du dedans, [je garderai] toujours la même condition, le même isolement, la même séparation, le même dépouillement. Si mes désirs, mes craintes, mes joies ou mes douleurs... ne sont pas parfaitement ordonnés à Dieu, je ne serai pas solitaire, il y aura du bruit en moi ; il faut donc l'apaisement, le « sommeil des puissances », l'unité de l'être. « Écoute, ma fille, prête l'oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, et le Roi sera épris de ta beauté » (Ps 44,11-12)... « Oublier son peuple » c'est difficile, il me semble ; car ce peuple c'est tout ce monde qui fait pour ainsi dire partie de nous-mêmes : c'est la sensibilité, les souvenirs, les impressions, etc. ... Quand l'âme a fait cette rupture, quand elle est libre de tout cela, le Roi est épris de sa beauté...
Le Créateur, en voyant le beau silence qui règne en sa créature, en la considérant toute recueillie..., la fait passer en cette solitude immense, infinie, en ce « lieu spacieux » chanté par le prophète (Ps 17,20) et qui n'est autre que lui-même... « Je la conduirai dans la solitude et je lui parlerai au cœur. » (Os 2,16) La voici, cette âme entrée en cette vaste solitude où Dieu va se faire entendre ! « Sa parole, dit saint Paul, est vivante et efficace, et plus pénétrante qu'aucun glaive à deux tranchants : elle atteint jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit, jusque dans les jointures et dans les mœlles. » (He 4,12) C'est donc elle directement qui achèvera le travail du dépouillement dans l'âme...
Mais ce n'est pas tout de l'entendre, cette parole, il faut la garder ! (Jn 14,23) Et c'est en la gardant que l'âme sera « sanctifiée dans la vérité » (Jn 17,17) ; c'est là le désir du Maître... À celui qui garde sa parole, n'a-t-il pas fait cette promesse : « Mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure » ? (Jn 14,23) C'est toute la Trinité qui habite dans l'âme qui l'aime en vérité, c'est-à-dire en gardant sa parole.(1) »

(1) Sainte Élisabeth de la Trinité, Dernière Retraite, 10e – 11e  jours (in OC, Cerf 1991, p.173s, source Evangelizo 

03 octobre 2018

Théologie du corps - L’amour est en toi 17

C’est peut-être dans la première lettre aux Corinthiens que se dévoile le mieux la théologie chrétienne du corps. D’abord dans les premiers chapitres où Paul parle de notre corps comme temple de l’Esprit et met de fait tout notre rapport au monde en tension avec notre ouverture au divin.
«Ne le savez-vous pas? Votre corps est le sanctuaire de l’Esprit saint qui est en vous et que vous tenez de Dieu; vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés à un prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps.»
‭ (1 Co ‭6:19-20‬)
Cette théologie est héritage du premier Testament. L’hébreu est lui-même objet d’interprétation puisque le mot « basar » est en grec traduit soit par sarx (chair) ou soma (corps) alors que cette chair est habitée par nephesh (le souffle de vie) et ruah (relation disposée vers Dieu)
Bien sûr, on peut passer aux côtés de cette théologie, mais c’est faire impasse sur Gn 2, don du souffle et appel à faire une seule chair.
Il y a dans le don du corps à l’homme à la fois une infinie liberté et une invitation : être signe d’une danse symphonique entre l’homme et Dieu dans la « chair même » d’une danse des corps.
Saint Jean Paul Il l’a bien compris dans ses catéchèses, « l’union conjugale peut être liturgie » dit-il.
Si nos corps à corps deviennent symphonie, c’est qu’en portant du fruit, ils participent à la création du monde. J’entends cela au sens le plus large du mot fécondité.
Et c’est là où les chapitres 12 et 13 de Corinthiens entrent en compte. Si je n’ai pas l’amour je ne suis rien. « L’amour prend patience, ne cherche pas son intérêt », est don total (agape) qui s’oublie dans une fécondité sans retour, qu’elle soit dans une autre chair ou d’un autre ordre.
Alors pouvons-nous comprendre Ephesiens 5 : «Maris, aimez votre femme comme le Christ a aimé l’Eglise: il s’est livré lui-même pour elle,»
‭‭(Eph. 5:25‬),
L’amour humain est tremplin vers l’agape. S’en priver n’a de sens que s’il est don renouvelé de soi. S’y consacrer à l’inverse n’est pas chemin de perdition. Il est don pour une même diaconie : l’amour conjugal devient sacrement dans l’effacement de la chair qui devient temple de la vie reçue et donnée (1)

  1. en résonance avec un cours d’Eric Morin aux Bernardins sur 1 Co 7 (https://www.collegedesbernardins.fr/content/saint-paul-la-premiere-lettre-aux-corinthiens-2017) et mes travaux publiés sous le titre de Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale



01 octobre 2018

Ma vocation c’est l’amour - sainte Thérèse de Lisieux

« Considérant le corps mystique de l'Église, je ne m'étais reconnue dans aucun des membres décrits par S. Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous... La charité me donna la clé de ma vocation. Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas ; je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d'amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang... Je compris que l'amour renfermait toutes les vocations, que l'amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux... ; en un mot, qu'il est éternel !...
Alors, dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je l'ai trouvée, ma vocation, c'est l'amour !...
Oui, j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c'est vous qui me l'avez donnée... dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi, je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... » (1)
(1) Sainte Thérèse de l'enfant Jésus et de la Sainte Face, lettre à sœur Marie du Sacré Cœur, 22/9/1896

28 septembre 2018

L’abandon - Sainte Thérèse de Lisieux

Il est sur cette terre
Un Arbre merveilleux
Sa racine, ô mystère ! 
Se trouve dans les cieux.

Jamais sous son ombrage
Rien ne saurait blesser ;
Là, sans craindre l'orage
On peut se reposer.

De cet Arbre ineffable 
L'Amour voilà le nom, 
Et son fruit délectable
S'appelle l'abandon.

Ce fruit dès cette vie
Me donne le bonheur ;
Mon âme est réjouie
Par sa divine odeur.

Ce fruit, quand je le touche,
Me paraît un trésor ;
Le portant à ma bouche,
Il m'est plus doux encor.

Il me donne en ce monde 
Un océan de paix ;
En cette paix profonde 
Je repose à jamais.

Seul l'abandon me livre 
En tes bras, ô Jésus.
C'est lui qui me fait vivre 

De la vie des élus.(1)

(1) Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face, Poésie 52  L.abandon est le fruit délicieux de l’amour

Source : Évangile au quotidien

11 septembre 2018

Les fruits de l'Esprit

Quel est notre chemin si ce n'est de suivre le Christ en se laissant dépouiller en tout.
"Si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui;" (1)

Ceux qui se laissent porter par l'Esprit ont des fruits multiples :"Parfois ils sont comme plongés dans le deuil et l'affliction pour le genre humain, ils répandent des prières pour toute l'humanité, ils se livrent à la tristesse et aux larmes, parce que l'Esprit les embrase d'amour pour tous les hommes.


D'autres fois, l'Esprit fait brûler en eux tant d'exaltation et d'amour que, si c'était possible, ils enfermeraient dans leur coeur tous les hommes, sans distinction de bien ou de mal.

D'autres fois, ils s'abaissent plus bas que tous les autres dans l'humilité de l'Esprit, au point de s'estimer les derniers et les moindres de tous.

D'autres fois, ils demeurent dans une joie inexprimable sous l'action de l'Esprit." (2)

(1) 2 Timothée 2:11 BCC1923
(2) Homélie du IVeme siècle,  source Bréviaire, AELF

08 septembre 2018

Penser / Agir

"Je ne méprise pas les pensées profondes mais (...) les plus belles pensées ne sont rien sans les oeuvres" (1)

(1) ibid 19v p. 260

Kénose chez Thérèse de Lisieux- 2

"Abandonner son manteau (Mt 5, 40-42) c'est, il me semble, renoncer à ses derniers droits, c'est se considérer comme la servante, l'esclave des autres. Lorsqu'on a quitté son manteau (1), c'est plus facile de marcher, de courir, aussi Jésus ajoute-t-il : Et qui que ce soit qui vous force de faire mille pas, faites-en deux mille de plus avec lui. (Mt 5, 41) (2)

(1) cf. aussi mon commentaire de Exode 33 in la voix d'un fin sile
(2) Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit C, 16v, ibid p. 256

Béatitudes - Saint Léon le grand

"Heureux, dit-il, les pauvres de coeur, car le Royaume des cieux est à eux. On aurait pu se demander de quels pauvres parlait la Vérité si, en disant : Heureux les pauvres, elle n'avait pas précisé de quel genre de pauvres il fallait l'entendre ; et il aurait paru suffire, pour mériter le Royaume des cieux, de connaître le dénuement que beaucoup subissent par le poids et la rigueur de la nécessité. Mais en disant: Heureux les pauvres de coeur, le Seigneur montre que le Royaume des cieux doit être accordé à ceux que recommande l'humilité de l'âme plutôt que le manque de ressources." (1)

Est-ce à dire que les nécessiteux manqueront le Royaume.  La réponse est dans les mystères de l'âme humaine et la miséricorde divine.  Tablons surtout sur cette dernière

(1) Saint Saint Léon le grand,  Sermon sur les béatitudes,  source AELF

Nativité de la Vierge - Saint André de Crête - l’amour vient en toi - 17

"la naissance de la Mère de Dieu inaugure le mystère qui a pour conclusion et pour terme l'union du Verbe avec la chair. (...) C'est maintenant que la Vierge vient de naître, qu'elle est allaitée, qu'elle se forme, qu'elle se prépare à être la mère du Roi universel de tous les siècles."(1)

Ce que nous contemplons est à la fois le sommet du plan de Dieu sur l'homme que les premiers chrétiens ont trouvé décrit en Isaïe 7, 14, la venue à venir du Sauveur au cœur d'une vierge, mais plus originellement le travail intérieur, qui le précède et prend chair dans l'humanité comme en nous, la venue de Dieu au fond de nos pâtes humaines. Dieu s'est penché sur notre chair, a soufflé en nous un désir. Elle est la "première en chemin" sur cette route qui conduit à recevoir le Christ.

(1) Saint André de Crête, Homélie sur la nativité de la Vierge, source AELF, bréviaire du 8/9.

01 septembre 2018

La juste place - St Jean Chrysostome

"Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu'il est nu. Ne l'honore pas ici dans l'église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. (...)   Commence par rassasier l'affamé et, avec ce qui te restera, tu orneras son autel. Tu fais une coupe en or, et tu donnes pas un verre d'eau fraîche ? Et à quoi bon revêtir la table du Christ de voiles d'or, si tu ne lui donnes pas la couverture qui lui est nécessaire ? Qu'y gagnes-tu ? Dis-moi donc : Si tu vois le Christ manquer de la nourriture indispensable, et que tu l'abandonnes pour recouvrir l'autel d'un revêtement précieux, est-ce qu'il va t'en savoir gré ? Est-ce qu'il ne va pas plutôt s'en indigner ? Ou encore, tu vois le Christ couvert de haillons, gelant de froid, tu négliges de lui donner un manteau, mais tu lui élèves des colonnes d'or dans l'église en disant que tu fais cela pour l'honorer. (...) lorsque tu ornes l'église, n'oublie pas ton frère en détresse, car ce temple-là a plus de valeur que l'autre." (1)

Un texte qui a longtemps été oublié ?

(1) St Jean Chrysostome, Sermon sur l'évangile de Matthieu, source AELF

31 août 2018

Les mains vides - Sainte Thérèse de Lisieux

« Depuis longtemps elle a compris que Dieu n'a besoin de personne pour faire du bien sur la terre »(1)
Comme l'indique la note de l'édition des œuvres complètes c'est à lire en négatif chez Thérèse de son désir de faire du bien au ciel.
Cette position est confirmée plus loin (cf. 9r : « si Jésus ne l’emportait bien vite au Ciel, le sort de la petit colombe de Noë serait le mien ; qu’un jour le Seigneur ouvrirait la fenêtre de l’arche et me dirait de voler bien loin, bien loin vers des rivages infidèles portant avec moi la petite branche d’oliver (Gn 8,11-12) ».
Pour autant ce sentiment d’inutilité reste une approche intéressante  des « Mains vides (2) » (sic, note 25). Elle entre aussi dans la dynamique kénotique de la jeune fille et interpelle notre propre illusion d'utilité sans Dieu. La charité n'est pas notre fait. Elle est théologale...

On peut entendre en tension néanmoins l'affirmation d'Etty Hillesum : « Dieu a besoin de nos mains ».

Il nous faut tricoter entre les deux.

(1) Thérèse de Lisieux, Manuscrit C, 3 verso, ibid p. 238
(2) cf. aussi mon livre éponyme

28 août 2018

La lumière de Dieu - Augustin d’Hippone- Dieu est en toi 16

« Averti de revenir à moi-même, je suis entré au fond de mon cœur, sous ta conduite, Seigneur, et j'ai pu le faire, parce que tu es venu à mon secours. Je suis entré, et avec le regard de mon âme, quel que fût son état, au-dessus de ce même regard, au-dessus de mon intelligence, j'ai vu la lumière immuable. Ce n'était pas cette lumière ordinaire que tout le monde peut voir ; ce n'était pas non plus une lumière de même nature, mais plus puissante, qui aurait brillé de plus en plus et aurait tout rempli par son éclat. Non, cette lumière n'était pas cela, elle était autre chose, tout autre chose. Elle n'était pas au-dessus de mon esprit comme l'huile flotte à la surface de l'eau, ni comme le ciel s'étend au-dessus de la terre. Elle était au-dessus de moi parce qu'elle m'a créé ; j'étais au-dessous d'elle parce que créé par elle. Celui qui connaît la vérité la connaît, et celui qui la connaît, connaît l'éternité. C'est l'amour qui la connaît !
O éternelle vérité, ô véritable charité, ô chère éternité ! Tu es mon Dieu, je soupire après toi jour et nuit. Quand je t'ai connu pour la première fois, tu m'as soulevé vers toi pour me faire voir l'existence de quelque chose que je devrais voir, mais que je ne pourrais pas encore voir moi-même. Tu as ébloui la faiblesse de mon regard par la puissance de ton rayonnement, et je frissonnais d'amour et d'effroi. J'ai découvert que j'étais loin de toi, dans le pays de l'exil et de la dissemblance, et il me semblait que j'entendais ta voix, venant du haut du ciel : « Je suis la nourriture des forts : grandis et tu me mangeras. Tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ton corps, c'est toi qui seras changé en moi. » (...)
Je cherchais le moyen d'acquérir la force qui me rendrait capable de vivre uni à toi, et je ne la trouvais pas. Enfin, j'ai embrassé le Médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme Jésus Christ, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni éternellement. C'est lui qui nous appelle et nous dit : Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie
. Il unit à la chair — puisque le Verbe s'est fait chair ; la nourriture que j'étais incapable de prendre, afin que ta sagesse, par laquelle tu as tout créé, se transforme en lait pour s'adapter à notre condition d'enfants. (...)
Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi. »

Saint Augustin d'Hippone, Confessions, Source : Bréviaire, AELF, 28/8.

25 août 2018

Agir et Diaconie - Saint Antoine de Padoue

"Celui qui est rempli du Saint-Esprit parle diverses langues (Ac 2,4). Ces diverses langues sont les divers témoignages rendus au Christ, comme l'humilité, la pauvreté, la patience et l'obéissance. Nous les parlons quand, en les pratiquant nous-mêmes, nous les montrons aux autres. La parole est vivante lorsque ce sont les actions qui parlent.
Je vous en prie, que les paroles se taisent et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles mais vides d'actions ; à cause de cela le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n'a pas trouvé de fruits mais seulement des feuilles (Mc 11,13s). « La loi, dit saint Grégoire, a été présentée au prédicateur pour qu'il pratique ce qu'il prêche. » Il perd son temps à répandre la connaissance de la loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions.Mais les apôtres parlaient selon le don de l'Esprit. Heureux celui qui parle selon le don de l'Esprit, et non selon son propre sentiment... Parlons donc selon ce que l'Esprit Saint nous donnera de dire. Demandons-lui humblement et pieusement de répandre en nous sa grâce." (1)

On rejoint la ce que notait Hamman en 1968 :  « dans sa signification primitive, le diaconat met en garde l'Église contre un double danger qui la menace toujours : la liturgie qui ne s'achève pas en charité trahit le mystère qu'elle proclame, l'action qui ne s'alimente pas dans l'Eucharistie se dégrade en politique.  Au moment où l'Église réfléchit sur la restauration du diaconat et sur l'orientation de sa fonction, une question se pose : le diacre ne pourrait-il pas redevenir ce qu'il a été aux origines, le prophète et l'homme de la charité, en découvrant à la liturgie et à l'action sociale leur nécessaire fonction et leur unité d'inspiration ? Ne sont-elles pas l'une et l'autre services de la même agapé ? Le diaconat ferait comprendre que toute célébration liturgique est une provocation à une charité vécue, et aussi que toute action sociale ou politique se protège contre toute dégradation dans la mesure où elle communie à la tendresse de Dieu ».

À méditer à l'aune de nos actes.

(1) Saint Antoine de Padoue, Sermons, Source  : Évangile au quotidien
(2) A. Hamman, Vie liturgique et vie sociale, Desclée, 1968, p. 150.

24 août 2018

Au fil de Luc - 7, 37 - Lavement des pieds 1

"Et voici qu'une femme qui menait dans la ville une vie déréglée, ayant su qu'il était à table dans la maison du Pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum; et se tenant derrière lui, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à les arroser de ses larmes et à les essuyer avec les cheveux de sa tête, et elle les baisait et les oignait de parfum." (Luc 7:37‭-‬38 BCC1923)

Commentaire :
Il nous faut prendre le temps de contempler ce qui chez nous reste déréglé pour apprécier la scène dans toute la profondeur du mystère qui nous fait passer de la mort à la vie en Dieu 

Ne sommes nous pas englués dans nos enfermements, nos échecs,  nos adhérences à la violence.  Chaos originel pourrait-on dire pour ne pas employer les mots trop historiquement marqués de péché originel.

Ce monde qui nous caractérise si bien, ces addictions diverses sont ce que le P. Moingt appelle le temps du tombeau vide. Pourquoi ?

Parce qu'il nous rapproche de l'homme sans dieu. Le marécage où nous restons sans cesse embourbé est celui de nos vies sans espérance.

Bienheureux celui qui ne chute pas à la première pierre. Il doit être protégé par le Seigneur,  parce que trop faible et fragile (1)?

 

Notre réalité est moins idéale et il nous faut souvent,  à la suite du pape lui - même affirmer que nous sommes des pécheurs pardonnés.

Pardonnés ? Pourquoi ?

Parce que, dès l'origine,  l'esprit plane sur les eaux (Gn 1, 1).

Autant nous sommes incapables du bien,  autant Dieu nous rends bon par sa grâce. Ce qui est bon en nous vient de Dieu. L'amour n'est pas notre nature,  il est insufflé en nous (Gn 2, 7) pour animer la glaise qui nous caractèrise. C'est le don de Dieu à tout homme.


En confessant notre incapacité et notre faiblesse , comme le fait cette femme aux pieds de Jesus, les arrosant de ses larmes, nous témoignons de la foi en Dieu qui sauve de la mort.
En lavant ces pieds qui vont être transpercé par nos aveuglements nous decouvrons l'essentiel,  le chemin de l'humilité et du pardon. 

Ce temps de la prise de conscience est essentiel. Dans une lettre à ses frères,  François Xavier les exhortait à ne pas donner l'absolution trop vite aux pénitents. Il faut leur laisser ruminer deux ou trois jours leurs fautes, pour qu'un véritable chemin de conversion s' enclanche. Dans sa miséricorde,  le Seigneur m'a laissé personnellement près de 40 ans, comme son peuple au désert,  avant de m'appeler à passer sur l'autre rive. En suis-je digne ? Moïse n'a pas eu ce privilège.  Il a contemplé la terre promise depuis le mont Nebo. 

 (1) Thérèse de Lisieux,  Manuscrit A, 38 vers, oeuvres complètes p. 131